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Publié le par Florian Rouanet
- 🏗️ Deux nations blessées : l’une attire l’exogène, l’autre absorbe en interne
- 💥 Immigration utilitariste contre exil germanique
- ⚖️ Reprise de la vie nationale, exil ou post-impérialisme
⁂ Arène franco-allemande
Ô lecteur non germanophobe,
L’Europe gisait, en 1945, brisée par le fracas des (bonnes ?) bombes et la poussière des empires.- Mais si la France, orgueilleusement intacte dans ses frontières, reconnut l’urgence de redresser ses piliers par un génie malin, planificateur, et l’appel aux forces des pays européens latins voisins (ethnie proche, même religion), de son outre-mer (métis), mais aussi de son ancien empire colonial (africains, islam)… L’Amérique du Nord est présente et agit sur son sol, alors que le souverainisme gaulliste pointe le bout de son nez.
- L’Allemagne, elle, divisée, amaigrie, était sommée d’expier son « péché de nazisme », surtout sous le regard atlantiste, et même soviétique. Deux nations, deux voies : l’une reconstruisit à grand renfort d’afflux immigrés ex-coloniaux ou non, l’autre reprit souffle de façon plus autonome, en intégrant les siens, chassés des steppes orientales.
De ce décalage naquit une différenciation durable : là où la France forgea un modèle étatiste, volontiers pré-égalitariste, l’Allemagne, fidèle à son ethos et sa néo-doctrine ordolibérale, rebâtit pierre après pierre une économie disciplinée et rigoureusement encadrée, plus lente, mais surtout plus homogène — intra-blanche slavo-germanique. Quelles conséquences démographiques et doctrinales découlaient de ces choix ? Voilà ce que nous allons, non sans pugnacité, décortiquer.
N.B :
La culture universaliste, le vieil empire colonial multi-ethnique large, mais aussi l’appât du gain, de la puissance rapide et du renfort immédiat sans effort aucun, explique le cas Français…Le problème : c’est quand cela se paye pour les nouvelles générations de Blancs grandissant en milieu hostile et dénaturé, déraciné des campagnes, mélangés à Mamadou-Land, méprisé des fausses élites, etc.

☧ Sémantique qui cogne
« Planification« : Organisation rationnelle de l’activité économique en vue d’objectifs collectifs, souvent étatiques.
« Ordolibéralisme« : Doctrine économique allemande d’après-guerre, prônant un cadre juridique rigoureux garantissant une concurrence loyale sans interventionnisme à outrance.
☩ Ancienne leçon douteuse
« La liberté n’est possible qu’à l’intérieur d’un ordre. »
— Ludwig Erhard, cité dans Wohlstand für alle, 1957« Il faut des institutions qui fassent participer les hommes à un même destin. Il faut organiser l’Europe. (…) Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité, et ils ne voient la nécessité que dans la crise. »
— Jean Monnet, Mémoires, p. 365, 1976
Σ Plan par manche
🧱 I. Ruines et fondations : deux pays à rebâtir
📦 II. Ressources humaines : d’exilés aux coloniaux
📈 III. Doctrines économiques : entre dirigisme et ordolibéralisme
🧭 IV. Philosophies politiques implicites : discipline contre égalitarisme
🧱 I. Ruines et fondations : deux pays à rebâtir
L’année 1945 laissa l’Europe pantelante, mourante en ses principes fondamentaux. Toutefois, tandis que la France sortait exsangue, mais, malgré tout, entière, l’Allemagne gisait en lambeaux, comme au lendemain de 1918 (applaudi par l’ex-ONU, ladite Société des Nations) : son territoire morcelé, son peuple désorienté.
Pour cette dernière, la capitulation sans condition signifiait en théorie l’effacement total de ses structures étatiques précédentes voire tout court… La RFA, née tardivement en 1949, ne reçut point l’héritage d’une administration continue, mais dut se bâtir un squelette neuf sur les ruines du Troisième Reich hitlérien. De surcroît, la désindustrialisation et la démilitarisation imposées par les « Alliés » — notamment le Morgenthau Plan, plus tard atténué — condamna le pays à la stagnation initiale, à l’interdiction pour une nation de respirer selon son être profond.En France, le tableau s’avérait tout autre. Certes humiliée militairement, elle n’en fut pas moins restaurée diplomatiquement dans le cercle des vainqueurs. Elle conserva son intégrité territoriale et son outillage administratif néo-républicain (gaullisme, communisme, socialisme), auquel vint se greffer ladite Résistance. Le programme du CNR et le Commissariat général au Plan, dirigé par le maçon Jean Monnet, fixèrent dès 1946 des objectifs tels que redresser l’économie par l’État, dans une logique néo-jacobine.
Ainsi, dès le seuil de la reconstruction, le pas des deux nations divergeait : à l’autorité étatique française répondait l’anémie institutionnelle allemande, bientôt comblée par un miracle méthodique.
📦 II. Ressources humaines : d’exilés aux coloniaux
Dans cette entreprise de relèvement, la clef demeuraient dans les bras. Or, point de production sans bras. En France, la pénurie de main-d’œuvre — due aux hécatombes, à l’effritement rural, et à un baby boom encore latent — fut jugulée par une stratégie massive : le recours aux populations coloniales. Parmi les plus différents : Maghrébins, Africains de l’Ouest, Indochinois furent acheminés, souvent sans préparation, vers les chantiers du bâtiment, les mines ou les usines. Le peuplement servait l’économie, dans une logique instrumentale.
Au départ il n’était question que d’immigration de travail, avant que la droite politique ne vote avec Jacques Chirac ledit regroupement familial…L’Allemagne de l’Ouest, quant à elle, connut un bouleversement démographique d’une tout autre nature. Près de 12 à 15 millions de Volksdeutsche, allemands ethniques ou citoyens du Reich (mouvement pro-impérial et ethnique, partout où des Allemands sont, l’Allemagne est) vivant en Europe orientale, furent expulsés entre 1945 et 1950. Ces Heimatvertriebene, en majorité ruraux, furent intégrés tant bien que mal à la RFA. Ce fut l’œuvre silencieuse, mais colossale, d’une nation réabsorbant ses fragments dans un effort d’unité.
Ce contraste saute aux yeux : la France importa du sang étranger pour pallier ses carences ; l’Allemagne réintégra ses enfants bannis. Là, une immigration de convenance ; ici, une migration de nécessité.
En outre, les Allemands de l’Est, plus ouvriers, seront aujourd’hui encore les plus nationalistes jusqu’à nos jours.
📈 III. Doctrines économiques : entre dirigisme et ordolibéralisme
La philosophie économique découle toujours d’un imaginaire — d’une assise — politique. En France, la planification fut élevée au rang de dogme salvateur. Le modèle ? Un État fort, stratège, répartiteur, mais machiniste et mécanique sans âme surtout. Les nationalisations (Renault, charbon, énergie, banques — la famille catholique pétainiste de Renault a été dépecé…) furent des leviers d’un redémarrage : l’économie mixte consistait à encadrer l’initiative privée sans vouloir l’abolir — « nationaliser sans collectiviser », selon les mots du CNR.
En RFA, tout autre son de cloche. La doctrine d’Erhard, fondée sur l’ordolibéralisme, excluait tout dirigisme. L’économie devait être libre, mais comprise quand même dans un cadre juridique : une concurrence saine, un État-arbitre, un marché moralement discipliné. Cette synthèse — ni socialiste, ni libertaire — permit l’essor fulgurant du Wirtschaftswunder. Non par magie, mais par rigueur : comptable, morale, productive.
La France planifiait pour tous. L’Allemagne libérait chacun dans un carcan vertueux. Là, le levier de l’État ; ici, l’éperon de la responsabilité. Cependant, avec la traitresse libérale Angela Merkel des années 2000, nos voisins d’outre-Rhin rattraperont leur « retard », en matière migratoire et d’insécurité — avec des populations Turques ex-Ottomanes en prime…
🧭 IV. Philosophies politiques implicites : discipline contre égalitarisme
Au-delà des chiffres et des doctrines, c’est un choix civilisationnel qui se cristallise dans les choix économiques d’après-guerre. La RFA, amputée, humiliée, se refonda dans une volonté de reconstruction morale, plus autonome. Le Grundgesetz (Loi fondamentale) de 1949, d’inspiration chrétienne-démocrate, refusa autant les héritages tant du national-socialisme que du marxisme. Le travail, la famille, l’ordre y prirent place au sein de l’effort commun. Cette forme de méritocratie éthique, enracinée pour une bonne part dans le protestantisme rhénan — en réalité —, valorisait l’ascèse plus que la revendication.
La France, à rebours, s’arc-bouta sur une « tradition » : celle de l’universalisme républicain, du progrès idéologique et étatique. L’homme, quasi sans distinction, y était conçu comme perfectible par l’école, transformable par le salariat, intégrable par la citoyenneté. Ce fut la promesse assimilationniste, proclamée avec ferveur, appliquée avec heurts — il ne peut en être autrement, en interdisant l’être des non Blancs s’exprimer notamment.
Les bidonvilles, les révoltes, les tensions raciales vinrent ternir le récit. Mais, l’autisme demeura encore et encore : faire d’un Maghrébin un Français par la planche à billet, le cartable et la fiche de paie…Ainsi, là où l’Allemagne exaltait l’effort et l’identité recouvrée, la France prônait l’intégration par l’État et le nivellement par le haut. L’un refusa de « peupler », l’autre voulut « repeupler ».
⚖️ V. Comparatif final — 🛎 Sentence par KO
Élément clef 🇫🇷 France 🇩🇪 Allemagne (RFA) Politique migratoire Utilitariste, post-coloniale Retardée, économique, temporaire Philosophie économique Planifiée, centralisatrice Libérale encadrée, concurrentielle Objectif de reconstruction Grandeur nationale, égalité sociale Stabilité sociale, relèvement moral Source de main-d’œuvre Immigrés coloniaux (Maghreb, AOF…) Réfugiés Volksdeutsche, Gastarbeiter Moteur de croissance État stratège + immigration Industrie compétitive + éthique du travail Ainsi donc, quand la France crut se redresser en puisant dans son empire disloqué, l’Allemagne rebâtit sa maison avec ses propres briques, ses enfants errants, sa mémoire hantée — de force. Deux voies vers la modernité : l’une saturée de discours égalitaires-mentaux — l’antiraciste donne l’impression de réciter des formules incantatoires… —, l’autre traversée d’un autoritarisme muet.
À l’heure où les débats sur l’identité, le peuplement et la souveraineté reviennent sur le devant de la scène, il sied de méditer ces bifurcations d’hier, car elles établissent et éclairent les impasses d’aujourd’hui. Les chiffres français de cette immigration (recensement de la population de l’Insee en France métropolitaine entre 1968 et 1990, d’abord intra-européens puis au-delà) :
Lectures rapides
- En 1968, les immigrants européens représentent encore les trois-quarts du contingent total (dont 1,2 million pour la seule Italie & Espagne).
- Entre 1968 et 1975, l’immigration portugaise explose : de 282 000 à environ 760 000 personnes, portée par l’exode lié à la guerre coloniale et à la Révolution des œillets. (insee.fr)
- Sur la même période, les arrivées en provenance du Maghreb doublent (219 000 → 438 000 Marocains/Tunisiens ; + Algériens) en raison du recrutement de main-d’œuvre et du regroupement familial.
- L’Afrique subsaharienne reste marginale avant 1980 (44 000 personnes en 1968) mais amorce son arrivée dès la décennie suivante.
- Les totaux d’immigrés (ligne 1) proviennent de la série officielle « Évolution de la population immigrée » de l’Insee. (insee.fr)
- Avant 1999, l’Insee regroupe toute l’Afrique hors Maghreb dans un seul poste ; la valeur 1968 est donnée explicitement (44 000 personnes).
- Les effectifs asiatiques (Vietnam, Cambodge, Laos, Chine, Turquie, etc.) restent modestes jusqu’en 1990 et sont publiés par l’Insee seulement sous forme de totaux agrégés.
NB (méthode) – Les chiffres « ≈ » correspondent aux additions directes des cellules nationales livrées par l’Insee dans le classeur xlsx « Immigrés par pays de naissance détaillé, séries longues 1968-2018 » ; les marges d’erreur demeurent inférieures à ±10 000 personnes, soit < 1 % du total de chaque ligne.
L’histoire politico-économique n’est jamais neutre : elle reflète des visions du monde — vicié ou non. Et si la France choisit de se faire « Nation par la gestion des flux », l’Allemagne préféra redevenir « Peuple par la fidélité à ses souches ». Sans renier Molière, nous préférons largement ce vieux choix allemand.
Post-Scriptum : Ces chemins divergents ne furent ni exempts de réussite, ni sans séquelles. Mais tous deux offrent à notre sagacité politique de quoi s’armer pour l’avenir, à condition de les reconsidérer sans lunettes de dégénérés.
📚 Pour approfondir
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OECD Archives : https://www.oecd.org/
-
Bundesarchiv (RFA) sur les Heimatvertriebene : https://www.bundesarchiv.de/
La Rédaction
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| Indicateur | Allemagne (RFA) | France |
| ——————————— | ——————————- | ——————————- |
| Réfugiés internes (1945-50) | \~12-15 millions | Très peu |
| Immigrés étrangers (1950-60) | \~500 000 | >1,5 million (surtout colonies) |
| Croissance industrielle (1950-60) | +10 % par an (à partir de 1950) | +4 à 5 % par an |
| Philosophie économique | Ordolibéralisme (conservateur) | Planification néo-socialiste |
Plan Marshall : 1,5 milliard de dollars versés à la RFA entre 1948 et 1952.
Source : OECD archives.

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