Bras de fer apologétique entre l’abbé Zins et Vincent Reynouard, acte III

Publié le 17 juillet 2025 par Florian Rouanet

⛓️ Nos vues : de la vérité des Évangiles aux mystères de la chair et de l’esprit
ou les fondements surnaturels de la foi chrétienne⚔️

⁂ Arène des joutes

Ô lecteurs combattifs, oyez, clercs d’écran et scribes de la dernière heure ! Le quadrilatère sémantique est en place, les cordages terminologiques tendus, et les micros branchés.

Voici venir, dans un coin de l’arène, le paladin autodidacte M. Vincent Reynouard, qui s’avance tel un prophète de chambrée de tablettes PDF, prêt à nier l’âme tout en geignant sur la matérialité du siècle. Face à lui, l’abbé Zins, mitré d’apologétique, vient frapper de son direct liturgique — certes de façon lente et détaillée.

Mais quelle farce de cabaret que ces conflits ! Une controverse où l’un marmonne en taiseux calculé pendant que l’autre déroule des homélies apocalyptiques — choc des méthodes, joute in-arbitrable ou presque, choc des mondes : entre l’éclair révisionniste et la frappe méthodique du théologien sans compromis.

Que le gong résonne : l’arène des clercs réclame du sang rhétorique, et non des vétilles de vestiaire. La joute, longue de trois heures et demie, tourne soudain au pugilat lorsque l’un déborde l’autre, tel un fracas d’orgues !

Vincent Reynouard à Démocratie participative ( vers 13-14 minutes d’émission : saison 10, épisode 20, juin 2025) avec un sparring partner en hérésie (Boris Le Lay), on apprend qu’un fameux « Florent Rouannet » et son « site Oremus » n’a pas fait respecter le « temps de paroles »…

☧ Bandage lexical

HÉRÉSIE, Théol. : « Doctrine, opinion qui diffère des croyances établies, condamnée par l’Église catholique comme contraire aux dogmes. » (cnrtl.fr)
DISPUTE, n. f. : « Discussion ou débat plus ou moins âpre et violent entre plusieurs adversaires. » (cnrtl.fr)
MÉTAPHYSIQUE, n. f. : « Partie fondamentale de la réflexion philosophique qui porte sur la recherche des causes, des premiers principes. » (cnrtl.fr)

☩ Ancienne leçon létale

« L’heure vient où, pour sauver le monde, il faudra la poignée de héros et de saints qui feront la Reconquête. »
— Léon Degrelle, Les Âmes qui brûlent, 1964. (libertas.co)

« Neque enim quaero intelligere ut credam, sed credo ut intelligam. »
« Car je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre. »
— Saint Anselme, Proslogion, I. (thelatinlibrary.com)

Σ Plan par manche

Laissez-vous happer par l'opposition entre sérieux et cirque, où l’acier des syllogismes claquerait contre le bouclier des dogmes ; l’abbé Zins, gantelet de cuir scolastique, y étrille Vincent Reynouard, brave et redoutable saltimbanque révisionniste.

📜 I. Authenticité des Évangiles

À rebours de l’accusation matérialiste brandie par l’homme charnel et littéraliste, l’édifice scripturaire se révèle d’une cohérence serrée — pour peu qu’on l’ausculte selon les règles éprouvées de l’exégèse.

1. Généalogies discordantes ?
Matthieu déroule quarante-deux ancêtres, Luc soixante-seize ; les listes bifurquent dès Salathiel. Reynouard y voit fadaises. Or, saint Eusèbe déjà, suivi par nombre d’auteur, distinguait la lignée légale (par Joseph : Matthieu) de la lignée biologique (par Marie, via Héli : Luc) — sans oublier la coutume du lévirat qui greffe un fils sur deux rameaux lorsqu’un frère meurt sans postérité. Ainsi les « contradictions » résultent d’un éclairage double sur la même racine davidique, pareil à deux vitraux révélant, sous des couleurs diverses, un seul soleil. (gotquestions.org, leboncombat.fr, jecherchedieu.ch)

2. Femmes au tombeau, Judas pendu ou démembré ?
Les évangélistes ne psalmodient point la liste des témoins avec la précision d’un greffe notarial ; chacun cueille les détails saillants pour son auditoire. Dès lors, Marie-Madeleine peut être nommée ici, passée sous silence là, sans trahir la réalité factuelle : la polyphonie narrative reflète les angles pluriels de la même scène, comme quatre peintres disposés aux coins d’une place.
Quant à Judas, la pendaison rapportée par Matthieu et la rupture d’entrailles consignée par Luc procèdent d’une seule mésaventure : corde rompue, corps fracassé – sinistre oui, mais point incohérent. (reddit.com)

3. « Retard » du Jugement dernier
Reynouard prêterait au saint Crucifié l’annonce d’une parousie sous vingt ans (Mt 24, 34). Il ignore, las (!) la portée sémitique de l’expression « cette génération » : il s’agit d’un âge spirituel, non d’un décompte d’almanach. La chute de Jérusalem en 70, prélude typologique de la fin du monde, justifie l’oracle sans contraindre Dieu à l’horloge atomique des millénaires.

4. Conclusion du premier acte
En somme, les soi-disant « creux » textuels se métamorphosent en remarquables compléments dès qu’on restitue aux écrits sacrés leur milieu sémitique et leur finalité catéchétique. Reynouard prétend déceler la fissure ; l’abbé Zins lui montre la clef de voûte.

⚔️ II. Corps glorieux & miracles

1. Résurrection : chair ou spectre ?
Le Nazaréen mange du poisson (Lc 24, 42) et laisse toucher ses plaies (Jn 20, 27) : chair véritable, mais glorifiée, affranchie des verrous. Ici, l’objection rationaliste achoppe sur un témoignage multiple, consigné alors que témoins vivants pouvaient démentir ; et le sang même du Linceul de Turin, étudié en 2024, révèle une origine moyen-orientale compatible avec la Passion. (fr.zenit.org, tribunechretienne.com, fr.aleteia.org)

2. Miracles « théâtraux » ?
Reynouard raille la guérison de l’aveugle-né où Jésus pétrit la boue ; il la juge inutilement spectaculaire. Pourtant l’aveugle de Béthsaïde, traité loin de la foule, démontre que le Maître n’est point histrion : Il module signe public ou secret selon la foi à ranimer. Deux tentatives pour guérir ? Non point faiblesse, mais pédagogie : l’aveugle passe des ombres à la lumière comme l’humanité doit cheminer vers la vision béatifique. (fr.aleteia.org, topmessages.topchretien.com, etoile.pro)

3. « Preuves » ou mystification ?
L’exigence moderne d’un protocole de laboratoire confond miracle et expérience duplicable ; or, par essence, le prodige brise les causes secondes pour signaler la main divine. Exiger la répétition d’un soleil de Fatima serait aussi insensé que réclamer, chaque matin, un nouveau Big Bang, afin de croire à la création.

4. Conclusion du second acte
Là où Reynouard dénonce l’« irrationnel », la Tradition voit un surnaturel raisonnable : le miracle n’abroge pas la raison, il l’élève, comme la grâce ne détruit pas la nature mais la fortifie.

💔 III. Morale & vie charnelle

1. Contraception – l’« onanisme » réactualisé
« Laissez-moi donc disposer de mon corps ! » geint le polémiste. Pourtant l’Église rappelle que l’acte conjugal, ne souffre pas d’être fractionné : qui sépare union et procréation se condamne. Le plaisir délié de la fécondité devient mirage qui s’assèche.

2. Sort des enfants morts sans baptême
Reynouard brandit le spectre des limbes pour taxer l’Église d’inhumanité. Or, l’Église reconnaît que Dieu n’est pas entravé par les sentiments purs dans sa Justice ; les limbes font dogme.

3. « Foi seule » ou baptême ?
Le Seigneur proclame : « Nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume » (Jn 3, 5). Ainsi la grâce sacramentelle n’est pas optionnelle, mais l’Église admet le baptême de désir et de sang ; la miséricorde supplée, in extremis, quand les hommes ne le peuvent.

4. Raison morale vs matérialisme
Reynouard se scandalise de la décadence contemporaine tout en niant le fondement métaphysique de la morale. Il veut la vigne sans la racine, la flamme sans l’huile. L’abbé lui rétorquera qu’une éthique véritable s’adosse à une ontologie ; sinon, chaque généalogie de valeur s’effondre comme un sépulcre blanchi.

5. Conclusion du troisième acte
La morale catholique n’est pas carcan, elle cimente la dignité et la fécondité humaines. Elle accueille la faiblesse, l’absout, et ré-oriente l’élan charnel vers la donation totale. Refuser cette clef, c’est errer dans un labyrinthe de plaisirs éphémères, où la joie même se consumerait, faute d’autel où se sacrifier.

🔥 IV. Péché originel & anges déchus

1. La faute d’Adam, drame inaugural
Reynouard, tel un philistin des temps nouveaux, raille l’héritage d’Ève : « Comment un fruit croqué hier souillerait-il mon âme aujourd’hui ? » La Tradition répond que le péché originel, status contracté et non acte commis, demeure une privation de grâce — analogie médicale plus que casier judiciaire. Saint Paul l’explicite : « Par un seul homme le péché est entré » (Rm 5 , 12-19) ; le Concile de Trente scelle le dogme ; le Catéchisme en consolide le flanc. (catholic.com, catholic.com)

2. Lucifer : ange déchu ou mythe archaïque ?
À rebours des fadaises modernes, l’Église soutient que Lucifer, porteur de lumière devenu prince des ténèbres, préexiste aux récits babyloniens : l’« étoile du matin » d’Isaïe 14 figure la chute de l’esprit créé, non une superstition persane. Le Lexikon patristique le confirme ; l’Encyclopédie catholique brosse la théologie démonologique. (newadvent.org, newadvent.org)

3. « Injustice » divine ?
Reynouard s’indigne : comment Dieu permet-il qu’un ange mortel séduise l’homme ? L’abbé réplique : la permission n’est point approbation. La Providence instruit la liberté et, comme un maître d’armes, laisse l’élève s’aguerrir — gage d’un mérite authentique.

4. Typologie de la lenteur salvifique
Le contradicteur juge cruel le « retard » du Messie ; mais le temps long de l’Incarnation, tel un chêne mûrissant, prépare les peuples ; l’économie divine tisse histoire et prophéties jusqu’à la « plénitude des temps ».

🏛️ V. Institution ecclésiale

1. Le Christ a-t-il bâti une Église ?
Oui, répond la Tradition ; ecclesiam meam (Mt 16, 18) scelle l’acte fondateur. L’apologète moderne rappelle que, historiquement, la communauté visible surgit aussitôt après la Résurrection ; nul Christ sans Corps. (catholic.com, catholic.com)

2. Le « silence » paulinien sur le tombeau vide
Reynouard prétend que saint Paul omet Marie-Madeleine : argutie d’avocat à la retraite ! En 1 Co 15, 3-8, l’Apôtre énumère déjà la kerygme – mort, sépulture, résurrection, apparitions ; ce n’est pas une chronique exhaustive, mais bien un credo. Le silence n’équivaut pas négation ; il présuppose ici un fait notoire. (catholic.com)

3. « Église truquée par Constantin » ?
Les Pères des IIᵉ-IIIᵉ siècles chantent déjà l’unité catholique (Ignace d’Antioche, Irénée, Cyprien) ; Constantin n’a point inventé, il a seulement libéré, contibué. La lignée doctrinale, pareille à une colonne d’airain, traverse les persécutions sans rupture. (catholic.com)

4. Résister à l’argument ad numerum
Reynouard plaisante : « Si l’Église était vraie, elle subsisterait intacte ! » — Or, malgré césures, hérésies et apostasies, la sève demeure. Comme un chêne ravagé par l’orage conserve son tronc, ainsi l’Église, même meurtrie, ne sera jamais déracinée.

🛎 Conclusion croisée

Ainsi s’achève ce second assaut ; l’abbé, verbe torrentiel, a déployé l’arsenal scripturaire, tandis que Reynouard, laconiquement, a décoché de douloureuses flèches. Que chacun, lampe allumée, discerne la faille ou la force : la vérité, naguère formulée, n’en scintille que plus vivement.

« Étant donné que Vincent Reynouard est sorti de façon calculée du cadre prévu du débat (30 passages de son livre) afin de prendre au dépourvu par de nouvelles objections sur des points de détails qu’il n’était pas possible de vérifier et analyser avec précision en direct, voici une brève répondant à ces ajouts.

Brève 07 Débat demandé par V. Reynouard, ajouts d’objections pas dans son livre, réfutation à venir point par point. https://youtu.be/Mqd7WBuvCNo »

— Abbé Zins, missive du 8 juin 2025

Chaque camp a dévoilé son ossature. Reynouard, rompant la trame convenue, a brandi des missiles inédits ; l’abbé Zins, torrentueux, a tenté de les désamorcer au mieux, pièce à pièce. Il ressort :

• La critique rationaliste se nourrit d’anachronismes philologiques.
• Les « contradictions » évangéliques, replacées dans leur contexte sémitique, se muent en complémentarités.
• La morale catholique, loin d’opprimer, irrigue la dignité humaine.
• Le péché originel et la chute angélique éclairent non la méchanceté du monde, mais son besoin de rédemption.
• L’Église, societas perfecta, possède la continuité que la pyramide de Khéops envie.

Que demeure le scandale de la Croix : folie pour la raison « à la Sherlock Holmes », mais sapience pour qui cherche l’ultime clef de voûte.

Post-scriptum : certaines Brèves promises par l’abbé Zins réfutera point par point les objections hors-livre introduites par son contradicteur — certaines sont déjà sorties.

Aussi, certains signifient que M. Reynouard a gagné ce débat. Sur la forme peut-être, mais certainement pas sur le fond…! Il y eut, en outre, des temps forts dans ce long échange.

📚 Pour approfondir

• P. Trithemius, « Le problème des deux généalogies », Revue Biblique, 2022.
• Abbé V.-M. Zins, Brève 07 (YouTube, 2025).
• Saint Anselme, Proslogion (éd. du Cerf).
• Léon Degrelle, Les Âmes qui brûlent (À la Feuille de Chêne, 1964).
• Abbé Veyron, chaîne Bible & Savoir

La Rédaction

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