Abbé Georges de Nantes : hommage à son double combat politique et religieux Contre-Réformiste

Publié le 1 août 2025 par Florian Rouanet

De sa jeunesse en France traditionnelle à sa lutte doctrinale contre Vatican II et ses suites
✝️ Un prêtre au verbe d’acier, entre fidélité monarchique et défense intrépide de la Foi ✝️

⁂ Arène du combat catholique et politique

Ô lecteur studieux, songez à cette silhouette ardente, celle d’un prêtre que ses ennemis, néo-cléricaux comme laïques, vouèrent aux gémonies, tant il dérangeait le « désordre » établi. À bien des égards, il fut similaire à l’abbé Tam, à une époque antérieure certes, et française.

L’abbé Georges de Nantes (1924-2010), d’abord disciple de Maurras et défenseur de l’Algérie française, puis fondateur de la Contre-Réforme catholique, incarna ce type rare de clerc intrépide qui osa dénoncer lesdites fumées de Satan, s’échappant des murs de la néo-église conciliabulaire.

À rebours du « cléricalisme » en chemisier hawaïen, il affronta Montini alias Paul VI dans son célèbre Liber accusationis de 1973, croisa le fer contre le très moderniste père Congar, et rallia nombre de fidèles ébranlés par la révolution-subversion des années charnières de la décennie 1960.

Sa vie se déploie globalement en trois fronts : patriotisme enraciné, foi intransigeante, et polémiques théologiques qui le placèrent au centre de la tempête post-1965.

Et, en réalité, il fut écarté dès l’après-guerre en raison de son engagement très droitier, avant même que ne survienne ledit combat traditionaliste et lefebvrien à partir des années 1960-1970 !

Nota bene : son nom suscite des jugements contraires, mais son rôle dans ladite résistance catholique française demeure unique, originale et indélébile, entre alliances (père Barbara) et divergences (Mgr Lefebvre).

Antenna I.O. Vox Frequencia

☧ Lexique en habit de moine

🪢 Cordage terminologique clair, pour éviter tout égarement dialectique !

PHALANGISME : « Organisation sociale hiérarchisée, puisant dans l’esprit communautaire, à l’opposé du libéralisme individualiste » (Phalange — CNRTL).

CONTRE-RÉFORME CATHOLIQUE (CRC) : « Mouvement fondé par l’abbé de Nantes pour défendre la Tradition contre les « erreurs doctrinales » issues de Vatican II ».

TRADITIONALISME : « Attachement au maintien des doctrines, des usages et des formes ecclésiales antérieures aux pseudo-réformes modernes ».

SÉDÉVACANCE : « Thèse élaborée selon laquelle le Siège de Pierre est vacant, faute de véritable pape depuis l’année 1958, trépas de Pie XII ».

☩ Ancienne école pro-fasciste

📜 Sentences d’autorité, pour camper d’emblée le terrain.

« Je ne peux pas faire de géopolitique et de géostratégie aujourd’hui sans faire appel à la Vierge Marie, à ses révélations pour le vingtième siècle. »

— Abbé Georges de Nantes, 19 mai 1991.

[En Italie, face au péril bolchevique] « Le Fascisme, l’appel au Dictateur, manifeste un instinct vital, une poussée irrépressible de communautés historiques qui refusent de tomber dans le chaos, de perdre leur identité, de se dissoudre finalement ou de tomber dans l’esclavage. »
« Le Fascisme est nationaliste par nécessité, par instinct vital, par raison. Et il vaut exactement ce que vaut la religion nationale qu’il trouve déjà constituée, déjà vécue et qu’il ne peut qu’adopter. »

— Abbé Georges de Nantes, La Contre-Réforme Catholique (CRC) et transcription intégrale de sa conférence de mai 1976 : « L’Église face aux dictatures », section « Le fascisme italien », pp. 8-10, tome VIII, n° 105).

SOURCES : CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2021 — Géopolitique et orthodromie catholique : le siècle du triomphe des erreurs de la Russie (1917-1991) par le Frère Bruno Bonnet-Eymard

Σ Plan d’attaque par reprise

📖 I. Biographie : des bancs du séminaire à la France en guerre
⚔️ II. Engagement politique : Maurras, Algérie française et luttes d’après-guerre
✝️ III. Combat religieux : Vatican II, lettres aux amis et fondation de la CRC
🕊 IV. La crise de l’Église : positions de l’abbé de Nantes et controverses (Lefebvre, Guérard des Lauriers)

📖 I. Biographie : des bancs du séminaire à la France en guerre

Né en 1924 à Toulon, en cette Provence occitane et enracinée, qui forge les tempéraments de roc, Georges de Nantes grandit dans une famille catholique fervente et monarchiste, façonnée par le souvenir des combats de l’Action française. Élève brillant, il intégra le petit puis le grand séminaire de Paris, où il se distingua tant par sa piété que par son esprit pamphlétaire.

Durant ladite Occupation, alors que la France vivait des heures difficiles — du reste comme ses voisins frontaliers —, il se rapprocha du courant national maurrassien, discernant dans celui-ci un rempart contre l’anomie républicaine.

Il fut ordonné prêtre en 1948, à l’âge de vingt-quatre ans, dans un climat de guerre froide où déjà la menace communiste, en réaction, servait de catalyseur à son patriotisme droitier.

Ses premières années de sacerdoce, marquées par son ministère en Champagne, virent s’épanouir sa verve prédicatrice et son sens de l’organisation. De ces temps, émergèrent ses premières « Lettres à mes amis », embryons de ce qui deviendrait la Contre-Réforme catholique (CRC).

Phalangisme

Et oui, outre sa « Contre‑Réforme Catholique » (CRC), l’abbé Georges de Nantes développa bel et bien une doctrine et une organisation qu’il appela — sans détour — la Phalange ; il parlait même de « Communion phalangiste ». Cependant, le contenu qu’il donna à ce mot diffère sensiblement du phalangisme national‑syndicaliste de la Falange espagnole, même s’il en admirait certains traits et s’en servit souvent d’étude de cas.

Corpus : les 150 Points de la Phalange

Pour fixer la doctrine, il publie Les 150 Points de la Phalange (Catholique, Royale, Communautaire) :
‑ 1‑50 : foi, liturgie et mystique intégrales ;
‑ 51‑100 : monarchie française, nationalisme catholique, critique de 1789 ;
‑ 101‑150 : vie communautaire et économie corporative.

Ce « petit livre rouge » est réédité en 1996 et reste la charte de ses disciples.

⚔️ II. Engagement politique : Maurras, Algérie française et luttes d’après-guerre

L’abbé de Nantes n’occulta jamais ses attaches politiques. Admirateur de Charles Maurras entre autres, il porta haut l’étendard d’une France monarchique et catholique, rejetant avec véhémence les compromissions démocratiques de la IVᵉ République.

Dans les années 1950 et 1960, il s’illustra par son soutien ardent à l’Algérie française, dénonçant avec fougue ce qu’il considérait comme une trahison des élites gaullistes et un abandon funeste de nos racines impériales. Sa plume, acérée comme une baïonnette, vilipenda ceux qu’il appelait les tièdes de l’épiscopat pré-clownesque, prompts à flatter le nouveau régime gaullien.

Ce positionnement, plutôt à rebours des courants ecclésiaux d’alors, se dirigeant — doucement mais sûrement — vers le progressisme le plus crasse, lui valut hostilité et surveillance de la part des autorités civiles et religieuses. Déjà, son nom circulait dans les cénacles de droite nationale et radicale, où il côtoyait des figures marquées par les ancêtres du nationalisme intégral.

Chronologie politique

✝️ III. Combat religieux : Vatican II, lettres aux amis et fondation de la CRC

C’est pourtant sur le front religieux que l’abbé de Nantes allait entrer dans l’Histoire. Dès l’ouverture dudit Concile Vatican II (1962), il flairait progressivement la déflagration doctrinale qui s’annonçait. Dans ses Lettres à mes amis, il dénonça avec constance les « nouveautés pernicieuses » : liberté de conscience religieuse, œcuménisme syncrétiste, collégialité démocratisante.

En 1967, il fonda la Contre-Réforme Catholique (CRC), un mouvement structuré, alliant foi intransigeante et analyse politique enracinée. À la différence des « prudences tactiques » d’un Mgr Lefebvre, l’abbé de Nantes alla plus loin : il accusa publiquement Paul VI d’hérésie, d’apostasie et de schisme dans son fameux Liber accusationis (1973), appelant les cardinaux à le déposer selon le droit ancien — cette thèse résiste difficilement, car si un Pape l’est véritablement, c’est la plus haute autorité humaine sur terre, et il ne saurait être déposé.

Ses conférences à Paris, ses joutes (notamment face au Père Congar) et ses écrits connurent un retentissement considérable. Déjà, il était vu comme le pôle dur du traditionalisme français, en relation avec l’abbé Barbara, l’abbé Coache, ou encore le Père Guérard des Lauriers. Le Vatican-clown répliqua : en 1969 puis en 1983, par deux notifications, ils « condamnèrent » ses thèses, sans qu’il ne cédât un iota.

Il multiplia alors retraites, publications et fondations de cercles CRC, créant une dynamique militante où se mêlaient ferveur religieuse et esprit de croisade. Sa parole galvanisa jusqu’aux antipodes : Argentine, Allemagne, États-Unis… son nom résonnait désormais au-delà des frontières hexagonales.

☩ Ancienne école anti-moderniste

Ouverture du Liber accusationis (1973)
« Plainte pour HÉRÉSIE, SCHISME, SCANDALE, au sujet de notre frère dans la Foi, le pape Paul VI. »
— Abbé Georges de Nantes, Liber accusationis in Paulum Sextum, préambule, Ligue de la Contre-Réforme catholique, 1973. (crc-resurrection.org)

« L’Église est dans un état d’« autodémolition » accélérée… »
— Liber accusationis, « Votre décision historique des années 1964-1965 », § 2.

« La Liberté religieuse, c’est Vous qui l’avez imposée ainsi, illégitimement, dans l’Église. »
— Ibid., « 1. Hétéropraxie : La Liberté religieuse », § 3.

« …vous êtes personnellement et directement hérétique… »
— Ibid., « Hérésie ».

Appel à la déposition canonique
« …les “ hérésies ” de Paul VI et l’appel adressé au clergé romain en vue de sa déposition canonique. »
— Notification de la « Congrégation pour la Doctrine de la Foi », citée par G. de Nantes dans « Je suis fils de l’Église », La Contre-Réforme catholique, nᵒ 24, septembre 1969. (crc-resurrection.org)

La “prudence tactique” de Mgr Lefebvre
« Afin de ne pas la compromettre et pour obtenir toutes les autorisations canoniques nécessaires, la prudence lui dicta de garder le silence dans les controverses de l’époque. »
« Mgr Lefebvre n’identifie pas expressément… la Réforme en cours, hérétique et vraiment diabolique, avec les Actes de Vatican II. »
— « Le mouvement lefebvriste et son schisme », CRC, rubr. Contre le schisme intégriste. (crc-resurrection.org)

Face à l’abbé Barbara, l’abbé Coache et le P. Guérard des Lauriers
« Je vous avertis que, si vous faites cela, je dénoncerai moi-même vos desseins coupables. »
— « La tentation schismatique (1965-1970) », CRC, entretien du 21 juillet 1969. (crc-resurrection.org)

Joute épistolaire avec le P. Congar (1977)
« Cette lettre nous fait assister à une joute étincelante entre deux adversaires déclarés. »
— Cécile Perrin, « Georges de Nantes, grand écrivain », Il est ressuscité !, nᵒ 206, février 2020, à propos de la « Lettre ouverte au frère Yves Congar » (CRC 113, janv. 1977). (crc-resurrection.org)

Ouverture du Liber accusationis II (1983)
« Vous êtes un moderniste, faisant de Rome le siège de l’Antéchrist. »
« Le “culte de l’homme” vient tout déranger, tout pervertir, tout anéantir. »
« Je préférerais vous croire fou qu’idolâtre à ce point. »
« Catéchisme d’orgueil, catéchèse de fourbes. »
« L’apostasie d’un culte de l’homme antichrist… »
« Erreur d’un Fils de Dieu uni à chaque homme, les sauvant tous infailliblement. »
— Abbé Georges de Nantes, Liber accusationis secundus, 1983. (crc-resurrection.org)

« Livre d’accusation pour HÉRÉSIE contre l’auteur du Catéchisme romain. »
— Abbé Georges de Nantes, Liber accusationis III, page de titre. https://crc-resurrection.org/liens-utiles/archives/liber-accusationis/contre-cec.html

🕊 IV. La crise de l’Église : positions de l’abbé de Nantes et controverses

L’abbé Georges de Nantes fut à la fois précurseur et figure isolée dans la bataille qui suivit Vatican II. Dès 1965, il envisagea la thèse du « Pape hérétique », s’appuyant notamment sur les réflexions du cardinal Journet : si un Pape enseignait l’hérésie, il ne perdrait point sa charge ipso facto, mais devrait être déclaré déposé par l’Église enseignante.

En 1969, à la veille de la promulgation du Novus Ordo Missæ, il réunit chez lui à Saint-Parres-lès-Vaudes des figures qui allaient marquer l’histoire du traditionalisme : le père Guérard des Lauriers, théologien dominicain, l’abbé Coache, l’abbé Barbara, ou encore les Pères mexicains Saenz y Arriaga et Marquette. Cette réunion informelle acta une fracture : plusieurs de ces prêtres embrassèrent rapidement des positions Sede vacante, soutenant que Paul VI ne pouvait être Pape.

L’abbé de Nantes, quant à lui, resta sur une ligne non-sédévacantiste mais radicale : il maintenait l’idée d’une « validité de l’élection pontificale » tout en appelant les cardinaux à déclarer Paul VI déchu pour hérésie manifeste — cela ressemble au guérardisme sans en être.
Son Liber accusationis (1973) formalisa cette démarche unique : une procédure canonique d’accusation visant le Pontife lui-même, ce qui glaça d’effroi les dicastères romains.

Également, il exhorta Mgr Lefebvre à rompre officiellement la communion avec la Rome-clown, selon les antiques formules des Pères. Mais l’ex archevêque d’Écône refusa à diverses reprises cette rupture solennelle, en restant axé sur la défense de la Messe traditionnelle. Ce désaccord créa une autre ligne de fracture au sein du camp dit « traditionaliste » non « sédévacantiste » (mots balises odieux) :

• D’un côté, Lefebvre et la Fraternité Saint-Pie X, centrés sur la liturgie et la formation sacerdotale, sans confrontation doctrinale directe.
• De l’autre, l’abbé de Nantes, dénonçant une Église « gangrenée jusqu’à la tête », tout en restant juridiquement dans son sein, jusqu’à son dernier souffle.

Ses liens avec Mgr Guérard des Lauriers illustrent cette tension. Bien qu’ils aient collaboré, notamment en 1969, ils divergeaient. Guérard développera sa « thèse de Cassiciacum », tandis que l’abbé de Nantes persistera dans son appel canonique aux cardinaux romains.

Ses écrits contre Wojtyla alias Jean-Paul II, accusé d’hérésie et d’apostasie (Liber accusationis II et III), prolongèrent ce combat — hélas illusoire, car les cardinaux tous passés au modernisme, vivaient dès lors, de leur néo-pape de carton…

Chronologie religieuse

🛎 Foudre scripturale par KO

À l’heure du bilan, l’abbé Georges de Nantes apparaît comme l’un des éclaireurs les plus intrépides de la résistance catholique du XXᵉ siècle. Patriote maurrassien, défenseur acharné de l’Algérie française, il fut davantage un prêtre zélé, refusant de plier devant la subversion de Vatican II.

On peut discuter ses méthodes, abruptes, ou ses thèses canoniques audacieuses, mais force est de constater qu’il sut lire avec son acuité certains grands périls politiques et religieux de son temps.

Là où d’autres temporisaient, lui tonnait ; là où certains se satisfaisaient de demi-mesures, il exigeait la restitution intégrale de la Foi catholique.

En ce sens, sans être ni maurrassien pur jus ni traditionaliste classique, et bien qu’il faille sortir de cette logique gallicane tant politiquement que religieusement : l’abbé de Nantes demeure pour nous une figure matricielle du combat catholique intégral, à la croisée des fidélités : France charnelle, royalisme maurrassien et Tradition immuable de l’Église.

Post-Scriptum : Sa vie, ses combats et ses écrits rappellent qu’il ne suffit point de « conserver », il faut attaquer le mal à la racine, et proposer le bien à la source, comme le fit jadis saint Athanase contre l’arianisme. De Nantes fut, à sa façon, de cette trempe.

📚 Pour approfondir

• 15 février 2010 – Décès de l’abbé Georges de Nantes, ardent combattant contre les fumées de Satan dans l’Église (Jeune Nation)
• Hommage à l’abbé Georges de Nantes (Le Blog La Question)
• Les 150 points de la Phalange catholique (CRC)
• L’abbé Georges de Nantes, fondateur de la Contre-Réforme catholique (CRC)
• Historique du mouvement traditionaliste (Sodalitium)
• Notification de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi contre l’abbé de Nantes (1983) Vatican
• Nouar (Elizabeth), Doctrine d’une contre-révolution catholique. La pensée politique de l’Abbé Georges de Nantes : Persée – Archives des sciences sociales des religions
• Abbé Georges de Nantes, Lettres à mes amis (éd. CRC)
• Liber accusationis I, II et III, textes disponibles sur le site de la CRC
• Canal Telegram : Intégralisme organique

La Rédaction

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