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Publié le par Florian Rouanet
Préambule :
La Langue d’Oc, ou l’occitan, langue romane par excellence, occupe une place singulière dans l’histoire linguistique de la France et de l’Europe.
Héritier direct du latin populaire, il fut, aux côtés du français, l’un des deux grands idiomes de notre pays avant d’être marginalisé par la centralisation monarchique, et surtout celle républicaine – la IIIe république contre les dialectes en faveur de l’unité du français. Néanmoins, l’occitan, riche d’une tradition littéraire et culturelle d’envergure, millénaire, mérite d’être redécouvert et raviver avec sérieux.L’ouvrage que nous étudierons ici repose sur une méthode d’apprentissage fondée sur l’« occitan central » (langue des Languedociens), permettant une compréhension plus aisée des diverses variantes dialectales et un accès direct à la littérature médiévale des troubadours.
À travers une approche à la fois pratique & érudite, cette méthode vise à restituer la langue non comme un simple outil de communication, ou pour le tourisme, mais comme un vecteur de culture et de civilisation.
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Sommaire :
I. Une langue carrefour entre latin et langues romanes
II. Héritage littéraire & ecclésiastique
III. Perspectives contemporaines : revivifier la lenga nòstra☧
I. Une langue carrefour entre latin et langues romanes
L’occitan constitue un trait d’union naturel entre le français, l’italien & l’espagnol. En effet, sa phonétique conserve des caractéristiques propres qui en font un idiome à part entière, tout en partageant des évolutions linguistiques communes avec ses langues-sœurs. Les phonétiques des U et des S sont prononcées à la française tandis que celle du V est prononcée comme un B à la castillane !
Ainsi, les francophones ayant quelque familiarité avec ces langues romanes pourront plus aisément se réapproprier l’occitan, dont la structure grammaticale et lexicale demeure remarquablement fidèle au latin.
D’ailleurs, contrairement au français qui a largement évolué sous l’influence germanique puis anglo-normande, l’occitan conserve des formes plus proches du latin originel, ce qui en fait un atout pour l’apprentissage des langues classiques.Et si l’empire romain vainc la Grèce, mais le vaincu, supérieur intellectuellement l’influencera ensuite. On peut en dire autant de la France, si le Nord a gagné militairement, le sud a gagné culturellement (langue néo-latine, les conjoints se choisissent).
P.-S. Il est plus élevé d’apprendre les mots pour la littérature
que pour un vulgaire tourisme, bien que les voyages forment aussi son homme certes.De quelques mots :
Sabatz dentrar ? – Puis-je entrer ? (littéralement « Savez-vous entrer ? »
Petanca – La pétanque, un jeu emblématique du Sud
Plan mercé – Merci beaucoup
Fin’amor – Amour courtois, idéal médiéval
Trobar – Composer de la poésie lyrique
Mila Diou – une exclamation exprimant le juron, ou parfois devant la surprise,, un peu comme « Mille tonnerres ! » en français.
II. Héritage littéraire & ecclésiastique
Loin d’être un simple dialecte provincial, l’occitan fut jadis la langue des troubadours, ces poètes-courtisans qui, dès le XIIème siècle, firent rayonner l’art lyrique à travers l’Europe.
Il suffit de citer quelques noms illustres pour en mesurer l’importance :
- Guilhem de Peitieus (1071-1126), duc d’Aquitaine et premier troubadour connu ;
- Bernart de Ventadorn (XIIème siècle), maître de la fin’amor et inspirateur des poètes de langue d’oïl ;
- Arnaut Daniel (XIIème siècle), célébré par Dante dans sa Divine Comédie comme « il miglior fabbro del parlar materno » (« le meilleur artisan de la langue maternelle »).
- Peire Vidal (XIIᵉ siècle), troubadour provençal, célèbre pour ses compositions lyriques et satiriques.
- Guilhem de Montanhagol (XIIIᵉ siècle), poète qui développa une poésie raffinée et éthique, axée sur la fin’amor.
- Guiraut Riquier (XIIIᵉ siècle), souvent considéré comme le dernier des grands troubadours, qui porta la lyrique occitane à son apogée.
- Jofré de Foixà (XIIIᵉ siècle), à la fois poète et théoricien, auteur des Regles de trobar, qui codifièrent l’art des troubadours.
- Peire Cardenal (XIIIᵉ siècle), moraliste et polémiste, connu pour ses sirventès dénonçant les abus de la société et du clergé.
- Arnaut de Mareuil (XIIᵉ siècle), troubadour reconnu pour son élégance et sa pureté stylistique.
L’occitan ne fut pas seulement la langue des troubadours, mais aussi celle de la mystique et de la religion :
- Raymond Lulle (1232-1315), philosophe et théologien majorquin, qui employa parfois l’occitan en complément du latin et du catalan dans ses œuvres.
- Guilhem Figueira (XIIIᵉ siècle), poète engagé qui dénonça la croisade contre les Albigeois.
- Joan Bodon (1920-1975), écrivain du XXᵉ siècle, auteur de Lo libre de Catòia, témoin d’une littérature occitane toujours vivante.
Plus encore, l’occitan fut une langue cléricale & spirituelle.
Saint Martial, apôtre évangélisateur du Limousin, & Saint Roch, protecteur des pestiférés, sont parmi les figures catholiques dont la dévotion s’est longtemps exprimée en lenga d’òc.
III. Perspectives contemporaines : revivifier la lenga nòstra
On n’imagine pas ce qu’on a perdu pour l’apprentissage des autres langues romanes en désapprenant cette langue qui est la langue du tiers des autochtones de ce pays tout de même. Les défenseurs les plus opiniâtres de l’occitan dans le Midi sont des descendants d’Espagnols dans la mesure où leurs grands-parents ont pu s’intégrer plus facilement quand ils sont arrivés dans les années 50 et 60.
À l’époque, encore une grande majorité de la population parlait le languedocien et beaucoup d’Espagnols de langue castillane ont commencé par l’apprendre, c’était beaucoup plus facile pour eux que le français. Quant aux Valenciens, aux Baléares et aux Catalans, arrivés dans le Midi, eux-même quasiment locuteurs de langue d’oc, ils n’ont presque aucun d’efforts à fournir.Le paradoxe de l’occitan contemporain réside dans le fait qu’il fut naguère la langue d’un tiers des habitants de la France, mais qu’il ne subsiste aujourd’hui que sous une forme résiduelle et modernisée.
Cette triste déperdition, fruit d’une politique d’éradication linguistique menée depuis le XIXème siècle, ne saurait être perçue comme inéluctable.
Des initiatives existent pour revivifier cette langue du Midi, notamment dans les universités toulousaines, qui pourraient jouer un rôle similaire à celui d’Israël dans la résurrection de l’hébreu par le biais du yiddish – nous disons cela sans que ce soit une reconnaissance du sionisme.Toutefois, une revitalisation ne saurait se limiter à un cadre académique restreint. Il faut aussi qu’elle soit vécue et charnelle de nouveau. Laissons donc les éternels ignares et autres philistins accomplis dire : “À quoi ça me servirait professionnellement ?”. Évidemment, ils ne priseront que l’anglais pour les métiers internationaux, commerciaux, financiers et numérique. Pendant ce temps, nous pensons à la valeur, à la culture & à la civilisation.
Si les nations sont des communautés de race, de religion et de culture, elles sont unies aussi par la langue, alors défendre l’occitan, ce n’est pas s’enfermer dans un particularisme désuet, mais bien restaurer une particularité existante dans la moitié de la France. En somme, redonner vie à la lenga nòstra, c’est œuvrer pour la continuité d’un héritage européen, latin & chrétien, qui ne demande qu’à renaître.
Approfondir
Lisons, pour les périodes plus contemporaines les fameux félibres tels que Frédéric Mistral et Charles Maurras qui restent une bonne contribution pour la littérature politique, tandis que pour le militantisme vous avez eu François Fontan, ou bien encore le grammairien toulousain Louis Alibert (un barrésien et réputé collaborationniste après-guerre).
Notre présentation :
L’introduction est bonne, Nicolas Quint a géré. Il se base sur « l’occitan central » des Languedociens qui est plus unificateur, non conformiste (tiré de la gramatica occitana) et ultraconservateur au plan linguistique, d’ailleurs cette base permet de comprendre les autres variantes de la langue (qui sont étudiées en seconde partie). Elle permet également de lire sans trop de difficulté la littérature médiévale occitane (ayant évincé le surplus de gallicismes introduit tardivement dans la lenga nòstra). Si la première partie est plus basée sur les échanges relationnels (méthode moderne, touristique) dans ses exemples de leçons, la seconde partie est bien plus littéraire et historique (après avoir été habitué, ce qui est normal).
Une belle petite méthode pour apprendre l’occitan qui se finit (gâché par la dernière leçon) par une histoire de Touffik qui parle arabe dans la rue, berbère chez lui et occitan je ne sais pas où. Tout est dans le symbole et ça, c’est très symbolique. Il faut toujours qu’ils se sentent obligés de magnifier l’étranger.
Un occitan d’Occident.
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Duel et corrida sont condamnés de l’Église, non le sport ni la guerre
Pratiques sportives occitanes et langues
Le sanskrit, le grec ancien et le latin antique
Le “nouvel indo-européen” pour unir les “Aryens” ?
Louis Alibert, pour un national-socialisme occitan
Les principes de l’ethnisme, brochure de François Fontan
Quand Maurice Thorez du PCF tint un discours inhabituel contre le Traité de Versailles
« Frédéric Mistral, du félibre national-catholique au combat méridional » (en citations)
Droit & Culture : duo gréco-romain, puis franco-allemand
Contribution à l’universel du modèle d’homme allemand : le savant
Racisme anti-allemand dans l’histoire française et dépassement ?

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