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Publié le par Florian Rouanet
Billet hebdomadaire
L’inversion des honneurs
Manouchian au Panthéon, Badinter aux Champs-Elysées des notices nécrologiques. Les modèles d’aujourd’hui étaient les repoussoirs d’hier : toujours intouchables, parias jadis, au paradis maintenant des nouveaux bien-pensants. Cette inversion inouïe des honneurs est l’image de l’inversion des valeurs et de la morale. L’ahurissante promotion de la pègre internationale n’étonne en rien. La lie du communisme international et celle des malfrats moldaves reposent honorés à l’ombre des trois couleurs. C’est sans surprise. Si l’arc-en-ciel a été choisi pour drapeau(x) de la révolution en cours, c’est qu’elle est une inversion, elle met en haut ce qui était en bas et répute bon ce qui était tenu pour mauvais, beau ce qui était laid, vrai ce qui était faux et pervers : or l’arc-en-ciel, vénéré depuis la Genèse comme le lien entre le ciel et la terre, le symbole de la paix et de la réconciliation, le don de Dieu aux hommes, a été retourné en bannière des invertis en particulier et en étendard de l’inversion en général.
Bon, le Panthéon. Ne pas cracher sur les morts ni sur les tombes, mais disons que si j’avais à choisir, ce n’est pas là que je me ferais enterrer. Il y a un peu de tout, bien sûr, Bougainville, Berthelot, Braille, Pierre et Marie Curie, Genevoix, Hugo, plus, pour arriver jusqu’à Zola, des Rousseau, des Voltaire et pas mal de pire du pire. Quant à leur situation vis-à-vis du jugement dernier, je n’ai pas d’information, mais, vus de la terre, c’est une belle brochette d’inutiles et de nuisibles, on a déjà passé tout cela en revue dans une page voilà quelque temps. Tous bons pour Mitterrand, sa rose et ses tralalas. Cependant, même si l’on méprise la république, on ne peut malheureusement nier qu’à travers ses singeries, elle engage la France. Or c’est en son nom qu’elle honore les cadavres du Panthéon, donc, mettre Manouchian et sa bande là-bas, c’est une insulte à notre pays, et une inversion morale.Au départ, il n’y a rien à dire de Missak Manouchian. C’était un Arménien catholique né en 1906 et ballotté par les persécutions dont sa nation fut victime à la fin de l’empire ottoman. Atterri à l’orphelinat de Jounieh au Liban, il y apprit les rudiments de la langue française. Hélas, il a mal tourné par la suite. Passé en France en 1925, attiré par Paris, capitale de la grande révolution, il s’inscrit en 1934 au parti communiste, où il fait ses classes, et plus précisément au groupe MOI (main d’œuvre immigrée). En 1941, après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne dans l’opération Barbarossa, il entre dans la résistance stalinienne et devient chef d’une bande de tueurs, contre des occupants innocents, au mépris des lois de la guerre. J’ai employé à dessein le terme occupant innocent pour rappeler une vérité d’évidence qu’on a trop souvent oubliée : l’armée et les services de police allemands ont pu commettre des crimes durant la Seconde Guerre mondiale, mais le fait d’être soldat allemand en France après l’armistice n’est en soi nullement un crime ni un délit. C’est après une guerre que la France avait déclarée à la suite de l’Angleterre et qu’elle avait perdue (même momentanément) que l’armistice avait été demandé et accordé régulièrement. L’armée allemande occupait donc Paris légalement et légitimement. S’en prendre à ses soldats était un crime de guerre. Manouchian s’en est rendu coupable. En appliquant à la lettre la stratégie bolchevique qui visait à lancer un cycle attentats-répression-nouveaux attentats qui allait diviser la France et la plonger dans une terrible guerre civile à qui l’on doit les horreurs de l’occupation et de la libération — et qui n’est toujours pas finie. Dénoncé (par qui ? Par le PCF, selon son épouse), arrêté, il est fusillé par les Allemands après avoir revendiqué ses crimes le 21 février 1944. Circonstance atténuante, il semble avoir agi par idéal communiste, manipulé de bout en bout par ses chefs qui l’ont froidement sacrifié. A bien regarder les choses, il n’était d’ailleurs qu’un prête-nom : le « groupe Manouchian » (dénomination choisie par les Allemands) n’était pas un groupe arménien comme son nom pourrait l’indiquer. Manouchian n’était que l’adjoint du patron Joseph Epstein, lointain cousin de Jeffrey. Et son équipe était d’abord constituée de communistes purs et durs, avec quelques rouges espagnols ou italiens, et une bonne poignée de juifs polonais.
C’est donc une insulte à la France que d’honorer aujourd’hui cet homme de main d’une politique télécommandée par Moscou. Et un mauvais coup porté contre l’unité française. Un hymne et une incitation aux déchirements intra-nationaux. Une belle inversion dégueulasse. Bien sûr le FNUF, le Front national pour l’unité française, n’aurait député personne à une cérémonie de ce genre, et la présence de Marine Le Pen à la cérémonie nous heurte. Elle offre une bonne occasion de répéter la jolie phrase de feu Roger Holeindre : « Cette femme-là n’a pas nos idées ». Mais la politique est un art aussi surprenant que difficile : il se peut que cette présence et les paroles que MLP dispense à plaisir fassent éclater les contradictions du système et serve ainsi de pédagogie au peuple français. Je vois beaucoup d’internautes se poser des questions grâce à elle, ses nouveaux amis qu’elle frotte pour ainsi dire aux vieux amis de son père. Ils croient savoir que Manouchian était un patriote irréprochable et mettent les pieds dans un débat dont ils ne sont pas près de sortir.
Sans doute Manouchian a-t-il, dans la demande de nationalité française qu’il a présentée en 1933, invoqué le désir de « faire son service militaire », mais c’est pour prévenir l’autorité de naturalisation en sa faveur. Sans doute aussi s’est-il engagé en 1939, quoique apatride, mais c’était pour sortir de la prison où il avait été mis à cause de son appartenance à un PCF défaitiste, qui recommandait à ses membres la désertion et le sabotage des armements français, à la suite du pacte de non-agression germano-soviétique. La date de l’entrée en guerre des “résistants” communistes en général et de Missak Manouchian en particulier nous renseigne sur leur patriotisme : c’étaient des patriotes bolcheviques, non des patriotes français. Et cela nous est confirmé non seulement par les sabotages auxquels le PCF s’est livré en 1939 et 1940, mais par la désertion du secrétaire général du parti, Maurice Thorez, à l’automne 1939, qui trouva ensuite refuge à Moscou. Sans doute fut-il réintégré par De Gaulle en 1944 dans la politique française et nommé au gouvernement tandis que ses troupes commettaient d’ignobles crimes partout en France, et c’est cela que la panthéonisation d’un Manouchian confirme et entérine : la préférence communiste, la sacralisation de la façon communiste de considérer tant la Seconde Guerre mondiale que la morale politique.[…]

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