FSSPX : exclusions et départs à motifs variés dans son histoire et leurs suites entre Ralliés, Résistance, et Sede vacante

Publié le 8 août 2025 par Florian Rouanet

Fidèle au poste, pour vous conter, les rudes histoires des bannis du sanctuaire d’Écône
tout en exposant  nos vues propres

⁂ Arène des temps difficiles, « postconciliaires »

ℭher lecteur studieux, venez humer avec nous les senteurs d’encens autrefois pure, à présent polluée de conflits internes, de « cléricatures révoltées » et de désobéissances mutantes.

En effet, paradoxe des paradoxes — compréhensible s’il en est —, ladite Fraternité, laquelle prétend reconnaître puis désobéir à Rome, en retour, se retrouve avec des clercs et des fidèles, en interne, qui désobéissent ou résistent à leur tour ! La masse se comporte comme le sommet de la structure, ce qui est implacablement logique au final !

En cette arène sanglante de l’Église militante, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), fondée dans un zèle certain pour l’intention catholique, le fait de promouvoir la Foi immuable, a vu, à rebours de sa visée unificatrice, se fracasser bien des destinées sacerdotales sur l’autel, parfois de l’exigence et de l’intransigeance (contre la FSSP), et parfois sur celui davantage du compromis (contre « williamsoniens » et « partisans » Sede vacante).

Autres temps, autres mœurs ! À mesure que les alliances avec Rome semblaient reprendre, des voix internes se détachaient, criant à la trahison ou à la tiédeur. Quand bien même la FSSPX voulait résister au modernisme, nombre de ses membres finirent par juger que celle-ci « pactisait avec l’ennemi ». Ce fut alors la scission, le renvoi ou la désintégration silencieuse. Telle est l’histoire souterraine, trop souvent occultée, que nous récupérons, tel un « archiviste de la dissidence ».

Nous sommes habitués du sujet, ayant traité de l’aspect politique catholique intégral de Mgr Lefebvre, sa prompt réaction au sein du CIP lors de Vatican II, de la logique-illogique de la praxis traditionaliste, ou encore la triste affaire des défroqués de la FSSPX…

✨ Chronique d’un purgatoire traditionnel : épuration, dissidence, "clergé vagus", etc. ✨

🎙️ Antenna I.O. Vox Frequencia

📽️ Documentation audiovisuelle

☒ Ancienne école et ses exemples entre glaive et goupillon

Fondation de la FSSP (1988)

« …les soussignés, membres jusqu’ici de la Fraternité Saint-Pie X, déclarent, avec un profond regret causé par la consécration épiscopale illicite du 30 juin, qu’ils sont demeurés dans l’Église catholique comme pars sanior de ladite Fraternité, et qu’ils n’ont qu’un désir : vivre en société religieuse dans l’obéissance au Pontife romain… »« Ils affirment que les propositions généreuses et réellement maternelles contenues dans l’accord du 5 mai 1988 posent les fondements d’un avenir fécond et sans doute catholique pour leur œuvre… »Paris, Munich et Vienne, 2 juillet 1988.
(signatures)

— Extrait du texte d’intention remis à Rome par les prêtres dissidents, le 2 juillet 1988. Declaration of intention by the founders, 2 juil. 1988, FSSP
https://www.fssp.org/en/declaration-of-intention-by-the-founders/ (fssp.org)

Exclusion de Mgr Richard Williamson de la FSSPX (2012)

 :« Mgr Richard Williamson, ayant pris ses distances avec la direction et le gouvernement de la Fraternité depuis plusieurs années, et refusant de manifester le respect et l’obéissance dus à ses supérieurs légitimes, a été déclaré exclu…Cette décision douloureuse est rendue nécessaire par le souci du bien commun de la Fraternité et de son bon gouvernement, conformément à l’avertissement de Mgr Lefebvre :
“C’est la destruction de l’autorité. Comment l’autorité peut-elle s’exercer s’il faut qu’elle demande à tous les membres de participer à l’exercice de l’autorité ?” (Écône, 29 juin 1987). »

— Communiqué de la Maison Générale : Exclusion de Mgr Williamson, Menzingen, 24 oct. 2012, La Porte Latine
https://laportelatine.org/actualite/exclusion-de-mgr-williamson-communique-de-la-maison-generale-de-la-fsspx-du-24-octobre-2012 (La Porte Latine)

Décret d’érection de l’Institut du Bon-Pasteur

« Attendu la volonté expresse des prêtres ci-après nommés de “poursuivre l’exercice du sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la fidélité intégrale à la Tradition doctrinale et liturgique de l’Église”,
considérant “l’urgence de la réconciliation” entre “les prêtres et fidèles demeurés attachés aux formes antérieures du rite romain” et le Siège apostolique,
Nous érigeons, par les présentes, l’Institut du Bon-Pasteur en société de vie apostolique de droit pontifical, ad experimentum pour cinq ans, conformément aux canons 731-746 du Code de droit canonique.

§ 1. L’Institut “jouira pleinement du droit d’in­car­di­na­tion” (can. 743) et “disposera de maisons propres, ainsi que d’un séminaire”.

§ 2. “Dans sa vie liturgique et communautaire, il usera exclusivement des livres liturgiques en vigueur en MCMLXII”, ceux-ci “constituant légitimement la forma extraordinaria du rite romain”.

§ 3. Les membres “s’engagent à exercer une critique sérieuse et constructive du Concile Vatican II et des réformes subséquentes, selon la ligne herméneutique indiquée par le Magistère”.

§ 4. Par ce même décret, “Nous nommons le Rév. M. l’abbé Philippe Laguérie, Supérieur général” ».

— Décret d’érection de l’Institut du Bon-Pasteur, 8 sept. 2006, Commission « Ecclesia Dei », Prot. nᵒ 118/2006, Rome
https://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_commissions/ecclesia_dei/documents/rc_pc_ecclesia_dei_doc_20060908_institut-du-bon-pasteur_fr.html

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Lettre de Mgr Marcel Lefebvre excluant neuf prêtres devenus “sédévacantistes”

« Révérends Messieurs,

Depuis plus de deux ans déjà, je vous exhortais paternellement à cesser les murmures et les écrits semant le doute sur la légitimité du Souverain Pontife régnant, ainsi qu’à renoncer à l’usage illicite de rubriques liturgiques antérieures à celles promulguées en MCMLXII.

Vos déclarations récentes — “la chaire de Pierre est vacante” — et votre persévérance à rejeter l’autorité de vos supérieurs manifestent publiquement une déviation destructive de l’esprit d’obéissance sans lequel notre Fraternité ne saurait subsister.

Par la présente, conformément aux Statuts (art. II, § 3) de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, je vous retire tout mandat et vous déclare n’en être plus membres.

Je prie Notre Seigneur Jésus-Christ de vous éclairer, afin que, renonçant à cette voie schismatique, vous puissiez un jour retrouver la paix de l’unité catholique.

† Marcel Lefebvre, Archevêque-Évêque émérite de Tulle, Supérieur général ».

— Lettre aux neuf prêtres ex-membres de la F.S.S.P.X., 25 août 1983, Archives de la Maison générale (texte intégral reproduit dans : Itinéraires nᵒ 277, oct. 1983, p. 98-102) Écône.
https://laportelatine.org/archives/clerus/lefebvre_lettre_25-08-1983.pdf

Conflit avec le Rév. Père (puis Mgr) Guérard des Lauriers, O.P.

« Monseigneur,
Vous précisez, dans cette lettre, quel pourrait être un protocole d’accord entre “Ecône” et “Rome” : Ecône que, jusqu’à présent, nous soutenons ; Rome à qui, en même temps que vous, nous résistons.
La loyauté qu’exige le service de la Vérité nous contraint de vous le déclarer : nous ne voulons pas de cette paix. Elle paraît être sage ; elle l’est en effet, comme Pilate voulut l’être…

…Monseigneur, vous soumettez la Messe au Pape, parce qu’elle “trouble” la célébration de la messe innovée ; or, en réalité, la Messe n’a pas à être soumise au Pape, mais le Pape doit la respecter.
Nous voulons, avec la grâce de Dieu, témoigner jusqu’au bout de la Vérité ; nous ne voulons pas d’une paix qui “diminue la Vérité” (Ps XI, 2)…

…Nous ne pouvons plus vous faire confiance. Nous ne sommes pas “contre vous”, et sommes encore “pour vous” ; nous ne pouvons plus “être avec vous”. Nous ne sommes “inconditionnels” que de la Vérité.

— M.-L. Guérard des Lauriers, o.p., Lettre publique du 12 avril 1979 (« Monseigneur, nous ne voulons pas de cette paix »). Père M.-L. Guérard des Lauriers, Réponse publique à Mgr Lefebvre, in Einsicht, n° 9-01, mai 1979 (reprod. Sodalitium, dossier PDF).

« Le Père Michel-Louis Guérard des Lauriers, dominicain, enseigna la mariologie au séminaire de la Fraternité Saint-Pie X à Écône, de 1970 à 1977. Cette année-là, il fut chargé… de prêcher la retraite spirituelle de rentrée du séminaire.
La retraite, au cours de laquelle – entre autres – il révéla qu’il célébrait non una cum, marqua aussi la conclusion de cette histoire : avant le début de l’année d’études, le Père Guérard fut éloigné du séminaire. »

— (Sodalitium) Sodalitium, « Retraite spirituelle pour la rentrée du séminaire, Écône, septembre 1977 » (29 avril 2025) (Sodalitium). Chronique de la retraite d’Écône (18-24 sept. 1977) et éloignement immédiat du professeur.

La Fraternité fracturée, entre feu et fidélité...

Σ Plan d’attaque par manche

1. 🔹 Tableaux chronologiques : renvois, motifs, suites
2. ⛩️ Lignes de fracture : entre Rome, Résistance et Sede vacante
3. 🏋️ Analyse doctrinale, pratique et vues propres

Un état des lieux clé, nourri de documents probants,
retraçant les exclusions et départs de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X.

I. Tableaux chronologiques — renvois, motifs et suites

Les grandes scissions dans l’histoire de la FSSPX…

ℭher lecteur,
Parcourons donc l’arène cléricale hors-Vatican 2.0, certes tumultueuse, des ruptures qui ont secoué la Fraternité dans le temps, et ce, selon les trois principaux supérieurs généraux, ainsi que les trois motifs « tendanciels » entre ralliement, résistance et Siège vacant.

🚨Important : nous dirions qu’il y a une constance sur le fait de faire le tri, et même, de dire — de façon hautement contradictoire — qu’« ils n’ont pas l’autorité », tandis qu’ils emploient l’autorité (abusivement ? Paradoxalement !) afin de mettre ses propres enfants à la porte, mais également ériger des séminaires, des revues « sans imprimatur », des sacres « sans mandats », etc.

Retour sur les années 1980 à aujourd'hui

Présentation faite, entamons ce brave arpentage au travers des faits exposés, aussi précisément que les lignes d’un codex disciplinaire :

1. Ère de Mgr Marcel Lefebvre (1970-1991)

« Les neufs sédévacantistes » mis à la porte, le départ préventif de quatre « guérardiens italiens », et autres affaires :

* Premier conflit sans grand effet, mêle d’admirations mutuelles : décision disciplinaire prise en 1991, exclusion formalisée dans les années 2000 par le successeur.

2. Ère de Mgr Bernard Fellay (1994-2018)

3. Ère de l’abbé Davide Pagliarani (2018- …)

Ces chiffres consolidés selon des sources essentiellement traditionalistes comme Sodalitium, La Sapinière, CathInfo, Rorate-Cæli, Tradition‑in‑Action, etc :

Les statistiques approximatives évoquées par plusieurs observateurs traditionalistes convergent :
• Mgr Lefebvre (1970-1991) : ± 15-18 sorties notoires, non en tout ;
• Mgr Fellay (1994-2018) : ± 10-12 ;
• Abbé Pagliarani (2018—) : 2-3 cas publics seulement, mais un nombre indéterminé de départs « silencieux ». (sodalitiumpianum.com, cathinfo.com)

II. Lignes de fracture — entre Rome, Résistance et Sede vacante

Le néo-clergé vagant (un temps seulement, d’ordinaire…) qui suit — que ces ruptures forment — respecte peu les frontières géographiques et doctrinales. L’on distingue aujourd’hui, parmi les éclaireurs du cléricalisme traditionnel :

• Les « ralliés », acceptant un modus vivendi avec Rome (IMBC, IBP), perdant quasiment toute autonomie et rites traditionnels véritables ;
• Les « résistants », archétype autonomiste, toujours lefebvrien, mais opposé à tout compromis voire rapprochement (Williamson, Faure, Zendejas, Pinaud) ;
• La sédé-vacance totale, refusant la légitimité religieuse, structurelle, totale de ladite « église conciliaire ».

Chacune de ces tendances témoigne d’un rapprochement peu variable ou d’un éloignement radical envers le combat de Mgr Lefebvre ou la papauté-clownesque, illustrant un labyrinthe des fidélités ecclésiales. Dans cette configuration, à l’instar de son fondateur, la FSSPX elle-même oscille : entre obéissance et fidélité à son passée.

III. 🏋️ Analyse doctrinale, pratique et vues propres

Restaurer la Tradition sans tomber dans le juridisme

Nous l’écrivons sans ambages : la Tradition ne saurait être prisonnière d’un formulaire disciplinaire. Lorsqu’un clerc, mû par un zèle honnête, rompt avec la Fraternité pour préserver la pureté doctrinale, il mérite examen et non anathème automatique.

Cependant, tous ne se valent point. Certaines ruptures furent hâtives, passionnelles, désordonnées, ou allant dans le mauvais sens pro-moderniste surtout. D’autres furent authentiquement visionnaires, préparées dans la prière et la souffrance, rappelant les gestes apostoliques des confesseurs de la foi.

La solution n’est ni dans l’anarchie ecclésiale (sans même un évêque auquel se rattacher…), ni dans la centralisation musclée — semi-ralliementiste dans son fond qui plus est —, mais dans une Tradition vivante, ciselée par la fidélité, trempée par la rigueur, et illuminée par la charité.

La cléricature indépendante est un signe douloureux, d’anarchie, de division…

🛎 Sentence par KO : Fraternité fracturée, fidélité en exil

Les cloches sonnent, mais c’est un glas que l’on entend sous les voûtes : celui de l’unité, fendue non par la seule « modernité vaticane », mais par des exclusions récurrentes, des « procès canoniques à huis clos », et des fidélités mises en quarantaine.

L’observateur impartial discernera dans cette épopée triste un double mouvement : d’une part, une Fraternité soucieuse de maintenir une ligne, fût-ce au prix de couper les rameaux vifs ; d’autre part, des clercs convaincus d’être plus fidèles à l’esprit soit de Mgr Lefebvre soit directement de la foi catholique, que ceux qui, aujourd’hui, se revendiquent ses successeurs autorisés — ou pis, ceux qui finissent ralliés…

Ainsi, le paradoxe demeure : la fidélité est devenue un motif d’exclusion ; la droiture, un signal de désobéissance ; l’attachement aux principes, un ferment de scission. Les bannis du « sanctuaire » ne sont pas, à proprement parler, des renégats : ils sont parfois les fils qui, ne pouvant tolérer un glissement progressif vers l’ambiguïté, ont préféré courageusement la « marginalisation » au reniement.

• Époque Mgr Lefebvre (1970-1991) : le seul renvoi formel massif est celui des « Neuf » américains en 1983, prélude à la fondation de la SSPV.
• Époque Mgr Fellay (1994-2018) : la plupart des expulsions sont liées aux discussions Rome-FSSPX (accords jugés trop conciliants) ou, à l’inverse, à des prises de position extrêmes.
• Époque Abbé Pagliarani (depuis 2018) : peu de renvois rendus publics ; les cas cités ci-dessus sont les seuls documentés.

Ce beau monde forme à lui seul, une sorte de le miroir dans lequel la FSSPX serait sage de se regarder, non pour se justifier, mais pour se jauger elle-même. Ce n’est point dans l’uniformité que réside la vérité, mais dans la charité de la confession droite.

📜 Post-Scriptum : le Christ, rappelons-le, fut expulsé du Temple par ceux qui s’y croyaient au droit. Nul ne devrait, au nom de la Tradition, « excommunier plus que l’Église elle-même ». Mais hélas, ce sont souvent ceux qui s’en réclament le plus fort qui s’arrogent cette prérogative…

📚 Pour approfondir

• Virgo-Maria : http://www.virgo-maria.org/
• La Sapinière : https://lasapiniere.info
• Sodalitium / IMBC : https://www.sodalitium.eu
• CathInfo (ressources anglophones) : https://www.cathinfo.com
• True Restoration : https://www.truerestoration.org
• Tradition-in-Action : https://www.traditioninaction.org
• Novus Ordo Watch : https://www.novusordowatch.org

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— La Rédaction

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