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Publié le par Florian Rouanet
Premier d'une série allant jusqu'à Bergoglio-François, afin de passer en revue la nocivité de ces derniers.
Sommaire
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Biographie critique d’Angelo Roncalli avant et pendant le pontificat – Éléments suspects, déviations doctrinales et liens « présumés » avec la franc-maçonnerie.
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Hérésies et erreurs doctrinales attribuées à Jean XXIII – Irénisme, œcuménisme, « Concile Vatican II » et ruptures avec le magistère antérieur.
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Comparatif doctrinal avec le magistère traditionnel – Confrontation des enseignements de Jean XXIII avec ceux de saint Pie X, Léon XIII, Pie XI et Pie XII.
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Conséquences théologiques : Jean XXIII peut-il être pape ? – Analyse de l’« imposture » Roncalli, statut materialiter/formaliter et réfutation de la thèse de Cassiciacum.
1. Biographie critique d’Angelo Roncalli avant et pendant le pontificat
Angelo Giuseppe Roncalli, futur Jean XXIII, naît en 1881 dans une famille paysanne italienne. Ordonné prêtre en 1904, il gravit les échelons ecclésiastiques tout en manifestant des penchants « progressistes ».
Durant sa formation et ses premières charges, il fréquente des milieux jugés suspects à raison par l’Église « de l’époque » : ainsi, jeune professeur d’histoire ecclésiastique, il se lie d’amitié avec Ernesto Buonaiuti, prêtre italien excommunié pour cause de modernisme.
L’historien Gianni Gennari rapporte que Roncalli utilisait même les notes de cours de Buonaiuti dans son enseignement. Une telle proximité avec le chef de file du modernisme italien, mouvement hérétique condamné par saint Pie X, fit tache dans son dossier.
En effet, « l’amitié jamais reniée » entre Roncalli et Buonaiuti, « le plus célèbre des modernistes italiens », aurait suffi, en d’autres temps, et de façon publique, à faire de Roncalli un suspect d’hérésie et à briser toute possibilité de promotion ecclésiastique.De fait, sous les pontificats de Benoît XV et Pie XI, Roncalli est tenu à l’écart de Rome. En 1925, il est envoyé en mission diplomatique dans des pays lointains (Bulgarie, puis Turquie) – une mise au vert qui coïncide avec les sanctions frappant les modernistes. Son dossier au Saint-Office portait explicitement la mention « suspect de modernisme », comme il le découvrit lui-même plus tard – web.archive.org.
Cette étiquette, justifiée par ses fréquentations et lectures hétérodoxes, entrava sa carrière pendant des décennies. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que Pie XII le rappela en Europe occidentale : en 1944, Roncalli devint nonce (ambassadeur du Saint-Siège) à Paris.Son activité en France nourrit également la controverse. Non content de fréquenter les milieux politiques de la IVe République (laïcards et socialistes), Roncalli aurait eu des contacts réguliers avec la franc-maçonnerie française. Des témoins oculaires rapportèrent qu’alors qu’il était nonce à Paris, Mgr Roncalli se rendait en civil chaque jeudi soir à la Grande Loge de France…, selon certains policiers français chargés de sa protection – stevensperay.wordpress.com.
Un haut gradé de la police (commandant Rouchette) a confirmé ces visites clandestines, information également rapportée par l’historienne Mary Ball Martinez.
Par ailleurs, en tant que délégué du pape en France, Roncalli n’hésita pas à nouer des amitiés avec des personnalités maçonniques notoires. Il nomma même Yves Marsaudon, franc-maçon du 33e degré, à la tête de l’ordre catholique des Chevaliers de Malte en France – ce qui provoqua un grave scandale sous Pie XII. Marsaudon lui dédia plus tard un ouvrage laudatif, preuve de leur proximité.En 1953, Angelo Roncalli est créé cardinal et nommé patriarche de Venise. Là encore, son attitude tranche avec celle des prélats traditionnels. Il adopte un style simple et jovial, mais aussi très accommodant vis-à-vis du monde moderne. Par exemple, lors du congrès du parti socialiste italien à Venise en 1956 (dirigé par le marxiste Pietro Nenni), le cardinal Roncalli invite les fidèles catholiques de son diocèse à réserver un accueil chaleureux aux socialistes, alors même que l’Église condamnait officiellement l’alliance des catholiques avec le socialisme athée. Ce geste de conciliation inédit préfigure son approche future en tant que pseudo-pontife.
Le 28 octobre 1958, à 77 ans, le cardinal Roncalli est « élu pape » au onzième tour de scrutin et choisit le nom de Jean XXIII, ancien nom de potentiel antipape. Son élection surprend, étant donné son âge avancé et son profil de papa di passaggio (pape de transition). D’aucuns murmurent qu’un autre candidat était pressenti – on a même évoqué le cardinal Giuseppe Siri, archevêque conservateur de Gênes – mais que des manœuvres en conclave auraient finalement propulsé Roncalli – novusordowatch.org – Fait miraculeux et intrigant rapporté par des journalistes : de la fumée blanche s’échappa de la chapelle Sixtine deux jours avant l’annonce officielle de l’élection, alimentant la thèse qu’un autre pape aurait pu être élu puis écarté.
Quoi qu’il en soit, dès le début de son règne d’imposteur, Jean XXIII se démarque par son ouverture au modernisme. Il se pose en pasteur bonhomme, loin de l’image sévère de Pie XII, et gagne vite le surnom de « bon pape Jean » auprès des médias aux ordres.Mais derrière cette bienveillance affichée, les cercles traditionalistes détectent très tôt des signaux d’alarme doctrinaux. Jean XXIII annonce en effet dès janvier 1959 sa décision de convoquer un concile œcuménique – le futur Concile Vatican II – sans consultation préalable approfondie. Ce dit concile, qui s’ouvrira en 1962, n’a pas pour but de condamner des erreurs doctrinales précises (contrairement à tous les conciles précédents), mais de prétendre procéder à un aggiornamento (mise à jour) de l’Église. Jean XXIII souhaite une approche résolument pastorale et irénique :
« Au lieu de nouveaux avertissements, l’Église doit être un phare lumineux », déclare-t-il, indiquant qu’il préfère éviter les condamnations formelles – web.archive.org. Dans son discours d’ouverture du Concile (11 octobre 1962), il proclame que l’Église va désormais utiliser la « médecine de la miséricorde » plutôt que la sévérité, espérant que les erreurs se résorberont d’elles-mêmes avec le triomphe de la vérité.
Ce pseudo optimisme doctrinal sans précédent, à considérer comme de l’irénisme (minimisation des divergences au nom de la paix), choque les observateurs attachés à l’orthodoxie.
Pendant son court pontificat (1958-1963), Jean XXIII multiplie les gestes de rapprochement envers ceux que l’Église considérait naguère comme ennemis ou étrangers : il amnistie et réhabilite des théologiens autrefois sanctionnés (comme les Français de Lubac et Congar, ou l’Allemand Küng), il reçoit au Vatican des personnalités communistes (par exemple la belle-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev en mars 1963), il envoie un message de paix aux dirigeants du bloc de l’Est.
En 1962, il intervient personnellement pour que ledit Concile ne publie aucune condamnation du communisme…, tenant ainsi les promesses d’un accord secret conclu à Metz avec les émissaires de Moscou. Ce pacte de Metz assurait la présence d’observateurs orthodoxes russes à Vatican II en échange du silence absolu sur les crimes du régime communiste – traditioninaction.org. Une telle concession, inimaginable en tout temps – sous Pie XI ou Pie XII -, illustre la rupture opérée par Roncalli face aux idéologies ennemies.Parallèlement, des rumeurs persistantes accusent Jean XXIII lui-même d’appartenance maçonnique, ce qui aux yeux des catholiques dits traditionalistes achève de le discréditer. En 1976, le Grand Maître du Grand Orient d’Italie – principale obédience maçonnique italienne – a révélé qu’Angelo Roncalli aurait été initié dans une loge maçonnique à Paris durant sa nonciature et qu’il participa également aux « travaux d’Istanbul » (cercles maçonniques en Turquie) – stevensperay.wordpress.com.
De plus, l’écrivain franc-maçon Yves Marsaudon affirme explicitement que Roncalli fut reçu 33e degré du Rite écossais pendant son séjour en France. Si ces affirmations sont vraies, leurs implications sont explosives : selon le droit canonique de l’époque d’ailleurs (can. 2335 de 1917), appartenir à la franc-maçonnerie entraînait l’excommunication automatique. Un prélat excommunié et inféodé à une société secrète antichrétienne ne peut validement et légitimement accéder au trône de Pierre. Nous reviendrons sur ce point capital.Notons dès à présent que les francs-maçons eux-mêmes se félicitèrent bruyamment de l’élection de Jean XXIII : la presse maçonnique salua en lui un allié objectif, et Marsaudon écrivit de façon éloquente :
« Le sens de l’universalisme qui prévaut à Rome ces jours-ci est très proche de notre idéal, … nous applaudissons de tout cœur la Révolution de Jean XXIII ».
Il allait jusqu’à prédire que l’œcuménisme et le libéralisme du (non) pape entraîneraient la disparition des « restes de l’esprit d’Inquisition » – en clair, que l’époque des anathèmes était close au profit d’une vaste ouverture « humaniste ».
En somme, la biographie d’Angelo Roncalli/Jean XXIII présente de nombreux éléments troublants du point de vue de la Tradition catholique : des fréquentations hérétiques dans sa jeunesse, un soupçon de modernisme officiellement noté dans son dossier, des accointances avérées avec des milieux francs-maçons et socialo-communistes, et, une fois devenu « pape », des actes et discours marquant une rupture nette avec l’attitude de ses prédécesseurs.
C’est pourquoi les catholiques dits de constat sédévacantiste – qui estiment que le Siège apostolique est vacant en cas d’hérésie d’un prétendu pape – considèrent dès l’abord Jean XXIII non pas comme un réformateur inspiré, mais comme un imposteur moderniste ayant usurpé la papauté.2. Hérésies et erreurs doctrinales attribuées à Jean XXIII
Du vivant de Jean XXIII, et plus encore après son décès, de nombreuses voix traditionalistes ont dénoncé ce qu’elles considéraient comme des hérésies ou erreurs graves promues par ce non pontife. Le cardinal Ottaviani, préfet du Saint-Office sous Pie XII, a confié à demi-mot que « Jean XXIII a mis en route la plus grande déviation doctrinale de l’histoire moderne ». Examinons donc les principaux griefs doctrinaux articulés contre Jean XXIII.
a) L’« irénisme » et l’optimisme coupable: Dès son fameux discours Gaudet Mater Ecclesia ouvrant Vatican II, Jean XXIII adopte un ton résolument « optimiste » (dans le sesn niais ou complice), rejetant les « prophètes de malheur » et refusant de condamner explicitement les erreurs contemporaines.
Cette attitude, qualifiée d’irénisme, est en soi considérée comme une erreur par l’enseignement traditionnel. Le pape Pie XII, dans l’encyclique Humani Generis (1950), avait mis en garde contre ceux qui, animés d’un « faux irénisme », cherchent à aplanir les dogmes et à minimiser les divergences doctrinales au détriment de la foi catholique.
Jean XXIII tombe précisément dans ce travers selon ses critiques : il pense que l’Église doit aborder le monde avec bienveillance et « miséricorde » plutôt qu’avec la fermeté de la correction. Concrètement, cela s’est traduit par l’absence totale de condamnation des hérésies modernes durant son non pontificat. Alors que le devoir du pape, dans la logique catholique, est de garder le dépôt de la foi et de frapper d’anathème les doctrines erronées, Jean XXIII a décidé délibérément de ne plus user de l’anathème. « Pourquoi répéter les condamnations du passé ? », déclarait-il en substance en 1962 – web.archive.org.
Par là, il encourage une dangereuse illusion : laisser proliférer l’erreur sans opposition frontale, au final par acquiescement coupable, en espérant la vaincre par le « simple rayonnement de la vérité ». Les sédévacantistes y voient l’abdication du rôle prophétique et magistériel du Souverain Pontife, et donc une trahison de la mission papale.b) L’œcuménisme et le relativisme religieux: Jean XXIII fut qualifié de « pape de l’unité », non pas tant de l’unité interne de l’Église, mais de l’unité entre toutes les fausses confessions. Il créa en 1960 un Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens, dirigé par le cardinal Bea, afin de dialoguer avec les autres dénominations chrétiennes. C’était là une première historique : jamais un pape n’avait institutionnalisé de la sorte l’œcuménisme.
µTrès vite, ce dialogue s’étendit aux protestants et aux orthodoxes invités comme observateurs au Concile. Jean XXIII multiplia aussi les gestes de respect envers le judaïsme, recevant par exemple Jules Isaac, intellectuel juif, alors dénoncé de Léon de Poncins, qui militait pour une révision de l’enseignement de l’Église sur le peuple déicide – novusordowatch.org.
Cette orientation œcuménique rompt avec la doctrine catholique antérieure, qui insistait sur l’unicité du salut dans l’Église catholique. Le pape Pie XI, dans Mortalium Animos (1928), avait condamné vigoureusement les initiatives interreligieuses qui présupposent que « toutes les religions se valent et conduisent à Dieu ».
Or, « sous » Jean XXIII, il est donné l’impression inverse de façon manifeste : à défaut de l’enseigner formellement, elle pose des gestes qui valorisent les autres religions comme partenaires valables. Les traditionalistes accusent ainsi Jean XXIII d’avoir encouragé un relativisme religieux dangereux, prélude à la perte du zèle missionnaire.
Cette critique sera encore renforcée plus tard par la déclaration conciliaire Nostra Aetate (1965, promulguée après sa mort), mais l’esprit vient de lui. En somme, Jean XXIII est vu comme celui qui a lancé le « mouvement œcuménique catholique » en rupture avec l’exclusivisme du salut catholique enseigné par l’Église pendant des siècles.c) La collégialité et la subversion de la constitution de l’Église: Un autre grief touche à la manière dont Jean XXIII a introduit au Concile l’idée d’une gouvernance plus collégiale de l’Église, au détriment de la monarchie pontificale. Certes, la constitution Lumen Gentium sur la collégialité épiscopale sera adoptée en 1964 par Montini Paul VI, mais c’est Roncalli Jean XXIII qui en a insufflé l’élan en « rendant la parole aux évêques » après des millénaires de centralisation « monarchique » romaine.
Dès l’ouverture dudit Concile, il encourage une plus grande liberté de débat pour les pères conciliaires, y compris sur des sujets que le Saint-Office avait jusque-là verrouillés. Par exemple, la première session de Vatican II, fin 1962, voit la fronde de certains évêques contre le schéma doctrinal De fontibus Revelationis (sur les sources de la Révélation) préparé par la Curie. Ce schéma très traditionnel fut critiqué comme « trop réactionnaire et divisant ». Normalement, la minorité progressiste n’avait pas la majorité des deux-tiers nécessaire pour le rejeter;qu’à cela ne tienne, Jean XXIII intervint personnellement pour retirer ce texte et confier sa refonte à une commission mixte comprenant des théologiens progressistes – web.archive.org.
Un tel acte – faire capoter un document soutenu par la majorité parce qu’une minorité bruyante le refusait – fut perçu comme le signe que Roncalli penchait évidemment du côté de la nouveauté moderniste plutôt que de défendre la Tradition. Cette ingérence en faveur des novateurs est dénoncée comme une erreur de gouvernement aux conséquences doctrinales désastreuses : en l’occurrence, le schéma initial sur la Révélation, solide doctrinalement, fut remplacé plus tard par Dei Verbum, texte bien plus ambigu qui ouvrait la porte à la critique moderniste des Écritures. Ainsi, par souci d’« ouverture », Jean XXIII a affaibli la clarté doctrinale – ce que ses accusateurs tiennent pour une faute grave contre la foi.d) Les silences et compromissions coupables: Au-delà de ce qu’il a dit ou fait, Jean XXIII est aussi critiqué pour ce qu’il n’a pas fait. En particulier, son silence sur le communisme lors de Vatican II est inexcusable. Comme mentionné, un accord secret orchestré par le cardinal Tisserant, sur mandat de Jean XXIII, garantit qu’aucune condamnation du marxisme athée ne figurera dans les textes conciliaires.
Cette abstention contraste violemment avec l’enseignement antérieur : Pie XI avait publié l’encyclique Divini Redemptoris (1937) condamnant le communisme comme « intrinsèquement pervers », et Pie XII avait excommunié les collaborateurs du communisme en 1949. Ignorer délibérément cette menace pour l’âme des fidèles fut vécu comme une trahison du devoir pastoral. De même, Jean XXIII le Boomer resta silencieux sur de nombreuses erreurs modernes : le matérialisme, l’existentialisme athée, la révolution sexuelle naissante, etc., ne reçurent aucun rappel à l’ordre magistériel sous son règne.
Ses deux grandes encycliques – Mater et Magistra (1961) et Pacem in Terris (1963) – adoptent un ton social et positif, sans jamais rappeler fermement les vérités attaquées ni les erreurs à fuir. Mater et Magistra prône l’engagement social de l’Église dans le monde contemporain, ce qui est louable en soi, mais elle fut critiquée à l’époque pour son discours très teinté de pensée économique progressiste (un éditorialiste conservateur lança ironiquement « Mater, oui ; Magistra, non » pour rejeter ses conclusions trop « à gauche »).
Quant à Pacem in Terris, publiée quelques mois avant sa mort, elle propose une sorte de manifeste mondial de la paix fondé sur la reconnaissance universelle des droits de l’homme. Jamais un document « papal » n’avait autant cité l’ONU et appelé de ses vœux un « ordre universel » garantissant la paix. Le ton est celui d’un humanisme très large, où l’on exhorte « croyants et non-croyants, tous les hommes de bonne volonté » à bâtir ensemble la paix.
Si cette intention est noble d’apparence, le diable est dans les détails : l’encyclique affirme par exemple le droit pour chaque personne de pratiquer sa religion selon sa conscience, sans distinguer la vraie religion de l’erreur.
Or la proposition « la liberté religieuse pour tous » avait toujours été condamnée par le magistère (ainsi le Syllabus de Pie IX en 1864, erreur n°15). En reprenant cette idée du monde moderne, Jean XXIII s’est mis en porte-à-faux avec la doctrine traditionnelle sur le règne social du Christ et l’intolérance de l’erreur. Ce n’est pas un hasard si Pacem in Terris reçut les éloges enthousiastes de milieux fort éloignés de l’Église : le secrétaire général du Parti communiste britannique, John Gollan, se déclara « surpris et heureux » de voir une encyclique papale épouser des vues si proches des siennes.
Plus révélateur encore, le Bulletin officiel du Suprême Conseil maçonnique du Mexique salua Pacem in Terris comme un exposé conforme à la doctrine maçonnique sur la fraternité et la laïcité, recommandant sa « lecture attentive » aux adeptes – stevensperay.wordpress.com.Le prêtre théologien Joaquín Sáenz y Arriaga (l’un des premiers intellectuels catholiques à dénoncer l’après-Concile) cite ce témoignage maçonnique comme la preuve que Pacem in Terris promeut un idéal naturaliste et œcuménique incompatible avec la foi catholique, notamment dans l’Église montinienne.
En résumé, les principales erreurs reprochées à Jean XXIII par la critique tradi-sédévacantiste sont : son irénisme naïf (refus de combattre l’erreur, esprit d’optimisme déplacé) ; son œcuménisme et son ouverture à toutes les religions (relativisme implicite/explicite) ; sa complaisance envers les ennemis de l’Église (communisme, franc-maçonnerie) ; sa volonté de changement (aggiornamento) au mépris de l’héritage doctrinal (ce qui se verra pleinement dans Vatican II). Ces orientations constituent aux yeux des catholiques intransigeants autant de ruptures avec la Tradition multi-séculaire de l’Église.
3. Comparatif doctrinal entre Jean XXIII et le magistère traditionnel (Saint Pie X, Léon XIII, Pie XI, Pie XII)
La rupture avec le magistère antérieur est grave, car l’Église catholique tient que la doctrine vraie ne change pas. « Ce qui a été cru toujours, partout et par tous » (selon le canon de Vincent de Lérins) ne peut être contredit par un enseignement ultérieur. Si donc Jean XXIII a enseigné ou encouragé des idées contraires à celles de ses prédécesseurs, c’est soit qu’il s’est trompé (hypothèse inadmissible pour un vrai pape en matière de foi définie), soit qu’il n’était pas un vrai pape. Examinons plusieurs thèmes-clés sur lesquels le fossé apparaît manifeste.
• Modernisme et Tradition : saint Pie X (1903-1914) mena une lutte acharnée contre le modernisme, cette « synthèse de toutes les hérésies ». Dans l’encyclique Pascendi (1907), il dénonça les modernistes qui, au nom d’une adaptation de la foi au monde moderne, en viennent à subvertir de l’intérieur les dogmes immuables. Pie X institua le Serment antimoderniste en 1910, imposant à tous les clercs de jurer qu’ils rejettent les thèses modernistes (relativisme doctrinal, évolution des dogmes, primauté du sentiment sur la vérité révélée, etc.).
Or, que voit-on avec Jean XXIII ? Plutôt que de poursuivre le combat de Pie X, il va réhabiliter nombre de penseurs soupçonnés de modernisme. Des « théologiens » naguère sanctionnés par le Saint-Office – par exemple les pères Yves Congar et Henri de Lubac, qui avaient été inquiétés sous Pie XII pour leurs idées novatrices – sont non seulement réhabilités mais convoqués à Rome pour préparer doctrinalement le Concile. C’est Jean XXIII qui, en 1962, nomme comme experts conciliaires toute une pléiade de théologiens de la « Nouvelle Théologie », précisément ceux que Pie XII avait condamnés (quoique implicitement) dans Humani Generis (1950). Il y a là une contradiction frontale : Pie XII écrivait que les partisans de ces nouveautés menaçaient de ruiner la foi catholique, et Jean XXIII les promeut comme conseillers officiels du pape. Le cardinal Yves Congar lui-même, acteur et témoin de l’époque, a résumé la situation en des termes révélateurs : « Pie X fut le pape qui a confronté le modernisme, défini comme la subordination de l’Évangile à l’esprit moderne… Plus tard la situation changea profondément. Il y eut Jean XXIII (1958-1963), le Concile (1962-1965), l’aggiornamento… ». Autrement dit, Congar admet que l’arrivée de Jean XXIII a opéré un tournant radical permettant enfin aux idées modernistes de se diffuser librement (« le mouvement, bien qu’entravé auparavant, a pu suivre son cours irréprochable », écrit Congar en substance). Là où Pie X prônait l’intransigeance vis-à-vis de l’erreur, Jean XXIII prône l’ouverture d’esprit ; où Pie XII mettait à l’index des ouvrages hétérodoxes, Jean XXIII déclare admirer ces mêmes ouvrages (on se souvient que dans sa jeunesse Roncalli s’était fait réprimander par le cardinal De Lai pour avoir diffusé le livre Histoire de l’Église d’un auteur rationaliste, le chanoine Duchesne).Ce tête-à-tête entre Jean XXIII et Pie X est sans appel : l’un des deux contredit l’autre. Soit Pie X avait tort de condamner le modernisme et de sévir contre Buonaiuti, Duchesne, Loisy, etc., soit Jean XXIII a eu tort de les réhabiliter et de minimiser le danger moderniste. On ne peut soutenir la continuité entre les deux pontificats. Les sédévacantistes choisissent évidemment de rester fidèles à saint Pie X, canonisé pour sa sainteté et son zèle doctrinal, et de considérer Jean XXIII comme un continuateur du modernisme et un imposteur plutôt que comme un gardien de la Tradition.
• Œcuménisme et unicité de l’Église : Le pape Pie XI (1922-1939) a formulé clairement la doctrine catholique sur l’unité de l’Église dans l’encyclique Mortalium Animos (6 janvier 1928). Il y condamne les « entreprises œcuméniques » naissantes qui invitent catholiques, protestants et orthodoxes à prier ensemble et à dialoguer comme égaux. Pie XI rappelle que la véritable unité ne peut se faire que par le retour des dissidents à la seule Église du Christ (l’Église catholique) et que prétendre établir une fédération de toutes les religions est une illusion pernicieuse. Il fustige « cette fausse opinion qui considère toutes les religions comme plus ou moins bonnes et louables », et il interdit aux catholiques de participer à des réunions interconfessionnelles visant à mettre toutes les croyances sur un pied d’égalité.
Or, que fait Jean XXIII quelques décennies plus tard ? Sans jamais proclamer formellement que « toutes les religions se valent » (ce qu’aucun pape n’oserait dire ainsi), il pose une série d’actes qui, en pratique, s’alignent sur l’idée condamnée par Pie XI.
En convoquant des observateurs non-catholiques au Concile, en initiant des rencontres fraternelles avec les autres communautés chrétiennes, il donne l’image d’une Église qui reconnaît une certaine légitimité à la pluralité religieuse. Un exemple frappant est sa volonté de retirer du langage ecclésial tout ce qui pourrait « blesser » les non-catholiques. Ainsi, dès 1959, Jean XXIII supprime de la prière du Vendredi Saint l’expression traditionnelle « les Juifs perfides » (où perfide signifie incroyant), par égard pour la sensibilité juive – un geste hautement symbolique d’esprit œcuménique.
Sous Pie XI ou Pie XII, une telle altération de la liturgie traditionnelle pour plaire à ceux qui rejettent le Christ eût été impensable. De même, Pie XI enseignait qu’il ne fallait pas discuter de doctrine avec les hérétiques sans qu’ils montrent d’abord une volonté de revenir à la vraie foi ; Jean XXIII, lui, encourage le dialogue sans préalable. En somme, l’axiome « hors de l’Église, point de salut », que Pie XI et tous les papes avant lui avaient réaffirmé (tout en l’expliquant correctement), s’estompe sous Jean XXIII au profit d’un optimisme béat : on parle davantage « de ce qui unit que de ce qui divise », on considère les autres confessions comme des « frères séparés » plutôt que comme des brebis égarées.
Les catholiques de foi y voient une dangereuse concession à l’indifférentisme religieux. Ils soulignent que les fruits ultérieurs de cette approche – par exemple la déclaration Unitatis Redintegratio de Vatican II sur l’œcuménisme, ou les prières interreligieuses d’Assise en 1986 – sont en droite ligne de l’orientation donnée par Jean XXIII et qu’ils contredisent ouvertement Mortalium Animos et l’attitude bimillénaire de l’Église. Ainsi, pour eux, Jean XXIII a favorisé, de fait sinon de jure, l’idée relativiste que « toutes les religions mènent à Dieu », idée que Pie XI appelait une « fausse opinion » à rejeter.• Liberté religieuse et royauté sociale du Christ : Le magistère antérieur, notamment sous Léon XIII (1878-1903) et Pie X (1903-1914), avait constamment affirmé le droit exclusif de la Vérité. Léon XIII, dans Humanum Genus (1884), condamne le relativisme maçonnique qui prône l’égalité de toutes les religions et la mise à l’écart de l’Église de la sphère publique. Il enseigne que l’État doit, autant que possible, reconnaître la vraie religion et la favoriser. Pie X, dans sa lettre Notre charge apostolique (1910) contre le Sillon, critique durement l’idéal d’une démocratie universelle sans distinction de croyances, où la religion catholique ne serait qu’une option privée parmi d’autres. Or Pacem in Terris (Jean XXIII, 1963) – dont nous avons déjà souligné l’accueil par les milieux maçonniques – propose justement une vision très proche de celle naguère combattue par Léon XIII et Pie X.
Cette encyclique déclare en toutes lettres que chaque être humain a droit à la liberté d’expression et de religion, dans le cadre d’un ordre juridique juste. Bien sûr, Jean XXIII ne promeut pas explicitement le relativisme : il part du principe de la dignité humaine pour fonder ces droits universels. Mais le résultat est le même du point de vue pratique : l’État neutre et la liberté religieuse pour tous se trouvent présentés non comme un moindre mal, mais comme un idéal de justice sociale. Comment ne pas y voir une contradiction avec, par exemple, l’encyclique Quas Primas de Pie XI (1925) sur la Royauté du Christ, qui appelle les nations à « se soumettre au doux joug du Christ » et exhorte les chefs d’État à rendre un culte public au Roi des rois ? Jean XXIII, lui, fait l’éloge implicite du modèle laïc, où l’État « n’impose aucune religion » mais garantit la coexistence de toutes. Il s’agit là d’un changement d’orientation doctrinale difficile à nier. D’ailleurs, quelques années plus tard, le Concile Vatican II (sous Paul VI) proclamera la déclaration Dignitatis Humanae (1965) sur la liberté religieuse, entérinant solennellement ce que Jean XXIII avait avancé prudemment dans Pacem in Terris. Or Dignitatis Humanae contredit point par point l’encyclique Quanta Cura de Pie IX (1864) et son Syllabus des Erreurs, qui condamnait l’idée que « chacun a la liberté de professer la religion de son choix ».
Là encore, c’est bien Jean XXIII qui a enclenché la rupture, même si c’est « son successeur » qui l’a promulguée : la simple lecture comparative de Pacem in Terris (1963) et de Quanta Cura (1864) met en lumière une opposition directe. Il est inconcevable qu’un vrai pape contredise ainsi un autre pape sur une matière aussi grave de doctrine sociale. Ils en concluent que Jean XXIII, en cautionnant de fait la théorie libérale de la séparation de l’Église et de l’État, s’est écarté de la foi catholique telle que transmise par le dépôt du Magistère (car la foi ne concerne pas que le credo, mais aussi ses exigences sociales).• Relations avec la franc-maçonnerie et les sociétés secrètes: Un dernier point de comparaison concerne l’attitude envers la franc-maçonnerie. Léon XIII, dans Humanum Genus, qualifiait la franc-maçonnerie d’« ennemie déclarée » de l’Église, condamnait ses principes comme étant le « naturel sans frein » opposé à la Révélation, et renouvelait l’interdiction pour tout catholique d’y appartenir sous peine d’excommunication. Tous les papes depuis Clément XII (1738) jusqu’à Pie XII ont maintenu cette condamnation sans ambiguïté. Jean XXIII, lui, n’a émis aucune nouvelle condamnation dudit complot maçonnique – ce silence déjà est parlant – mais pire, il a multiplié les gestes conciliants à l’égard de personnalités maçonniques.
Nous avons vu qu’il a promu un franc-maçon à un poste d’honneur (Marsaudon à l’Ordre de Malte), qu’il fréquentait la Grande Loge lorsqu’il était nonce, et que de fortes présomptions pèsent sur son initiation personnelle. Sous son pontificat, jamais la franc-maçonnerie n’a été dénoncée, alors même que les loges publiques se réjouissaient de la tournure des événements (« la Révolution de Jean XXIII » applaudie par Marsaudon).
Cette bienveillance à l’égard des francs-maçons est totalement inconciliable avec l’attitude de Léon XIII ou de Saint Pie X. Ces derniers voyaient dans l’influence maçonnique la source du libéralisme religieux, du relativisme et de l’anticléricalisme. Jean XXIII, au contraire, tient un discours très proche de l’idéologie maçonnique sur de nombreux points (fraternité universelle, humanitarisme, pacifisme intégral, égalité des religions). Il n’est pas anodin que des dignitaires maçonniques revendiquent Jean XXIII comme l’un des leurs et comme un artisan de leurs desseins.
L’historien Franco Bellegrandi (ancien membre de la Garde noble au Vatican) a même intitulé son ouvrage sur Roncalli « Nikita Roncalli », insinuant par ce surnom la collusion avec le communisme (Nikita faisant allusion à Khrouchtchev) et l’infiltration maçonnique. Sans aller trop loin dans les théories, contentons-nous de constater que jamais un pape authentique n’avait été loué par les loges comme l’a été Jean XXIII. Là où Léon XIII prêchait la méfiance absolue et la lutte contre les sectes secrètes, Jean XXIII préconisait la main tendue et l’oubli du passé. Ce renversement, de l’aveu même du Grand Maître du Grand Orient d’Italie, a permis à un franc-maçon notoire d’« être reconnu comme le chef visible de l’Église catholique » en 1958. Les conséquences théologiques d’un tel fait sont examinées dans la section suivante.En conclusion de ce comparatif, il apparaît qu’en plusieurs domaines doctrinaux majeurs (modernisme, œcuménisme, liberté religieuse, condamnation des erreurs), Jean XXIII a tenu des positions opposées ou radicalement novatrices par rapport au magistère explicite de papes tels que saint Pie X, Pie XI, Pie XII ou Léon XIII. Cette situation jette un doute radical sur la validité de son autorité pleine et magistérielle. Car selon la théologie catholique, un pape ne peut enseigner l’erreur ex cathedra ; or si l’on admet que Pie IX, Léon XIII, Pie X, Pie XI et Pie XII ont enseigné la vérité, comment Jean XXIII pourrait-il proposer le contraire sans cesser ipso facto d’être un pape légitime ?
Les sédévacantistes répondent : ce n’est pas possible ! Dès lors, la seule explication cohérente est que Jean XXIII n’était pas véritablement pape ou qu’il a, par ses actes, perdu l’autorité papale. Nous abordons maintenant cette question cruciale des conséquences théologiques et ecclésiologiques de l’« imposture » de Jean XXIII.
4. Conséquences théologiques et ecclésiologiques de l’« imposture » Jean XXIII : vacance du Siège, materialiter/non formaliter, thèse de Cassiciacum
L’église montinnienne dite de Paul VI et Mgr Guérard des Laurriers
Si l’on admet que Jean XXIII a professé et favorisé des hérésies et qu’il a sciemment rompu avec le magistère antérieur, la conclusion s’impose qu’un tel homme ne pouvait être un vrai pape de l’Église catholique. En effet, l’une des conditions essentielles pour être membre (et a fortiori chef visible) de l’Église est de professer la foi catholique intégralement.
Un hérétique manifeste cesse, de par le fait même, d’appartenir à l’Église – comme l’ont enseigné de grands docteurs tels que saint Robert Bellarmin. Or, si Jean XXIII était déjà atteint d’hérésie ante factum (avant ou au moment de son élection) ou s’il a sombré dans l’hérésie publique durant son pontificat, il n’a pu jouir de l’assistance du Saint-Esprit ni de l’autorité pétrinienne.Les canons (de 1917) de l’Église et les enseignements pontificaux antérieurs fournissent des bases juridiques et doctrinales à cette position, stipulant que si jamais un individu suspect d’hérésie était élu pape, son élection serait nulle et non avenue, même s’il était reconnu par la quasi-totalité des « cardinaux » (?). En effet, le canon 188 §4 (qui prévoit la perte de tout office ecclésiastique en cas de défection publique de la foi) et le canon 2335 (excommunication des francs-maçons). Dans le cas de Roncalli, nous avons précisément une accumulation de tels « empêchements » : suspect de modernisme, relations maçonniques, doctrines nouvelles – autant de facteurs qui jettent une incapacité juridique et valdie sur sa personne quant à l’accession au souverain pontificat.
Dès 1958, on sait qu’un petit groupe de pères du Saint-Office refusèrent intérieurement de signer certains documents conciliaires et considéraient le Siège vacant depuis Jean XXIII. Dans les années 1960-70, des théologiens comme Mgr Joaquín Sáenz y Arriaga (mexicain) ou l’abbé Georges de Nantes et Mgr Marcel Lefebvre (français, bien que non sédévacantiste strict) ont publiquement qualifié Jean XXIII de « pape hérétique ».
Mgr Sáenz y Arriaga, dans son livre La Nouvelle Église de Paul VI (1971), accumule les preuves que Jean XXIII et Paul VI ont fondé une autre Église, moderniste, distincte de l’Église catholique. La conclusion est claire : à partir de la mort de Pie XII, le Siège de Pierre est vacant – car on ne peut concilier ces « papes du Concile » avec la fonction de Vicaire du Christ.Ce constat a conduit les catholiques traditionalistes à se diviser en deux tendances quant à la solution du problème : les sédévacantistes proprement dits, pour qui le trône de Pierre est totalement vacant depuis Jean XXIII;et les conclavistes (nous), qui estiment qu’il faut élire un autre pape en remplacement de ceux tenus pour illégitimes.
De plus, une théorie théologique particulière est née à la fin des années 1970 pour tenter d’expliquer la situation : c’est la thèse de Cassiciacum, ou le sédéprivationnisme, élaborée par Mgr Michel Guérard des Lauriers (OP). Cette thèse soutient que les papes conciliaires (depuis Jean XXIII) sont papes materialiter sed non formaliter, c’est-à-dire qu’ils possèdent seulement la matière du pontificat (l’apparence, la désignation juridique) sans en posséder la forme (l’autorité divine, l’assistance infaillible).
Selon cette vue, le Siège n’est pas totalement vacant : un pape matériel existe, élu validement (par exemple Roncalli en 1958);mais du fait d’un obstacle intérieur (son hérésie), il n’est pas pape formel et n’exerce pas réellement le pouvoir du Christ. L’Église se trouverait ainsi dans un état de privation : elle a un pape « en puissance » mais pas « en acte ». Les partisans de cette thèse (notamment l’Institut Mater Boni Consilii, éditeur de Sodalitium) reconnaissent donc d’une certaine façon Jean XXIII comme pape matériel de 1958 à 1963.La majorité des sédévacantistes récusent toutefois cette analyse, la jugeant inutilement compliquée et innovatrice. Du point de vue strictement doctrinal, on peut en effet objecter que la distinction matière/forme convient aux sacrements ou aux objets matériels, mais mal à un office qui est essentiellement juridique et spirituel. Surtout, on ne voit pas quel sens aurait un « pape matériel » : s’il n’a pas l’autorité papale, il n’est en réalité pape en rien du tout, sinon un fictif.
D’ailleurs, si – comme on l’a vu – Roncalli était frappé d’excommunication ispo facto pour appartenance maçonnique ou pour diffusion d’hérésies, il ne pouvait même pas être élu validement au pontificat. Sur ce point, le constat lucide du Grand Maître du Grand Orient cité plus haut rejoint la doctrine catholique : « si cela est vrai, Angelo Roncalli […] n’aurait pas pu être validement élu au Souverain Pontificat. N’étant pas catholique, il ne lui était pas possible d’être le chef de l’Église catholique »stevensperay.wordpress.com. Autrement dit, qu’on prenne l’angle canonique (excommunication automatique) ou l’angle théologique (hérétique notoire), on arrive à la même conclusion : Roncalli n’était pas pape du tout, même materialiter. Sa prétention à la papauté était nulle dès le départ si l’on applique la règle (certes « désuète ») de Paul IV ou simplement le bon sens catholique.Les sédévacantistes non Cassiciacum – dont la présente étude épouse plutôt bien la perspective – considèrent donc Jean XXIII comme un antipape à part entière, et même pas au même titre qu’un Anaclet II au XIIe siècle ou un Félix V au XVe.
La différence, c’est que Jean XXIII a réussi à faire illusion aux yeux de presque toute l’Église, entraînant la hiérarchie dans son sillage, et par modernisme pur jus… Mais « l’acceptation quasi universelle » d’un non pape (hérétique) ne prouve rien : dans l’hypothèse d’une crise extrême, Dieu peut permettre qu’une large portion de la hiérarchie soit trompée. Ce ne serait pas la première fois qu’une grande partie de l’épiscopat tombe dans l’hérésie (on pense à la crise arienne au IVe siècle). Ce qui importe, c’est qu’il reste toujours, dans l’Église, un « troupeau » plus ou moins conséquent maintenant la foi intégrale. Ce reste fidèle, ce furent les prélats et fidèles opposés aux réformes de Jean XXIII et du Concile. Dès 1964, l’évêque brésilien Antônio de Castro Mayer s’inquiétait de la tournure du Concile ; en 1965, Mgr Marcel Lefebvre refusait le nouvel esprit – même s’il ne remit pas alors en cause totalement la légitimité du pape Paul VI, ce qui le différencie des sédévacantistes.
Mais d’autres, plus radicaux, comme l’évêque vietnamiem Ngô-dinh-Thuc (qui consacra plus tard des évêques sédévacantistes) ou le dominicain Guérard des Lauriers, ont rapidement conclu que ladite église conciliaire était une contrefaçon.Du point de vue conclaviste, la vacance du siège apostolique dès la mort de Pie XII (1958) impliquait la nécessité d’y remédier par l’élection d’un véritable pape. Certains conclavistes pensent que cela a déjà eu lieu secrètement : c’est le cas des partisans de la thèse Siri. Selon eux, lors du conclave de 1958, c’est le cardinal Giuseppe Siri qui aurait été élu pape le 26 octobre (d’où la fameuse fumée blanche prématurée), prenant le nom de Grégoire XVII, mais il aurait été contraint sous menace de renoncer immédiatement, ouvrant la voie à l’élection de Roncalli – toutefois, cela tient peut-être seulemetn de la légende.
Cette théorie reposant sur des témoignages indirects (dont celui d’un ancien agent du FBI), n’a jamais pu être pleinement vérifiée ; elle souligne néanmoins le climat trouble entourant l’accession de Jean XXIII. D’autres conclavistes, partant du constat de la vacance prolongée (plusieurs décennies sans pape réel), ont organisé des « conclaves dissidents » pour élire un pape. Mais ces exemples sont souvent à ne point imiter et manquant cruellement à l’universalité : c’est ainsi qu’en 1990 un groupe d’américains élut un pape (connu sous le nom de Michel Ier – David Bawden) ; de même, dès 1978, une secte en Espagne, à Palmar de Troya, élut son propre pape au nom du mysticisme. Ces initiatives ont plutôt contribué à morceler la résistance catholique. Les sédévacantistes conclavistes estiment alors qu’il faudra sans doute un intervention divine animée par un futur concile d’évêques fidèles pour résoudre l’absence de pape, plutôt que des élections improvisées en secte.Quoi qu’il en soit, du point de vue sédévacantiste classique, Jean XXIII n’est pas considéré comme pape légitime – ni matériellement ni formellement – mais comme un imposteur, un faux pasteur prophétisé peut-être par certaines visions (on a évoqué le « précurseur de l’Antéchrist ». Par conséquent, il ne peut être tenu pour pape ni materialiter ni formaliter. La thèse de Cassiciacum est réfutée comme une simple échappatoire intellectuelle, un SAS de décompression traditionaliste : si Roncalli n’avait pas l’autorité formelle (ce que même les partisans de Cassiciacum concèdent), cela signifie qu’il n’était pas réellement pape, car la papauté n’est pas un décor mais l’exercice d’une autorité donnée par le Christ à Pierre et à ses successeurs. On ne peut séparer l’office et l’autorité : un « pape sans autorité » est un non-sens théologique et aboutit à une Église sans tête effective, ce que le Christ n’a pas promis.
Angelo Roncalli, en raison de ses déviations doctrinales majeures, de ses compromissions avec les ennemis de l’Église et de son infidélité au dépôt sacré, ne saurait être reconnu comme pape légitime. Son pontificat apparent (1958-1963) inaugure au contraire une vacance dramatique du Saint-Siège, marquant le début de ladite « crise de l’Église » post-conciliaire. Ce dossier critique a mis en lumière, citations historiques et magistérielles à l’appui, les éléments objectifs étayant cette position : une biographie entachée de soupçons graves, des enseignements déviants et actes contraires à la foi catholique, et enfin l’impossibilité théologique qu’un tel homme ait pu être le Vicaire du Christ.
Les conclavistes en tirent la conclusion logique qu’il faut chercher un successeur légitime ailleurs (par élection ou par reconnaissance d’une autre lignée…);les sédévacantistes « stricts » attendent quant à eux que la divine Providence rétablisse un jour un pape authentique sur le trône de Pierre. Dans l’intervalle, Jean XXIII demeure, pour ceux qui tiennent à l’orthodoxie immuable, le symbole de l’imposture et de la rupture, celui par qui le « fumée de Satan » est entrée dans le temple de Dieu.
L’étude de son cas, loin d’être un simple débat historique, revêt une importance doctrinale cruciale : elle pose la question des critères de catholicité et de la survie de l’autorité légitime en période d’apostasie généralisée. Chaque élément apporté dans ce dossier vise à éclairer cette question à la lumière de la Tradition. En définitive, le verdict sédévacantiste sur Jean XXIII est un avertissement : « Si un ange du ciel (ou un pseudo-pape) annonçait un autre Évangile, qu’il soit anathème ! » (cf. Gal 1, 8). Angelo Roncalli a annoncé “un autre évangile”, ce qui le disqualifie de l’auguste charge qu’il prétendit exercer aux yeux du monde.
Par Joseph Mérel : critique du sédévacantisme et perspective conclaviste
JMLP : foi, Vatican II et anticléricalisme « démocrate-chrétien »
Modernisme & Allemagne, Bannon & Bardella, avortement hébraïque – Oremus mars 2025
Mgr Lefebvre – Déclaration contre Vatican II du 21 novembre 1974
notes
Prompt 1/6 — Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli)
Développer un dossier critique et doctrinal contre Jean XXIII (Angelo Roncalli), en s’appuyant sur des sources antimodernistes traditionnelles, notamment les articles de Sodalitium, afin de démontrer ses déviations doctrinales, ses compromissions œcuméniques, et son rôle d’introducteur du Concile Vatican II en rupture avec le magistère antérieur. Exposer ses fréquentations maçonniques présumées, ses erreurs pastorales et sa vision irénique du monde moderne. Mettre en relation ses actes et déclarations avec l’impossibilité de maintenir la thèse materialiter. Confronter sa pensée avec les encycliques de Saint Pie X, Léon XIII, Pie XI et Pie XII. Inclure des citations, documents contradictoires, et une démonstration que Jean XXIII ne pouvait être pape formellement ni même materialiter.Dénicher des erreurs hérésies et oppositions fonrtales avec Tradition et Magistère précédent/de toujours. Point de vue théologique et ecclesiologique : catholique de tradition, de constat sédévacantiste et de solution conclaviste. Sources françaises dabords puis internationnales ensuite car c’est intéressant en espagnol anglais et italien. Les numéros sur ledit concile par le sodalitium, sans partager vision dite materialiter est une base francophone sympathique pour commencer seulement. En bonne partie pr citations commentées, placer par chapitres : biographie – hérésies – comparatif doctrinal – conséquences théologiques ; et ce en établissant un Titre & un sommaire au départ
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