• Corpus thomiste

  • 9782845191944_1_0751461) Petite vie de saint Thomas d’Aquin :

    Thomas d’Aquin est la plus haute figure de la pensée occidentale au XIIIe siècle et un extraordinaire exemple de la sainteté de l’intelligence. Né près de Naples vers 1224, dans une noble et riche famille, il choisit la pauvreté de l’Ordre des Frères Prêcheurs, récemment fondé par saint Dominique. On l’envoie étudier à l’université de Paris, où l’un de ses maîtres est un autre dominicain, saint Albert le Grand. Très vite, il devient maître à son tour. Avec audace, et liberté d’esprit, il intègre la pensée de l’un des plus grands philosophes de l’Antiquité païenne, Aristote, à une vaste synthèse de théologie chrétienne. A Paris surtout, mais aussi à Cologne, à Naples, à Rome, il enseigne la science de Dieu et celle de l’homme à des centaines d’étudiants subjugués par l’ampleur et l’équilibre de son génie. Cela ne va pas sans susciter controverses, jalousies et critiques, mais le pape le protège. Il l’invite à participer au concile de Lyon de 1274. Epuisé par trop de labeurs, Thomas meurt en route. Ses écrits forment une œuvre immense.

    Dans les représentations iconographiques extrêmement nombreuses depuis sa mort en 1274 trois pôles se dégagent :

    Le philosophe : l’on ‘voit’, en effet, celui que saint Pie V a proclamé (Constitution Mirabilis Deus de 1567) Docteur Commun, en compagnie d’Aristote dont il a été le disciple et le génial commentateur (Principalement en Philosophie de la Nature, en Éthique et politique et en Métaphysique).

    Le théologien : peintures et vitraux le campent avec la Somme de Théologie dont Jean XXII qui le canonisa en 1323, a dit : “tot articula quot miracula” (autant de miracles que d’articles) et le Concile de Trente (1547-1563) n’hésita pas à mettre sur l’Autel, à côté de l’Évangile, cette œuvre qui résume la pensée théologique du Docteur Angélique et à propos de laquelle saint PIE X affirmait (Pie X, motu proprio Doctoris Angelici 29 juin 1914) qu’elle constitue un patrimoine de sagesse “que lui-même, après l’avoir reçu des anciens, a perfectionné et augmenté par la puissance de son génie presque digne des anges”.

    Le saint : sa canonisation en Avignon (1323), outre qu’elle a mis l’Église en possession des documents historiques essentiels relatifs à la connaissance de sa vie, indique une lumière. La lumière même du Saint-Esprit (souvent figurée dans les représentations picturales du temps) est confirmée par sept siècles d’autorité de l’Église de Jean XXII à Jean-Paul II (qui est un des Papes avec Pie V, Léon XIII, Pie X, Pie XII, Paul VI, à qui l’on doit le plus grand nombre d’encouragements pressants à travailler en philosophie comme en théologie dans la lettre et la méthode du Docteur Universel de l’Église.) Sans cette lumière, en un laps de temps si court (1225-1274), une si magnifique fécondité est impensable – voire impossible.

     

    2) Quelques citations clefs concernant sa pensée :

    « Le meilleur gouvernement est celui d’un seul chef »

    « Or chaque homme, par sa nature même, possède innée en lui la lumière de la raison qui dirige ses actes vers sa fin. Et s’il convenait à l’homme de vivre solitaire, comme il en va pour beaucoup d’animaux, cette lumière lui suffirait pour l’orienter vers sa fin ; chacun serait à soi-même son roi, sous le règne suprême de Dieu, en tant que, par le don divin de la raison, il se dirigerait soi-même dans ses actes. Mais la nature de l’homme veut qu’il soit un animal social et politique, vivant en collectivité »

    « On n’est tenu d’obéir aux princes séculiers que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice. Et c’est pourquoi, si les chefs ont une autorité usurpée, donc injuste, ou si leurs préceptes sont injustes, leurs sujets ne sont pas tenus de leur obéir, sinon peut-être par accident, pour éviter un scandale ou un danger »

    « L’homme possède le libre arbitre, ou alors les conseils, les exhortations, les préceptes, les interdictions, les récompenses et les châtiments seraient vains »

    « L’usage du vin est affaire de modération. Le vin réchauffe et réjouit, on en donne aux faibles pour les conforter mais aux malades enfiévrés. La sobriété n’est pas abstinence, c’est la mesure de cette boisson délicieuse »

    « Le but de la philosophie n’est pas de savoir ce que les hommes ont pensé, mais bien quelle est la vérité des choses »
    « La philosophie, servante de la religion »
    « La grâce ne fait pas disparaître la nature mais l’achève »
    « La vérité est l’accord entre l’intelligence et les choses »
    « Au milieu est la vertu »
    « L’acte n’est pas limité et multiplié que s’il est reçu dans une puissance »

     

    3) Grands textes pontificaux à son endroit :

    Jean XXII, dans la bulle de Canonisation de Saint Thomas: « On apprend plus avec saint Thomas en une année, qu’avec tous les autres saints ensemble pendant toute la vie. (…) Autant ce Docteur a composé d’articles, autant il a opéré de miracles (…)  Lui qui  a plus éclairé l’Église que tous les autres docteurs ensemble (…) Sa doctrine n’a pu provenir que d’une action miraculeuse de Dieu (…) Il a fait autant de miracles qu’il a écrit d’articles.»

    Léon XIII, Aeterni Patris : « Entre tous les docteurs scolastiques, brille, d’un éclat sans pareil leur prince et maître à tous, Thomas d’Aquin, lequel, ainsi que le remarque Cajetan, pour avoir profondément vénéré les Saints Docteurs qui l’ont précédé, a hérité en quelque sorte de l’intelligence de tous. Thomas recueillit leurs doctrines, comme les membres dispersés d’un même corps; il les réunit, les classa dans un ordre admirable, et les enrichit tellement, qu’on le considère lui-même, à juste titre, comme le défenseur spécial et l’honneur de l’Église. D’un esprit ouvert et pénétrant, d’une mémoire facile et sûre, d’une intégrité parfaite de mœurs, n’ayant d’autre amour que celui de la vérité, très riche de science tant divine qu’humaine, justement
    comparé au soleil, il réchauffa la terre par le rayonnement de ses vertus, et la remplit de la splendeur de sa doctrine. Il n’est aucune partie de la philosophie qu’il n’ait traitée avec autant de pénétration que de solidité: les lois du raisonnement, Dieu et les substances incorporelles, l’homme et les autres créatures sensibles, les actes humains et leurs principes, font tour à tour l’objet des thèses qu’il soutient, dans lesquelles rien ne manque, ni l’abondante moisson des recherches, ni l’harmonieuse ordonnance des parties, ni une excellente manière de procéder, ni la solidité des principes ou la force des arguments, ni la clarté du style ou la propriété de l’expression, ni la profondeur et la souplesse avec lesquelles il résout les points les plus obscurs. »

    Saint Pie X : « S’écarter de St. Thomas ne va jamais sans grave danger » (Motu proprio Sacrorum antistitum, instituant le Serment antimoderniste 1er septembre 1910). « Ceux qui s’éloignent de saint Thomas sont par là même conduits à cette extrémité qu’ils se détachent de l’Église » (Lettre Delata Nobis, 17 novembre 1907, adressée au Père Thomas PÈGUES).

     

    4) Catéchisme de la Somme Théologique :

    « On trouvera dans ce petit livre toute la substance doctrinale de la grande Somme théologique. Pas un point essentiel n’y a été omis de ce qui nous a paru nécessaire pour la mise à la portée de tous de son enseignement lumineux.

    Et, afin de rendre sa lecture plus facile, plus attrayante, plus vivante aussi et plus pénétrante, nous avons voulu lui donner la forme catéchistique, qui est bien, sans doute, la forme d’enseignement la plus parfaite pour atteindre toutes les intelligences. N’est-elle pas comme la réalisation idéale de ce qu’on a pu appeler l’enseignement socratique, procédant par voie d’interrogation graduée et ordonnée, qui éveille l’esprit et conduit insensiblement jusqu’aux plus hautes sphères de la doctrine ? »

    Le document complet

     

    5) Initiation à la théologie thomasienne du R.P. Sineux :

    «Initiation à la théologie de Saint Thomas, Imprimatur 1952-réimpr. 1994, Relié 14 x 21 cm. chez Téqui, 852 pages. Cet ouvrage du R.P. Sineux est un résumé de la doctrine de saint Thomas d’Aquin sous une forme plus proche du langage courant que de la langue des études universitaires. Sa consultation est rendue aisée grâce à un index alphabétique très détaillé en fin de volume.

    Sommaire théologique de saint Thomas d’Aquin, réédition en trois volumes de l’édition princeps avait été réalisée en 1969 par l’auteur lui-même. En son temps, cette édition avait reçu de nombreux hommages enthousiastes et chaleureux de personnalités, tant du Saint-Siège que de l’épiscopat français. Elle fait suite à l’ouvrage « Initiation à la théologie de saint Thomas d’Aquin » qui est réédité régulièrement depuis plus de 25 ans, en offrant à la fois « une traduction et un résumé. Ce n’est pas tout le texte de saint Thomas, mais tout le reste est de saint Thomas. Un sommaire de la Somme. » (l’auteur). Père Sineux dans l’avant-propos de la première édition : « Rien n’est plus conforme à la pensée de l’Église exprimée par ses Chefs suprêmes, que de propager la doctrine de saint Thomas d’Aquin. Et pour cela, de la mettre à la portée de tous…»

     

    6) Matière et Forme, de la Puissance à l’Acte dans le thomisme – R.P. Édouard Hugon :

    « La créature corporelle est, quant à l’essence elle-même, composée de puissance et d’acte; cette puissance et cet acte dans l’ordre de l’essence sont désignés par les noms de matière et de forme. » (Cette doctrine revient constamment dans tous les ouvrage de saint Thomas. Qu’il suffise de citer ici De spiritualibus creaturis, a. 1.)

    « La puissance et l’acte divisent l’être de telle sorte que tout ce qui est ou bien soit acte pur, ou bien soit composé nécessairement de puissance et d’acte comme principes premiers et intrinsèques. » (Cette proposition est contenue ouvertement dans les œuvres de St Thomas, Somme)

    La seconde thèse va le préciser, en rappelant que l’acte est par lui-même illimité et infini et que la limite et la multiplicité viennent de la puissance. Et le thème qui suit est celui de la distinction entre essence et existence.

     

    7) Le principe de totalité, ou le Bien commun :

    « La partie existe pour le tout, et par conséquent le bien de la partie reste subordonné au bien de l’ensemble ; le tout est déterminant pour la partie et peut en disposer dans son intérêt ». (Pie XII in Discours aux médecins neurologues, 1952).

    « Le principe de totalité lui-même n’affirme rien que ceci : là où se vérifie la relation de tout à partie, dans la mesure exacte où elle se vérifie, la partie est subordonnée au tout, celui-ci peut, dans son intérêt propre, disposer de la partie ». (Pie XII in Discours aux médecins neurologues, 1952).

    « On parle de l’objet de la propriété dans le même sens que de la partie: la partie n’est pas seulement partie d’une autre chose, mais encore elle appartient entièrement à une autre chose; il en est de même pour un objet de propriété ». (Aristote, Politique, I, IV, 5).

    « L’être de la partie est pour l’être du tout ». (Sum. contra Gent.III, 17).

    « Une partie, en tant que telle, appartient au tout. ». (Sum. Theol.II-II, 64, 5).

    « La partie est quelque chose du tout. C’est pourquoi tout bien de la partie est à ordonner au bien du tout ». (Sum. Theol., II-II, 58, 5).

    « Le bien particulier est ordonné au bien du tout comme à sa fin: comme l’imparfait est ordonné au parfait ». (Sum. contra Gent.III, 17).

    « Il est manifeste que toutes les parties sont ordonnées à la perfection du tout: le tout n’est pas pour les parties, mais les parties pour le tout. » (Sum. contra Gent., III, 112).

    « Puisque le bien du tout est meilleur que le bien des parties… » (Sum. contra Gent., II, 44).

    « Il est manifeste que le bien de la partie est pour le bien du tout. » (Sum. Theol., I-II, 109, 3).

    « La bonté d’une partie s’apprécie en fonction du tout. C’est pourquoi saint Augustin dit que toute partie est difforme quand elle ne convient pas au tout (…). Et le tout ne peut être bien constitué qu’avec des parties qui lui soient proportionnées. » (Sum. Theol., I-II, 92, 1 ad3).

    « Chaque partie aime naturellement le bien commun davantage que son bien propre particulier. Cela se manifeste pratiquement: chaque partie a en effet une inclination principale pour l’action commune en vue de l’utilité du tout ». (Sum. Theol., II-II, 26, 3).

    « Le bien et le meilleur ne sont pas considérés de la même manière dans le tout et dans les parties. Dans le tout, le bien est cette intégrité qui ressort de l’ordre et de la disposition des parties entre elles ». (Sum. contra Gent., III, 94).

    « Toute partie, en ce qu’elle est, appartient au tout. C’est pourquoi la nature elle-même porte dommage à une partie pour sauver le tout ». (Sum. Theol., I-II, 96, 4).

    « Il est naturel que la partie s’expose pour la conservation du tout: ainsi, la main s’expose au coup, sans qu’il soit besoin de délibérer pour la conservation du corps tout entier ». ((Sum. Theol., I, 60, 5).

    « Toute partie est ordonnée au tout, comme l’imparfait au parfait. Et c’est pourquoi toute partie est naturellement en vue du tout. S’il est nécessaire au salut du corps humain tout entier de couper un membre, par exemple parce qu’il est infecté et infecterait les autres, on le fait à juste titre ». (Sum. Theol., II-II, 64, 2).

    « Le bien du tout l’emporte sur celui de la partie. Un gouvernement prudent néglige quelque défaut de bonté dans la partie, en vue d’augmenter la bonté du tout ». (Sum. contra Gent., III, 71).

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