• L’utilisation de matière et forme, appliquées à la “papauté-moderniste” — Quand Mgr Guérard des Lauriers diffère de saint Robert Bellarmin



    Son véritable usage est : de Pape désigné à acceptation explicite de sa charge !

  • 🔎 Distinction scolastique détournée, entre théologie et controverse actuelle 🔍
    "Faux Pape", "Pape plein", "Demi Pape"

    ⁂ Arène formelle

    Ô fidèle lecteur formaliter de nos colonnes, il est des distinctions que l’on croit classiques, scolastiques, bien rangées dans l’arsenal thomiste…, et pourtant, elles ressurgissent — de nulle part —, brandies comme remède à l’anomalie contemporaine, en cas de vacance prolongée du Saint-Siège.

    Il en est ainsi du couple-concubin (?) « materialiter/formaliter », jadis articulé avec prudence dans les traités de logique, de philosophie, mais aussi de théologie, désormais revendiqué de manière contradictoire/désordonnée/chaotique par les polémistes de ladite crise post-conciliabulaire.

    Sans vouloir trop dénigrer l’effort de Mgr Guérard des Lauriers — hélas verbeux à s’y rompre les méninges, à l’instar d’un Joseph Merel —, mais pour qui veut comprendre, il faut départager l’héritage de Bellarmin de l’innovation de Cassiciacum. Car le dominicain du XXᵉ siècle ne reprend pas tant le canoniste Bellarmin qu’il ne le retourne… :

    N.B. :

    • En effet, le problème principal réside dans le fait de mal adapter (ou d’élargir) le concept materialiter/formaliter à la « papauté moderniste » — WTF (?).
    • La réalité est que : le pape matériel « n’existe » que entre le moment de son élection — de sa désignation par l’assemblée ecclésiastique — et le moment ou il accepte la charge.
    • Sauf que Mgr Guérard sans lauriers…, l’applique postérieurement à l’acceptation de la charge, et en dépît de la notoriété de ladite acceptation.

    ☩ Ancienne leçon létale

    Code de 1917, can. 219
    « Le Pontife romain obtient, par l’acceptation de son élection légitime, conjointement avec la consécration épiscopale, la pleine et suprême puissance dans l’Église… » (vatican.va)

    Code de 1983, can. 332 § 1

    Ces deux canons établissent juridiquement que l’acceptation seule (la consécration suit au besoin) suffit à conférer immédiatement toute la juridiction pontificale. (canonlaw.ninja, latin, us)


    « Après son acceptation, l’élu, s’il est déjà évêque, est immédiatement évêque de Rome, véritable Pape… Il acquiert donc et peut exercer la puissance pleine et suprême sur l’Église universelle. » 

    — Constitution Apostolique Universi Dominici Gregis (n° 88) (vatican.va)


    « Quand le résultat du scrutin a été proclamé…, le cardinal-doyen demande à l’élu s’il accepte ; après l’acceptation, l’élu est véritablement Pape et, comme tel, possède déjà et peut exercer une juridiction pleine et entière sur l’Église universelle. »

    — Adrien Cance, Le Code de Droit Canonique : commentaire succinct et pratique, t. I, 7ᵉ éd., Paris, J. Gabalda, 1946, p. 456 (Appendice, ch. VII). Cf. CIC 1917, can. 219

    L’exemplaire papier se trouve notamment à la BnF (cote : 4° R-12002) et à la Bibliothèque pontificale de l’Université Grégorienne (Rome). La page n’est pas encore numérisée, mais l’ouvrage est recensé dans les catalogues universitaires (IxTheo #773799206) ; la note figure intégralement dans toutes les éditions postérieures à 1930. (ixtheo.de)

    ☧ Léxique de cogneur

    Parce qu’il faut cesser d’être pris pour des idiots par une élite néo-janséniste :

    MATIÈRE

    • Sens simple : ce dont une chose est faite, la « substance brute » avant tout façonnage. cnrtl.fr
    • Petit exemple : le chêne massif d’une table avant que l’ébéniste ne la sculpte.
    • Œil philosophique : pour Aristote, la matière est puissance : elle peut devenir mille formes sans être encore aucune.
    • Œil théologique : dans chaque sacrement, il existe une matière (eau, pain, huile…) que la parole sacramentelle élève à la grâce.

    FORME

    • Sens simple : la structure, le dessin, l’organisation qui fait qu’une matière est ceci plutôt que cela. cnrtl.fr
    • Petit exemple : ce même chêne taillé, assemblé et poli devient une « table ronde » ; sa forme ronde dit ce qu’il est, au-delà du bois.
    • Œil philosophique : la forme est l’acte qui actualise la matière ; elle donne intelligibilité et finalité.
    • Œil théologique : dans le baptême, l’eau est matière ; la formule « Je vous baptise… » est forme : l’une sans l’autre ne suffit pas.
    • Aristotélisme et ecclésiologie : quand la matière ne suffit plus
    • Bellarmin contre Cajetan ? Duel issu du latin sur le Pape hérétique
    • Le néothomisme en vadrouille…

    Σ Plan par manche

    1. 📜 Le materialiter/formaliter chez saint Robert Bellarmin
    2. 🧠 Mgr Guérard des Lauriers et la thèse de Cassiciacum
    3. ⚖️ La divergence de fond entre les deux théologiens

    Précédemment parlions de ce thème engageant la philosophie grecque (Aristote) et notamment Joseph Merel, qui est aussi amphigourique (prose sur la forme, pénible à la lecture), à sa manière, que l’ex-R.P. Guérard des Lauriers : État-société, homme-femmematière et forme papale.

    AUDIO — Antenna I.O. Vox Frequencia

    🥊 Bellarmin contre Guérard : Papauté, Matière et Forme

    📜 I. Le materialiter/formaliter chez saint Robert Bellarmin

    Saint Robert Bellarmin, Docteur de l’Église et champion de la Contre-Réforme, n’ignore point la double articulation « aristotélicienne » de la matière et de la forme. C’est dans son chef-d’œuvre De Romano Pontifice (livre II, chapitre 30) qu’il aborde notamment la question du pape hérétique, évoquant avec rigueur les implications ontologiques de cette chute dans l’hérésie manifeste.

    À propos de Cajetan, Bellarmin rapporte l’idée suivante : un pontife, bien que devenu hérétique, ne perdrait point immédiatement son office, demeurant encore « matériellement » pape jusqu’à déposition formelle par l’Église — jugement ecclésiastique concret. Il rejetterait fermement cette thèse : la forma pontificalis ne saurait subsister sans la disposition nécessaire qu’est la foi — le faux-pape est déjà jugé de Dieu, objectivement.

    En d’autres termes, l’hérésie manifeste détruit non seulement l’autorité (forme, enseignement), mais ôte également tout droit à la désignation canonique (matière). Le sujet est vidé de tout titre à gouverner. Or, contrairement à ce que Mgr GdL prétend enseigné, le Pape ne peut être que Pape ou non-pape, sans intérmédiaire fumeux :

    « Ou bien la foi est une disposition absolument nécessaire pour qu’un homme soit pape, ou elle ne l’est que pour être un bon pape. Si c’est le premier cas, alors, cette disposition étant supprimée par la disposition contraire qu’est l’hérésie, le pape cesse aussitôt d’être pape, car la forme ne peut subsister sans les dispositions nécessaires. »

    « La raison en est que celui qui n’est pas chrétien ne peut en aucune manière être pape ; de même qu’il ne peut être tête celui qui n’est pas membre. Or le hérétique n’est pas chrétien. Donc un hérétique manifeste ne peut être pape. »

    Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, livre II, chapitre 30, §2-3,.

    Ce syllogisme montre que la désignation institutionnelle (matière) n’a pas de légitimité autonome : la forme surnaturelle doit l’informer, faute de quoi le pontificat meurt aussitôt.

    Ainsi et aussi, chez Bellarmin :

    • La matière, c’est le sujet élu.
    • La forme, c’est l’autorité reçue de Dieu.
    • L’hérésie manifeste détruit cette forme, et, sans disposition valide, rend la matière (totalement) inapte…

    Le Siège devient vacant totus et simplex, et non pas partiellement, ou potentiellement.


    🧠 II. Mgr Guérard des Lauriers et la thèse de Cassiciacum

    Thomiste averti a priori, ancien professeur à Écône, passé ensuite à Mgr Thuc, Mgr Guérard des Lauriers — et autrefois collaborateur de Pie XII — tenta d’élaborer une réponse théologique à l’apostasie publique de Vatican II. De là naquit, entre 1979 et les années 1990, sa « thèse de Cassiciacum ».

    Dans ses Cahiers et ses conférences, il mobilise (à outrance ?) la distinction materialiter/formaliter non pour en nier l’opérativité, mais pour en revendiquer une nouvelle application à la crise de l’Église.

    Selon lui, un élu canoniquement désigné — comme Jean-Paul II ou Paul VI — demeure « pape matérielle » — et encore, à condition que les vrais rites soient exécutés, contre les néo-guérardiens-« pro-éboueurs » ! —, c’est-à-dire sujet désigné à la papauté.
    Toutefois, selon lui, du fait de l’enseignement d’erreurs et de l’adhésion au modernisme, il ne recevrait pas la « forma pontificalis », à savoir l’autorité conférée par Dieu.

    Ainsi et aussi, pour Guérard :

    • La matière est bien présente (désignation canonique, usage des insignes, visibilité).
    • La forme fait défaut (absence de juridiction réelle, rupture avec la Tradition).
    • La succession apostolique demeure « en puissance », et sans effet…

    Ce modèle prétend concilier deux exigences :

    • Rejeter l’autorité de « Papes conciliaires ».
    • Éviter le « sédévacantisme simpliciter« , qui à lui seul, pose des difficultés ecclésiologiques (succession, visibilité, autorité, continuité).

    Ces demi-papes de Cassiciacum sont« empêchés » d’exercer formellement leur non-fonction par un vice doctrinal professé.

    De Romano Pontifice VS. Cahiers de "Cassicia-cul"...


    ⚖️ III. La divergence de fond entre les deux théologiens
    Conclusion par KO

    La confrontation est frontale : Bellarmin et Guérard ne posent pas la même problématique, ni ne tirent les mêmes conséquences de la distinction matière-forme.

    Chez Bellarmin :

    • La distinction materialiter/formaliter est largement établie comme hypothèse par Cajetan, mais rejetée.
    • Un hérétique manifeste n’est plus pape du tout : ni en fait, ni en droit, ni même potentiellement — appelant à une mythique conversion…
    • La juridiction dépend immédiatement de la foi ; sans elle, la matière est disqualifiée.

    Chez Guérard :

    • La distinction radicale devient principe structurant de toute la crise pseudo-Vatican II.
    • Le pape hérétique conserverait une papauté incomplète : materialiter sans formaliter.
    • Cela garantirait la visibilité de l’Église, tout en dénonçant l’hérésie prétendument religieuse.

    Point capital de divergence :

    • Pour Bellarmin : la perte de la foi équivaut à la perte totale du pontificat. Le passage matière à forme est strictement délimité.
    • Pour Guérard : la perte de la foi empêche seulement l’exercice formel de l’autorité. Le pape moderniste est pape de matière, ce qui ne vaut rien et conduit à rien — paye ta visibilité et ton autorité…

    Conséquences pratiques :

    • Bellarmin justifie la vacance totale et immédiate, par simple constat et effet divin.
    • Guérard fonde la position de « sédéprivation » : il y a vacance formelle, mais présence matérielle.

    Le Guérardisme n’est donc pas une fidélité bellarminienne, mais une transposition audacieuse, innovatrice et inédite, née d’une crise ecclésiale en effet sans précédent. Elle repose sur un artifice logique — l’erreur ayant sa logique — : préserver la structure visible tout en niant sa substance d’autorité.
    En somme : un trône vaguement occupé et muet, sans qu’aucune voix ne s’y élève.

    Post-Scriptum : Mgr Guérard en 1986 invente un ennemi mythifié dans le « conclaviste », de même que l’antifa tient en mal absolu le « fascisme » ; en parallèle, c’est presque une même déviance et un même rejet.

    • La justice française et papauté « materialiter » ont en commun un délire : la justice antiraciste accusant les blancs et jamais les immigrés relève aussi d’un double-jeu confu materialiter !

    La Rédaction


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