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Petit billet pour vous recommander chaudement l’écoute de cette archive radiophonique : une conférence de la comtesse Pauline de Pange née Broglie avec « Comment j’ai vu 1900 ». C’est un plaisir immense et rare, une projection mentale dans un autre Paris, et aussi, dans un autre monde. 25 petites minutes seulement, alors qu’on aimerait que ça dure plus.
Comme on est aussi dans les bons usages, le bon goût et le doux langage, afin de constater la dégringolade – du niveau général et de l’instruction -, Nous vous conseillons d’écouter cette causerie afin d’entendre ce qu’est la perfection naturelle et la nécessité d’une aristocratie enracinée – la mère de la concernée lui interdisait de parler de banalité à table. En effet, tout y est : le naturel, la belle langue tout en évitant la préciosité, l’humour badin, mais tout en restant sérieux, l’amabilité, l’esprit. La famille de Broglie est une des dernières grandes familles françaises.
C’est seulement quand on possède suffisamment d’aisance et de souveraineté dans son art que l’on peut se permettre d’user d’un langage familier. Beaucoup ont voulu imiter Louis-Ferdinand Céline par exemple, sans y être toutefois parvenus justement à cause de la difficulté à gérer la « sprezzatura », la désinvolture contrôlée – comme un dérapage en bagnole ! Faire de la langue gouailleuse du peuple de Paris et de Courbevoie un objet littéraire demande d’abord une parfaite maîtrise du français classique. Céline est passé par Corneille, Racine, Saint-Simon, Balzac, Anatole France, avant.
« La petite Pauline est confiée aux soins d’une nurse anglaise qui ne la quitte ni du jour ni de la nuit. Elle souffre de l’isolement qu’on lui impose, les seuls enfants avec lesquels elle soit en contact étant son frère Louis et ses deux neveux, tous trois plus jeunes qu’elle. Chaque après-midi ce petit monde part jouer et goûter à Bagatelle, alors propriété de sir Richard Wallace ami de la famille. À leur retour le rituel est toujours le même, la nurse prépare Pauline pour sa visite à sa grand-mère d’Armaillé au rez-de-chaussée où elle ne peut se présenter à 5 h qu’impeccablement coiffée et vêtue d’une robe pourvue d’une très large ceinture et d’un énorme nœud. Pauline de Broglie devra à cette grand-mère stricte et aimante, qui ne s’adresse à elle que comme à une adulte, ses plus intenses souvenirs d’enfance et son futur intérêt pour la littérature. »
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