• La révolution franciscaine : pauvreté missionnaire contre l’or du monde — Philippe Prevost & Henry de Lesquen



    Saint François d’Assise, celui qui renversa les puissants, provoqua la découverte du monde et pratiqua « l’apostolat de la Street »

  • 🌾 La pauvreté comme ferment d’empire, la charité comme justice. 🌾

    ⁂ 𝔄rène du Poverello

    ℭher lecteur,
    Dans de nombreux âges, et le notre au premier chef, la richesse s’affiche, le luxe se confond avec la vertu, le mérite s’évalue en dividendes. Dans ce tumulte hautement matérialiste, le souvenir du Poverello d’Assise demeure un souffle pur. Saint François ne fonda pas une secte marxienne d’égalitaires. De son armée spirituelle, il ne prêcha d’ailleurs point la révolte, mais la pauvreté librement consentie, une imitation radicale du Crucifié.

    Ces critiques — tel le libéral M. de Lesquen, qui soupçonne chez les franciscains un marxisme avant la lettre — confondent la pauvreté volontaire avec la lutte des classes. Or, la pauvreté franciscaine n’est pas redistribution, elle est offrande, elle est travail sur soi-même. Les mendiants du Christ ne réclament rien, ils renoncent à tout. Là où le socialiste accuse le riche — veut sa fin, en même temps de l’envier secrètement —, le franciscain prie pour son âme. 

    Née dans l’Italie du XIIIᵉ siècle, la révolution franciscaine bouleversa l’ordre social, et non par l’épée. Saint François d’Assise, fils de marchand devenu « pauvre du Christ », inaugura un nouvel ordre spirituel tourné vers les humbles, les malades, les mendiants. Philippe Prévost, dans La Révolution franciscaine, y voit une refondation du monde chrétien, un contrepoids aux classes marchandes et aux puissances d’argent.

    Le zèle missionnaire des Frères mineurs ne fit pas seulement rayonner la chrétienté ; il accompagna les grandes découvertes, faillit produire la conversion de l’Asie tout entière et imprima sa marque à la chrétienté coloniale du XVIᵉ siècle. Le franciscanisme ne fut une hiérarchie d’humilité : les premiers seront les derniers ; contre le rationalisme du gain ou la théologie du confort.

    📽️ 𝔇ocumentation audiovisuelle


    ☧ 𝔏exique de cogneur

    « FRANCISCAIN, adj. et subst. — Religieux appartenant à l’ordre fondé par saint François d’Assise en 1209, voué à la pauvreté et à la prédication. » — CNRTL

    « PAUVRETÉ, n.f. — État de celui qui manque du nécessaire, mais aussi vertu évangélique consistant à se détacher des biens matériels. » — CNRTL

    « MENDIANT, n.m. — Celui qui vit d’aumônes, dans la tradition religieuse chrétienne, symbole d’humilité et de dépendance envers Dieu. » — CNRTL


    ᛟ 𝔄ncienne école éprouvée

    « Bienheureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume des cieux est à vous. »
    — Évangile selon saint Luc, VI, 20, trad. Crampon 1864 (Wikisource)

    « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens et suis-moi. »
    — Évangile selon saint Matthieu, XIX, 21, trad. Crampon 1923 (Wikisource)

    « Je vous le dis en vérité, difficilement un riche entrera dans le royaume des cieux. Je vous le dis encore une fois, il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. »
    — Évangile selon saint Matthieu, XIX, 23-24, trad. Crampon 1923 (Wikisource)

    « Nul ne peut servir deux maîtres : car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. »
    — Évangile selon saint Matthieu, VI, 24, Sermon sur la montagne, trad. Crampon 1864 (Wikisource)


    Σ Plan d’attaque

    I. 🕊️ La pauvreté volontaire, arme spirituelle contre l’opulence
    II. ⚒️ Les Frères mineurs : bâtisseurs de peuple et d’empire
    III. 🌍 Le rayonnement missionnaire franciscain jusqu’aux confins du monde
    IV. 🏰 Le contraste bénédictin : ordre social et stabilité intérieure
    V. 🩸 De la pauvreté mystique à la guerre contre le libéralisme


    I — 🕊️ La pauvreté volontaire, arme spirituelle contre l’opulence

    Saint François, avant d’être un saint homme, fut fils d’un riche drapier. Il connut la débauche, les fêtes, la guerre. Il fut de ces hommes qui tombent pour mieux se relever. Sa conversion, dépouillée de tout romantisme, fut un renoncement méthodique, absolu.
    Le monde médiéval naissant se transformait : la monnaie circulait, les villes s’élevaient, les marchands devenaient puissants. François brisa cette logique du profit par un geste simple : se dénuer.

    La pauvreté évangélique ne fut donc pas misère, mais ascèse volontaire. Le Frère mineur n’est pas un déclassé, il est un libéré. En cela, la spiritualité franciscaine contredit à la fois le libéralisme bourgeois et le marxisme matérialiste, qui ne voient dans l’homme que producteur ou consommateur.


    II — ⚒️ Les Frères mineurs : bâtisseurs de peuple et d’empire

    Le franciscanisme sut toucher le peuple sans flatter ses passions. Les Cordeliers, présents à Paris dès 1217, donnèrent à la capitale un visage fraternel au milieu de la misère urbaine. Leur parole simple, appuyée sur l’Évangile, ramenait les âmes au devoir d’état.

    Quand les Bénédictins conservaient la structure hiérarchique et sociale dans leurs cloîtres, les Franciscains la répercutaient dans les rues. Mais ce furent des médiateurs sociaux, non des agitateurs. Ils réintroduisirent la « classe moyenne » spirituelle : celle des humbles capables de charité. Ainsi, leur pauvreté servit d’équilibre au corps social — entre les riches et les pauvres, se leva le peuple des priants et pénitents.


    III — 🌍 Le rayonnement missionnaire franciscain jusqu’aux confins du monde

    Dès le traité de Tordesillas (1494), l’entreprise maritime fut conçue comme mission apostolique : que les nations soient amenées à la foi du Christ. Les Franciscains participèrent à cette croisade pacifique.

    • 1493 : second voyage de Christophe Colomb, accompagné de religieux mineurs non loubavitchs…!
    • 1523 : douze Franciscains arrivent au Mexique, sous Juan de Zumárraga, premier évêque de Mexico.

    Avant les Jésuites, avant même les Dominicains, les Franciscains christianisèrent les Antilles, la Nouvelle-Espagne, le Pérou, la Nouvelle-Grenade, le Brésil et les Philippines.
    Leur idéal n’était point égalitarisme, c’était l’universalité de la charité.


    IV — 🏰 Le contraste bénédictin : ordre social et stabilité intérieure

    Les Bénédictins transcrivent dans leurs murs l’ordre social : chaque moine y occupe sa place, bèche la terre, et l’ensemble reflète la hiérarchie divine. Les Franciscains, eux, sortent dans la rue : ils mendient, prêchent, soignent : c’est l’apostolat de la Street.
    Là où le moine bénédictin bâtit la culture, le moine franciscain réveille la conscience.

    Cette distinction demeure actuelle : le Père Guillaume Hecquard, passé de l’ingénierie agricole à la vie monastique, illustre cette alliance entre technique et contemplation, entre labeur et oraison. Mais les Frères mineurs vont plus loin : ils se font les témoins d’une pauvreté visible, d’un détachement radical.


    V — 🩸 De la pauvreté mystique à la guerre contre le libéralisme

    Le monde moderne hait la pauvreté, car il adore ses vivres et effets. Or, la dépendance du chrétien est celle attachée à Dieu.
    Les libéraux, qui se prétendent réalistes, réduisent l’homme à un calcul économique, sans conception charnelle. Les marxistes, qui se croient généreux, réduisent l’homme à une lutte sociale, également économique.

    Saint François, par ce qu’il représente, détruit ces deux illusions par un acte théologique : il choisit d’être pauvre en esprit. Et, cela n’implique pas pour autant d’être un « écolo Bergoglio » pour autant.

    La pauvreté, vertu évangélique, est le contraire de l’envie. Elle fonde un ordre stable, car elle relie le ciel et la terre. Ce fut cette grande leçon du XIIIᵉ siècle : contre la richesse écrasante et la misère révoltée, la pauvreté chrétienne offrit la voie du Salut.


    ☩ 𝔖entence par KO

    Si les nations modernes veulent retrouver leur âme, qu’elles réapprennent à se faire petites !

    Ce n’est pas une nostalgie, les franciscains furent la matrice d’une « contre-société chrétienne ». La hiérarchie véritable commencait par l’humilité.
    Quand M. de Lesquen y voit une menace marxiste, il confond le don avec la révolte, la grâce avec la dialectique. Les Franciscains n’ont pas nivelé le monde : ils l’ont sauvé de la cupidité, travailler l’esprit, découvert le monde.

    • Philippe Prévost est très bon sur ce sujet. Nous sommes plus en accords qu’avec ses propos concernant ledit Ralliement de Léon XIII. Ce dernier mérite cependant d’être invité davantage. Il faut lire cette œuvre.
    • Lesquen l’est invité va chercher une teinture marxisme à l’ordre franciscain pour son attrait aux pauvres. Il faudrait faire une fusion type Dragon Ball Z entre lui et Jean Robin (de Robinlesquento V), partant en croisade contre le méga-complot « catho marxiste » de la Chine !

    En effet, nous admirons le ordre franciscain pour avoir changé la face du monde et rénové le genre, en s’intéressant aux classes populaires, aux démunis, à la vertu du bas peuple. Ils ont donné le « docteur subtil » Scot, que l’on oppose souvent et bien vite à saint Thomas.

    Seuls eux « font les poubelles » pour paraphraser Mgr Sanborn. En cela, ils ressemblent aux moines ermites, lesquels ne sont pas un ordre à eux-mêmes, et eux s’isolent des gens. Les capucins ont aussi cette vision « maximaliste » ou rigoriste. Ces actes évitent la création d’une l’hyperclasse avec une société fracturée entre très riches et très pauvres, sans peuple, conservant ses classes intermédiaires à la fois populaires et cultivés.

    Sans eux, l’histoire eût été différente. Sans eux, le capital eût régné sans frein sur les âmes. Et ce, bien avant notre ère !

    📄 Post-scriptum — Sous le règne de saint Louis (1226-1270), les ordres suivants étaient établis et visibles en ville, surtout à Paris :
    • Ordres mendiants
    • Franciscains (Mineurs/Cordeliers) : à Paris dès 1217.
    • Dominicains (Prêcheurs/Jacobins) : à Paris dès 1217.
    • Carmes : implantés en France vers 1238.
    • Ermites de Saint-Augustin : union en 1256, couvents en France peu après.
    • Clarisses : branche féminine franciscaine, maisons au XIIIᵉ siècle.
    • Ordres monastiques et chanoines réguliers
    • Bénédictins (dont Clunisiens).
    • Cisterciens (réseau très étendu).
    • Chartreux.
    • Chanoines de Saint-Augustin (dont Prémontrés/Norbertins).


    📚 Pour approfondir

    • Philippe Prévost, La Révolution franciscaine. Chiré, Sans eux, l’histoire eût été différente.
    • Jean de Joinville, Vie de Saint Louis, éd. Champion, 1921.
    • Thomas de Celano, Vie de saint François d’Assise, trad. F. Delorme, 1904.
    • G.K. Chesterton, Saint François d’Assise, trad. française, Paris, 1928.
    • Pierre Rambaud, Les Ordres mendiants au XIIIᵉ siècle, Presses Universitaires de France, 1956.

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    — La Rédaction


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  • 1 commentaire




    "Et ta sœur ? Elle n'est pas marxiste, elle ?!".


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