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Publié le par Florian Rouanet
- 🌌 La transmission inspirée de la Parole à travers les siècles : un enjeu de vérité.
- 🕊️ Une Parole sans erreur, éclairée par l’Esprit, révélée dans les lettres
⁂ Arène de science et sagesse
Ô lecteur pieux studieux, voici un sujet que bien peu osent arpenter sans se perdre dans les méandres de la mauvaise foi ou de l’excès amateur : l’inhérence biblique.
Derridés, protestantisés, positivistes, darwinisés jusqu’à la moelle, combien encore croient que la Sainte Écriture fut dictée par l’Esprit Saint, sans même une virgule hors propos ?Le Catholicisme traditionnel — fidèle aux lignées lefebvristes ou thucistes —, fort heureusement, non sans noblesse, affirme hautement : oui, toute la Bible est Vérité, mais non pas toute vérité selon les sciences humaines. Il s’agit ici de Vérité pour le Salut.
Voici donc que nous soumettons ce dogme au crible de l’histoire doctrinale, des affirmations magistérielles, de l’intelligence patristique, et du bon sens : de saint Pierre à Pie XII !
ANTENNA I.O.

☦ Bandage lexical
INERRANCE, subst. fém. : « Caractère de ce qui est exempt d’erreur. » Dans le contexte théologique, l’inerrance biblique signifie que l’Écriture Sainte, en tant que révélation inspirée par Dieu, ne contient pas d’erreur dans ce que Dieu a voulu y faire consigner pour notre salut. CNRTL
EX NIHILO, loc. adv. et loc. prép. : « À partir de rien, du néant. » Dans le contexte théologique, l’expression « ex nihilo » désigne la doctrine de la création divine qui affirme que Dieu fit surgir l’univers sans matière préexistante — le monde comme l’Homme.
☕ Ancienne leçon létale
« Oui, la vérité n’est qu’un nom, l’homme n’est qu’un misérable jouet d’opinions qui se succèdent sans fin, ou bien il doit y avoir sur la terre une autorité divine qui enseigne l’homme, cet être nécessairement enseigné, et nécessairement trompé par l’enseignement de l’homme. »
— Henri-Dominique Lacordaire, O.P. (encore simple abbé), Conférences de Notre-Dame de Paris, 1ʳᵉ série : 1835-1836, Tome II, p. 24 (éd. L. Vivès, Paris, 1872).
« Quel est ce remède ? Le socialisme ? Non ! Le socialisme n’est que l’exagération et l’abus d’une idée chrétienne. »
— Abbé Jean-Joseph Gaume, L’Europe en 1848, chap. XXIX « Le Socialisme », p. 48 (Gaume frères, Paris, 1848).
« Les adversaires de l’Infaillibilité sont des hommes qui, tout en se faisant gloire du nom de catholiques, se montrent complètement imbus de principes corrompus, ressassent des chicanes, des calomnies, des sophismes pour abaisser l’autorité du Chef suprême que le Christ a préposé à l’Église et dont ils redoutent les Prérogatives. Ils ne croient pas, comme les autres fidèles, que le Concile est gouverné par le Saint-Esprit. »
— Dom Prosper Guéranger, O.S.B., abbé de Solesmes, Bref de Pie IX à Dom Guéranger (6 mars 1870), cité in La Séparation des Églises et de l’État, chap. I (Émile Ollivier, Paris, 1902), § 590-591.Σ Plan par manche
- 🌊 Fondements scripturaires et patristiques
- ⛪️ La définition magistérielle de l’inerrance (Ier–XXᵏ siècles)
- 🏛 Comment un catholique lit la Bible
- 🌳 Création, « créationnisme » et Tradition
I. 🌊 Fondements scripturaires et patristiques
Dès les débuts de l’ère chrétienne, les Pères ont unanimement reconnu à l’Écriture une autorité divine infaillible. Saint Irénée, au IIᵉ siècle, proclame que « l’Écriture, parfaite, a été donnée par Dieu et ne se contredit pas ». Origène, tout en insistant sur la pluralité des sens, soutient qu’aucune erreur ne saurait être imputée à Dieu, mais plutôt à l’intelligence bornée de l’homme ou aux imperfections du texte manuscrit.
Saint Augustin, au IVᵉ siècle, établit avec force que la moindre erreur apparente doit être interprétée comme une incompréhension humaine, une faute de copiste ou une traduction malheureuse. Pour lui, l’autorité de l’Église est le fondement même de la foi en l’Évangile : « Je ne croirais pas à l’Évangile, si l’autorité de l’Église catholique ne m’y poussait ».
Saint Irénée de Lyon
Contre les Hérésies, II, 28, § 2
« Nous devons être pleinement assurés que les Écritures sont vraiment parfaites, puisqu’elles ont été prononcées par le Verbe de Dieu et par son Esprit ; mais nous, qui sommes inférieurs et postérieurs au Verbe et à son Esprit, sommes, pour cette raison même, dépourvus de la connaissance de ses mystères. »
[Scripturæ quidem perfectæ sunt, quippe a Deo dictæ et a Verbo eius et Spiritu; nos autem, quippe minores et posteriores Verbo Dei et Spiritui eius…] (newadvent.org)
Origène
Commentaire sur l’Évangile de Jean, X, 3
« La parole de Dieu ne saurait en aucune manière être mensongère ; dès lors, il n’est pas possible d’admettre la moindre erreur ou contradiction dans l’Écriture. »
[οὐκ ἔστι τὸ τοῦ Θεοῦ ῥῆμα ψεῦδος γενέσθαι· διὸ οὐδένα σφάλμα οὐδὲ ἀντίφασιν ἐν ταῖς Γραφαῖς δέχεσθαι θέμις.]
(trad. d’après le texte grec conservé, Book X, chap. 3) (newadvent.org)
Saint Augustin
Lettre 82 à saint Jérôme (A.D. 405), ch. 1, § 3
« Pour ma part, j’ai appris à attribuer cet honneur et cette soumission seulement aux livres canoniques des Écritures. Je tiens fermement que leurs auteurs n’ont commis aucune erreur.
Et si je rencontre quelque chose qui paraisse contredire la vérité, je n’hésite pas à penser soit que le manuscrit est fautif, soit que le traducteur n’a pas rendu le sens, soit que je ne comprends pas. »
[…tantum Scribturarum, quae canonicae appellantur, eis auctoribus credidi, ut nullum eorum in scribendo errasse firmissime credam…] (newadvent.org)II. ⛪️ La définition magistérielle de l’inerrance (Ier–XXᵏ siècles)
De Trente à Pie XI, l’Église a sans relâche précisé le dogme de l’inspiration plénière. Le Concile de Trente (1546) affirme que Dieu est l’auteur de toutes les parties de l’Écriture. Ce point est défini dogmatiquement par Vatican I (1870) : les livres saints sont dits « inspirés de Dieu, et exempts de toute erreur » (Dei Filius, chap. II).
Léon XIII, dans Providentissimus Deus (1893), insiste que « toutes les Écritures sont écrites à la dictée de l’Esprit Saint » et rejette fermement la thèse d’une inspiration partielle. Saint Pie X enfonce le clou avec Lamentabili Sane (1907), condamnant ceux qui nient l’inspiration intégrale.
La Commission Biblique Pontificale (1909) reconnaît dans Genèse 1–3 des faits historiques, imposant comme dogme la création spéciale d’Adam et l’unité du genre humain.
Pie XI, quant à lui, oppose à l’idéologie « christianiste positive » d’Alfred Rosenberg une défense pastorale de l’Écriture dans Mit Brennender Sorge (1937), et promeut une exégèse rigoureuse, fidèle à Rome par l’Institut Biblique pontifical.
Léon XIII — Providentissimus Deus (18 novembre 1893)
Texte français officiel (§ 20 du texte vatican) :
« … il serait absolument funeste soit de limiter l’inspiration à quelques parties des Écritures, soit d’accorder que l’auteur sacré lui-même s’est trompé. » Vatican
« Varia systemata exegetica multo magis solido fundamento fulciuntur ad excludendum sensum litteralem historicum? »
« Les divers systèmes exégétiques reposent-ils sur un fondement bien plus solide pour exclure le sens littéral et historique ? »
— Réponse : négative.
Il est catégoriquement affirmé qu’aucune méthode exégétique n’est fondée pour récuser « le sens littéral et historique » des chapitres initiaux de la Genèse.« Peculiaris creatio hominis; formatio primae mulieris ex primo homine; generis humani unitas »
« La création particulière de l’homme ; la formation de la première femme à partir du premier homme ; l’unité du genre humain »
— Réponse : négative.
Il n’est nullement permis de mettre en doute :
• la création spéciale d’Adam,
• la formation d’Ève à partir d’Adam,
• et l’unité substantielle du genre humain .« Must the literal and historical sense be presupposed… so that it is never lawful to deviate from it… »
— Questions IV–VIII traitées individuellement.
Si la Commission interdit de s’éloigner du sens littéral et historique de la Genèse creationtheologyfellowship.or, mais non cependant la légitimité d’interprétations allégoriques, typologiques ou adaptées à un langage populaire, pourvu qu’elles n’excluent point l’ancrage historique .III. 🏛 Comment un catholique lit la Bible
Bonne traduction & explication par la Tradition !
La lecture catholique doit tenir ensemble foi et raison.
L’inspiration divine ne transforme pas chaque ligne en vérité scientifique ; elle rend chaque ligne vraie selon ce que Dieu a voulu signifier. Le sens littéral doit être recherché avec les outils de l’exégèse – langues anciennes, contextes historiques – tout en respectant les différents genres : récit, parabole, poésie, apocalypse…
Saint Augustin lui-même invitait à éviter le ridicule d’une lecture pseudo-scientifique, souvent propagée par les parpaillots nords-américains. La sagesse de Dieu parle pour le Salut, non pour dresser des modèles cosmologiques entiers, bien que cela puisse se faire en partie.
Le lecteur catholique doit lire dans la foi, guidé par la Tradition et les bons clercs, avec soumission au Magistère enseignant. L’étude critique, quand elle est soumise à la foi, devient alors une grâce !
IV. 🌳 Création, « créationnisme » et Tradition
Le dogme catholique n’impose pas un modèle cosmologique fixe, mais il affirme des vérités irréductibles : création ex nihilo, création spéciale de l’âme humaine, unité du couple primordial, etc. Le néologisme (terme moderne) « créationnisme », forgé en milieux protestants américains, popularisé dès le XXème siècle, désigne des positions qui peuvent aller au-delà de ce que l’Église oblige à croire.
Le traditionaliste prudent parlera plutôt de doctrine de la Création, affirmant la vérité théologique que tout vient de Dieu, tout en laissant à la recherche honnête le soin de sonder les « mécanismes secondaires ». Il s’agit de professer le Credo : « Créateur du ciel et de la terre », sans réduire la foi à une polémique pseudo-scientifique.
Par une conférence de M. Dominique Tassot sur un sujet approchant [il traite de larges sujets scientifiques et son travail mérite attention] :
🗎 Sentence par KO
En fin de compte, l’inhérence biblique n’est point fantasme fondamentaliste ou une revendication littéraliste malhonnête, elle se déploie comme une clé de lecture théologique : Dieu, Auteur divin, ne saurait mentir, ni même se tromper.
Toutefois, Il daigna parler notre langue humaine, usant des styles, formes et genres de l’époque entre orientalisme, romanité et hellénisme. L’Esprit souffle sur les lettres, non toujours sur les pétitions de principe ou les simplismes militants.⚖️ Attitude catholique face à l’Écriture
Le catholique fidèle confesse que l’Écriture est Parole de Dieu, sans erreur dans ce qu’elle enseigne pour le salut. Il l’honore comme un trésor à interpréter avec rigueur, non comme un prétexte à combats déplacés. Il accueille la critique constructive, quand elle s’inscrit dans la foi, et rejette les lectures réductrices, qu’elles soient fondamentalistes ou rationalistes dites évolutives — néo-darwinien ou encore dogmefluid comme Bergoglio François, etc.
Il sait que Dieu parle vrai, mais parle selon notre langage : paraboles, figures, récits. Ce n’est point mentir que d’élever l’homme par des images. L’Esprit ne trompe pas ; Il élève. Dès lors, le combat n’est pas qu’entre science et foi, mais entre vanité et Vérité.Post-Scriptum. Ledit traditionaliste sincère saura donc réconcilier la Parole infaillible avec la lecture savante et rigoureuse. Qu’il lise avec révérence, prie avec constance, et confesse sans honte la Création dès l’origine, par le Verbe.
📖 Bibliographie indicative
- Concile Vatican I – Constitution dogmatique Dei Filius (24 avril 1870) : texte latin officiel disponible sur le site du Vatican. (Vatican)
- Léon XIII – Encyclique Providentissimus Deus (18 novembre 1893) : sur l’étude de l’Écriture Sainte, texte intégral en ligne sur Vatican.va. (Vatican)
- Saint Pie X – Syllabus Lamentabili Sane (3 juillet 1907) : condamnation des erreurs modernistes, reproduction fidèle sur New Advent. (newadvent.org)
- Commission biblique pontificale – Réponses du 30 juin 1909 sur la Genèse : décisions concernant le caractère historique des trois premiers chapitres de la Genèse, texte intégral en ligne. (catholicapologetics.info)
- Pie XI – Encyclique Mit Brennender Sorge (14 mars 1937) : avertissement doctrinal adressé à l’Église d’Allemagne, disponible sur Vatican.va. (Vatican)
- Saint Augustin – Épîtres : collection complète des Lettres accessible sur New Advent (édition anglaise avec numérotation critique). (newadvent.org)
- Saint Augustin – De Genesi ad litteram (Interprétation littérale de la Genèse) : texte latin et traduction anglaise librement consultables en PDF. (roger-pearse.com)
- Saint Irénée – Contre les Hérésies, livre II : version patrologique (anglais) numérisée et téléchargeable. (prudencetrue.com)
- Origène – Sur les Principes, livre IV : texte grec-latin et traduction anglaise disponibles sur New Advent. (newadvent.org)
- R. Latourelle – Théologie de la Révélation (1963) : numérisation (archive.org) de l’édition française de référence, coll. « Studia ». (Internet Archive)
- Commission biblique pontificale – L’Interprétation de la Bible dans l’Église (23 avril 1993) : document complet (version anglaise) mis en ligne par des ressources catholiques. (catholic-resources.org)
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