• “On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle”



     Pierre Desproges, scénette de 1986 corrosive en vue

  • Une scénette corrosive tiré du spectacle entier de Pierre Desproges en 1986, personnalité d’origine limousine pourtant proche gauchiste du monde du “showbiz” et s’érigeant contre Jean-Marie Le Pen.

    La comédie permettait certaines choses, qui ont été interdites à Dieudonné quelques décennies plus tard, certes dans une forme plus vulgaire que littéraire.

    -*-

    Le récit textuel, qui ne perd pas son aspect sulfurique :

    On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle ? Vous pouvez rester.
    N’empêche qu’on ne m’ôtera pas de l’idée que pendant la dernière guerre mondiale de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi. Il est vrai que les allemands, de leur côté, ne cachaient pas une certaine antipathie à l’égard des juifs, mais enfin ça n’était pas une raison pour exacerber cette antipathie en arborant une étoile à sa veste… pour montrer qu’on n’est pas n’importe qui… qu’on est le peuple élu… et pourquoi j’irais pointer au vélodrome d’hiver ? Et qu’est-ce que c’est que ces wagons sans banquette ?… et j’irai aux douches si je veux… Quelle suffisance !
    Bien sûr ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai rien contre ces gens-là… bien au contraire. Vous savez, je suis fier d’être citoyen de ce grand pays… de France… où les juifs courent toujours… Je me méfie des rumeurs vous savez, quand on me dit que si les juifs allaient en si grand nombre à Auschwitz c’est parce que c’était gratuit, je pouffe, ah !
    Et puis attention, il y a juif et juif, hein ? Oui, il y a deux sortes de juifs… Il y a le juif assimilé et le juif juif. C’est pas du tout pareil. Le juif assimilé, si vous voulez, c’est… c’est n’importe quoi, alors vraiment, c’est le genre de mec… il regarde l’holocauste les pieds sur la table en bouffant du cochon pas casher… il est infoutu de reconnaître le mur de Berlin du mur des Lamentations… ah non, lui, quand il voit un mur, il joue au squash, voilà… ces gens-là sont la honte des synagogues… en plus ils n’auront même pas la chance d’être reconnus par les nazis lors de la prochaine… Le juif juif, lui, c’est complètement différend. Le juif juif se sent, comment dire, il se sent plus juif que fourreur, vous voyez ? Il renâcle à l’idée de se mélanger aux gens du peuple non élu, en dehors des heures d’ouverture de son magasin, bien sûr ! Dès son plus jeune âge il recherche la compagnie des autres juifs… et c’est pas toujours facile. C’est vrai, naguère, les juifs avaient encore les lobes des oreilles pendants, les doigts et le nez crochus, et la bite à col roulé, hein ? Mais maintenant depuis que le port de l’étoile est tombé en désuétude, on ne sait pas pourquoi, c’est pas évident de reconnaître comme ça du premier coup d’oeil un petit enfant juif d’un petit enfant antisémite… Vous comprenez maintenant, ces gens-là, les juifs, ils se font tous raboter le pif et raccourcir le nom alors on les reconnaît plus ! Non mais c’est vrai, regardez… Jean-Marie Le Penovistein, on dirait un breton… et… vous savez que tous les praticiens de la chirurgie esthétique sont juifs ? Tous les médecins sont juifs. Sinon t’as pas le diplôme… tous les pharmaciens sont juifs… tous les archevêques de Paris sont juifs… tout le monde sont juifs !

    En tout cas pour ce qui est des médecins, je suis absolument formel : tous les médecins sont juifs. ah… le docteur Petiot, je ne suis pas sûr. Vous ne savez pas qui était le docteur Petiot ? Elle est bête ! C’est pas grave, c’est pas vraiment une gloire nationale… le docteur Petiot, comment vous dire, en un mot… bon, le docteur Petiot si vous voulez, c’est ce médecin parisien qui a réussi à démontrer en 1944 que les juifs étaient solubles dans l’acide sulfurique. En gros… je schématise… eh bien le docteur Petiot n’était pas juif ! Alors que le docteur Schwartzenberg, si ! Cela dit, il n’y a aucun rapport entre Petiot et Schwartzenberg… Je ne sais même pas pourquoi je fais le rapprochement… Non, je veux dire que Schwartzenberg, lui, il fait pas exprès de tuer les gens… non… Tiens, voilà encore un bruit idiot qui court… quand on vous dit que les juifs sont vecteurs de maladies, c’est pas vrai ! Regardez Schwartzenberg ! Est-ce qu’il est cancérigène ? Non ! Comme disait mon copain Le Luron, il suffit de ne pas trop s’approcher… Les juifs juifs ne se marient qu’entre eux, bien sûr…
    À ce propos, je relisais récemment un livre d’Harris et Sédouy qui est paru chez Grasset il y a cinq ou six ans, qui s’appelait « Juifs et français », dans lequel les auteurs demandaient à une grande journaliste de télévision pleine de talent, très belle en plus, pas Ockrent, une journaliste, qui écrit des articles, qui fait des reportages… non, mais j’aime beaucoup Christine Ockrent, mais c’est pas ce qu’on appelle… elle est plutôt… comment dire… elle est plutôt mannequin à Télé 7 jours que journaliste, si vous voulez… non, mais c’est bien… c’est un métier ! Écoutez, c’est vrai… un jour elle pose avec sa mère, trois semaines après avec son grand-père, après ça elle a posé sur deux pages avec son bébé, c’est incroyable, ça… je suis sûr que si elle avait fait une fausse couche, elle aurait posé à côté du placenta… non, là je fais allusion… Harris et Sédouy interviewent une grande journaliste de télévision, française, très belle, je le répète, mais dont je tairai l’identité par pure discrétion, vous pouvez le comprendre, eh bien les auteurs demandaient à cette jeune femme, si elle aurait épousé Yvan Levaï pour le cas où il n’aurait pas été juif comme elle. Ben voyez-vous, cette jeune femme a répondu que non, elle aurait probablement pas pu tomber amoureuse d’un non-juif… ben vous voyez moi je comprends très bien cette attitude, qu’on pourrait un peu hâtivement taxer de racisme… Oui, moi-même qui suis Limousin, j’ai complètement raté mon coup parce que j’ai épousé une non-Limousine ! Une Vendéenne ! Ah ben je suis désolé, les Vendéens ne sont pas des gens comme nous ! D’accord ils ont des petits doigts, des petits lobes et tout ça, mais… j’sais pas, nos patois ne sont pas les mêmes, et nos coutumes divergent… et dix verges, c’est énorme ! Voilà une femme qui mange du poisson le vendredi, alors que moi je mange du boeuf miroton le mardi, il n’y a pas de compréhension possible ! Nous avons notre sensibilité, nous aussi ! Nous avons notre humour Limousin… qui n’appartient qu’à nous… nous parageons entre nous une certaine angoisse de la porcelaine peu perméable aux Chouans ! Il faut avoir souffert à Limoges pour comprendre !

    Vincent Roca.


  • Vous avez aimé cet article ? Partagez-le sur les réseaux sociaux !

  • 1 commentaire




    […] outre la vulgarité, du reste comme avec le comédien Dieudonné M’Bala, moins littéraire qu’un Pierre Desproges, et amusons nous de ces délires animés américains !Le fait que l’un des deux producteurs […]


    Répondre