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Publié le par Florian Rouanet
Le susnommé est celui qui aura osé toucher aux rites à la sainte Messe codifiée par saint Pie V – ainsi qu’à l’ordination épiscopale -, faisant se cristalliser, en réaction, ladite Tradition via le rejet des premiers catholiques intransigeants dans le monde, et singulièrement en Europe…
DOSSIER PRÉCÉDENT SUR RONCALLI / JEAN XXIII
Biographie, hérésies, comparatif doctrinal & conséquences ecclésiologiques
Épigraphe
Ils ont les bâtiments…, nous avons la foi !
Saint Athanase s’adressant à ses fidèles persécutés durant la crise arienne
« Que Dieu vous console !… Ce qui vous attriste aussi, c’est que les autres ont occupé les églises par violence tandis que vous, pendant ce temps, vous êtes dehors. C’est un fait, ils ont les locaux : mais vous avez la foi apostolique. Eux, ils peuvent occuper nos églises, mais ils sont hors de la vraie Foi catholique. Réfléchissez : qu’est ce qui est le plus important, le lieu ou la Foi ? La vraie foi, c’est évident.
Dans cette lutte, qui a perdu, qui a gagné, celui qui garde le lieu ou celui qui garde la foi ? Le lieu, c’est vrai, est bon quand on y prêche la foi apostolique ; il est saint si tout s’y passe saintement… C’est vous qui êtes heureux, vous qui restez dans l’Église par votre foi, vous qui tenez fermement aux fondements de la foi qui vous est parvenue de la sainte Tradition apostolique et si, à maintes reprises, une jalousie exécrable a voulu l’ébranler, elle n’y a pas réussi. C’est ceux qui s’en sont détachés dans la crise présente. Personne, jamais, ne prévaudra sur notre foi, frères bien aimés. Et nous croyons que Dieu nous rendra un jour nos églises. Ainsi donc, plus ils s’acharnent à occuper les lieux de culte, plus ils se séparent de l’Église. Ils prétendent représenter l’Église ; en réalité, ils s’en expulsent eux-mêmes et s’égarent. Les catholiques fidèles à Dieu dans la sainte Tradition, même s’ils sont réduits à une poignée, voilà ceux qui sont la vraie Église de Jésus-Christ. »
Saint Athanase, évêque d’Alexandrie, à ses fidèles (IVème siècle) – Catholicapedia
🔷 Sommaire de l’étude : « Paul VI, hérétique ante electionem »
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Biographie critique de Montini
– Origines idéologiques (milieu libéral, famille socialisante)
– Activités diplomatiques suspectes sous Pie XII
– Archevêque de Milan et profil pré-conciliaire déjà moderniste
– Accession au pontificat en 1963 et premières ruptures -
Hérésies et erreurs doctrinales
– Promotion de la liberté religieuse (contra Syllabus et Libertas)
– Œcuménisme relativiste et confusion des religions
– Réforme de la structure de l’Église (collégialité vs primauté de Pierre)
– Nouvelle Messe (NOM) : altération du sacrifice, protestantisation
– Réformes sacramentelles et rites ambigus
– Citations doctrinales contradictoires, innovations subversives -
Comparatif doctrinal (Tradition vs Paul VI)
– Tableau structuré opposant dogmes catholiques et innovations montiniennes
– Contradictions majeures sur le salut, la vérité religieuse, la messe, le sacerdoce -
Conséquences ecclésiologiques et spirituelles
– Crise de la foi, catéchèse effondrée, effacement du dogme
– Sacrilèges liturgiques, dérive des pratiques, profanations
– Chute des vocations, apostasie du clergé, effondrement religieux
– Éclipse de l’Église visible et naissance d’une église conciliaire -
Réfutation de la thèse de Cassiciacum
– Montini, hérétique notoire avant son élection → élection invalide
– Cum Ex Apostolatus Officio de Paul IV invoqué
– La matière et la forme du pontificat ne se séparent pas
– Conclusion : Paul VI n’a jamais été pape, ni même materialiter
I. Biographie critique de Montini
Giovanni Battista Montini naît le 26 septembre 1897 à Concesio, en Lombardie, dans une famille bourgeoise catholique engagée. Son père, Giorgio Montini, est directeur d’un journal catholique et parlementaire – figure du catholicisme social qui milite pour « concilier foi et modernité » – Wikipedia.org. Cette éducation ouvre le jeune Montini aux courants libéraux « au sein de l’Église », loin de l’intransigeance traditionnaliste, encore dominante à Rome.
Ordonné prêtre en 1920, Montini gravit rapidement les échelons du service diplomatique du Saint-Siège et intègre la Secrétairerie d’État. Dans les années 1940, il devient l’un des proches collaborateurs du pape Pie XII, qui le nomme en 1952 pro-secrétaire d’État – sans toutefois le faire cardinal, fait inhabituel pour un haut-prélat de son rang, probablement en raison de doutes fondés.
Pie XII a même « conçu de la défiance » envers Montini et estimé de son devoir d’empêcher qu’il devienne pape. En effet, plusieurs faits illustrent les penchants idéologiques progressistes de Montini (comme avec Roncalli dit Jean XXIII) : il défend la Vraie et fausse réforme de l’Église du dominicain Yves Congar, ouvrage entaché de modernisme, et s’oppose aux consignes romaines en refusant de condamner certains mouvements comme le Réarmement moral. Plus grave encore, Montini prend des initiatives diplomatiques téméraires : durant la Guerre froide, il entretient en secret des contacts avec des émissaires soviétiques, espérant améliorer les relations entre le Kremlin et le Vatican, ce qui scandalisa hautement S.S. Pie XII. Ces écarts idéologiques et politiques expliquent que Pie XII, inquiet, écarte Montini de Rome en le nommant en 1954 archevêque de Milan – nomination que Montini vécu comme une sanction. Il est à noter que ce siège prestigieux était traditionnellement cardinalice et « papable » : Pie XII, tout en éloignant Montini, lui confère ainsi une vaste tribune pastorale sans pour autant le créer cardinal, confirmant sa volonté de le tenir à distance du trône de Pierre.En tant qu’archevêque de Milan (1954-1963), Montini se forge l’image d’un prélat pastoral et ouvert au monde moderne – l’Église ne lutte plus contre « l’esprit du monde », mais l’épouse ! Il y mène des initiatives qui rompent avec l’orthodoxie « d’antan » : il s’emploie à rapprocher « catholicisme » de la classe ouvrière et du milieu intellectuel laïc. S’il obéit officiellement aux directives romaines – par exemple en 1954, il se taie quant à la décision de Pie XII de supprimer l’expérience des « prêtres-ouvriers » jugée trop perméable au marxisme – Montini n’en pense pas moins que « l’Église » devrait « évoluer ».
De fait, devenu « pape », il rétablira en 1965 ces prêtres-ouvriers autrefois condamnés. Ce double-jeu illustre sa tactique : une façade de fidélité, mais une volonté latente de « réforme ». Montini succède finalement à Roncalli/Jean XXIII le 21 juin 1963 sous le nom de Paul VI, après que ce dernier l’eut créé cardinal en 1958 – soit immédiatement après la mort de Pie XII ! Son prétendu pontificat (1963-1978) sera celui de la mise en œuvre exhaustive du soi-disant Concile Vatican II, avec un zèle révolutionnaire et subversif qui suscitera bientôt la controverse.
Dès les premières années, Paul VI se distingue par des gestes inédits (pour ne pas dire contraires !) : en 1964, il rencontre le patriarche schismatique Athénagoras Iᵉʳ à Jérusalem et, dans un esprit œcuménique, lève avec lui les excommunications séculaires de 1054 – vaticancatholique.com. Ce geste, alarme les gardiens de la Tradition : comment un pape peut-il considérer comme non excommuniés des orthodoxes qui n’acceptent toujours pas le dogme du primat de Pierre ? En agissant ainsi, Montini traite la papauté elle-même comme une question secondaire, ce qui revient à relativiser un point de foi non-négociable.
De même, Paul VI multiplie les discours exaltant les valeurs humanistes et pacifistes de son époque boomer, toujours au détriment de l’affirmation claire des vérités catholiques. Il impressionne l’opinion en déposant la tiare papale en 1964 – symbole bimillénaire du pouvoir temporel du pontife – en signe de fausse humilité, ou plutôt comme le renoncement symbolique à la souveraineté de l’Église sur le monde, au profit d’un idéal utopique, fait de « collégialité universelle »…Sur le plan interne, Montini s’entoure de théologiens progressistes et soutient des réformes tous azimuts. Il achève en 1965 le « Concile Vatican II » en promulguant personnellement les 16 documents « conciliaires », dont certains contiennent, comme nous le verrons, des propositions en rupture avec le magistère « antérieur ».
Il est impossible qu’un vrai pape… ratifie solennellement des enseignements hérétiques : dès lors, le fait même pour Paul VI d’avoir promulgué Vatican II constitue la preuve de son imposture sur le Siège de Pierre.
Paul VI entreprend également une refonte complète de la liturgie multiséculaire : entre 1964 et 1969, il retouche radicalement la « Messe », les rites des sacrements et jusqu’à l’habit ecclésiastique, au nom d’un aggiornamento destiné à rendre l’Église « compréhensible » au monde moderne... Ces innovations – que ses partisans présentent comme des adaptations pastorales – provoqueront une onde de choc chez de nombreux fidèles attachés à la Tradition.Dès le milieu des années 1970, la résistance s’organise : des théologiens, des clercs, et mêmes des évêques sonnent l’alarme. Des prélats, naguère respectueux de la Rome de toujours, prennent publiquement leurs distances. Mgr Marcel Lefebvre, dans son sermon du 29 juin 1976, dit : « Le Pape Paul VI est complètement envahi par les modernistes, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas obéir à des ordres qui détruisent la Foi. ». En effet, il détruit les rites plus profondément qu’aucun révolutionnaire avant lui. De l’autre côté de l’Atlantique, le théologien mexicain Père Joaquín Sáenz y Arriaga publie quant à lui La nueva iglesia montiniana dès 1971, où il accuse Paul VI d’avoir inauguré une « nouvelle Église » moderniste en rupture formelle avec l’Église catholique de toujours. Aussi, l’archevêque mexicain Mgr Carmona adresse une lettre ouverte au général Pinochet, l’exhortant à ne pas suivre aveuglément les réformes du Vatican moderniste qu’il qualifie de non catholiques ; et, appelant d’un autre côté, à l’unité de tous les évêques de Tradition. Ainsi, Montini devient aux yeux d’une partie croissante de clercs et de fidèles le fossoyeur de la Foi. Son élection même est mise en doute : Paul VI était-il vraiment pape, ou un imposteur ? La thèse dite de Cassiciacum du R.P. Guérard des Laurier, tente un compromis en le considérant « pape materialiter non formaliter » (pape de matière, mais non de forme). Cependant, comme nous le verrons, si Montini était déjà hérétique notoire avant son élection, même cette piètre échappatoire s’écroule : jamais un ennemi de la foi ne peut détenir même matériellement la charge suprême de l’Église, par définition, pleine et entière.
2. Hérésies et erreurs de Paul VI
Sous le « pontificat » de Paul VI, une série d’enseignements et d’actes officiels vont s’avérer contraires au magistère de l’Église, à tel point que l’on peut y déceler de véritables hérésies au sens théologique du terme. Il ne s’agit pas ici de juger témérairement des intentions intérieures de Montini, mais de constater objectivement les contradictions flagrantes entre ses paroles/actes et la doctrine pérenne de l’Église. Nous examinerons quelques domaines clés où Paul VI s’est écarté de l’enseignement de ses prédécesseurs : la question de la liberté religieuse, la collégialité épiscopale, la liturgie (Nouvelle Messe) et la réforme des sacrements.
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Liberté religieuse et œcuménisme : Le cas sans doute le plus emblématique est celui de la liberté religieuse. Le 7 décembre 1965, Paul VI promulgue la déclaration Dignitatis Humanae de Vatican II, qui affirme que chaque personne a un « droit naturel à la liberté en matière religieuse », et qu’aucune autorité publique ne peut empêcher l’expression ou la propagation publique d’une religion, même erronée, tant que l’ordre public juste est respecté. Paul VI réitéra lui-même cette idée à plusieurs reprises. Lors d’une audience générale de juillet 1969, il osa déclarer que l’Église « a affirmé… la liberté pour chacun de professer sa propre religion; personne, a-t-elle déclaré, ne peut être empêché… en ce qui concerne sa propre conscience religieuse ». Et en 1975, il se félicite officiellement de voir proclamé « le droit à la liberté religieuse » comme un principe fondamental de « l’Église » et des sociétés. Or cette théorie – selon laquelle l’erreur religieuse aurait droit de cité au même titre que la vérité – avait toujours été combattue par les papes. Pie IX, dans son Syllabus de 1864, condamnait explicitement l’opinion selon laquelle « chacun est libre d’embrasser et de professer la religion que sa raison lui dicte » (prop. 15 condamnée).
Plus encore, Léon XIII enseigna avec force que l’État non seulement peut, mais doit distinguer la vraie religion des fausses et accorder à la seule religion catholique protection et privilèges :
« Non, ni la justice ni la raison ne permettent que l’État soit athée, ou ce qui reviendrait à l’athéisme, qu’il traite toutes les religions de la même manière en leur accordant indistinctement les mêmes droits. Puisqu’il est nécessaire de professer une religion dans la société, il faut professer la seule vraie… Quant aux doctrines mensongères… il est juste que l’autorité publique s’emploie à les réprimer… afin d’empêcher le mal de s’étendre pour la ruine de la société ».
Cette doctrine traditionnelle, confirmée de façon constante (ainsi Pie XI en 1925 déclarait-il que « le règne du Christ sur les sociétés » exclut qu’on mette la vraie religion sur un pied d’égalité avec les fausses), est diamétralement opposée aux nouveautés de Vatican II. Paul VI, en approuvant et en répétant l’enseignement conciliaire de la liberté religieuse, est tombé dans l’hérésie du relativisme religieux, qui soutient que l’État doit reconnaître un pluralisme de cultes au lieu de confesser la royauté sociale de Jésus-Christ – ainsi, le strabisme lefebvriste demeure lui-même indéfendable. Il déforme jusqu’au témoignage des martyrs : prétendre, comme Montini, que les martyrs auraient versé leur sang non pour la vérité du Christ, mais pour un prétendu droit de chacun à pratiquer l’erreur, c’est là une « stupéfiante distorsion hérétique de la vérité » s’indigne un commentateur. En outre, cette liberté religieuse va de pair chez Paul VI avec un œcuménisme effréné qui sombre dans l’indifférentisme. Il parle des autres religions non-chrétiennes avec admiration, multipliant les éloges sans rappeler qu’elles sont fausses dans leurs doctrines salvifiques. Par exemple, au sujet du bouddhisme, Paul VI alla jusqu’à dire que cette religion orientale, pourtant athée, « enseigne à l’homme à atteindre la libération parfaite… dans une autonomie totale », ce qui revient à louer une voie de salut sans Dieu – une idée totalement étrangère au christianisme.
De même, Montini ne craint pas d’affirmer que l’Esprit Saint utilise les communautés protestantes et orthodoxes comme moyens de salut, brouillant ainsi la frontière entre l’unique Église du Christ et les sectes séparées. Ces propos, consignés dans ses allocutions et messages, contredisent frontalement le magistère antérieur, tel l’encyclique Mortalium Animos (1928) de Pie XI qui condamnait les pan-églises œcuméniques et rappelait que l’unité véritable ne peut se faire que par le retour des dissidents à l’unique vraie Église. En bref, Paul VI a promu une vision relativiste où l’Église catholique elle-même semblait devenir « une vulgaire église parmi d’autres », reniant l’exclusivité du salut en Christ et dans Son Église – vérité pourtant définie dogmatiquement (ainsi le concile de Florence enseignait « personne ne peut être sauvé… s’il n’est pas demeuré dans l’unité de l’Église catholique »).-
Collégialité et nouvelle constitution de l’Église : Une autre innovation majeure du pontificat Montini est la promotion de la collégialité épiscopale, c’est-à-dire l’idée que le gouvernement de l’Église appartient non plus au seul pape en tant que successeur de Pierre, mais au collège des évêques uni au pape. Certes, l’Église a toujours reconnu l’importance du collège apostolique uni à Pierre, mais Vatican II, avec la constitution Lumen Gentium, a introduit une nuance perçue par beaucoup comme subversive : « l’ordre des évêques… en union avec le successeur de Pierre… est aussi sujet suprême et plénier de pouvoir sur l’Église universelle » (LG §22). Cette formulation, approuvée par Paul VI, prétend faire du collège des évêques un second sujet du pouvoir suprême, aux côtés du pape – alors que Vatican I (1870) avait défini infailliblement que le pape détient pleinement et seul la juridiction suprême sur l’Église universelle, pouvoir qu’il peut exercer indépendamment de tout consentement des évêques (constitution Pastor Æternus).
L’ancien principe un homme = le pape, un chef se voit ainsi dilué par un certain parlementarisme ecclésial. Paul VI a institutionnalisé cette collégialité en créant dès 1965 le Synode des évêques, assemblée périodique consultative, et en partageant l’autorité avec des conférences épiscopales nationales aux pouvoirs accrus.
Cette nouvelle « ecclésiologie » odieuse s’écarte de l’Enseignement qui insistait sur la structure monarchique divine de l’Église. Léon XIII avait enseigné que « l’Église est par essence une monarchie » confiée à Pierre et à ses successeurs, et non un régime collégial ou démocratique. Pie XII, dans l’encyclique Mystici Corporis (1943), mettait en garde contre l’erreur de concevoir l’Église comme un corps décentralisé : l’unité organique du Corps mystique requiert une tête visible unique. En entérinant la collégialité, Montini a introduit un « contrepoids » au pouvoir pétrinien voulu par le Christ, ce qui porterait atteinte à la constitution divine de l’Église, s’il avait été véritablement pape. D’aucuns y ont vu l’influence des thèses gallicanes ou conciliaristes autrefois condamnées (le concile de Constance et la Synode de Pistoie au XVIIIᵉ siècle furent fustigés pour avoir tenté de subordonner le pape au concile ou à des structures collégiales). Même si une Note explicative fut jointe pour préciser que le pape conserve la plénitude de pouvoir, le mal était fait : en pratique, Paul VI gouverna en s’appuyant sur des organes collégiaux, affaiblissant l’autorité personnelle du « pontife » et ouvrant la porte à une fragmentation de l’unité de commandement. Cette erreur de gouvernance est lourde de conséquences doctrinales : la collégialité a favorisé une mentalité littéralement « conciliaire » au sein de l’Église, où l’esprit de contestation et la prédominance de l’« épiscopat collégial » ont souvent prévalu sur l’obéissance au successeur de Pierre. Montini aura ainsi contribué à forger une Église plus horizontale, mais au prix de l’obscurcissement du charisme pétrinien établi par le Christ (Mt 16,18). On peut parler d’une véritable mutation proto-conciliariste, contraire à la doctrine catholique traditionnelle sur la monarchie pontificale. -
La Nouvelle Messe (NOM) et la réforme liturgique : Paul VI restera dans l’histoire comme le pape qui a « remplacé » la Messe tridentine traditionnelle par le Novus Ordo Missæ en 1969. Jamais un pape n’aurait osé toucher à l’essence du rite immémorial de la messe codifié à la suite du Concile de Trente. Or Montini, sous prétexte de renouveau pastoral et d’œcuménisme, a promulgué une nouvelle liturgie profondément altérée, tant dans ses textes que dans sa théologie sous-jacente. Le Bref Examen Critique (dite Intervention Ottaviani) rédigé par deux cardinaux peu après l’introduction du Novus Ordo fut sans appel :
« Le Novus Ordo Missæ représente, à la fois dans son ensemble et dans ses détails, un écart frappant par rapport à la théologie catholique de la Messe telle qu’elle fut formulée au Concile de Trente ».
Cette constatation, signifiée à Paul VI, met en lumière que la Nouvelle Messe s’éloigne de la doctrine du Saint-Sacrifice : le caractère propitiatoire (expiatoire) du sacrifice eucharistique, la Présence Réelle sacramentelle, le sacerdoce sacrificiel distinct du sacerdoce commun des fidèles – tout cela est atténué, voilé sinon nié dans le rite de 1969… Concrètement, Paul VI a supprimé des prières traditionnelles riches de doctrine : sur douze prières d’offertoire de la Messe tridentine, il n’en a conservé que deux dans le nouvel offertoire. Les prières éliminées sont précisément celles que les réformateurs protestants du XVIᵉ siècle, tel Luther ou Cranmer, avaient eux-mêmes supprimées, car elles exprimaient trop explicitement la notion de sacrifice expiatoire. Ce parallélisme troublant n’est pas fortuit. Le pape Montini s’est entouré pour élaborer le NOΜ de six « experts » protestants (ministres anglicans, luthériens, calvinistes) – présents officiellement comme observateurs, mais dont l’influence a été réelle et décisive. Ces pasteurs hétérodoxes ont œuvré à « déprotester » le rite catholique, afin de le rendre acceptable à leurs propres communautés. Jean Guitton, écrivain et ami intime de Paul VI, a témoigné sans ambages de l’intention de Montini : « L’intention du pape Paul VI, en ce qui concerne la Messe, était de réformer la liturgie catholique de telle manière qu’elle coïncide presque avec la liturgie protestante. Il y avait chez Paul VI une intention œcuménique de retirer, ou du moins de corriger, ce qui était trop catholique dans la Messe traditionnelle, et de rapprocher la Messe catholique de la Messe calviniste » – vaticancatholique.com. Transformer la messe catholique en « cène » œcuménique est un acte objectivement sacrilège, car il touche au cœur de la foi – l’Eucharistie, « source et sommet de la vie chrétienne ». En supprimant dans la liturgie de Paul VI nombre de références à la pénitence, au jugement, aux peines éternelles, à la colère divine, à la lutte contre le péché, on a édulcoré la notion même de sainteté et de crainte de Dieu. La participation active des fidèles a été mise en avant au détriment du sens du sacré et du mystère. Le latin universel a cédé la place aux langues vernaculaires, fragmentant l’unité du culte. Les autels ont été retournés face au peuple, reléguant le Tabernacle et focalisant l’assemblée sur elle-même plutôt que vers Dieu. La lex orandi (loi de la prière) catholique, qui exprime la lex credendi (loi de la foi), s’en est trouvée bouleversée ; les effets sur la foi ne se sont pas fait attendre (perte du respect pour la Présence réelle, chutes dramatiques de la fréquentation dominicale, etc.). Le cardinal Ottaviani, ancien Préfet du Saint-Office, avait solennellement averti Paul VI que la nouvelle messe « s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la messe » – en vain, et pour cause. Montini a persévéré dans sa « réforme » criminelle en la présentant comme obligatoire, poussant même la témérité jusqu’à proclamer en 1976 que l’abandon de l’ancienne messe était un « signe d’obéissance » et de fidélité au Concile. Cette volonté d’éradiquer le rite tridentin traditionnel (codifié à perpétuité par saint Pie V en 1570) est en soi un abus de pouvoir inédit et lourd de conséquences. Jamais un vrai pasteur n’impose à toute l’Église un culte diminué de ses vérités centrales : seul un hérétique ose « bricoler » la messe sacrificielle instituée par le Christ. L’œuvre liturgique de Paul VI apparaît rétrospectivement comme l’un des plus grands scandales actée de son « règne » illégitime. -
Réforme des sacrements et des rites : Dans le sillage de la nouvelle messe, Paul VI a également promulgué de nouveaux rites pour la plupart des sacrements. Les sacrements de l’Ordre et de la Confirmation, en particulier, ont subi des modifications substantielles. En 1968, Montini promulgue un nouveau rituel d’ordination des prêtres et de consécration des évêques (Pontificalis Romani). Là encore, on constate la volonté de désacraliser et de plaire aux protestants : les prières traditionnelles conférant la puissance sacrée pour offrir le Sacrifice et pour absoudre les péchés sont modifiées ou abrégées. Le nouvel forma orationis pour la « consécration épiscopale » a même soulevé d’énormes doutes quant à sa validité sacramentelle, car il n’y est plus mentionné explicitement la plénitude du sacerdoce sacrificiel.
Le sacrement de l’Extrême-Onction est rebaptisé Onction des malades, et son administration s’élargit à des cas non immédiatement mortels – ce qui participe d’un changement de perspective, insistant davantage sur le « bien-être psychologique » que sur la préparation à la rencontre ultime avec Dieu. De plus, Paul VI a introduit de nouvelles prières ambiguës pour les funérailles, minimisant la réalité du purgatoire et du besoin de suffrages pour les défunts. L’ensemble de ces réformes, pris isolément, pourrait sembler de simples adaptations disciplinaires ; mais replacées dans la dynamique globale du concile, elles reflètent une nouvelle théologie centrée sur l’homme plutôt que sur Dieu, sur la communauté plutôt que sur la grâce. On a parlé justement d’une « religion de l’homme » à propos de l’ère post-conciliaire. Paul VI lui-même, dans un discours de clôture de Vatican II en décembre 1965, prononça cette phrase sidérante :
« La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion (car c’en est une) de l’homme qui se fait Dieu… [Notre humanisme] est, oui, humanisme, dans le sens où il vise à exalter l’homme… ».
Ce culte de l’homme confessé par Montini – blasphématoire du point de vue catholique – explique l’esprit des réformes sacramentelles : tout fut réorienté pour plaire à l’homme moderne, quitte à édulcorer/ruiner la foi transmise. En agissant ainsi, Paul VI est tombé moult fois dans l’hérésie du modernisme, condamnée par saint Pie X en 1907 comme « l’égoût collecteur de toutes les hérésies », car le modernisme consiste précisément à adapter sans cesse le dogme aux idées du temps au lieu de le transmettre intégralement.
Chaque point ci-dessus mériterait un volume entier, tant les contradictions avec le Magistère abondent. Pour synthétiser, dressons un comparatif doctrinal schématique entre quelques affirmations traditionnelles (antérieures à 1958) et les nouveautés introduites ou promues par Paul VI :
3. Comparatif doctrinal : Tradition vs innovations de Paul VI
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Salut et appartenance à l’Église : Tradition : « Hors de l’Église point de salut » (dogme affirmé notamment par Eugène IV au concile de Florence). – Montini : propose de nouvelles approches œcuméniques où l’appartenance formelle à l’Église n’est plus considérée comme nécessaire au salut, valorisant l’« œcuménisme de l’amour » et affirmant que les non-catholiques peuvent être sauvés dans leurs religions (voir Unitatis Redintegratio et les allocutions de Paul VI aux non-chrétiens). Contradiction : La conception montinienne relativise le dogme extra Ecclesiam, ouvrant la voie à l’indifférentisme religieux.
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Vérité et erreur religieuse : Tradition : Le Catholicisme détient la pleine vérité, l’État doit reconnaître la vraie religion et tolérer l’erreur seulement par prudence, sans jamais la promouvoir (Léon XIII, Libertas : l’État ne peut traiter toutes les religions également, il doit favoriser la vraie et réprimer la diffusion publique des fausses. – Paul VI : L’erreur religieuse a droit de cité au même titre que la vérité : « le droit sacré de la liberté religieuse » doit être garanti par les États. Il fait de la neutralité confessionnelle de l’État un idéal, saluant l’abrogation du catholicisme religion d’État (par exemple en Colombie ou en Italie après Vatican II). Contradiction : Ce renversement promeut ce que Pie X appelait le « syllabus à l’envers », c’est-à-dire l’adoption par l’Église des propositions mêmes autrefois condamnées (Joseph Ratzinger lui-même qualifiera Vatican II de « contre-syllabus ») vaticancatholique.com.
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Nature de l’Église et collégialité : Tradition : L’Église est une monarchie spirituelle fondée par le Christ sur Pierre seul (Vatican I : « si quelqu’un dit que le Pontife romain n’a qu’un office de surveillance et non la juridiction pleine et suprême sur l’Église universelle… qu’il soit anathème »). – Paul VI : Lumen Gentium 22 enseigne une double sujet de pouvoir suprême : le pape et le collège des évêques ensemble. Montini favorise un gouvernement collégial (Synode des évêques, etc.). Contradiction : On assiste à une atténuation pratique du Primat de juridiction, ce qui va à l’encontre de la constitution divine de l’Église telle que définie dogmatiquement. Même si la lettre du texte conciliaire demeure ambiguë, l’esprit collégial introduit par Paul VI contredit la praxis constante antérieure où l’autorité pontificale primait sans partage.
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Sainte Messe – Sacrifice ou repas ? Tradition : La Messe catholique est le renouvellement non sanglant du Sacrifice de la Croix, défini dogmatiquement (Trente : « le sacrifice de la Messe est le même que celui de la Croix, seule la manière de l’offrir diffère »). La liturgie tridentine exprimait fortement le caractère propitiatoire et sacrificiel, par exemple dans l’offertoire : « Recevez, Père saint, cette hostie sans tache… pour la rémission de nos péchés ». – Paul VI : La Nouvelle Messe 1969 met l’accent sur la dimension de repas communautaire du Seigneur. L’autel est appelé table, la notion de sacrifice expiatoire s’estompe derrière celle de « sacrifice de louange » ou de mémorial. La définition initiale du Novus Ordo (Institutio Generalis 1969) présentait la messe principalement comme « une assemblée sacrée où le peuple de Dieu se réunit sous la présidence du prêtre pour célébrer le mémorial du Seigneur », définition humanocentrique qui occulta d’abord la dimension sacrificielle propitiatoire (ce ne sera corrigé qu’après les protestations). Contradiction : La théologie implicite de la NOΜ s’éloigne de celle de Trentevaticancatholique.com. Preuve en est que des protestants pouvaient y assister sans être heurtés, et que des pasteurs luthériens déclarèrent pouvoir y voir « leur propre théologie de la Cène ».
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Sacerdoce ministériel : Tradition : Le prêtre est ordonné pour offrir le sacrifice et agir in persona Christi. Le rite d’ordination traditionnel conférait « le pouvoir d’offrir le Sacrifice à Dieu et de célébrer la Messe pour les vivants et les morts », soulignant l’aspect sacrificiel. – Paul VI : Le nouveau rite d’ordination 1968 insiste sur le service du peuple de Dieu et l’annonce de la Parole, diluant la notion de pouvoir sacrificiel distinct. Le langage employé frôle la conception protestante du ministère (pasteur, président d’assemblée). Contradiction : En gommant les spécificités du sacerdoce sacrificiel, on s’éloigne de l’enseignement du Concile de Trente sur la distinction essentielle entre sacerdoce ministériel et sacerdoce baptismal des fidèles. Là encore, l’esprit œcuménique a prévalu sur la fidélité doctrinale.
On pourrait multiplier de tels exemples (changements touchant la morale – adoucissement de l’enseignement sur des questions comme l’œcuménisme pratique, la collusion avec les idées onusiennes, etc.), mais ceux-ci suffisent à établir un constat accablant : Paul VI a enseigné ou favorisé des doctrines contraires à la foi catholique, dans le sillage de Roncalli dit Jean XXIII.
À ce titre, Montini répond à la définition de l’hérétique notoire – celui qui, baptisé, rejette obstinément une vérité de foi définie. Montini a rejeté non pas une, mais plusieurs vérités ou pratiques inséparablement liées à la foi (unicité de l’Église, caractère social du règne du Christ, sacerdoce sacrificiel, etc.). Ses écrits et discours regorgent de formules ambiguës ou erronées. Bien sûr, il n’a jamais prononcé d’hérésie ex cathedra (il ne le pouvait pas, n’étant pas véritable pape selon ces conclusions), mais cela n’ôte pas la gravité objective de ces déviations.À ce stade, un catholique attaché à la tradition ne peut que s’écrier avec Mgr Lefebvre : « Comment un successeur de Pierre a-t-il pu, en si peu de temps, causer plus de dommages à l’Église que la Révolution de 89 ? » La Porte Latine. La question de la légitimité de Paul VI est posée. Considérons brièvement les fruits concrets de son pontificat, car « c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mat. 7,20).
4. Conséquences théologiques et ecclésiologiques du « règne » de Paul VI
Le bouleversement opéré sous Paul VI a eu des répercussions profondes sur la pratique visible et l’apostasie générale, sur la foi des fidèles et sur la liturgie, sur le sacerdoce et sur la vie religieuse. En moins de deux décennies, on est passé d’une Église triomphante, confiante dans ses dogmes et sa morale, à une dite crise de l’Église, voire à une fausse église usurpatrice, celle de toutes les « religions ». Détaillons quelques-unes de ces conséquences :
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Crise de la foi et apostasie silencieuse : Les innovations doctrinales et liturgiques ont semé la confusion parmi le clergé et les laïcs. Si « la foi vient de l’ouïe » (Rom. 10,17), une prédication ambiguë engendre une foi chancelante. Après Vatican II et les réformes de Paul VI, on constate un effondrement catéchétique : les dogmes jugés « difficiles » (comme les fins dernières, le péché mortel, l’enfer, la nécessité de la grâce sanctifiante, l’unicité de l’Église pour le salut) sont passés sous silence ou niés de fait. Une génération entière de catholiques a grandi sans instruction solide, abreuvée de slogans humanistes plutôt que du catéchisme de saint Pie X. Le relativisme religieux prôné par Montini a engendré l’idée fausse que « toutes les religions se valent » – idée désormais répandue même chez des pratiquants. Les conversions au catholicisme se sont raréfiées (puisque l’on fait croire que chacun est bien dans sa religion), tandis que les apostasies vers les sectes ou l’incroyance ont explosé. Paul VI lui-même a dû reconnaître en 1972 que « la fumée de Satan est entrée par quelque fissure dans le temple de Dieu », évoquant la perte de la foi généralisée. Ce constat dramatique, il le fît sans qu’il semble comprendre que c’est sa propre politique d’ouverture qui avait ouvert grand la fissure. La contamination de l’esprit du monde – moderniste, permissif et sceptique – dans « l’Église post-conciliaire » est l’héritage direct de Montini. Les sociologues notent une chute vertigineuse de la pratique religieuse et des vocations à partir de la fin des années 1960 : séminaires et couvents se vident, réalisant ce que le cardinal Ciappi appellera plus tard « l’auto-démolition de l’Église ». Cet effondrement n’est pas seulement sociologique : il traduit une apostasie larvée, l’abandon intérieur de la foi authentique par des millions d’âmes.
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Dérive liturgique et sacrilèges : La réforme liturgique de Paul VI, comme on l’a vu, a non seulement altéré la pureté doctrinale de la messe, mais elle a aussi entraîné quantité d’abus et de profanations qui étaient impensables auparavant. En instaurant la nouvelle messe aux définitions floues et protestantes, Montini a ouvert la porte à toutes sortes d’initiatives hasardeuses acatholiques. Les autels ont été dépouillés, les ciboires vendus ou remplacés par des corbeilles, les paroisses modernes ont été construites sans respect du sacré, plus semblables à des salles de réunion qu’à la maison de Dieu. La piété eucharistique s’est étiolée : la pratique sacrilège de la communion dans la main, jadis interdite parce que propice aux irrévérences (et initialement introduite illicitement par des clercs rebelles aux Pays-Bas), a été légalisée par Paul VI en 1969-1970 (indult Memoriale Domini), contre l’avis même de la majorité des évêques consultés. Dès lors, l’Hostie – que l’Église a toujours entourée de mille précautions, affirmant que chaque parcelle est le Christ tout entier – s’est vue traitée avec banalité, distribuée par des laïcs dans la paume des mains, provoquant d’innombrables profanations conscientes ou non. Ce que saint Thomas d’Aquin appelait le sacrilège des choses saintes est devenu monnaie courante dans ladite église conciliaire. Par ailleurs, l’abandon du latin a fait perdre le sens de l’universalité et de la mystique sacrée ; les traductions vernaculaires approximatives ont parfois déformé le sens originel (par ex. le « pro multis » du canon romain, « pour un grand nombre », mal rendu par « pour tous » dans de nombreuses langues). Les lieux saints ont accueilli des rites interreligieux (dans l’esprit d’Assise, anticipé par Paul VI recevant en 1977 des prêtres vaudous au Vatican, ou assistant en 1969 à une liturgie inculturée avec des danses païennes en Ouganda). Sous Montini, on a vu pour la première fois des autels catholiques servir à des cultes non-catholiques : ainsi à Fatima en 1971, un prêtre anglican a pu « concélébrer » de facto lors d’une messe/synaxe ; à l’occasion de visites œcuméniques, Paul VI permit à des ministres protestants de porter l’étole et de réciter des prières dans nos sanctuaires. Ces actes, auparavant inimaginables, ont banalisé l’idée que toutes les confessions sont équivalentes devant Dieu – une profanation spirituelle du sanctuaire sacré de l’Église. Visuellement, la transformation est éloquente : on est passé de l’Église, ornée et centrée sur l’autel du sacrifice, à la salle polyvalente moderniste centrée sur l’assemblée, signe externe d’un changement de religion intérieur – novusordowatch.org.
Les catholiques fervents, sidérés par ces nouveautés, ont souvent préféré déserter ces messes novus ordo qu’ils ne reconnaissaient plus comme l’expression de leur foi. Certains se sont organisés pour conserver le rite tridentin (ce fut la naissance du mouvement traditionaliste, dès 1971 avec l’indult Agatha Christie arraché à Paul VI par des intellectuels anglais, puis surtout avec la Fraternité Saint-Pie X de Mgr Lefebvre). Montini, par incompréhension ou entêtement, a réprimé ces « intégristes » au lieu de les écouter. La rupture était consommée : une plaie de division liturgique et doctrinale béante s’est ouverte sous Paul VI, brisant l’unité séculaire du rite romain. On peut véritablement parler d’un schisme de fait : non pas un schisme juridictionnel (puisque Rome restait à Rome), mais un schisme plus profond, un schisme doctrinal et mental, opposant l’ancienne conception catholique à la nouvelle orientation erronée. Cette rupture, ce divorce entre « Église d’hier » et « Église d’aujourd’hui », constitue un phénomène inédit dans l’histoire et c’est l’odieux Montini qui l’a présidé.
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Crise du sacerdoce et vie religieuse : Jamais sans doute depuis la Réforme protestante, on n’avait vu un tel exode de prêtres et religieux. Sous Paul VI, des dizaines de milliers de prêtres demandèrent des dispenses pour se marier ou quittèrent purement et simplement le ministère. Les statistiques montrent qu’entre 1965 et 1975, près de 40 000 prêtres catholiques dans le monde ont renoncé à la prêtrise – un saignement colossal. Pourquoi ? Parce que la nouvelle orientation donnée au sacerdoce (moins sacrée, plus bureaucratique et floue dans son identité) a engendré une crise des vocations sans précédent. Si la messe n’est plus qu’un repas fraternel que des laïcs peuvent animer, à quoi bon se sacrifier et embrasser le célibat pour cela ? La théologie de Paul VI sur le sacerdoce, largement horizontale…, a vidé de sa substance le mystère de l’Appel divin. En parallèle, les ordinations de nouveaux prêtres se sont effondrées dans les pays occidentaux. La « moisson abondante » s’est raréfiée, les séminaires se vidant ou se fermant l’un après l’autre. Beaucoup de ceux qui restaient prêtres adhérèrent aux nouvelles idées et tombèrent dans des déviances morales, faute de repères ascétiques clairs : la montée des scandales sexuels dans le clergé à partir des années 1970 (abus qui éclateront au grand jour plus tard) trouve ici l’une de ses causes : le relâchement doctrinal et disciplinaire initié sous Montini. De même, la vie religieuse traditionnelle (moines, moniales, congrégations enseignantes ou hospitalières) a été ravagée par l’aggiornamento imposé après Vatican II. Paul VI poussa à la réforme des ordres religieux selon les orientations conciliaires (Perfectae Caritatis), ce qui aboutit souvent à la perte du charisme fondateur : adoption de tenues laïques, abandon des observances de clôture, introduction de pensées psycho-sociologiques au détriment de la spiritualité, etc. Des couvents entiers apostasièrent ou se sécularisèrent. Par exemple, les Carmélites contemplatives de nombreux monastères troquèrent la règle austère de sainte Thérèse d’Avila pour des expérimentations hasardeuses, sinon charismatiques ; certaines communautés allèrent jusqu’à inviter des gourous orientaux pour « méditer » avec elles. Ces excès sont la conséquence directe de « l’esprit de Vatican II » cautionné par Montini. Celui-ci se plaignit en 1976 que « l’Église se trouve dans une phase d’inquiétude, d’auto-critique, on dirait même d’auto-démolition ». Mais qui donc avait amorcé cette auto-démolition sinon lui-même ? L’ironie tragique est que Paul VI semble avoir perçu le naufrage sans oser retourner en arrière. En bon moderniste, il a laissé faire, espérant peut-être que l’« Esprit du Concile » porterait malgré tout des fruits positifs. Les fruits furent plutôt amers : un clergé souvent dévoré par le doute ou la mondanité, un peuple chrétien ignorant et tiède, un relativisme galopant. En lieu et place de la « nouvelle Pentecôte » promise par Jean XXIII, ce fut une désolation spirituelle qui s’installa.
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L’Église visible ? Mgr Marcel Lefebvre a décrit l’époque post-conciliaire comme le règne d’une « Église conciliaire » distincte de l’Église catholique de toujours. Plus récemment, Mgr Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique, a lui aussi dénoncé « l’église parallèle » née du Concile Vatican II et de la réforme montinienne, qualifiant le Concile de « coup d’Église » ayant instauré une structure falsifiée au sein même du « catholicisme ». Alors que l’Église est par nature indéfectible (elle ne peut changer de substance ni faillir dans la foi). Comment concilier cela avec la promesse du Christ que les portes de l’enfer ne prévaudront pas ? Les théologiens traditionalistes avancent que la véritable Église – le petit reste fidèle – s’est trouvée, « éclipsée » dans un premier temps par la structure moderniste dominante, sans pour autant cesser d’exister, dans le sens où la dévolution de l’autorité, fait que des échelons inférieurs ont été et sont la véritable autorité. Jamais on n’avait vu un « pape » encourager autant l’esprit du monde au détriment de l’Esprit de Dieu.
De là vient concluons : Montini n’était pas pape véritable, mais un usurpateur, et son église conciliaire n’est pas l’Église catholique, mais son « singe » apocalyptique tout au plus.
En somme, les conséquences du règne de Paul VI sont unanimement désastreuses : confusion doctrinale, discipline relâchée, liturgie dévastée, effondrement des vocations, laïcat sécularisé, et un schisme interne profond entre église conciliaire et Église catholique. « Par leurs fruits, vous les reconnaîtrez » (Mat. 7,16) : les fruits du montinisme sont pourris – apostasie, hérésie, sacrilège, destruction. Comment alors croire un seul instant que Paul VI fut un vrai pape, assisté par le Saint-Esprit, gardien de la foi et Vicaire du Christ ? Il est au contraire l’archétype du faux prophète qui séduit même les élus. La théologie catholique classique nous enseigne qu’un pape, en tant que Successeur de Pierre, ne peut entraîner l’Église dans l’erreur : s’il tente de le faire obstinément, c’est qu’il n’est pas véritablement pape. Ce principe va nous conduire à la conclusion inéluctable : Montini, hérétique notoire dès avant son élection, n’a jamais possédé l’autorité pontificale – pas même de manière purement matérielle.
5. Montini hérétique avant son élection : réfutation de la thèse de Cassiciacum
Face au constat des hérésies de Paul VI, la question de la validité de son pontificat se pose avec acuité. La thèse dite de Cassiciacum, élaborée par Mgr Michel-Louis Guérard des Lauriers dans les années 1970, a proposé une solution mitigée : selon cette thèse, Montini (et ses successeurs conciliaires) auraient pu être élus validement et détenir matériellement la papauté (c’est-à-dire occuper légalement le siège et posséder l’apparence d’autorité), tout en étant empêchés par Dieu d’en exercer la forme réelle (formaliter) à cause de leur hérésie. En d’autres termes, Paul VI serait pape de droit humain (reconnu par l’organisation de l’Église), mais pas pape de droit divin (le Christ ne l’aurait pas ratifié comme Vicaire authentique). Il aurait accéder au trône, mais aussitôt, un scotch l’aurait réduit au silence. Cette construction intellectuelle visait à sauvegarder à la fois « l’indéfectibilité de l’Église » (qui ne peut errer officiellement) et la succession visible des papes, tout en expliquant les erreurs manifestes de l’occupant du siège. Toutefois, la thèse de Cassiciacum se heurte à un obstacle majeur : si Montini était déjà un hérétique notoire – non jugé d’un tribunal ecclésiastique, mais objectivement devant Dieu et la foi catholique – avant même d’être élu en 1963, alors son élection au pontificat était nulle et non avenue ab initio. On ne peut pas être matériellement pape si l’élection elle-même est invalide. Or c’est précisément ce que nous soutenons : Giovanni B. Montini, au regard du droit canon et du magistère, remplissait les conditions du canon 188 §4 du Code de 1917 (privation ipso facto de tout office ecclésiastique en cas de défection publique de la foi) et des enseignements pontificaux antérieurs sur l’éventualité d’un « cardinal hérétique élu pape ».
Si jamais il advenait qu’un cardinal de l’Église romaine, ou même le souverain pontife lui-même, avant son élévation au cardinalat ou au souverain pontificat, ait dévié de la foi catholique ou tombé dans l’hérésie, la promotion ou l’élévation, même faite avec l’assentiment unanime des cardinaux, est nulle, invalide, vaine…, on ne peut la tenir pour valide par la suite par aucune prise de possession ou intronisation ou obéissance de la part des fidèles…, ces personnes ainsi élevées seront, par le fait même, privées de toute autorité et juridiction, sans qu’aucune déclaration ultérieure soit nécessaire ». » Ces mots – jamais abrogés, et repris en substance par nombre de canonistes – semblent avoir été écrits en vue du cas Montini ! Giovanni Montini avait-il « dévié de la foi catholique » avant son élection ? À la lumière de ce qui précède, on peut répondre par l’affirmative. Certes, Montini n’avait pas encore promulgué en 1963 les erreurs que nous avons décrites, mais il y adhérait déjà intérieurement et les professait suffisamment extérieurement pour tomber sous le coup de l’anathème.
Sa longue connivence avec les théologiens modernistes condamnés (comme Congar, de Lubac, etc.), son penchant œcuménique déjà perceptible, son rôle moteur au « concile Vatican II » dès 1962 comme cardinal de Milan, tout cela révèle un homme acquis aux idées nouvelles en rupture avec la Tradition. On peut citer par exemple un incident rapporté durant la première session de Vatican II : le cardinal Montini se montra favorable à la déclaration sur la liberté religieuse qui circulait, alors même que ce schéma allait frontalement contre l’enseignement de Pie IX – Montini savait donc pertinemment qu’il soutenait une position condamnée. De plus, ses accointances avec les milieux politiques libéraux et marxistes (rapprochement avec le socialiste Nenni contre l’avis de Pie XII fr.wikipedia.org, contacts avec Moscou) trahissent chez lui une compréhension très relativiste de la mission de l’Église, comme s’il ne croyait plus pleinement à la royauté du Christ sur les nations. On peut arguer qu’aucune censure canonique n’avait été officiellement déclarée contre Montini avant 1963 – c’est vrai. Mais l’hérésie notoire n’a pas besoin d’une sentence pour produire effet : le canon 2197 qualifiait de public tout délit notoire dans les faits et dans la connaissance commune, ce qui s’applique à Montini dont les tendances hétérodoxes étaient notoires dans le microcosme romain (Pie XII en avait assez d’éléments pour le suspecter gravement). Ainsi, en vertu de Cum Ex Apostolatus et du principe de l’exclusion des non-catholiques des postes d’autorité dans l’Église, Montini ne pouvait pas être papabile. Son élection, fut-elle canonique en apparence, était invalide aux yeux de Dieu.
Dès lors, la conclusion s’impose : Paul VI n’était pas pape du tout – ni formellement ni matériellement. Il n’était qu’un intrus, un loup vêtu en pasteur, occupant, en apparence seulement, indûment la « Chaire de Pierre ». La thèse de Cassiciacum, en essayant de sauver l’idée que Montini aurait pu être pape matériellement, se trompe car elle sous-estime la notoriété de son hérésie préalable. On ne peut pas séparer ce que Dieu a uni : la matière et la forme du pontificat sont concomitantes chez un vrai pape. Si Dieu refuse la forme (l’autorité) en raison d’un empêchement (l’hérésie), c’est que la matière (l’élection) elle-même est défectueuse et n’introduit pas l’individu en question dans la succession pétrinienne. Un non-membre de l’Église (qu’est l’hérétique) ne peut occuper aucune charge dans l’Église : c’est un principe théologique certain, rappelé entre autres par saint Robert Bellarmin au XVIIᵉ siècle (« un pape manifestement hérétique cesse par là même d’être le pape et la tête, de même qu’il cesse d’être chrétien et membre du Corps de l’Église »). A fortiori, s’il cesse d’être chrétien avant même son élection, celle-ci est nulle. Montini, par ses positions hérétiques avant 1963, s’était retranché de la communion catholique ; il ne pouvait donc être le chef de cette communion. De plus, le scandale de ses actes postérieurs confirme que jamais il n’a été assisté par l’Esprit Saint.
La réfutation de la thèse matérialiter/formaliter est donc simple : elle n’a pas lieu d’être quand la nullité de l’élection est manifeste. Cassiciacum, dans la tourmente, a pu constituer une tentative intellectuelle « louable » dans les années 1970 pour expliquer le mystère du pape hérétique, mais aujourd’hui l’Histoire a tranché : il ne s’agissait pas d’un pape défaillant, mais d’un non pape. Les catholiques doivent rejeter tout le conciliabule Vatican II pour rester fidèles à l’Église de toujours.
En guise de conclusion, on peut affirmer sans acrimonie, mais avec la fermeté que requiert la défense de la foi : Giovanni Battista Montini (Paul VI) fut un hérétique notoire dès avant son « élection » au siège de Pierre, ce qui invalide totalement celle-ci, même en hypothèse purement matérielle. Son pontificat doit être considéré comme une vacance du Saint-Siège, une épreuve permise par Dieu pour châtier et purifier Son Église. Les chapitres précédents en ont apporté l’évidence doctrinale et factuelle. Il ne s’agit pas là d’un jugement téméraire ou d’une attaque ad hominem, mais d’une conclusion théologique s’appuyant sur les critères objectifs de l’Église. D’ailleurs, de plus en plus de voix dans l’Église contemporaine rejoignent ce constat, au moins implicitement. Lorsque l’ex archevêque Viganò dénonce « les mensonges et les impiétés [qui] ne peuvent provenir de l’Église catholique, qui est sans tache, infaillible et indéfectible », il reconnaît que l’institution issue de Vatican II n’est pas cette Église immaculée. Il en va de même de tout catholique lucide : on ne peut attribuer à l’Épouse du Christ les monstruosités doctrinales et liturgiques engendrées sous Paul VI. Il faut donc attribuer celles-ci à une autre source – en l’occurrence, à un usurpateur et à la fausse église qu’il a contribué à instaurer.
Pour finir sur une note d’espérance, souvenons-nous que le Christ a promis d’être avec Son Église « tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mat. 28,20). Il n’a pas dit que l’institution visible ne serait pas ébranlée ; Il a dit que les portes de l’enfer ne prévaudraient pas contre elle, c’est-à-dire contre l’Église véritable, celle du Christ.
Aujourd’hui, cette Église véritable subsiste, bien que persécutée, dans les communautés et sa hiérarchie surtout, qui gardent la foi intégrale et les sacrements authentiques. Paul VI a pu apparemment détruire la structure catholique, comme un Judas en apparence en son sein, mais la vie surnaturelle du Corps mystique se poursuit par-delà cette apparente déroute. Notre devoir est de demeurer fermes dans la Tradition, en communion avec tous les papes orthodoxes d’avant Vatican II et les enseignements immuables. L’histoire jugera Montini pour ce qu’il fut – sans doute l’un des plus grands responsables de ladite crise de l’Église. Déjà, le simple fidèle peut voir le jugement de Dieu sur cette œuvre : « on ne recueille pas des figues sur des chardons ». Les chardons doctrinaux semés par Paul VI ont produit des épines douloureuses, non les fruits de sainteté qu’on attend d’un successeur des Apôtres. En refusant ces épines empoisonnées, nous obéissons en réalité au vrai magistère de l’Église, celui des saints papes qui, de saint Pierre à Pie XII, ont transmis intact le dépôt de la foi. Ni « saint » ni même pape, Paul VI apparaît au terme de cette étude pour ce qu’il fut : un usurpateur hérétique, que les catholiques fidèles peuvent et doivent tenir pour tel, afin de préserver l’intégrité de la foi et l’honneur de la Sainte Église.
L’église montinnienne dite de Paul VI et Mgr Guérard des Laurriers
Le Grand rabbinat pharisaïque de Cassiciacum ? (satire et ça tire !)
« Comment allons-nous retrouver un pape aujourd’hui ? » – Père Lavery (CMRI)
Mgr Thuc, suite d’une défense en règle d’un évêque incompris
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