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Publié le par Florian Rouanet
✨À la fin du XVIᵉ siècle, une aile de la Ligue catholique récuse l’absolutisme gallican et professe que l’ordre chrétien prime sur la Couronne : pouvoir reçu de Dieu, médié par la res publica Christiana, transmissible et… déposable.
⁂ 𝔄rène de la militante
📄 Repère. Nous explorons le point 8 du Manifeste politique de Théodon de Radio Regina – Pour un programme national-catholique intégral en 30 points !
ℭher lecteur, voici la mêlée où s’ébrouent, sabre clair, les ligueurs contre le gouvernement royal français, ce grand dégraissant des autels devenu, par excès de zèle « national », contre les antiques mœurs. Nous ouvrons ce front liminaire : la Monarchie vient de Dieu, non per se à l’individu couronné, mais par médiation du Divin : Église, États, magistrats. Quand bien même tel souverain clamerait l’absolu, il ne l’est point : bornes sacrées, responsabilité, et remède ultime contre le tyran manifeste.
Nous poserons donc, d’un pas ferme, que les ligueurs catholiques — Boucher, Rose, Pigenat, de Guise — s’adossèrent à l’École (Thomas, Bellarmin, Suarez, Mariana), res publica Christiana en tête, et que la Faculté de théologie osa, le 7 janvier 1589, délier les sujets d’Henri III : coup de tocsin doctrinal, contre un gallicanisme dévoyant, lequel prétendait tenir le Bien commun, ainsi que l’Église, en lisière… (OpenEdition Books)
Ici, pas de galimatias : des textes, des dates, des phrases taillées à vif — et, si besoin, un soufflet pour les pontifiants de roycos de salon transgenre en collant !
✨ « Ultramontanisme avant l’heure », en clair : le trône est élevé, non illimité ; si la Foi et le Bien commun sont gravement trahis, la Cité chrétienne peut rappeler le Roi à l’ordre, voire le déposer.
🎙️ Antenna I.O. Vox Frequencia (Capsule auditive) :
On entendra, en sourdine, le Regnans in Excelsis de saint Pie V, ton de bronze !📽️ 𝔇ocumentation audiovisuelle :
☧ 𝔏exique de cogneur
TYRAN. « Souverain… exerçant une autorité arbitraire et absolue, sans respect des lois. » (Cnrtl)
DÉCHÉANCE. « Retrait d’un pouvoir… Destitution, déposition d’un souverain. » (Cnrtl)
RÉPUBLIQUE (res publica). Communauté ordonnée au bien commun ; dans la Chrétienté : res publica Christiana (Chrétienté politique). (Cnrtl)
ULTRAMONTAIN. « Des maximes et revendications théologiques tendant à accentuer les droits du Saint-Siège sur la société civile et les prérogatives papales dans l’Église. » (Cnrtl)ᛟ 𝔄ncienne école éprouvée — Florilège d’autorités
« La Vie et faits notables de Henry de Valois, tout au long sans rien requérir, Où sont contenues les trahisons, perfidies, sacrileges, cruautez et hontes de cest Hypocrite et Apostat… »
— Jean Boucher, La vie et faits notables de Henry de Valois (titre de l’édition de 1589) BooksGoogle« La puissance royale (disent-ils au roi) ne vous vient point de la nature ni de la seule génération ; elle vous est à présent transmise par les Évêques, par l’autorité du Dieu tout-puissant. »
— Mgr Guillaume Rose, cercle ligueur Justissimaque catholicorum… confoederatione (Paris, 1590), f. 31r. Ora
« Aucun roi ni monarque ne tient […] immédiatement de Dieu, ni par institution divine, le principat politique, mais par le biais de la volonté et de l’institution humaines. »
— François Suárez, Defensio fidei catholicae (Conimbrigae, 1613), III, 2, 10. Philpapers« …les grands, sujets et peuples dudit royaume… nous les tenons à jamais déliés d’un tel serment ainsi que de toute dette de sujétion, fidélité et obéissance, et nous les en relevons par l’autorité des présentes… »
— Saint Pie V, Regnans in Excelsis (25 février 1570). GeocitiesΣ Plan d’attaque
- 🛡️ I — Le contexte : guerres de Religion, 1580-1590.
- ⚖️ II — Thèse : le Roi sous la res publica Christiana.
- 📜 III — Boucher, Rose, Pigenat : plumes ligueuses.
- ⛓️ IV — Garde-fous : États, magistrats, Pasteurs.
- 🧭 V — Héritage & distinctions : pas de républicanisme moderne.
- 🗡️ VI — Sorbonne 1589 : l’acte qui déliera.
🛡️ I — Contexte (1580-1590) : feu roulant
Guerres de Religion suite à l’essor du protestantisme, fractures de partout. La Sainte Ligue, coalition catholique (d’origine aristocratique et populaire), dispute l’âme du royaume au gallicanisme autant implémenté que décadent.
Dans ce tumulte politico-religieux, la Faculté de théologie de Paris — tête haute — délie les Français du serment à Henri III (7 janvier 1589), s’appuyant sur l’Édit d’Union violé et l’assassinat des Guises.
⚖️ II — Thèse centrale : la res publica Christiana au-dessus du prince
Le pouvoir vient de Dieu, passe au corps politique chrétien, lequel institue le roi (ou du moins le chef) et, in extremis, selon le contexte donné, peut le déposer s’il s’écarte de la vraie religion ou blesse gravement le Bien commun.
Saint Pie V avait donné la clef : en cas d’hérésie obstinée, déchéance et absolution des sujets (Regnans in Excelsis). Les ligueurs reprennent, affûtent, appliquent. (Wikisource)Le monarque n’est pas un absolu en tant que tel, non. En effet, à rebours des platitudes de certains philistins de la droite autistique, l’époque avait compris, largement mieux que notre temps, que l’onction n’abolit point la responsabilité. Les Gallicans ultra-centralisateurs voulaient « nationaliser » l’Église et la réduire à une annexe administrative. Les ligueurs, eux, se gendarmèrent avec justesse : la Couronne sert l’Autel et le Bien, ou tombe en disgrâce. Mais que l’on se détrompe toutefois : cette sévérité sauvegarde la monarchie, elle ne l’abat pas.
📜 III — Boucher, Rose, Pigenat : trois lames
L’abbé Jean Boucher (curé de Saint-Benoît, Sorboniste) déploie la grande théorie : De iusta Henrici III abdicatione (1589) — manuel de déchéance d’un roi jugé indigne. Les Sermons de la simulée conversion… (1594) pourfendent la « conversion » d’Henri de Bourbon : indignité persistant tant que la foi n’est pas réelle. La Couronne mystique fixe la politique sacrée du royaume.
Mgr Guillaume Rose (évêque de Senlis) signe la synthèse : De iusta reipublicae Christianae in reges impios et haereticos auctoritate (1592). La potestas n’est point innée dans l’absolu ; elle est inscrite dans la nature, transmise dans la solennité du sacre par l’Église, au nom de Dieu, à la personne royale préposée au Bien commun. La tradition manuscrite et les témoins érudits confirment ce nerf du texte.
Le père jésuite François Pigenat, prédicateur ligueur, relaye et popularise : en chaire, il exaspère contre la nullité des « absolutions politiques » et sert d’haut-parleur doctrinal et militant à Paris (in. sermon du 2 janvier 1594). (e-rara)
⛓️ IV — Garde-fous institués
Pas de démagogie pour porteurs de collants serrés de princesse orientale : États généraux, magistrats, Pasteurs de l’Église. Non la foule brute à la sauce de 1789, mais des corps. C’est droit naturel et droit canonique mariés — aristotelico-thomiste — dont Bellarmin et Suarez livrent l’armature (De Laicis, Defensio Fidei).
🧭 V — Héritage & distinctions
À rebours d’un anachronique républicanisme moderne autosuffisant, il s’agit d’une Cité chrétienne sous Dieu. Paradoxe fécond : en posant des bornes sacrées, on sauve la monarchie de la désinvolture autocratique.
L’école hispano-romaine (Bellarmin, Suarez, Mariana) durcira l’angle : translatio du pouvoir par le Bon Dieu et pour la communauté, avec un droit de résistance gradué, tyrannicide « thomiste » en tout dernier recours.
🗡️ VI — 7 janvier 1589 : la Sorbonne sonne le tocsin
La Faculté de théologie de Paris déclare les sujets déliés d’Henri III. L’acte corrobore le principe : la Chrétienté prime la Couronne quand celle-ci du moins prétend rompre l’Alliance de fait ou par insuffisance crasse.
Les recueils — Mémoires de la Ligue, Satyre ménippée — restituent le climat. (OpenEdition Books)
☩ 𝔖entence par KO
Le trône est élevé, non illimité au sein de la Chrétienté. De même le pouvoir appartient à celui qui le prend et élève les parties au Tout politique.
Point VIII. Monarchomaques par Théodon :
Héritiers du combat des ligueurs Jean Boucher, Guillaume Rose et François Pigenat contre l’absolutisme royal inspiré des Gallicans – école qui continue à faire des ravages par ses succédanés républicains – nous croyons que c’est la nation qui fait le Roi et que celui-ci peut être destitué dans certaines conditions bien précises. Non seulement peut-il être destitué, mais le peuple a droit de vie et de mort sur lui. Cette école sera une des plus importantes à mettre en évidence le principe de supériorité du point de vue catholique, fondement de tout notre engagement, dans tous les domaines.
Si le sceptre royal se détourne gravement de la la Cité chrétienne, cette dernière, par ses organes justes et légitimes, peut la rappeler à l’ordre, voire la déposer. Tel est le logos ligueur, dense et probe sans bouse polémique, armé de droit et de théologie issus de la vieille roche !
📄 Nota bene.
Cet épisode fut bien sûr un sacré bazar, rappelant à certains égards guelfes et gibelins dans Italie de l’époque de Dante Alighieri :Le conflit guelfo-gibelin oppose, du XIIᵉ au XIVᵉ siècle, l’autorité pontificale et l’Empire dans l’Italie communale. Les Guelfes embrassent généralement la cause de la Papauté et des ligues urbaines ; les Gibelins s’agrègent autour de l’Empereur, surtout sous les Hohenstaufen. À Florence, la polarité se dédouble : Noirs et Blancs restent guelfes, mais divergent sur l’ingérence romaine. Les Noirs, guidés par les Donati, s’appuient sur Boniface VIII et sur Charles de Valois ; les Blancs, proches des Cerchi, défendent l’autonomie civique. Dante, prior en 1300 et guelfe blanc, est proscrit en 1302 lors du triomphe noir. Sa Commedia stigmatise les abus de la curie, tandis que De Monarchia expose une doctrine claire : deux fins de l’humanité, deux autorités suprêmes, chacune « autonome » dans son ordre, sans subordination per se de l’Empire au sacerdoce en ligne directe.
📚 Pour approfondir
- Saint Pie V, Regnans in Excelsis (latin/anglais).
https://la.wikisource.org/wiki/Regnans_in_Excelsis
https://www.papalencyclicals.net/pius05/p5regnans.htm
- Jean Boucher, De iusta Henrici III abdicatione (1589).
https://archive.org/details/bub_gb_f53mFtzOvN8C
- Jean Boucher, Sermons de la simulée conversion… (1594).
https://books.google.com/books?id=VccWAAAAQAAJ
- Guillaume Rose / G. Rainolds (éd.), De iusta reipublicae Christianae… (1592).
https://archive.org/details/bub_gb_1nfsP9JEb5MC
(voir “Full text”) - Francisco Suarez, S. J., Defensio Fidei (1613) — latin & trad. anglaise.
https://archive.org/details/defensiofideicat00suar
https://www.aristotelophile.com/Books/Translations/Suarez%20Defense%20Whole.pdf
- Robert Bellarmin, S. J., De Laicis (trad. angl.).
https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.260111
- Juan de Mariana, S. J., De rege et regis institutione (1599).
https://www.salamanca.school/data/W0067/W0067.pdf
https://uvadoc.uva.es/handle/10324/34751
- Sorbonne, 7 janvier 1589 (étude).
https://journals.openedition.org/crm/11692
https://books.openedition.org/efr/2841?lang=en
- Recueils & climat ligueur : Mémoires de la Ligue ; Satyre ménippée.
https://www.e-rara.ch/download/pdf/7686155.pdf
https://archive.org/download/letexteprimitifd00lero/letexteprimitifd00lero.pdf
- Nota contemporain (orientation militante mentionnée) : Point 8 du “Manifeste” (Théodon, Radio Regina).
https://integralisme-organique.com/2020/05/le-manifeste-politique-catholique-de-theodon-de-radio-regina/
(référence fournie par le commanditaire)
— La Rédaction
🥊 𝔑𝔬𝔰 𝔞𝔯𝔱𝔦𝔠𝔩𝔢𝔰 𝔡𝔢 𝔩𝔞 𝔖𝔱𝔯𝔞ß𝔢
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