• Élection pontificale avec trois éléments éclairant l’acte : personne, pontificat et union surnaturelle



    Selon saint Robert Bellarmin et le Droit canonique de 1917

  • Désignation du Christ, ministériel — non juridictionnel —, et analogie avec la génération

    ⁂ Arène christique

    Ô lecteur doctrinal et scrutateur des arcanes romaines, combien de controverses ont jailli de cette énigme sublime : qui fait le Pape ? Depuis des siècles les cardinaux l’ont élu, certes. Mais donnent-ils le pouvoir ? La réponse, enracinée dans la scolastique, tranche comme une épée divine : non. Le Pontificat descend de Dieu, seul. L’élection n’est qu’un acte de désignation, un ministerium humain que le Christ couronne, ou non, de juridiction.

    Dans cette querelle, où se heurtent l’intuition populaire, les innovations récentes de la néo-église et la logique canonique, un nom resplendit : saint Robert Bellarmin, docteur de Rome, qui par une analogie profonde avec la génération humaine, nous délivre une théologie/ecclésiologie d’une admirable clarté.

    Il s’agit un thème dont a parlé le Père Lavery. En effet, le pouvoir de désignation est utilisé pour élire un Pape, mais la juridiction depuis le Saint-Siège sera « pleine et entière » avec son arrivée.

    Une controverse d’hier toujours d’actualité


    ☧ Bandage lexical

    ÉLECTION PONTIFICALE, can. : « Acte de désignation de la personne au Pontificat, réalisé par les électeurs (conclaves de cardinaux, ou « concile » d’évêques), sans conférer eux-mêmes la juridiction. »

    JURIDICTION, théol. : « Pouvoir de gouvernement et d’enseigner dans l’Église, conféré immédiatement par le Christ. »

    MINISTERIUM, scolastique : « Fonction d’instrument humain subordonné à une cause supérieure et première. »


    ☩ Ancienne leçon létale

    « Dans le Pontife, on distingue trois choses :

    – le Pontificat lui-même, comme une forme ;
    – la personne, qui en est le sujet ;
    – l’union de l’un avec l’autre.

    Le Pontificat vient du Christ seul ; la personne, quant à elle, vient des causes naturelles ; mais l’union est opérée par le Christ au moyen de l’acte humain des électeurs, lorsqu’ils choisissent et désignent une personne.

    C’est pourquoi on dit véritablement que les électeurs « créent » le Pape et sont la cause de l’existence d’un Pontife doté de ce pouvoir ; cependant ils ne donnent pas eux-mêmes ce pouvoir et n’en sont pas la cause – de même que, dans la génération d’un homme, le père est cause de l’union de l’âme et du corps, sans pour autant produire l’âme elle-même. »

    — Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, livre II, (édition d’Ingolstadt 1588, n° 1208-1209, traduit depuis le latin.


    « In Pontifice tria considerantur: ipsum Pontificatum, quasi formam; personam, quæ est subjectum; unionem utriusque.
    Pontificatus est a solo Christo; persona quidem a naturali generatione oritur; unio vero est a Christo, media actione humana electorum, dum personam eligunt ac designant.
    Hinc electores vere dicuntur creare Pontificem, causamque esse cur talis Pontifex existat et potestatem habeat; non tamen ipsi potestatem tribuunt, nec illius sunt causa, sicut in hominis generatione pater causat unionem animæ cum corpore, animam vero non producit. »


    Σ Plan par manche

    🧬 I. Trois éléments dans le Pontife : doctrine de Bellarmin
    📜 II. L’élection comme ministère : distinction capitale
    🪄 III. L’analogie avec la génération humaine : lumière scolastique
    📘 IV. Droit canonique de 1917 : la désignation encadrée, non créatrice
    🧭 V. Christocentrisme et hiérarchie : contre les erreurs materialiter-formaliter


    👑 Clarté scolastique contre confusion moderniste 🕊


    I. Trois éléments dans le Pontife : doctrine de Bellarmin 🧬

    Saint Robert Bellarmin, dans son De Romano Pontifice, distingue avec une limpidité désarmante trois composantes essentielles du Pontificat :

    1. Le Pontificat lui-même, qu’il appelle forma, la forme invisible et divine du pouvoir spirituel suprême dans l’Église ;
    2. La personne élue, materia, qui vient de la nature, c’est-à-dire un homme baptisé, capable de recevoir le pouvoir ;
    3. L’union des deux, laquelle ne provient ni de l’un, ni de l’autre, mais du Christ seul, agissant à travers « l’élection humaine », et son Église, qu’Il utilise comme cause instrumentale.

    Il est question de forme et de matière, en effet, mais jamais dans un sens dissocié propre aux guérardiens, et appliqués à la néo-église moderniste à Rome, car si le pouvoir est reçu, alors il ne peut l’être qu’entièrement, ou alors il n’est rien du tout — tandis que les lefebvristes, eux, pensent se « sauver » en parlant de mauvais pape et de juridiction donnée tacitement (sic).

    Cette triple distinction est capitale : elle fonde une théologie catholique cohérente de l’élection pontificale, à la fois spirituelle, hiérarchique, et exemptée de tout juridisme démocratique et/ou volontarisme humain.


    II. L’élection comme ministère : distinction capitale 📜

    Bellarmin affirme que les électeurs ne confèrent pas eux-mêmes la juridiction, mais en sont uniquement les serviteurs. L’élection n’est pas un transfert de pouvoir comme dans les systèmes républicains et laïcs, mais une désignation à laquelle le Christ peut joindre ou non la juridiction effective.

    Il s’agit d’un ministerium, non d’un imperium. Voilà pourquoi un collège de cardinaux n’a aucun pouvoir direct pour retirer le Pontificat : ils n’ont pas donné, ils ne peuvent ôter.

    Par cette analogie, Bellarmin préserve l’origine divine de la juridiction, excluant toute idée d’un pouvoir collégial ou populaire de créer un Pape par vote purement humain — car ce vote intervient ultimement ici. L’Église est ici instrument, et non source.

    Enfin, l’élection est donc un acte de désignation (ministerium) ; elle n’est pas, pour Bellarmin, un acte de juridiction qui confèrerait le pouvoir spirituel et « administratif ».


    III. L’analogie avec la génération humaine : lumière scolastique 🪄

    La métaphore que choisit Bellarmin n’est pas seulement pédagogique : elle est scolastique, c’est-à-dire rigoureuse, en même temps de faire écho à l’Évangile. Il compare l’élection pontificale à la génération humaine :

    • Le père ne crée point l’âme (spirituelle, créée immédiatement par Dieu), mais unit l’âme au corps par l’acte générateur.
    • Ainsi, les électeurs n’octroient pas le Pontificat, mais causent l’union entre un homme désigné et une dignité divine, si Dieu l’agrée.

    Cette analogie évite trois écueils anciens et modernes :

    • La tentation conciliariste, qui voudrait que le pouvoir réside dans le vote, que les évêques soient supérieur à un « vrai Pape » ;
    • La tentation sédéprivationniste, qui imaginerait qu’un élu puisse être « matériellement » Pape sans l’être formellement, au mépris de toute unité.
    • Voir la tentation sédévacantiste acéphale, attendant la Parousie, et qui imaginerait un « Siège vide » pour l’éternité sans être embêté.

    IV. Droit canonique de 1917 : la désignation encadrée, non créatrice 📘

    Le Code de Droit canonique de 1917 corrobore cette distinction. En ses canons 160 à 182, il précise le cadre de l’élection :

    • L’élu doit être proclamé, puis accepter ;
    • S’il refuse ou tarde, il perd son droit ;
    • En premier lieu, la charge est conférée non par les hommes, mais par Dieu, en vertu de l’union surnaturelle.

    Droit commun des élections, régime général (églises, bénéfices…)

    Extraits (Can. 173‑178) :

    • Can. 173 : Le compromis (mandat) cesse et le droit d’élire revient aux commettants dans trois cas précis (révocation, condition non réalisée, élection nulle).
    • Can. 174 : L’élu est celui qui obtient le nombre requis de suffrages ; c’est ensuite le président du collège qui le proclame.
    • Can. 175 : L’élection doit être notifiée ; l’élu a huit jours ouvrables pour accepter ou renoncer, faute de quoi il perd ses droits.
    • Can. 176‑177 : Réglementation sur acceptation, délai pour demander confirmation, effets de la confirmation.
    • Can. 178 : En cas de délai non respecté ou d’empêchement, l’office est pourvu par collateur. (wipolex-res.wipo.int, laportelatine.org).

    Ce résumé du cadre canonique illustre l’humilité de l’Église dans l’acte d’élection : elle n’agit que selon les lois posées par le Christ, et laisse à Dieu le soin de confirmer — ou non — le lien invisible.

    🏛 Canon 507 – Élections par les chapitres

    § 1. Dans les élections faites par les chapitres, on doit observer le droit commun des can. 160‑182 et les constitutions propres, si elles ne sont pas contraires.
    § 2. Il est interdit à quiconque de donner ou recevoir directement ou indirectement une procuration de suffrage, pour soi ou pour autrui.
    Source : (C. 507 CIC 1917, traduction française) (droitcanonique.fr)


    V. Christocentrisme et hiérarchie : contre les erreurs materialiter-formaliter 🧭

    En refusant toute idée de transmission directe du pouvoir par les hommes, Bellarmin condamne d’avance les théories innovatrices qui, plus tard, distingueront en un élu une « matière » (l’homme) et une « forme » (le Pontificat) séparables ad libitum.

    Cette absurdité semi-sédévacantiste actuelle, distinguant un Pape materialiter (élu légitime, mais privé d’autorité) d’un Pape formaliter (ayant reçu l’autorité), n’a aucun appui dans la Tradition. Elle méconnaît l’unité substantielle du Pontife : l’élu ne devient Pape que par l’union immédiate opérée par le Christ, ou ne le devient pas du tout — jamais !

    C’est ici que la sagesse des Bellarmin, Cajetan, Suárez et le Droit canonique convergent : le Christ seul fait le Pape, et les électeurs ne font que désigner, bien que cette seconde composante soit également nécessaire. C’est donc une théologie de l’incarnation du pouvoir divin, non une dialectique humaine.


    🛎 Frappe méthodique

    L’acte électoral pontifical est un ministère d’obéissance, non une revendication politique « merelienne ». Saint Robert Bellarmin le démontre par la scolastique et le magistère : les hommes désignent, Dieu unit ; les hommes proclament, Dieu couronne.

    Ainsi, tout confusionnisme qui attribuerait aux électeurs le pouvoir de créer, juger ou détruire le Pontife, est une insulte à la hiérarchie divine.

    Et toute tentative de dissocier en l’élu une « matière » et une « forme » relève de la magie ontologique, non de la théologie catholique.

    Le Pape est fait par le Christ, non prioritairement par scrutin. La légitimité ne se fractionne pas. Et le Pontificat est indivis, surnaturel, souverainement conféré, ou il n’est point.


    Lettre de son excellence Monseigneur Moïsés Carmona Rivera au “conciliaire” Monseigneur Fidel Cortés Pérez

    Réquisitoire distinguant l’évolution interne entre vétéro-guérardien et néo-guérardien

    Ladite “nouvelle théologie” : matrice viciée des années 1930 à “Vatican II”

    L’herméneutique de la continuité de Ratzinger : chimère “conservatrice”

    Anti-sédévacantisme acéphale, dit complet – Mgr Squetino

    Contre Divini Redemptoris, Alain Soral verse nettement dans la très sud-américaine « théologie de la libération »

    Mgr Guérard des Lauriers a-t-il renié sa propre thèse ?

    Que soit supplée la juridiction : de la volonté tacite au Salut les âmes ?

    La juridiction universelle du corps épiscopal — de Dom Adrien Gréa

    Les quatre pouvoirs qui structurent l’Épiscopat, en temps normal et extraordinaire — Dom Adrien Gréa


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