• Entre tradition et libéralisme : la monarchie française à l’épreuve entre Louis XVI et Charles X (1774-1875)



    Royauté et empires, roi de France ou bien des Français ? Ou quand Louis XVIII était certainement le plus libéralisant des trois frères !

  • De Louis XVI à l’empreinte libérale, mesurer, règne par règne, l’acquiescement ou l’intransigeance ponctuelle ou répétée devant l’essor des idées libérales
    — jusqu’au crépuscule monarchique et l’avènement républicain.

    ⁂ 𝔄rène du quadrilatère
    Monarchie, idées, baston doctrinale

    ℭher lecteur, il nous échoit de remettre l’ouvrage sur le métier : suivre, sans défaillir, la ligne de crête où la royauté française, telle un gladiateur possédé, esquiva, encaissa, parfois rendit coup pour coup, devant l’essor d’un libéralisme tantôt sophiste, tantôt verni de bonnes manières.

    Nous arpenterons la fin de l’Ancien Régime, les Restaurations, la Monarchie de Juillet, et même le Césarisme napoléonien, enfin la défaite et l’improvisation institutionnelle de 1871-1875.
    – Quand bien même on clamerait la « neutralité des formes », la politique n’est point désert d’idées, au mieux : elle tranche, elle sacre, elle hiérarchise.

    Satire douce-amère d’ouverture de ces siècles de cabotins : en effet, le XIXᵉ siécle promit d’exporter liberté, industrie et bonheur par wagons entiers ; il livra aussi des émeutes, des plébiscites, des censeurs à moustaches gauloises et des banquiers à redingote. Entre Tradition et libéralisme, nos rois classiques et contemporains naviguèrent à vue, parfois non sans panache, et parfois lestés de leurs propres contradictions.

    🏟 Entrée pugilistique lettrée — l’ordre naturel, dans notre vieille France, s’écrivait en baston réglementé par des « Lois fondamentales » ; la Révolution en rompit la hampe ; les rois revenus tentèrent, avec plus ou moins de célérité et d’habileté, de recoudre l’étoffe. Louis XVI, Louis XVIII, Charles X : trio d’une même maison, mais tempéraments, conjonctures et acquiescements dissemblables. Vint ensuite Louis-Philippe, prince-citoyen à l’aise dans le macadam bourgeois, libéral et maçonnique, puis Napoléon III, césar social glissant vers un empire libéral — avant que la guerre franco-allemande ne précipitât le reste dans la désuétude, et donna naissance à une IIIème République à la longévité hélas non discutée.

    🛡️ À la croisée des fidélités et des dites réformes : le tumultueux XIXème siècle entre équilibres instables ⚖️

    🎙️ Antenna I.O. Vox Frequencia

    📽️ 𝔇ocumentation audiovisuelle


    ☧ 𝔏exique de cogneur (CNRTL, définitions utiles)

    LIBÉRALISME, Doctrine : « système d’idées qui prône la liberté individuelle… » https://www.cnrtl.fr/definition/libéralisme
    TRADITION, Transmission : « ce qui est transmis d’âge en âge… autorité des usages reçus » https://www.cnrtl.fr/definition/tradition
    CHARTE, Texte fondamental : « acte solennel accordant des droits… » https://www.cnrtl.fr/definition/charte
    ULTRA, Politique : « partisan d’opinions extrêmes conservatrices sous la Restauration » https://www.cnrtl.fr/definition/ultra
    CONCORDAT, Régime des cultes : « convention entre le Saint-Siège et un État… » https://www.cnrtl.fr/definition/concordat


    ᛟ 𝔄ncienne école éprouvée — Sentences d’autorité

    « Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée… »
    « Je soutiens que ce n’est point une conquête de la Révolution. C’est, au contraire, un produit de l’Ancien Régime. »
    — Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, Avant-propos & Livre I, ch. II. Wikisource

    « La littérature est l’expression de la société, comme la parole est l’expression de l’homme. »
    — Louis de Bonald, Mercure de France, n° 41, 1er ventôse an X (25 févr. 1802) ; repris dans les Écrits sur la littérature. OpenEdition

    « Y a-t-il, en effet, une campagne dans laquelle Frédéric, Napoléon ou Moltke ne se soient pas tout d’abord assigné un but ? » « “Je serai à Berlin avant eux”, dit Napoléon au commencement d’octobre 1806… »
    — Maréchal Ferdinand Foch, De la conduite de la guerre. La manœuvre pour la bataille, Berger-Levrault, 1919 (réimpr. de la 2ᵉ série de conférences), chap. « Du but et des moyens de la guerre ». Archive.org

    « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
    — Matthieu XXII, 21, Bible Crampon


    « Le XIXᵉ siècle français est une longue expérimentation des régimes, des libertés et de l’État. »
    — S. Berstein, P. Milza, Histoire du XIXᵉ siècle, Paris, Hatier (dernières rééd.). Gallimard

    « Une Charte constitutionnelle était sollicitée par l’état actuel du royaume, nous l’avons promise, et nous la publions. »
    Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, Préambule.

    « Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient d’ailleurs leurs titres et leurs rangs. »
    Charte du 14 août 1830, art. 1 (préambule de 1814 supprimé par les Chambres).

    « La liberté de la presse périodique est suspendue… Nul journal… ne pourra paraître… qu’en vertu de l’autorisation… »
    Ordonnance signée à Saint-Cloud, 25 juillet 1830, publiée au Moniteur le 26.

    « Par esprit de défiance, certaines personnes se disent : “l’Empire, c’est la guerre ;” moi je dis : “l’Empire, c’est la paix.” C’est la paix, car la France le désire… »
    Napoléon III, Discours de Bordeaux, 9 octobre 1852.


    Σ Plan d’attaque par manche — Sommaire

    1. 🏰 I. Louis XVI : constitutionnalisme contraint, fidélité du cœur
    2. 👑 II. Louis XVIII : la Charte comme accommodement
    3. ✝️ III. Charles X : l’ultra, le sacre, la rupture
    4. 🕊️ IV. Louis-Philippe : la monarchie des « honnêtes gens »
    5. 🦅 V. Napoléon Iᵉʳ & le legs impérial : Code, Concordat, cadre
    6. 🚂 VI. Napoléon III : du césarisme social à l’« empire libéral »
    7. ⚔️ VII. 1870-1875 : Sedan, Assemblée monarchiste, drapeau, République
    8. 🗂️ VIII. Tableau-grille : Tradition vs Libéralisme

    🏰 I. Louis XVI : constitutionnalisme contraint, fidélité du cœur

    Auparavant prince consciencieux, Louis XVI affronte de plein fouet la crise fiscale et la tempête idéelle. Il fut moins guerrier que ses Pères, lorsque l’on songe aux Louis XIV et XV, mais plus pieux.
    Réformes sociales populaires Turgot/Necker — abolition de la corvée, velléité de libérer le commerce des grains — puis recul devant l’ire des corps et du peuple. Il accepta d’abord, sous contrainte, la Constitution de 1791 : la monarchie devint limitée, le veto suspensif un dernier bouclier. Mais le Roi demeura intransigeant sur l’Église : refus de la Constitution civile du clergé, drame des serments.
    Tradition du trône et de l’autel, face à un pays presque déjà « post-voltairien » : l’issue, hélas, fut connue.

    👑 II. Louis XVIII : la Charte comme accommodement

    Revenu avec les Alliés et l’auguste souvenir des Lys, Louis XVIII, esprit madré, sut revêtir la Charte de 1814 d’un vernis de continuité : bicaméralisme, Code civil conservé, Concordat maintenu, propriété sacrée. Il ouvrit avec Decazes, puis se raidit après 1820. Moins mystique que son frère aîné, plus pragmatique, parfois qualifié de quasi « libre-penseur », il tenta la synthèse : tradition cadrée par le libéralisme — compromis de meilleur aloi pour sauver l’essentiel.

    ✝️ III. Charles X : l’ultra, le sacre, la rupture

    Le comte d’Artois, devenu Charles X, prit au sérieux le sacre de Reims : loi du sacrilège (1825), indemnité aux exclus/émigrés catholiques, politique d’« ultras », faisant écho au retour des congrégations sous Napoléon 1er, faisant suite au Concordat, effectué certes sous la pression politique gallicano-jacobine. Lorsque l’édifice censitaire grinça, il signa les Ordonnances de Juillet (1830) — dissolution, censure, réforme électorale —, geste d’autorité qui tourna à la faute : Trois Glorieuses et départ.
    À son actif, le premier élan d’Algérie ; mais, paradoxalement ou non, l’intransigeance frontale brisa l’essai de restauration intégrale.

    🕊️ IV. Louis-Philippe : la monarchie des « honnêtes gens »

    Charte révisée (1830), drapeau tricolore, roi « des Français » : le cousin d’Orléans fut héritier d’une maison plus libérale et démocratique, et ce, dès l’Ancien Régime. Il épousa le régime des banquiers, industriels, juristes. Les libertés sont entre « accordées » et « surveillées » ; parlementarisme censitaire ; tonalité gallicane et modérément anticléricale. L’ordre social se fixa autour de la classe possédante. Le « philistin » prospéra ; la Tradition fut priée de se tenir coite au chœur…

    🦅 V. Napoléon Iᵉʳ & le legs impérial : Code, Concordat, cadre

    Le Congrès de Vienne (1814-1815), machin d’équilibre…, scella en réalité l’Europe post-révolutionnaire ; mais c’est l’hybride Napoléon Iᵉʳ (Ancien et Nouveau régime sont à la fois dans l’Empire) qui transmit à tous ses successeurs l’armature : Code civil, Concordat de 1801, administrations hiérarchisées.
    Ce legs ambivalent — centralisateur, sécularisateur, ordonnateur — permit aux Restaurations de gouverner dans la modernité tout en prétendant la redresser. Statu quo fécond ou plutôt infécond, et ses altérations subreptices, chacun en jugera.

    🚂 VI. Napoléon III : du césarisme social à l’« empire libéral »

    Prince-président devenu Empereur (1852), il régna d’abord ferme : presse bridée chrétiennement, plébiscites, haute police. Puis, après 1860, libéralisation, manque à la défense du Pape : pouvoirs accrus du Corps législatif, loi de 1864 (droit de grève), lois de 1868 (presse, réunions). Il ouvrit les vannes à une modernisation sociétale : chemins de fer, banques, grands travaux, traité Cobden-Chevalier (1860) — libre-échange à l’anglaise/capitaliste.
    César social, finissant empire libéral ; transition qui eût pu durer, n’eût été la foudre de 1870 — que Léon Gambetta y porta le coup de grâce ou non.

    ⚔️ VII. 1870-1875 : Sedan, Assemblée monarchiste, drapeau, République

    La guerre franco-allemande tourna au désastre : Sedan, siège de Paris, provinces meurtries —, et, à partir de là, la « germanophobie », alors, ne relevait point d’une humeur, mais d’une expérience établie…

    Assemblée de 1871 : majorité monarchiste, projet de compromis entre légitimistes (Henri V, ou comte de Chambord) et orléanistes. Écueil ultime sera ce drapeau blanc exigé contre le tricolore. Ici gît l’ultime résurgence de la monarchie française : tombée non faute d’électeurs, mais d’accord.

    Le temps se referma ; de fait, la IIIᵉ République maçonnique (1875) s’improvisa durable. Elle durera jusque l’avènement du Maréchal Pétain dans la tourmente de la défaite militaire française de 1940.


    🗂️ VIII. Tradition VS « Libéralisme — grille de lecture synthétique

    Souverain / régime Constitution & pouvoirs Libertés (presse, réunion) Religion/Église Économie & société Note libérale-globale
    Louis XVI (1774-1792) Accepte la Constitution de 1791 (monarchie limitée) sous contrainte ; vétos suspensifs Abolitions d’Ancien Régime, reconnaissance des droits civils ; puis crispation en 1791-1792 Très attaché au catholicisme ; refuse la Constitution civile du clergé Réformes Turgot/Necker (abolition de la corvée, libéralisation céréales) puis recul 2,5/5 (mouvement vers le constitutionnalisme, mais intransigeant sur le religieux)
    Louis XVIII (1814-1824) Charte de 1814 : bicaméralisme, responsabilité ministérielle ambiguë ; conserve Code civil Périodes d’ouverture (Decazes) puis durcissement après 1820 Maintient le Concordat de 1801 ; tonalité modérée vis-à-vis du culte Respect des acquis bourgeois, propriété, libre-entreprise 3,5/5 (pragmatisme, compromis : « tradition cadrée » par le libéralisme)
    Charles X (1824-1830) Tendance rétrograde ; Ordonnances de Juillet (dissolution, censure, réforme électorale) Restriction de la presse, dissolution répétée Loi du sacrilège (1825), indemnité aux émigrés ; sacre à Reims Défense des corporations traditionnelles, moindre faveur aux intérêts libéraux 1,5/5 (intransigeance ultra ; conflit frontal avec l’ordre libéral)
    Louis-Philippe (1830-1848) Charte de 1830 révisée : parlementarisme censitaire Libertés plus larges, mais régime d’ordre et d’« honnêtes gens » Tonalité gallicane et modérément anticléricale Libéralisme bourgeois (banquiers, industriels) ; suffrage censitaire 4/5 (monarchie libérale assumée, conservatrice dans ses bases sociales)
    Napoléon III (1852-1870) Autoritaire, puis libéralisation (après 1860) : pouvoir accru du Corps législatif Lois 1864 (grève), 1868 (presse, réunions) : ouverture réelle Concordat maintenu, mais politique fluctuante Modernisation (chemins de fer, banques), libre-échange (Cobden-Chevalier, 1860) 3,5→4/5 (du césarisme social à l’« empire libéral »)

    Aparté — Au trio fraternel Bourbon, la hiérarchie des « libéralités » n’est pas simple. Louis XVI eut des penchants de son siècle, mais demeura ferme sur l’Église ; Louis XVIII se montre le plus « accommodant » ; Charles X campe, lui, davantage en intransigeant.
    Les Orléans, cousins premiers du sang, penchaient de longue date vers les idées libérales : Philippe-Égalité s’en chargea d’en donner preuve, jusqu’au pire, en votant la mort de son cousin Louis XVI.


    ☩ 𝔖entence par KO — Couronne et clairon

    La « nouvelle » France, maints fois, se gendarma ; puis céda. La Charte, le Code, le Concordat : autant de digues, autant d’agents de dissolution lente. L’on mesure que la tradition, pour survivre, cru devoir consentir à des enveloppes juridiques nouvelles ; et que le libéralisme, pour durer, dut s’adosser à des formes d’autorité — fussent-elles plébiscitées.

    Entre le trône et la Bourse, entre Reims et la fabrique, nos souverains, tour à tour, cherchèrent la clef. Au demeurant, il n’est point mince offense d’oublier que la politique est un art d’incarnation : sans logos vivant, le texte dépérit. De Louis XVI au vote républicain de 1875, s’est jouée la grande leçon : ou bien la tradition informe les libertés, ou bien les libertés dissolvent la tradition. La monarchie, elle, ne s’en releva plus.

    Mais voilà, ce que pèse encore la haute tradition lorsque le siècle siffle.

    📄 Nota bene — Faisons résonner un Te Deum, choral ancien, pour se retremper l’âme !


    📚 Pour approfondir

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    — La Rédaction

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