• Roberto Farinacci au secrétariat du PNF : fanatisme et mystique fasciste italienne assumés



    Une traversée au scalpel de ce qui se voulut religion civile — de la Scuola di mistica fascista aux lois raciales

  • Portrait et anatomie, Italie de la première moitié du XXᵉ siècle, sources primaires et travaux de référence 🌩️🌩️

    ⁂ 𝔄rène du temps

    ℭher lecteur, permettez que nous entrions de front en terrain miné. Il est une mystique qui, traduit en politique, s’intéresse à l’homme-civique et à ses luttes de chair et d’âme.

    L’Italie des années 1920-30, dûment portée par une rhétorique de fer — virilité, hiérarchie, destin, le tout mâtiné d’esthétisme futuriste —, a vu poindre l’une des plus rudes formulations d’un mythe politique non shintoïste.

    Nous en déplierons la grammaire, sans normativisme, afin de mieux comprendre comment l’enthousiasme ou l’ascèse militante servit d’escalier à la dictature mussolinienne.

    📄 Avertissement — Cet article propose une analyse d’acteurs liés au fascisme italien. Nous documentons les faits par des sources publiques et universitaires.

    🎙️ Antenna I.O. Vox Frequencia — capsules sonores:


    ☧ 𝔏exique de « fascistique »

    « Mystique »Relatif au mystère, à une croyance sans support rationnel ; par ext., au mysticisme. (CNRTL)

    « Totalitarisme »Système politique des régimes qui n’admettent aucune opposition légale ; État voulu « régulateur souverain » de la vie humaine. Le principe de totalité en action. (CNRTL)

    « Communauté »Ensemble de personnes vivant sous un ordre et un idéal communs. (CNRTL)

    « Sacrifice / se sacrifier »Offrande ; se dévouer jusqu’au don de soi. (CNRTL)


    ᛟ 𝔄ncienne école éprouvée — Sentences d’autorité

    « Je n’ai aucune ambition et je n’entends jamais revenir à la tête du Parti. […] J’entends seulement collaborer, comme par le passé, avec des hommes qui sachent interpréter l’âme du fascisme. »
    Roberto Farinacci, « Due lettere di Farinacci a Mussolini » (lettres, 1926/1927) (L’Archivio)

    « Cette conception positive de la vie est, à l’évidence, une conception éthique. Elle embrasse toute la réalité, ainsi que l’activité humaine qui la domine. Nulle action soustraite au jugement moral ; rien au monde qui puisse être dépouillé de la valeur qui revient à toute chose en ordre aux fins morales. La vie, telle que la conçoit le fasciste, est donc sérieuse, austère, religieuse : toute balancée dans un monde soutenu par les forces morales et responsables de l’esprit. Le fasciste dédaigne la vie “commode”. »
    Benito Mussolini, « La dottrina del fascismo », Enciclopedia Italiana (1932) (Treccani)

    « Mais — il faudra toujours le répéter — une nation n’est pas une langue, ni une race, ni un territoire. Elle est une unité de destin dans l’universel. Cette unité de destin s’appela et s’appelle l’Espagne. »
    José Antonio Primo de Rivera, « Puntos iniciales de Falange Española », 7 décembre 1933 (Filosofia.org)

    « La guerre fut, pour l’Italie, la solution d’une profonde crise spirituelle ; et de ce caractère il faut tenir compte si l’on veut d’abord comprendre certains aspects de l’âme avec laquelle, lentement et laborieusement, mûrit, dans les premiers mois de 1915, la résolution de descendre en lice contre les Empires centraux, déjà nos alliés. »
    Giovanni Gentile, Origini e dottrina del fascismo (Rome, Libreria del Littorio, 1929) (Geocities)

    « Il est inutile de se faire des illusions avec les chimères d’un quelconque optimisme : nous nous trouvons aujourd’hui à la fin d’un cycle. Depuis des siècles, d’abord insensiblement, puis avec le mouvement d’une masse qui s’effondre, de multiples processus ont détruit en Occident tout ordonnancement normal et légitime des hommes ; ils ont faussé toute conception plus haute du vivre, de l’agir, du connaître et du combattre. »
    Julius Evola, Orientamenti (Rome, « Imperium », 1950 ; texte repris), § 1 (Internet Archive)


    Σ Plan d’attaque par manche

    • 🗡️ I. Roberto Farinacci : trajectoire d’un RAS, des tranchées au racisme
    • 🔥 II. La « mystique fasciste » (ou la sacralisation de la politique : visées, institutions, jeunesses et culte du Chef)
      — II.1 Foi politique et religiosité séculière
      — II.2 Primauté de l’État
      — II.3 Discipline et sacrifice
      — II.4 Mythe du Chef et révolution permanente
      — II.5 Spiritualisation de la politique
      — II.6 Jeunesse et régénération
      — II.7 Communauté organique


    I. 🗡️ Roberto Farinacci : trajectoire d’un ras intransigeant

    Né à Isernia le 16 octobre 1892, il signor Farinacci fit ses armes de plume et de poing à Crémone. Squadriste réputé violent, député, puis secrétaire général du Parti national fasciste de février 1925 à mars 1926, il incarna sans doute l’aile maximaliste, hostile à toute normalisation conciliatrice. Ses polémiques jalonnèrent l’entre-deux-guerres. Révoqué de la direction du PNF au printemps 1926, il conserva influence et tribune (Il Regime fascista), endossa plus tard un titre honorifique de ministre d’État (1935), et devint l’un des avocats les plus déterminés sur l’alignement allemand, jusqu’à sa fin. Il fut condamné à mort et fusillé à Vimercate le 28 avril 1945 par le tribunal partial du CLN. (Treccani)

    Point capital : en 1938, Farinacci ne devient pas ministre à portefeuille, il se distingue plutôt par son engagement public en faveur des lois raciales et une campagne anti juive ouverte (notamment lors de la conférence milanaise « La Chiesa e gli ebrei » du 7 novembre 1938, mais en s’opposant également aux protestations ecclésiastiques). En 1939, il reçoit le grade de lieutenant-général de la milice. (Treccani, assemblea.emr.it)

    Sa plume en 1933 — Squadrismo. Dal mio diario della vigilia (1919-1922) — offre à la mythologie des débuts une « auto-canonisation » des violences fondatrices. L’ouvrage, longtemps cité, renseigne beaucoup sur l’imaginaire et le mental du ras. (Google Books, Cambridge University Press & Assessment)

    « La conquête de l’Empire nous a imposé d’affronter aussitôt le problème de l’intégrité de notre race. Et puisque la question devait être affrontée, la solution ne pouvait être que totalitaire. Et nous avons pleinement accepté la thèse des Juifs, à savoir que nous sommes différents d’eux et que, “de même que l’huile ne se mêle pas à l’eau, ainsi Israël ne se mêle pas aux autres peuples”. »
    « …l’attitude de l’Église officielle nous a surpris, car elle est en antithèse criante avec toute l’histoire du catholicisme. »
    « Nous, catholiques fascistes, considérons le problème juif comme un problème strictement politique et non religieux… si, en tant que catholiques, nous sommes devenus antisémites, nous le devons aux enseignements qui nous viennent de l’Église à travers vingt siècles. »
    « L’acte d’accusation le plus terrible… contre les Juifs au cours des cinquante dernières années est précisément celui que les Pères jésuites publièrent en 1890 dans la Civiltà Cattolica, où… les remèdes contre la “race perverse”, contre cet ennemi du genre humain — les plus radicaux, tels que la confiscation des biens et l’expulsion — ne semblent pas suffisants. »
    « Or… la haine de cette race à l’encontre des États fascistes est des plus évidentes… l’… “Internationale juive”… »
    Roberto Farinacci, Assemblea legislativa della Regione Emilia-Romagna : https://www.assemblea.emr.it/cittadinanza/per-approfondire/formazione-pdc/viaggio-visivo/lideologia-nazista-e-il-razzismo-fascista/il-razzismo-fascista/le-leggi-razziali/approfondimenti/la-chiesa-e-gli-ebrei-di-roberto-farinacci


    II. 🔥 Ladite « mystique fasciste »

    II.1 Foi politique et religiosité séculière

    Le fascisme se présenta comme conception totale de la viefoi et morale, récusant l’« individualisme » et l’« économisme ». Cette prétention, exposée dans la voix « Fascisme » (1932), érigeait une mystique patriotique civile où tout est dans l’État nouveau, l’héroïsme supplante le calcul utilitaire.

    II.2 Primauté de l’État

    La Doctrine l’écrivait sans ambages : l’individu n’est « rien » hors de l’État, qui crée la Nation comme réalité éthique, comme état actualisé de l’être. Ledit totalitarisme se déclare ici, s’assume en clair. Traduite en institutions, cette primauté justifie la fusion des corps sociaux dans un parti-État — un idéal d’ailleurs longtemps prôné par Farinacci lui-même.

    II.3 Discipline et sacrifice

    Culte de l’obéissance, masculinité militante, martyrologie nette des « caduti ». La mystique codifie les vertus viriles et civiles, sacralise le sacrifice du moine-soldat — non point ascèse théologale, mais mystique politico-militaire dans la Cité. Les mots d’ordre, de la caserne à l’école, fixaient l’horizon.

    II.4 Mythe du Chef et révolution permanente

    Le Chef — Mussolini — devient incarnation : volonté unitaire, renouvellement perpétuel, dramaturgie de la décision. Le mythe ordonne la foule, fait taire la division, rend élogieux l’initiative du Duce et ses interprètes. La participation des ras comme Farinacci renchérissent et participent au Tout, souhaitant un parti identifié à l’État, et d’une radicalisation continue. (Treccani)

    II.5 Spiritualisation de la politique

    Les travaux d’Emilio Gentile ont nommé ce phénomène : sacralisation du politique — culte du faisceau, calendrier, martyrs politiques, pédagogie rituelle. Cette « religion civile » fut laïque et christianisante dans ses appareils, et présentée comme une éthique de salut national. (disp.web.uniroma1.it)

    II.6 Jeunesse et régénération

    La jeunesse engagée fut élevée à une haute dignité. L’Opera Nazionale Balilla (1926→1937) encadra enfants et adolescents avant leur jonction dans la Gioventù Italiana del Littorio (GIL, 1937) — croire, obéir, combattre. Littoriali, uniformes, gymnastique, devoirs civiques : l’initiation formait des corps et des consciences à la fois. La Carta della Scuola (1939, Bottai) alla jusqu’à mentionner l’étude de la mistica fascista. (Treccani, www2.comune.venezia.it)

    II.7 Communauté organique

    Rejet de l’individualisme et du libéralisme — en même tant que du marxisme —, exaltation d’un corps unifié : nation, race, parti, milice, jeunesse, jusqu’à la censure morale du dissident/déviant. Dans ce cadre, en 1938 la communauté nationale se vit en quelque sorte purifiée par les lois raciales : naturalisations révoquées, interdictions professionnelles et scolaires, ségrégation juridique visant notamment les Juifs d’Italie à une heure où le cosmopolitisme n’existait point. Farinacci s’y illustra avec force et véhémence. (assemblea.emr.it)


    ☩ 𝔖entence par KO

    La mystique dont il est ici question a eut pour encens la poudre, pour cierge le gourdin, et pour reliques des morts et des militants à l’idéal fort. C’est une forme de religion civique, dispensée par propagande et par la formation des jeunes.

    La Scuola di Mistica Fascista (Milan, 1930), impulsée par Niccolò Giani et soutenue par Arnaldo Mussolini, visait la formation d’une élite dite réellement fasciste. Ses programmes associaient activisme volontaire, éthique guerrière, anti-rationalisme de combat, romanité antique exaltée, à la fois religion et politique — mysticisme de l’action. Les fonds publics conservent ces traces éditoriales. (rivisteopen.unimc.it, bdl.servizirl.it)

    Farinacci, quant à lui, ras intransigeant, fut l’un des vecteurs d’un tel mythe politique, jusqu’à la propagande anti-judaïque de 1938. L’idée même de mystique civile s’est muée, en Italie en appareil réformateur, disciplinaire, combattif


    📚 Pour approfondir

    • Squadrismo. Dal mio diario della vigilia (1919-1922) (Rome, Ardita, 1933). Réf. notice et aperçu (Google Books)
    • Treccani, Dizionario Biografico — FARINACCI, Roberto (biographie fouillée, responsabilités, 1938, exécution 1945). (Treccani)
    • Treccani, Enciclopedia Italiana — Fascismo (1932) : texte doctrinal, totalité de l’État, héroïsme, foi civile. (Treccani)
    • Emilio Gentile, Il culto del littorio. La sacralizzazione della politica nell’Italia fascista (synthèse magistrale sur la « religion politique »). (disp.web.uniroma1.it)
    • Assemblea Legislativa Emilia-Romagna — Dossier pédagogique sur les lois raciales (1938) et la conférence de Farinacci « La Chiesa e gli ebrei ». (assemblea.emr.it)
    • Niccolò Giani et la Scuola di Mistica Fascista — Étude universitaire récente (revue HECL, 2024). (rivisteopen.unimc.it)
    • ONB/GIL (jeunesse) — notices historiques (Treccani). (Treccani)
    • Farinacci, Squadrismo. Dal mio diario della vigilia (1919-1922) — notice et repères bibliographiques. (Google Books)

    — La Rédaction

    🥊 𝔑𝔬𝔰 𝔞𝔯𝔱𝔦𝔠𝔩𝔢𝔰 𝔡𝔢 𝔩𝔞 𝔖𝔱𝔯𝔞ß𝔢


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  • 2 commentaires




    Fasciste et fier de l'être, vive le fascisme !


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    Personnellement, je considére le probléme juif sous un angle religieux qui est beaucoup plus profond que les aspects politique et racial.


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