• Pourquoi l’Église convoque-t-elle des conciles ? Les Sièges vacants ipso facto et les conciles généraux parfaits et imparfaits



    Typologie, Doctrine, Histoire & Droit selon le canoniste saint Robert Bellarmin

  • De Nicée à l’Imparfait ou quand la Rome éternelle vacille

    ⁂ Arène des Conciles

    Ô lecteur fervent, l’heure est venue de délier la chaîne sacrée des siècles, afin d’éclairer l’esprit sur ce mystère glorieux que constitue le Concile général, sommet de la sagesse ecclésiale, témoin vivant de la sollicitude du Christ envers Son Épouse.

    À l’aune des travaux magistraux du Cardinal Bellarmin, docteur émérite et champion de la catholicité romaine, nous entreprenons ici d’ordonner, classifier, et discerner les motifs qui, dans l’histoire, ont légitimé la convocation des Conciles, véritables tribunaux du salut contre l’hérésie, le schisme, l’erreur ou la corruption morale.

    Cette étude n’est point un divertissement de lettré, mais un acte de milice sacrée. Car savoir pourquoi l’on réunit les Pères, c’est savoir quand et comment, en cas de crise, l’on peut — ou non — suppléer à l’absence d’un Pontife, à la présence d’un Pontife défaillant, ou restaurer la barque dans la tempête.

    De cette prudente investigation émane l’enseignement des âges : la doctrine solide, la liturgie pure, l’ordre restauré.

    ANTENNA I.O. VOX FREQUENCIA

    ☧ Lexique de cogneur ecclésiastique

    « CONCILE », subst. masc. — Assemblée d’évêques convoquée pour délibérer des questions de doctrine, de discipline ou de gouvernement de l’Église. (CNRTL)

    « CONCILE PARFAIT » (concilium perfectum) : Concile œcuménique réuni avec l’autorité du Pontife romain, ayant pouvoir de statuer définitivement en matière de Foi.

    « CONCILE IMPARFAIT » (concilium imperfectum) : Assemblée générale d’évêques convoquée sans autorité pontificale, en cas de vacance manifeste ou douteuse du Siège apostolique, afin de pourvoir à son remplacement, mais sans pouvoir doctrinal définitif.

    « DÉPOSITION IPSO FACTO » : Perte automatique d’une dignité ecclésiastique par le fait même d’un acte hérétique manifeste, sans besoin de sentence humaine (Bellarmine, De Romano Pontifice).

    ☩ Ancienne école

    « Les principales raisons pour lesquelles on convoque des Conciles se comptent au nombre de six.

    La première raison est une hérésie nouvelle, non encore jugée ; c’est à cause d’elle que furent réunis les sept premiers Conciles œcuméniques.

    La seconde raison est le schisme entre plusieurs Pontifes romains : ainsi les Conciles tenus aux temps de saint Corneille, de saint Damase, de Symmaque, d’Innocent II, d’Alexandre III, puis ceux de Pise et de Constance sous Grégoire XII et Benoît XIII.

    La troisième raison est la résistance à un ennemi commun de toute l’Église ; Urbain II, Calixte II, Eugène III et d’autres Pontifes convoquèrent de tels conciles pour lever la Croisade contre les Sarrasins, ou encore pour déposer des empereurs rebelles.

    La quatrième raison est la suspicion d’hérésie – ou la tyrannie incorrigible – pesant sur le Pontife régnant ; il faut alors assembler un concile général, soit pour le déposer s’il est convaincu d’hérésie, soit, au moins, pour l’admonester : car, comme le rappelle le VIIIᵉ Concile œcuménique (Constantinople IV, can. 21), les Conciles doivent examiner les controverses concernant le Pontife romain, sans toutefois prononcer témérairement sentence contre lui.

    La cinquième raison est le doute touchant l’élection du Pape, si les cardinaux venaient à périr ou à manquer à leur devoir ; il appartient alors au concile général de pourvoir au Siège apostolique, bien que l’éventualité soit fort improbable.

    La sixième raison est la réforme générale des abus et des vices qui s’insinuent dans l’Église ; certes, le Pontife peut légiférer seul, mais l’œuvre de réforme s’accomplit bien plus aisément lorsqu’il la réalise avec l’assentiment d’un concile général. »

    Saint Robert Bellarmin, Disputationes de Controversiis Fidei adversus huius temporis Haereticos, Tome I, Quarta Controversia Generalis : De Conciliis et Ecclesia Militante, Livre I, chap. IX : « De utilitate ac necessitate celebrationis Conciliorum », Ingolstadt, David Sartorius, 1587. Bellarmine on Councils I, The WM Review, 23 décembre 2024. (wmreview.org)

    Les derniers points concernent justement le cas douloureux de l’absence de Pape légitime, présumée ou avérée. Et, de surcroît, toutes les cases sont également cochées de nos jours.

    ☩ Document vidéo

    Pourquoi convoque-t-on des conciles ? (Saint Robert Bellarmin) par Lectures catholiques

    Voici la lecture d’un extrait des Œuvres de saint Robert Bellarmin, Docteur de l’Église : Les Controverses de la Foi Chrétienne contre les Hérétiques de ce Temps, Tome 2 : l’Église. 4ème Controverse Générale : Les Conciles, Livre 1 : La Nature et la Cause des Conciles. Chapitre 9. L’utilité et la nécessité de la célébration des conciles.

    Σ Plan d’attaque par manche

    1. 🔥 Types de concile en doctrine et dans l’histoire
    2. 🕳 Sièges vacants ipso facto
    3. ⚖ Concile général parfait et imparfait (CGI)
    4. 📜 Autres textes latins et tableau récapitulatif

    🔥 Types de concile en doctrine et dans l’histoire

    ⛪ Pour discerner les causes véritables des Conciles œcuméniques ✍️

    I. Réprimer une hérésie nouvelle

    Quand le venin de l’hérésie ronge les membres du Corps mystique, l’Église convoque l’aréopage sacré des docteurs pour rendre un oracle purificateur. Ici gît la raison première. Ainsi, chaque concile de cette catégorie fut un exorcisme doctrinal :

    • Nicée I (325) : Face à l’arianisme, Nicée proclame la consubstantialité (homoousios) du Verbe avec le Père. Le Credo trinitaire y trouve sa forme canonique.
    • Constantinople I (381) : Les Pneumatomaches sont condamnés ; le Saint-Esprit est affirmé pleinement divin.
    • Éphèse (431) : Nestorius refusait à Marie le titre de Theotokos. Le concile le déclare hérétique et glorifie la maternité divine.
    • Chalcédoine (451) : Affirmation solennelle de l’unité de personne et distinction de deux natures en Notre Seigneur, contre Eutychès.
    • Constantinople II (553) : Les « Trois Chapitres », écrits rattachés au nestorianisme, sont condamnés pour protéger la doctrine christologique.
    • Constantinople III (680-681) : Le monothélisme, tentative d’unifier les Églises à travers une seule volonté en Christ, est condamné.
    • Nicée II (787) : L’iconoclasme, rejet des images sacrées, est condamné. La vénération des icônes est restaurée.
    • Trente (1545-1563) : En réponse au protestantisme, définition des sacrements, canon des Écritures, justification, messe comme sacrifice propitiatoire.
    • Concile du Vatican (1869-1870) : Condamnation du gallicanisme et du libéralisme ; définition de la primauté et de l’infaillibilité du Pontife romain, ou encore réaffirmation de l’Indéfectibilité de l’Église.

    II. Guérir un schisme entre pontifes prétendus

    L’unité de la Chaire de Pierre ne souffre point de partage. Lorsque surgissent antipapes et troubles d’élection, l’Église tranche :

    • Latran II (1139) : Clôture du schisme causé par l’antipape Anaclet II, reconnaissance d’Innocent II.
    • Latran III (1179) : Fixation de la règle des deux tiers pour l’élection papale, prévenant les duplications électorales.
    • Lyon II (1274) : Union momentanée avec l’Église grecque, pour refermer la plaie du schisme oriental.

    III. Mobiliser contre un ennemi commun

    Quand la Chrétienté est attaquée de front — par l’Islam, l’hérésie armée ou les tyrans — l’Église sonne la cloche de guerre :

    • Latran IV (1215) : Appel à croisade contre les Albigeois et les Sarrasins, réaffirmation du symbole de Foi.
    • Lyon I (1245) : Déposition de l’empereur Frédéric II, appel de saint Louis à la Croisade.

    IV. Doute grave sur l’élection papale

    Quand l’élection du Pontife est contestée ou irréalisable, seul un Concile peut trancher :

    • Pise (1409) : Tentative de mettre fin au Grand Schisme, hélas en ajoutant un troisième prétendant, Alexandre V.
    • Constance (1414-1418) : Résolution définitive du Grand Schisme, abdication de Grégoire XII, éviction des trois prétendants, élection de Martin V ; retour à l’unité.

    V. Réformer les abus enracinés

    La réforme ne surgit point d’un caprice, mais d’une nécessité manifeste ; les conciles y ont pourvu :

    • Latran I (1123) : Réforme de la discipline cléricale, fin de la querelle des Investitures (Concordat de Worms).
    • Vienne (1311-1312) : Suppression de l’Ordre du Temple ; réformes sur les études et universités.
    • Latran V (1512-1517) : Tentative de réforme interne inaboutie, préfigurant l’ouragan protestant.

    🕳 Sièges vacants ipso facto

    Vacance prolongée du Saint-Siège et des sièges épiscopaux aujourd’hui
    Hérésie, apostasie et vacance prolongée du Trône

    La clef de voûte théologique en matière de vacance du Siège apostolique repose, chez saint Robert Bellarmin, sur le concept de perte de juridiction ipso facto, c’est-à-dire sans procès, sans sentence, sans déclaration publique, sans jugements de tribunaux ecclésiastiques préalable.

    Cette doctrine se fonde sur trois piliers majeurs :

    1. Scripturelle : « Hæreticum hominem… devita » (Tite III, 10). Le refus manifeste de l’hérétique ou apostat devient exclusion volontaire.
    2. Théologique/ecclésiologique : Celui qui n’est plus membre du Corps mystique ne saurait en être la tête visible.
    3. Patristique : les Pères unanimement enseignent que l’hérétique manifeste perd toute juridiction ecclésiastique par le seul fait de son hérésie.

    Cette disposition surnaturelle émane de Dieu Lui-même. Le for externe ne fait qu’enregistrer un fait : le vide, causé par la perte de la Foi (la foi étant sa condition), rend l’office nul.

    Ce principe est d’autant plus vital que le Siège romain ne saurait être jugé — encore moins par des inférieurs —, mais peut se trouver vidé de son occupant, notamment par la mort ou la chute doctrinale de celui-ci.

    Ainsi, il demeure inepte d’attendre des héritiers du modernisme, une hypothétique conversion précédent une reprise des reines romaines. Au contraire, qu’ils disparaissent dans l’ombre d’où ils n’auraient jamais dû sortir !

    Extraits latins dûment sourcés, avec traduction française fidèle :

    « … haereticum manifestum ipso facto sit depositus, probatur auctoritate et ratione. »
    S. Robertus Bellarminus, De Romano Pontifice, lib. II, cap. XXX (1588) (piauniosanctipauliapostoli.com)

    « … il est démontré, par l’autorité comme par la raison, qu’un hérétique manifeste est déposé ipso facto. »


    « Igitur et papa haereticus sine alia depositione per se desinit esse papa. »
    Ibid. (piauniosanctipauliapostoli.com)

    « Ainsi donc, le pape hérétique, sans aucune autre sentence, cesse par lui-même d’être pape. »


    Denique sancti Patres concorditer docent, non solum haereticos esse extra Ecclesiam; sed etiam ipso facto carere omni jurisdictione et dignitate ecclesiastica. »
    Ibid. (piauniosanctipauliapostoli.com)

    « Enfin, les saints Pères enseignent d’un commun accord que les hérétiques ne sont pas seulement hors de l’Église, mais qu’ils sont, ipso facto, déchus de toute juridiction et dignité ecclésiastiques. »

    Ainsi, même les soi-disant sièges épiscopaux modernistes — tous obéissants envers Vatican II et ladite synodalité — sont vacants, par le fait même.


    ⚖ Concile général parfait et imparfait (CGI)

    Excellences et fidèles traditionalistes face aux nécessités impérieuses !
    Et le double combat pour la Foi ET l'Autorité

    La distinction entre Concile parfait et Concile imparfait — ou CGI — s’avère d’une importance capitale en temps de crise. Saint Robert Bellarmin en précise les contours, car en aucun cas, sans l’autorité du Pontife, on ne saurait convoquer un Concile véritable et parfait.

    • Le Concile parfait (concilium perfectum) suppose la présence, la convocation, sinon l’assentiment du Pontife légitime. Il peut définir des dogmes, engager la conscience de l’Église universelle et prononcer de manière définitive sur les matières de Foi.
    • À rebours, le Concile général imparfait (CGI) est convoqué dans une situation d’urgence : soit par vacance prolongée du Siège romain, soit par doute raisonnable sur la légitimité d’un Pape présumé.

    Il sera toutefois possible, dans ces deux cas, de réunir un Concile imparfait ; celui-ci suffira à pourvoir l’Église d’une nouvelle Tête visible, authentique, incontestable.

    Le CGI ne définit point en matière de Foi, mais il peut élire un nouveau Pontife. Il exerce un droit de survie ecclésiale, celui de restaurer la hiérarchie visible, d’où découlera la juridiction. Ce pouvoir de désignation, précise Bellarmin, découle de l’autorité même du Corps mystique, qui ne peut périr par défaut de tête.

    Le CGI est donc :

    • Légitime dans le cas de la vacance notoire du Siège.
    • Possible dans le cas de doute public et durable sur l’élection ou l’hérésie d’un titulaire présumé.
    • Nécessaire pour assurer la continuité de l’Église visible et de son autorité.

    Et celui-ci se convoque en deux moments précis (et d’actualité) :

    • Anti-pape hérétique, apostat ou schismatique – il ne peut pas convoquer de Concile ;
    • Siège empêché ou vacant – le Pape ne peut pas convoquer, étant captif, mort, frappé d’aliénation mentale ou ayant abdiqué.

    En cela, il n’usurpe rien, mais supplée un manque — comble un vide —, en vertu du droit divin de perpétuité de l’Église, de son Indéfectibilité.

    Son actualité réside aussi dans le fait que sans un Pape, il y a autant de prêtres que de schismes potentiels (Satis cognitum de Léon XIII), au sein même de la « Tradition ». Or, toutes les planètes sont alignées aujourd’hui — et ce, depuis les résultats nuls de Vatican II au moins — concernant cette nécessité impérieuse.

    Extraits latins dûment sourcés et traduction fidèle (Concilium perfectum & Concilium imperfectum – ledit « CGI ») :

    « Praeter haec argumenta haereticorum solent Catholici quaedam dubia proponere.
    Unum, an non liceat Concilium indici ab alio quam a Papa, quando sit necessarium Ecclesiae, et tamen Papa nolit illud indicere.
    Alterum, an non liceat Concilium indici ab alio quam a Papa, quando Papa non debeat illud indicere, eo quod sit haereticus vel schismaticus.
    Tertium dubium, an non liceat Concilium indici ab alio quam a Papa, quando Papa non posset illud indicere, eo quod esset captivus apud infideles, vel mortuus, vel insanus effectus, aut renuntiasset.

     […] Ad secundum et tertium respondeo, in nullo casu sine Pontificis auctoritate posse convocari verum et perfectum Concilium, de quali hic nos disputamus, quod videlicet auctoritatem habet definiendi quaestiones fidei. […] Poterit tamen in illis duobus casibus congregari Concilium imperfectum, quod sufficiet ad providendum Ecclesiae de capite. Ecclesia enim sine dubio habet auctoritatem providendi sibi de capite, quamvis non possit sine capite statuere de multis, de quibus potest cum capite… »

    — Saint Robert Bellarmin, Disputationes de Controversiis Fidei adversus huius temporis Haereticos, Quarta Controversia Generalis : De Conciliis et Ecclesia Militante, lib. I, cap. XIII, Ingolstadt, David Sartorius, 1587. (Internet Archive)


    Traduction française fidèle
    « Outre ces arguments avancés par les hérétiques, les catholiques ont coutume de proposer certains doutes.
    Le premier : est-il permis qu’un Concile soit convoqué par autre que le Pape, lorsque l’Église en a besoin et que pourtant le Pape refuse de le convoquer ?
    Le second : est-il permis qu’un Concile soit convoqué par autre que le Pape, lorsque le Pape ne doit pas le convoquer, parce qu’il est hérétique ou schismatique ?
    Le troisième doute : est-il permis qu’un Concile soit convoqué par autre que le Pape, lorsque le Pape ne peut pas le convoquer, parce qu’il est captif chez les infidèles, ou mort, ou devenu dément, ou qu’il a renoncé
    .

     […] Quant aux second et troisième cas, je réponds qu’en aucun cas on ne peut, sans l’autorité du Pontife, convoquer un Concile véritable et parfait, tel que nous l’entendons ici, c’est-à-dire doté du pouvoir de définir les questions de Foi. […] Il sera toutefois possible, dans ces deux cas, de réunir un Concile imparfait ; celui-ci suffira à pourvoir l’Église d’une nouvelle Tête. Car l’Église possède, sans nul doute, l’autorité de se donner un chef, encore qu’elle ne puisse, faute de chef, statuer sur quantité de points qu’elle réglerait aisément lorsqu’elle en a un… »

    Nota Bene : Cette distinction est la clef doctrinale pour envisager, sans schisme ni témérité, la possibilité d’une restauration prompt et future.


    📜 Autres textes latins et tableau récapitulatif

    Ô lecteur sagace, derechef, l’arsenal doctrinal déployé ici rappelle, s’il en était besoin, que l’Église n’avance jamais à tâtons : chaque Concile fut convoqué pour des motifs précis, enracinés dans le besoin de protéger, restaurer ou défendre la Foi. Le Cardinal Bellarmin, tel un phare dans la nuit ecclésiale, nous trace une voie sûre : discerner, juger, pourvoir. De cette carte ecclésiologique, découle toute action restauratrice possible — et nécessaire.

    Documents originaux de saint Robert Bellarmin

    « His igitur praemissis, explicanda sunt ea, quibus legitima Concilia constant.
    Ea vero ad quatuor causas reduci possunt, ad finem, causam efficientem, materiam, et formam Conciliorum.
    Ac ut a fine, quæ prima causarum est, incipiamus, primum exponendæ breviter erunt causæ, ob quas Concilia celebrari solent; deinde ex iis judicandum erit, utrum Conciliorum congregatio sit necessaria, an solum utilis.
    Porro causæ præcipuæ, ob quas Concilia celebrantur, sex numerari solent.

    Prima causa est hæresis nova, id est numquam antea judicata, propter quam causam coacta sunt prima septem generalia Concilia. Semper enim Ecclesia tanti fecit periculum novarum hæresum, ut non putaverit aliter posse resisti, quam si omnes aut certe permulti Principes Ecclesiarum conjunctis viribus, et quasi agmine facto irruerent in hostes Fidei.

    Secunda est schisma inter Romanos Pontifices. Hac enim de causa celebratum est Concilium tempore Cornelii; item aliud tempore Damasi, ac rursum alia temporibus Symmachi, Innocentii II, Alexandri III, tum Pisanum atque Constantiense temporibus Gregorii XII et Benedicti XIII : nullum enim est potentius remedium Concilio, ut sæpissime probatum est.

    Tertia est resistentia communi hosti totius Ecclesiæ. Hoc modo coacta sunt Concilia ab Urbano II, Callixto II, Eugenio III aliisque Pontificibus, pro bello contra Saracenos; item ad deponendum Imperatorem celebrata sunt Concilia a Gregorio III contra Leonem III Iconomachum, a Gregorio VII contra Henricum IV, ab Innocentio IV contra Fredericum II.

    Quarta causa est suspicio hæresis in Romano Pontifice, si forte accideret, vel etiam tyrannis incorrigibilis; tunc enim deberet congregari generale Concilium, vel ad deponendum Pontificem, si inveniretur hæreticus, vel certe ad admonendum, si in moribus videretur incorrigibilis : nam, ut dicitur in VIII Synodo, act. ult., can. 21, debent generalia Concilia cognoscere controversias circa Romanum Pontificem exortas, non tamen audacter in eum sententiam ferre.

    Quinta est dubitatio de electione Romani Pontificis. Si enim Cardinales non possent aut non vellent Pontificem creare, aut certe omnes simul perirent, aut aliunde fieret vere dubium ad quos pertineret ejusmodi electio, ad Concilium generale spectaret decernere de electione futuri Pontificis, quamquam non est verisimile id aliquando eventurum.

    Sexta est reformatio generalis abusuum et vitiorum quæ in Ecclesiam irrepuunt; tametsi enim solus Pontifex potest leges toti Ecclesiæ præscribere, tamen longe suavius res agitur, cum approbante Concilio generali summus Pontifex ejusmodi leges præscribit. Hinc videmus omnia fere generalia Concilia canones edidisse de reformatione. »*

    S. Robertus Bellarminus, Disputationes de Controversiis Fidei adversus hujus temporis Hæreticos, Tomus I, Quarta Controversia Generalis : De Conciliis et Ecclesia Militante, lib. I, cap. IX : « De utilitate ac necessitate celebrationis Conciliorum », Ingolstadt, David Sartorius, 1587. (archive.org)


    🧾 Tableau synoptique des conciles et de leurs causes

    Date Source Donnée principale (raison) Lien
    325 Cath. Encycl. « Nicæa » Condamnation de l’arianisme https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Councils_of_Nic%C3%A6a
    381 Cath. Encycl. « Const. I » Divinité du Saint-Esprit https://en.wikisource.org/wiki/Portal:First_Council_of_Constantinople
    431 Cath. Encycl. « Ephesus » Définition de Theotokos https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Council_of_Ephesus
    451 Cath. Encycl. « Chalcedon » Deux natures du Christ https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Council_of_Chalcedon
    553 Cath. Encycl. « Const. II » Trois Chapitres https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Councils_of_Constantinople
    680-681 Id. Fin du monothélisme idem
    787 Id. « Nicæa II » Fin de l’Iconoclasme https://en.wikisource.org/wiki/Portal:Second_Council_of_Nicaea
    869-870 Id. « Const. IV » Schisme photien https://en.wikisource.org/wiki/Portal:Fourth_Council_of_Constantinople_(Catholic)
    1123 Cath. Encycl. « Lateran I » Réforme & investiture https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Lateran_Councils
    1139 Id. « Lateran II » Clôture schisme Anaclet II idem
    1179 Id. « Lateran III » Règles électorales idem
    1215 Id. « Lateran IV » Croisade & symbole idem
    1245 Id. « Lyons I » Déposition Frédéric II https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/First_Council_of_Lyons_(1245)
    1274 Id. « Lyons II » Union grecque (éphémère) https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Second_Council_of_Lyons_(1274)
    1311-1312 Id. « Vienne » Affaire des Templiers https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Council_of_Vienne_(1311-12)
    1409 D.T.C., art. « Pise » Trois papes ? https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Alfred_Vacant_-_Dictionnaire_de_th%C3%A9ologie_catholique,_1908,_Tome_12.2.djvu/346
    1414-1418 Cath. Encycl. « Constance » Fin du Grand Schisme https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Council_of_Constance
    1512-1517 Id. « Lateran V » Réforme avortée https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Fifth_Lateran_Council_(1512-17)
    1545-1563 Id. « Trent » Contre-Réforme https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Council_of_Trent
    1869-1870 Texte Pastor æternus Primauté & infaillibilité https://www.vatican.va/content/pius-ix/ en/documents/constitutio-dogmatica-pastor-aeternus-18-iulii-1870.html

    🛎 Sentence clérical par KO

    Ô lecteur vigilant, voici que retentit le gong final de ce combat acharné pour la vérité. Il ne s’agit pas ici de jeux scolastiques, mais d’une matière grave où s’engage l’intégrité visible de la Sainte Église.

    La classification minutieuse des causes conciliaires proposée par saint Robert Bellarmin nous enseigne qu’aucun désordre, aucune hérésie, aucun schisme ne s’est vu sans réponse dans l’histoire sainte : chaque mal rencontra sa contrepartie sacrée, chaque erreur fut terrassée par la voix du Corps épiscopal uni au trône pétrinien.

    Et lorsque, par impossibilité, aucun Pontife légitime ne serait, Dieu permettait qu’un Concile — fût-il nommé imparfait — se lève, tel un brasier purificateur, pour trancher les chaînes, refermer la plaie, et introniser une Tête visible, vraie, fidèle.

    Et, à l’heure où se profilent les conséquences d’une vacance papale de fait, que vienne, s’il plaît à Dieu, le jour où un Concile redonne à l’Église un pasteur digne, fidèle, et vierge d’erreur.

    Post-Scriptum : En effet, en ces temps de confusion où tout semble se dérober, sachons que la vérité de Foi ne vacille point, et que l’Église, quoique meurtrie, garde en réserve l’arme et l’autorité de ses Conciles. Que le prochain — si Dieu le veut — soit celui du relèvement.


    📚 Pour approfondir

    La Rédaction pugilistique lettrée


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    Conciles de Pise & de Constance, ou la nécessité d’un “chef visible”

    L’Église réunie au Concile de Constance

    Chefs politiques et conciles réformateurs : De Constantin au XXIᵉ siècle

    Le canoniste Naz et la théologie canonique, puis le conflit entre Mgrs Lefebvre et Guérard des Lauriers

    L’utilisation de matière et forme, appliquées à la “papauté-moderniste” — Quand Mgr Guérard des Lauriers diffère de saint Robert Bellarmin

    De François zéro à Napo-Léon XIV : longues amitiés bergogliennes, engeance Vatican d’eux et “néo-Pentecôte” — Père Jacques

    Un appel au Concile Général proclamé par Alain Pascal ?

    Les trois lois de la vie selon le Dr. Alexis Carrel : conserver, propager, élever

    Dernières publications & tempête du mois sous la Croix — #MNC

    Vatican II sous l’œil thomiste de Mgr Fenton du Coetus Patrum : des schémas de vérité écartés au conciliabule libéral

    La Tradition sous condition (mortifère) : autopsie des ralliements conciliabulaires — Ecclesia Dei

    « Encore un peu de fascisme », seconde réponse à La Gazette Royale n°179

    Itinéraire nationaliste-catholique de deux figures italiennes : Alessandro Manzoni (poète national) et Cesare Balbo (néo-guelfe pro-pontife/monarque)

    Origine immédiate de la juridiction et autorité épiscopale entre les plumes au Concile du Vatican et le glaive de Pie IX

    🎙️ Papes Vatican II (de Jean XXIII à Léon XIV) & combats pour la Tradition — Florian Rouanet

    Violence morale, vertu de force et continence masculine : psychologie renouvelée de Sorel et Mussolini à saint Thomas


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    […] complets : 1️⃣ https://integralisme-organique.com/2025/07/pourquoi-leglise-convoque-t-elle-des-conciles-les-sieges-… 2️⃣ […]


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    […] théologiens (Bellarmin, Gréa, Billot…) se sont enquis des modes “extraordinaires” permettant à l’Église […]


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