-
Publié le par Florian Rouanet
⏳ Du crépuscule pie-douziste acceptable aux nuits wojtyliennes
🙏 Du samedi anticipé au dimanche tardif : quand horloge et précepte se croisent
⁂ 𝔄rène des clochers
ℭher lecteur, voici l’un de ces conflits où l’angélisme « pastoral » s’est faufilé dans les plis du calendrier, et où la montre a fini par « régler » la pratique de la foi.
Qu’il s’agisse du samedi soir anticipé, invention par étapes au fil de néo-pontificats, ou de la messe dominicale tardive — vraie messe du dimanche, mais célébrée lorsque les lampadaires sont déjà allumés —, le sujet se prête à une dissection historique et théologique sans complaisance.
Montini alias Paul VI, entrouvrit la porte avec la dextérité d’un sacristain en trottinette électrique ; Woyjtyla dit Jean-Paul II, enfonça le battant d’un geste large, au néo-canon 1248 du néo-Code de 1983.
Entre les deux, véritable Pape, Pie XII avait déjà allégé la rigueure — mais sans commune mesure ! — en 1953, en autorisant les messes vespérales.
Comme souvent — nouveaux rites, relations progressistes, État d'Israël —, Montini entre-ouvre la porte, et Jean-Paul moins II l’a pousse franchement (à part sur le communisme) !
🎙️ Antenna I.O. Vox Frequencia « Messe dominicale : du samedi anticipé au dimanche tardif ? »

☧ 𝔏exique de cogneur
MESSE VESPÉRALE : messe célébrée le soir du même jour liturgique (dimanche soir compris ici).
MESSE ANTICIPÉE : messe célébrée la veille au soir (samedi) et « comptant » prétendument pour le lendemain.
VIGILE : célébration liturgique propre à une veille, avec textes distincts (Noël, Pentecôte…), à ne pas confondre avec l’anticipée. https://www.cnrtl.fr/lexicographie/messeEn effet, remarques terminologiques (messe « anticipée » ≠ « messe de vigile ») : car la pratique moderniste « anticipée » vise à permettre d’accomplir le précepte dominical la veille, avec les textes du dimanche (EM 28). À l’inverse, les vigiles proprement dites ont leurs propres textes de vigile (Noël, Pentecôte, etc.).
☩ 𝔄ncienne école éprouvée et nouvelle école dégénérée
1953 — Pie XII ouvre la voie (messes du soir et adoucissement du jeûne)
« Constitutionis vi Ordinarii locorum (…) facultate fruuntur permittendi in proprio territorio Missae vespertinae celebrationem, si adiuncta id necessario exigunt, praescripto can. 821, § 1, non obstante. »
« En vertu de la Constitution, les Ordinaires des lieux (…) jouissent de la faculté de permettre, dans leur propre territoire, la célébration de messes vespérales, si les circonstances l’exigent nécessairement, et ce nonobstant la prescription du canon 821, § 1. »
— Suprema Sacra Congregatio S. Officii, Instructio de observantia Constitutionis « Christus Dominus » (appendice exécutoire), AAS 45 (1953), p. 49
https://www.vatican.va/archive/aas/documents/AAS-45-1953-ocr.pdf« Tamen eiusmodi Missae celebrari possunt non ante horam quartam post meridiem. »
« Toutefois, de telles messes peuvent être célébrées non avant la quatrième heure de l’après-midi. »
— Suprema Sacra Congregatio S. Officii, Instructio de observantia Constitutionis « Christus Dominus », AAS 45 (1953), p. 49
https://www.vatican.va/archive/aas/documents/AAS-45-1953-ocr.pdfSur l’allègement du jeûne eucharistique :
« Fidelibus pariter, qui non infirmitatis causa, sed ob aliud grave incommodum ieiunium eucharisticum servare nequeunt, aliquid sumere licet per modum potus, exceptis tamen alcoholicis (…) »
« De même, aux fidèles qui, non par cause d’infirmité, mais en raison d’un autre grave inconvénient, ne peuvent observer le jeûne eucharistique, il est permis de prendre quelque chose sous forme de boisson, à l’exception toutefois des boissons alcoolisées (…) »
— Suprema Sacra Congregatio S. Officii, Instructio de observantia Constitutionis « Christus Dominus », AAS 45 (1953), p. 49
https://www.vatican.va/archive/aas/documents/AAS-45-1953-ocr.pdf
1964–1965 — Débuts par indults sous Paul VI (premières vêpres du dimanche)
Le fait même que l’Instruction de 1967 parle « là où ex concessione Apostolicae Sedis… » prouve l’existence d’indults antérieurs et locaux. Le Saint-Siège l’a rappelé en résumant la norme ainsi :
« L’Instruction Eucharisticum mysterium, n° 28, établit : “Là où, par concession du Siège apostolique, il est permis que, le soir du samedi précédent, on puisse satisfaire au précepte de participer à la Messe du dimanche (…), on célébrera la Messe telle qu’elle est assignée dans le Calendrier pour le dimanche, l’homélie et la prière des fidèles n’étant en aucune manière exclues. Tout cela doit également être dit de la Messe qui, pour la même raison, est permise le soir de la veille d’un jour de fête de précepte, en quelque lieu qu’elle soit célébrée.” »
— Notitiae 10 (1974), « Documentorum explanatio. De Missa diei dominicae et festi de praecepto vespere diei praecedentis anticipata », p. 222–223 (citation latine d’EM 28)
https://www.cultodivino.va/content/dam/cultodivino/rivista-notitiae/1970/notitiae-10-(1974)/Notitiae-093-094-1974.pdf1967 — Encadrement liturgique par l’Instruction Eucharisticum mysterium (nº 28)
« Lorsque la permission a été accordée par le Siège apostolique de satisfaire au précepte dominical le samedi soir précédent, les pasteurs doivent expliquer avec soin aux fidèles la signification de cette permission et veiller à ce que l’importance du dimanche n’en soit pas pour autant obscurcie. (…) Nonobstant toute concession et coutume contraire, lorsqu’elle est célébrée le samedi, cette Messe ne peut être célébrée que le soir, aux heures déterminées par l’Ordinaire du lieu. Dans ces cas, la Messe célébrée est celle assignée au dimanche dans le calendrier ; l’homélie et la prière universelle ne doivent pas être omises. »
— Sacra Congregatio Rituum, Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, n. 28 (version anglaise), AAS 59 (1967), spécialement p. 557
https://adoremus.org/1967/05/eucharisticum-mysterium/« La Messe célébrée le soir précédant le dimanche de la Pentecôte est la Messe actuelle de la Vigile (…) De même, la Messe célébrée le soir de la veille de Noël est la Messe de la Vigile (…) Néanmoins, il n’est pas permis de célébrer la Messe de la Vigile du dimanche de Pâques avant la tombée du jour le Samedi saint, et certainement pas avant le coucher du soleil. »
— Sacra Congregatio Rituum, Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, n. 28, AAS 59 (1967)
https://adoremus.org/1967/05/eucharisticum-mysterium/1983 — Néo-codification universelle de la « messe anticipée »
« Can. 1248 — § 1. Satisfait au précepte de participer à la Messe, qui assiste à la Messe célébrée selon le rite catholique le jour de fête lui-même ou le soir du jour précédent. »
— Code de droit canonique (1983), traduction française officielle sur vatican.va, Livre IV, can. 1248 § 1
https://www.vatican.va/archive/cod-iuris-canonici/fra/documents/cic_libro4_cann1246-1248_fr.html
Σ Plan d’attaque par manche
I. ⛪ La messe anticipée du samedi soir : genèse et codification (moderniste post-Vatican II)
II. 🌙 La messe dominicale tardive : un dimanche jusqu’à minuit (certains traditionalistes)
I. ⛪ La messe anticipée du samedi soir : genèse et codification
Avant 1953, allègement de la discipline, mais orthodoxe, la liturgie dominicale ne se voyait point célébrée une fois la nuit tombée : le Canon 821 §1 du Code de 1917 interdisait l’usage. Pie XII, par Christus Dominus (6 janvier 1953), fit sauter ce verrou relatif : messes vespérales admises, pour motifs pastoraux, mais pas avant 16 h. Le jeûne eucharistique, de surcroît, fut assoupli — car cela accompagne aussi la ferveur des fidèles, laquelle s’affaiblissait hélas.
Sous le clown Montini, les « indults » se mirent à pousser comme la mauvaise herbe : à partir de 1964, certaines paroisses obtinrent la faculté de satisfaire l’obligation dominicale dès le samedi soir, après les premières vêpres. En 1967, ledit Eucharisticum mysterium prétendit définir la discipline : textes du dimanche, homélie et « prière universelle obligatoires », heure déterminée par l’Ordinaire — l’évêque-clown.
La consécration juridique-clown vint en 1983 et son néo-canon 1248 §1, toujours en « vigueur », autorisant à remplir le précepte « le jour même ou le soir du jour précédent ». Ainsi, ladite « messe dominicale anticipée », naguère plus rare, devint « droit commun ».

📋 Tableau récapitulatif
Seule la première ligne du tableau rappelle le seul allègement valide et fiable !
Date Nature de l’acte Titre latin (libellé exact) Titre français (usuel) Référence AAS 6 janvier 1953 Constitution apostolique Christus Dominus (Pius PP. XII) « Christus Dominus » — sur le jeûne eucharistique et l’introduction de messes dites vespérales AAS 45 (1953) 15–24. Cf. aussi l’« Instructio de disciplina ieiunii eucharistici » du même jour 1964–1965 Indults (réscrits particuliers de la Sacrée Congrégation du Concile) — (facultés locales pour satisfaire au précepte dominical « après les premières vêpres » le samedi) — (permissions locales ; annonces 12 & 16 juin 1964 via Radio-Vatican) Pas d’entrée AAS universelle (réscrits ad hoc). Contexte juridique : Pastorale munus, Sacram liturgiam, Inter oecumenici 25 mai 1967 Instruction (Sacrée Congrégation des Rites) Eucharisticum mysterium « Instruction sur le culte du mystère eucharistique » (notamment n° 28 sur la messe du samedi soir là où la faculté est concédée) AAS 59 (1967) 539–573 25 janvier 1983 Code prout + constitution de promulgation prout Codex Iuris Canonici (can. 1248 § 1) ; Const. ap. Sacrae disciplinae leges (Ioannes Paulus PP. II) « Code de droit canonique » (1983), can. 1248 § 1 ; « Sacrae disciplinae leges » (constitution de promulgation) AAS 75 (1983) pars II, 1–317 (texte du Code) ; AAS 75 (1983) pars II, vii–xiv (Sacrae disciplinae leges)
II. 🌙 La messe dominicale tardive : un dimanche jusqu’à minuit
Contrairement à « l’anticipée », la messe célébrée le dimanche soir — fût-ce à 22 h… — reste « pleinement dominicale ». Le droit canonique définissant le jour comme allant de minuit à minuit. En outre, ce même droit précise que l’Eucharistie peut être célébrée « à toute heure », sauf exceptions rituelles.
Mesure nouvelle, mais le Pape Pie XII avait permis les messes du soir le dimanche même ; Vatican II et ses suites n’ont rien retranché à cette faculté, sinon décorrélée la conception catholique par la soi-disant « assistance préventive » du samedi.
En pratique, la FSSPX ou certains Ecclesia Dei — rarement les partisans de la sédé-vacance — proposent encore de telles messes dominicales tardives (vers 18 h ou 18 h 30), l’estimant utiles aux fidèles empêchés plus tôt — et lancé d’un mouvement avant Vatican II.
Ici, point de fiction liturgique : on assiste à la messe le jour même du Seigneur, sans « anticipation ». Les textes, lectures et oraisons sont ceux du dimanche, et l’assistance satisfait sans conteste l’obligation…
🛎 𝔖entence par KO
📜 Contre le très douteux samedi anticipé, le dimanche tardif ne paraît certes pas optimal, mais tout de même valable. La question n’est point d’abord horaire, mais la fidélité à l’esprit du dies Domini.
Ainsi, cher lecteur, que l’on attende la nuit dominicale pour communier dans la paix, il importe de se souvenir que l’horloge n’est que servante, et non maîtresse, de la foi. Les concessions de Pie XII, exagérées/déconnectées par Montini Paul VI, puis prétendument codifiées universellement par Wojtyla Jean-Paul II, ne sauraient nous faire oublier que le Seigneur bénit le jour qu’Il a sanctifié ; et non le stratagème qui nous arrange.
Repères clairs et concis
- Avant 1953 (CIC 1917) : en principe, on ne commençait pas la messe plus tard qu’une heure après midi ; les soirées étaient exclues (sauf Noël, etc.). (Corpus Christi Watershed)
- 1953 — Pie XII : l’apostolique Christus Dominus autorise des messes vespérales et fixe l’heure la plus hâtive à 16 h ; il assouplit le jeûne, rendant possibles des messes du soir… y compris le dimanche soir. (papalencyclicals.net)
- 1957 — Sacram Communionem : extension et stabilisation de ces facultés (jeûne de trois heures, etc.) ; les messes vespérales deviennent pastorale ordinaire là où l’Ordinaire le juge. (EWTN Global Catholic Television Network, Corpus Christi Watershed)
- 1964–1967 : des indults apparus pour le samedi soir (obligation dominicale remplie après les premières vêpres) n’ont rien changé au statut du dimanche soir : celui-ci reste le « vrai dimanche » jusqu’à minuit. Eucharisticum mysterium (n° 28) précise l’esprit de cette concession et requiert, pour les anticipées, lectures du dimanche + homélie + prière universelle. (Corpus Christi Watershed, EWTN Global Catholic Television Network)
- 1983 — Droit commun : le Code codifie l’anticipée (can. 1248 §1) pour la veille au soir ; parallèlement, il affirme que l’Eucharistie peut être célébrée à toute heure sauf exceptions des livres liturgiques (can. 931). Donc, une messe du dimanche à 18 h, 20 h ou 22 h est parfaitement régulière et satisfait l’obligation du dimanche (puisque l’« un jour » est défini de minuit à minuit, can. 202 §1). (canonlawmadeeasy.com, CanonLaw.Ninja, Vatican)
📚 Pour approfondir
- Pie XII, Christus Dominus (1953) — https://www.papalencyclicals.net/pius12/p12chdom.htm
- Eucharisticum mysterium (1967) — https://adoremus.org/1967/05/eucharisticum-mysterium/
- Code de droit canonique (1983), can. 1248 et 931 — https://www.vatican.va/archive/cod-iuris-canonici/fra/documents/cic_libro4_cann1246-1248_fr.html
- Corpus Christi Watershed, Evening Masses and Days of Obligation — https://archive.ccwatershed.org/media/pdfs/17/11/25/19-25-37_0.pdf
- Canon Law Made Easy, Which Mass Fulfills My Sunday Obligation? — https://canonlawmadeeasy.com/2020/12/10/which-mass-fulfills-my-sunday-obligation/
💸 Soutenir l’œuvre Page Tipeee : https://fr.tipeee.com/florian-rouanet
💬 Rejoindre la communauté I.O. Telegram : https://t.me/francenatio— La Rédaction
🥊 𝔑𝔬𝔰 𝔞𝔯𝔱𝔦𝔠𝔩𝔢𝔰 𝔡𝔢 𝔩𝔞 𝔖𝔱𝔯𝔞ß𝔢
Laurent Morlier, ou la critique d’un “survivantiste anticonclaviste”
Grandes périodes de l’Histoire en kaléidoscope : science, civilisations et Religion
Jeffrey Herf et l’organisation sociale-économique du labeur « moderniste réactionnaire »
Appel vibrant au soutien de notre plate-forme : le nerf de la guerre — Intégralisme Organique

5 commentaires
Réagissez à cet article !