• Intégralisme organique

  • « Le Fascisme devrait plutôt s’appeler Corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’état et des pouvoirs du marché. »
    Benito Mussolini. Le fascisme, doctrine et Institutions.

    1) Le IIIe Reich sous la bannière du Christ (PDF)

    Sous son titre volontairement provocateur, ce feuillet rassemble plusieurs citations de politiques et historiens ayant trait aux rapports entre le Reich national-socialiste et l’Église catholique.
    Les vainqueurs écrivent l’histoire, et le concept d’un Reich néo-païen mangeur de chrétiens   était   plus   facile   à   faire   détester   aux   gens   qu’un   Reich   défenseur   des confessions chrétiennes. Nous découvrirons dans les citations sourcées que renferment ces pages une réalité volontairement occultée.
    Le très célèbre et controversé historien anglais David Irving, spécialiste de la période de   la   seconde   guerre   mondiale,   faisait   remarquer  –   et   ce   à  juste   titre   –  que   les historiens modernes se cantonnaient à se citer entre eux, cela amenant évidemment à de scandaleuses déformations de la réalité et à la propagation de bien des mensonges.
    Il nous a donc semblé plus pertinent de viser directement les sources historiques intéressant notre étude, afin de rester le plus factuel possible. Puisse notre humble travail de compilation susciter une saine curiosité chez les personnes de bonne foi, et apporter du matériel utile aux combattants de la vérité dans leurs débats contre les défenseurs agressifs de l’histoire officielle.

    Lire aussi l’encyclique Mit brennender Sorge

    2) La doctrine du fascisme de Benito Mussolini

    Benito Mussolini (1883-1945) fut, pendant de longues années,  considéré en Europe comme le plus grand homme d’État de son temps. Véritable fondateur de l’État italien moderne, unificateur de la péninsule, réconciliateur de sa Patrie et du siège apostolique, son œuvre sociale, nationale, économique a été considérable.

    Le mouvement qu’il a fondé, sous le nom de Fascisme, a eu de nombreux imitateurs dans tous les pays européens. Il a rencontré l’hostilité, dès les années 1920 de l’Internationale stalinienne qui en a fait le nom de toutes les forces hostiles au bolchevisme.

    La victoire des Anglo-Saxons et des Soviétiques au terme de la seconde guerre mondiale a jeté un opprobre global sur les idées fascistes, voile mythique, judicieusement mis au service du système de Yalta.

    Raison de plus pour connaître, précisément, les idées maudites résumées dans ce petit livre par le Duce du Fascisme.

    La doctrine du fascisme de Benito Mussolini, livre rédigé à Florence en 1938. Il s’agit de la IIIe édition de 72 pages en français, revue et corrigée par Charles Belin. Présentation par l’édition du Trident.

    Le livre entier

    3) Antonio Sardinha (1888-1925) et l’intégralisme lusitanien

    A – Un monarchisme maurassien aux spécificités portugaises :

    L’intégralisme lusitanien (appellation lancée par Luis Braga, inspirée du sous-titre de l’Action Française : « organe du nationalisme intégral »), mouvement opposé à la République Portugaise, est partisan d’une monarchie organique, anti-parlementaire, qui substitue à « l’unité individu », « l’unité corporative », et surtout traditionaliste et nationaliste. Son raisonnement part du régime pour aboutir aux institutions, c’est-à-dire qu’il donne aux organisations de la société l’importance primordiale qu’elle a dans l’échelle des valeurs. Sardinha prédit la « campagne nationaliste » comme « le retour de la société portugaise aux conditions naturelles de sa formation et de son développement », définies dans le même ordre que chez tous les théoriciens nationalistes : la Famille, la Commune, la Corporation, la Province, la Patrie, l’État, explicité comme suit : « Après avoir reconstitué la Famille, groupement fondamental et primaire, dans son intime composition monogamique et territoriale, nous irons à la Commune et à la Corporation. De la Commune et de la Corporation additionnées sur le plan organique dans la Province, sortira la Patrie, servie dans ses fins supérieures par l’action coordinatrice de l’État. Ainsi nous trouverons par les chemins éternels et rajeunis de la Tradition, cet ordre qui est naturel et humain et sans lequel il n’y a ni civilisation, ni existence possible ».

    B – Le rôle fondamental de la Tradition dans le couple nationalisme-traditionalisme :

    Pour lui, le nationalisme doit cependant être corrigé par le traditionalisme. Il conçoit ce dernier non comme un courant philosophique mais comme une méthode positive d’action et de gouvernement, opposé à la démocratie menant à la dispersion individualiste. Sardinha définit la Tradition comme « la permanence dans le développement » : « La société est une création, et non une construction. Elle n’est pas un mécanisme. Et parce qu’elle est une création, son existence est conditionnée par certaines lois naturelles et c’est de l’action convergente de celles-ci qu’un jour elle est née. Par Tradition, nous devons donc entendre nécessairement l’ensemble des habitudes et tendances qui ont cherché à maintenir la société dans l’équilibre des forces qui lui avaient donné naissance et qui lui ont permis de durer dans la mesure où elle les a respectées. La rompre, c’est couper la séquence héréditaire, c’est rompre les antécédents moraux et sociaux dont nous sommes un maillon ajouté ». Son nationalisme-traditionaliste l’a conduit de manière naturelle à choisir la monarchie comme forme de l’État, meilleur moyen de préserver « les deux éléments naturels » de la Nation : « La Terre et la Race » (équivalent à « La Terre et les Morts » chez Barrès). Enfin, dans une vision plus large, Sardinha expose qu’un nationalisme qui ne serait pas universaliste ne représenterait qu’ « un résidu confus du principe des nationalités fils de la Démocratie et qui aujourd’hui balkanise l’Europe », à moins qu’il ne se transforme rapidement « en exaltation impérialiste perturbatrice ». Comme Maurras, il souhaitait une unité civilisationnelle chrétienne.

    Citations :

    « Chaque pays se concrétise dans l’individualité incommunicable de son déterminisme. Il n’est pas possible de superposer le passé d’une race au passé d’une autre race » (Naçao Portuguesa, 8 mai 1914).

    « Notre nationalisme n’est pas seulement nationalisme, il est tempéré par le traditionalisme qui est l’acceptation des raisons fondamentales de la Patrie avec toutes les lois dérivées de la Race et du Milieu » (Naçao Portuguesa, juillet 1922).

    « [La Tradition] me semble caractérisée scientifiquement par rapport à une époque, comme la somme des connaissances et des conquêtes obtenues antérieurement et, aussitôt, sans rupture, ni suspension, communquées à l’époque suivante » (Naçao Portuguesa, janvier 1929).

    Ajout des citations de l’Action intégraliste brésilienne :

    « Ou l’État n’est pas transformé, il n’y a pas de Révolution. » Plínio Salgado, Em Marcha.

    « L’intégralisme est la doctrine qui ne conçoit pas l’État sans les corporations. C’est la marche naturelle de l’Histoire. » Miguel Reale, Bases da Revoluçao Integralista.

    « Nous sommes des branches d’un même arbre, fils d’une même doctrine. Résultat de la même conception totalitaire de l’univers. » Gustavo Barroso, O integralismo en marcha.

    « Personne ne combat un homme parce qu’il appartient à la race sémite, ni parce qu’il est adepte de la religion de Moïse, mais parce qu’il agit politiquement à l’intérieur des nations, dans le sens d’un plan préétabli et exécuté à travers le temps » Gustavo Barroso, O que o Integralista deve saber (p. 119).

    Jacques Ploncard d’Assac, Doctrines du nationalisme, (pp. 315 à 338).

    Source

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    4) La Révolution Conservatrice depuis le monde hispanique

    Dans le monde hispanique concernant «El Movimiento Revolucionario Conservador» (ou KR, Konservative Revolution en Allemagne), on mentionnerait Juan Vázquez de Mella en Espagne, national-catholique et impérialiste qui voulait rompre avec le traditionalisme idéologique du carlisme (légitimisme espagnol), tout en étant progermanique et européen par son soutien au Kaiser lors de la Grande Guerre. Un chef charismatique, qui préfigure la figure du «führer» des fascismes.

    Ou encore Nimio de Anquín en Argentine, philosophe thomiste conciliant foi et raison et chef du mouvement «Unión Nacional Fascista», partisan du IIIe Reich durant la Seconde Guerre mondiale, catholique convaincu qui adopta ensuite le constat sédévacantiste à propos de l’autorité actuelle dans l’Église du Christ et militante face à l’égout collecteur d’hérésies modernistes.

    – Quelques phrases clés de Juan Vázquez de Mella :

    «Un dictateur n’est rien d’autre qu’un roi sans couronne, toutefois qui cherche à la maintenir sur le trône.»

    «Les peuples sont déjà morts dans l’instant même où ils divorcent de leur histoire propre.»

    «Aucun peuple ne s’est relevé de son dépérissement en maudissant les jours lointains et grands de son histoire.»

    «La liberté, messieurs, est un moyen, et les moyens ne résolvent pas les problèmes; ceux qui les résolvent sont les fins, qui sont leurs maîtres.»

    «Les poètes sont les représentants du peuple.»

    «Chrétien et espagnol, avec foi et sans peur, je chante ma Religion, et ma Patrie je chante.»

    El Verbo de la Traditiòn.

    «Sans la communauté de tradition, il n’y a pas de patrie.»
    Fragmento de discurso pronunciado en septiembre de 1916 en Santander

    «Le sang juif est aujourd’hui rejeté par toutes les nations chrétiennes comme un virus vénéneux.»
    Parte de un destacado discurso parlamentario de signo antisemita en 1896.

    « La composition des troupes franquistes : la bourgeoisie et le Clergé n’avaient pas le choix, ils furent dans le camp fasciste, parce que cela valait mieux que d’être emprisonné ou étripé (…) Les seuls fascistes véritables pendant la guerre  d’Espagne furent phalangistes. (…) Le seul doctrinaire dont les fascistes d’après-guerre admettent les idées à peu près sans restrictions, ce n’est ni Hitler, ni Mussolini, mais le jeune chef de la Phalange que son destin tragique fit échapper à l’amertume du pouvoir et aux compromissions de la guerre. Le choix de ce héros n’est pas purement sentimental. Il relève tout ce qu’il y a d’idéaliste dans le mythe fasciste. Et il contient aussi un aveu : les fascistes préfèrent leurs martyrs à leurs ministres. Comme tout le monde. (…) José-Antonio Primo de Rivera n’a jamais manqué une occasion de dire qu’il n’était pas fascistes, au sens où les italiens et les espagnols entendent ce mot. Il voyait dans le phalangisme un mouvement propre à l’Espagne qui avaient certains principes communs (…) mais qui n’en avait ni les méthodes ni l’esprit. »

    Qu’est-ce que le fascisme ? de Maurice Bardèche.

    5) La croisade des fascismes par Joseph Merel

    « Au sens étroit, le fascisme est une doctrine politique proprement italienne. Au sens large, une tentative européenne, personnalisée par le génie des nations qui ont essayé de le promouvoir. C’est une tentative européenne de refonder l’Ordre d’ancien régime avant la grande cassure de 1789, mais en évitant de reproduire les travers qui ont précipité sa chute. Il s’agissait donc de refonder une société proprement organiciste et de refonder une aristocratie. »

    « Toutes les sociétés d’anciens régimes se sont constituées sur l’idée chrétienne, et ont essayé puisqu’elles étaient catholiques, adoptant une religion dont le caractère principal est la distinction réelle entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel ; elles s’efforçaient de réassumer le meilleur de la philosophie, et de la philosophie politique en particulier, de l’Antiquité. »

    « Je soutiens dans cet ouvrage la position d’un fasciste de droite, de droite absolue, de droite radicale, quand on est de droite on l’est complètement. »

    « Doctrinalement, le fascisme s’accorde volontiers d’une monarchie héréditaire, mais il s’accommode moins facilement d’un système de caste, même héréditaire. »

    « Un fascisme n’est viable que s’il prend à moyen terme la forme d’une monarchie, pour celui qui est le détenteur de l’autorité. (..) (Le fondement de cette légitimité ? La naissance ?) Saint-Thomas-d’Aquin n’est pas de cet avis-là, prudentiellement on considère que c’est la naissance parce que ça écarte les appétits. Dans une perspective aristotélicienne, du point de vue des principes, le problème ne se pose pas. En vérité, le constitutif formel de la légitimité c’est l’aptitude d’ordonner son pouvoir au Bien commun. »

    « Saint Augustin laisse entendre que l’Ordre politique est en quelque sorte une conséquence du Péché originel. (…) Pour Aristote, le pouvoir politique est bon, l’homme est par nature un animal politique et la hiérarchie est bonne.»

    « Je crois profondément que l’Italie était évidemment fasciste et je pense dans une certaine mesure qu’on peut le dire aussi, si l’on retient la définition que je propose, de l’Allemagne nationale-socialiste. Avec cette différence toutefois, que la doctrine fasciste est d’inspiration aristotélicohégélienne quant à sa philosophie de l’État, alors que dans la « doctrine » d’Hitler l’État semble subordonner la nation. Pour un authentique fasciste, la nation est une réalité éminemment nécessaire et une catégorie politique fondamentale, à la différence de la monarchie légitimiste ; mais c’est une catégorie qui est à l’État comme la matière est à la forme ou la puissance à l’acte. Et de ce point de vue là, l’État n’est pas l’instrument de la glorification de la nation. (..) Il y avait cette tendance dans le national-socialisme, mais on peut dire que Perron avait des tendances fascisantes, on peut le dire bien entendu de Mussolini et d’Hitler, on ne le dira pas de Franco. »

    « Je ne pense pas du tout le nationalisme comme antinomique de l’idée européenne, bien au contraire. Il y a trois formes de nationalisme, car c’est un mot éminemment équivoque.
    Il y a d’abord le « nationalitarisme » que l’on peut définir comme « le droit des peuples à se gouverner eux-mêmes », qui est un sous-produit démocratique, de la décadence, de l’insurrection antinaturelle de 1789.
    Il y a d’autre part un « nationalisme » que l’on définit volontiers comme « le droit des peuples à rester eux-mêmes », qui est beaucoup plus honorable, mais qui peut être en vertu d’un travers nominaliste, subjectiviste, relativiste ou historiciste, tente à considérer que l’universalité dans l’ordre culturel est impossible ; en d’autres termes : nous avons le devoir d’être fidèles à nos pères, de faire fructifier ce que nous avons reçu, de creuser notre identité ; quant à savoir si ça a une valeur dans l’universelle, s’il y a une vérité absolue ou une vocation absolue de l’homme, nous l’abandonnons.
    Il y a une troisième forme de « nationalisme », c’est celle que je retiens, et qui est précisément soutenue par le fascisme italien, qui se définit comme un universalisme, et qui reconnait volontiers que si le fascisme est né en Italie, l’idée fasciste n’a rien d’italien parce qu’elle est universelle. »

    « L’assimilation du fascisme au racisme est infondée ? Du point de vue proprement mussolinien bien sûr, du point de vue hitlérien il faut bien dire la vérité et je propose une critique du déterminisme raciste, dans une perspective aristotélicothomiste ouverte au meilleur de la philosophie moderne, que je crois non pas expressif de l’essence du national-socialisme, mais de la conscience pour le peuple allemand d’avoir était littéralement écrasé et spolié par les conséquences du Traité de Versailles. (…) Le racisme dans ce qu’il peut avoir d’excessif et de tout à fait brutal (…) est plus l’expression d’un souci pathologique d’une recherche d’identité qu’un fondement réel, c’est ce que disait Léon Degrelle. »

    « Les légitimistes récusent l’idée de nation (vue comme jacobine) et considèrent que la cause efficiente de l’unité d’une communauté politique c’est la référence à une dynastie, sans communauté de destin, organique. »

    « La difficulté qui a existé historiquement et qui a troublé beaucoup de gens entre les fascistes, quel que soit leur couleur, et les catholiques, ce sont les reproches qu’on a faits d’habitude : tendance a hypertrophié le rôle nation, à absolutiser l’État et à ne pas tenir compte de cette subordination requise de l’État à la Religion. »

    « L’homme, individu catholique et croyant dans un contexte de foi, est subordonné au Bien commun immanent de la Cité, qui a le statut de fin, mais certes de « fin intermédiaire », la fin universelle, la fin absolue, c’est la communion des saints et la gloire de Dieu. »

    « Le catholicisme assume absolument le meilleur du paganisme et il distingue réellement entre nature et surnature, la grâce ne supprime pas la nature elle l’a perfectionne. »

    « Nous sommes le produit de gens remarquables, j’ai moi-même beaucoup d’admiration pour Maurras, mais quand on est de notre génération, quand on voit l’état du monde aujourd’hui, quand on voit qu’il n’y a plus rien à faire, que tout est pourri à un point que l’on imagine pas, et quand on se dit que l’unique chance dont disposait la race blanche et l’Europe, de ne pas crever complètement, c’était peut-être de favoriser la victoire par la croisade des fascismes, de ce qui restait de meilleurs, non encore corrompu de l’Ancien régime, on a quelques raisons d’être nostalgique si j’ose dire, ou du moins de se poser des questions. »

    « Ils (les maurraciens antigermaniques) ont favorisé le gaullisme, les Anglo-saxons, l’Union soviétique, on a vu le résultat : ils ont eu la peau du fascisme, ça, c’est certain et maintenant ils sont contents. »

    Citations extraites du Libre Journal de Serge de Beketch du 30 mai 2001 pour évoquer le livre « Fascisme et Monarchie » de Joseph Merel.

    6) La critique du néo-fascisme par Maurice Bardèche

    Le nouveau fascisme  :

    « Ce déracinement total (du fascisme) fut mené par les armes les plus modernes et avec une puissance effrayante : la campagne des atrocités en fut le principal instrument, et cette campagne ne fut pas l’effort d’un moment, elle fut continue, méthodique, industrielle, elle dura des années et elle dure encore, et elle durera tant que les vainqueurs du fascisme seront les possesseurs exclusifs de tous les hauts parleurs de l’opinion : presse, radio, cinéma, édition. » (…)
    (Mais) la propagande n’est qu’une énorme machine, elle ne peut rien de plus qu’une machine. Si le fascisme s’était inscrit profondément dans les cœurs par des bienfaits et des réalisations impérissables, s’il avait accompli une grande tâche, aurait-t-il été oublié si facilement ? (…)
    Le fascisme italien, plus longuement mûri, a laissé aussi une trace plus profonde (que le national-socialisme allemand à cause de la guerre). »

    « C’est à cause de cela (le manque de définition, l’absence de « Bible fasciste ») que les tendances fascistes d’après-guerre sont diverses et quelles sont toutes pourtant quelque chose de commun. Chacune d’elles correspond à l’une des composantes du fascisme, mais il leur manque cet élan qui attire et soulève les hommes, ce but clair qui apparaît comme une mission sacrée, cette conscience de soi, soudainement relevée, qui transforme une nation. Ces fascismes froids sont souvent doctrinaires ; ils ne sont pas portés par les grandes vagues mystiques qui brassent un peuple et lui relèvent son vrai visage. Quand les temps seront venus, un vent nouveau se lèvera et portera au loin leur graine. Mais pour l’instant (…) ils (les néo fascistes) portent dans leur arche qu’un des débris de la statue. »

    Les groupements néo-fascistes :

    « Les deux organisations néo-fascistes les plus puissantes, les seuls qui aient réussis à obtenir une représentation parlementaire et une certaine influence politique sont le Movimento Sociale Italiano (M.S.I) en Italie et le Deutsche Reich Partei (D.R.P.) (…) Les deux formations (…) l’une comme l’autre, le cas typique d’une évolution droitière. »

    « La vie bourgeoise de ces formations néo-fascistes illustre aussi l’impossibilité pour le fascisme de se développer hors des périodes de crise. Parce qu’il n’a pas de principe fondamental. Parce qu’il n’a pas de clientèle naturelle. Il est une solution héroïque. »

    « (Le fascisme) c’est un instrument infirment moins précis, que la doctrine communiste (…) infiniment moins scientifique. À cause de cela, le fascisme risque toujours d’être sentimental, généreux, emporté, qualités et défauts du jacobinisme. Il s’indigne, se soulève, se brise : il est essentiellement mouvement de foule et non méthode de théoricien. »

    « Il est le parti de la nation en colère (…) Cette colère de la nation est indispensable au fascisme. Elle est le sang même qui irrigue le fascisme. »


    « Les servitudes de la présence politique en temps de paix ont pesé sur le M.S.I. comme sur le D.R.P. À cause d’elles, ils ont finis par s’installer confortablement dans l’opposition. »


    « Assurément, les fascistes ont souvent la naïveté de s’imaginer qu’il suffit d’avoir été sous-secrétaire d’État ou hiérarque de quelque tonnage dans un gouvernement fasciste pour porter sur le front la marque des élus. Mais ces prestiges baissent de jour en jour et clignotent. »

    « Ces mouvements récents sont bien pourtant des mouvements néo-fascistes, parce qu’ils expriment d’abord le refus de l’ordre qui a été institué en 1945. Ce refus est opposé non seulement aux personnes, mais aux principes qui ont triomphé : à l’hypocrisie démocratique, aux mensonges de la propagande, aux régimes impuissants nés de la coalition contre nature du capitalisme et du marxisme. »

    « Les interprétations nationales diverses du fascisme se répercute sur le néo-fascisme et, pour l’instant du moins, le néo-fascisme est une tendance exagérément élastique, dans laquelle partisans et adversaires peuvent mettre un peu trop librement tout ce qu’ils veulent. »

    « C’est la référence qui manque. L’Arche sainte est un monument parfois ennuyeux (…) à vrai dire, la contradiction la plus dangereuse que contienne l’idée même du fascisme : le mythe du chef providentiels (…) et il n’est pas étonnant que le néo-fascisme attende encore son Moïse et les Tables de sa Loi (…) Lorsque le chef se lève au-dessus des foules et se fait reconnaître, la vérité est alors ce qui sort de sa bouche et non autre chose, et les adversaires et les adversaires du fascisme n’ont pas tort d’en conclure que le fascisme est, par conséquent, une aventure. Doctrine et pouvoir se confondent donc dans le fascisme, tel qu’on le conçoit généralement. Le néo-fascisme n’a pas de doctrine certaine parce qu’il n’a pas de chef reconnu. Et s’il ne fait pas clairement la distinction entre ces deux notions, il risque de n’avoir jamais ni chef ni doctrine et d’attendre éternellement du hasard qu’il envoie du ciel une tête pesante qui serait aussi une poigne énergétique. »

    « Le néo-fascisme doit se définir et faire passer les principes avant les gros bras (…) Il doit accepter les nécessités de la discipline qui sont aussi les nécessités du combat. »
    Priorité au principe, l’action ou la force vient après et se colle dessus.

    « Ces idées gagnent du terrain (…) Les spécialistes évaluent à une cinquantaine les groupements qui ont existé en Allemagne pendant ces dernières années. Il y en a eu une vingtaine en Italie, un peu plus peut-être en France. On en trouvait en Belgique, en Suisse, en Hollande, pays peu propices à l’éclosion du non-conformisme. Des boutures lointaines du néo-fascisme ont poussé aux États-Unis, au Brésil, en Turquie, d’autres se sont acclimatées en Irlande et même en Angleterre, le péronisme n’a pas cessé de vivre en Argentine. »

    « Il y trouvera des exemples d’énergies, de dévouement, de désintéressement, de courage obstiné dans la pauvreté la plus totale (…) Il découvrira que presque tous les hommes dont il rencontrera les noms, étaient jeunes, qu’ils étaient des ouvriers, de petits employés, que l’argent consacré aux affiches, aux tracts provenait de collecte parmi eux ou de la part qu’ils apportaient de leur salaire »


    « Dès le début, et chez tous sans exception, apparaît la nostalgie de ce que le fascisme n’a pas su réussir, le socialisme et l’unité européenne (…) Une devise du fascisme doctrinal. »

    « Le socialisme fasciste est autoritaire, il est même volontiers brutal. Il est autoritaire parce que les doctrinaires du fascisme sont persuadés que seul un régime autoritaire pourra vaincre les résistances que les puissances d’argent opposeront toujours au socialisme : ils voient dans la démocratie un régime dominé par les groupes de pressions des intérêts économiques »

    « Ils ne repoussent ni les enquêtes sur les fortunes privées injustifiées, ni les pressions destinées à faire rendre gorge à ceux qui ont bâtis des fortunes scandaleuses sans rendre aucun service à la nation. »

    « Socialisme, autoritarisme, anti-communisme se complète donc : ils sont les trois volets du même trois du même triptyque. »

    « La puissance et l’indépendance réelle de la nation constituent une autre préoccupation majeure du néo-fascisme. »

    « Les néo-fascistes sont convaincus que le peuple donnera toujours raison à un pouvoir fort qui aura pour objectif la justice sociale et l’indépendance nationale. »

    « Cet examen des positions doctrinaires du néo-fascisme nous fournit donc les quatre (…) auquel on peut reconnaître un mouvement ou un régime d’esprit fasciste : nationalisme, socialisme, anticommunisme et régime autoritaire. »

    « Le néo-fascisme met l’indépendance de la nation au-dessus de tout, mais il conçoit que, dans le monde moderne, nos nations européennes ne peuvent plus assurer seules efficacement la protection de leur territoire et même qu’à elles seules, elles ne peuvent prétendre avoir une économie véritablement indépendante. Le rêve des puissances fascistes d’avant-guerre de constituer un Empire Européen, qu’il ait été sincère ou non, est une nécessité grave et pressante de notre temps. Nos nations ne peuvent plus retrouver la puissance qu’elles ont définitivement  perdue en 1945 qu’au sein de cet Empire d’Europe qui peut seul leur assurer les moyens de leur défense et de leur véritable liberté. Les doctrinaires du néo-fascisme sont donc résolument européens. Ils ont reporté sur l’Europe les rêves de grandeur et de prestige qu’ils avaient fait autrefois pour leur patrie (…) Ils veulent que l’Europe porte une idée nouvelle.

    « Ils (les néo-fascistes) veulent que l’Europe devienne la terre que l’on regarde parce qu’elle apporte un espoir, une solution, parce qu’elle est un modèle sur la route de l’affranchissement. »

    « L’Europe du fascisme n’a donc rien en commun avec l’Europe de nos conseils et de nos politiciens. Elle a l’ambition d’être « une troisième force » entre le bloc américain et le bloc soviétique. »

    « Le néo-fascisme se considère comme étranger au monde démocratique comme au monde marxiste, il ne veut pas être entraîné dans la querelle du capitalisme et du marxisme et il recherchera toujours une troisième voie pour affirmer son caractère propre entre les deux camps. »

    « L’île d’Europe n’est qu’une application de cette position à un moment donné de l’histoire. »

    « Alors que les communistes posaient aussitôt le problème Algérien dans les termes de l’internationale communiste, les groupes néo-fascistes ne songèrent même pas un instant à le poser dans les termes de l’internationale fasciste. (…) (si cela continu) le fascisme est condamné encore pour longtemps à des sauts de carpe provoqués par des réflexes purement sentimentaux. »

    « Ce qui existe, pour l’instant, du côté des fascistes, c’est seulement leurs nations : là est le support de leur force future, de leurs espoirs, de tout avenir qui postule que d’abord leurs nations ne disparaissent pas. »

    « La nation peut être confisquée. Elle peut devenir, telle qu’elle est, la propriété de l’adversaire. Et l’armée qui défend son territoire peut être utilisée en même temps à combattre l’intérêt supérieur et permanent de la nation, à le compromettre à jamais. Marcher au tambour n’est pas une solution. »

    « Partout dans le monde, des hommes espèrent, et ils ont la conviction et la sérénité des Saints du Dernier Jour. Ils sentent la pourriture et l’odeur de la mort, et ils savent qu’un vent se lèvera un jour, qu’il se lève déjà à l’horizon du présent. »