• Les compositeurs européens du 16ème siècle



    Renaissance et musique religieuse.

  • Utile pour découvrir quelques auteurs connus, mais plus assez reconnus de nos jours. Pour ce qui est de l’évolution de la notation, de la tablature et des partitions musicales vous pourrez vous reporter au site source affiché à la fin.

    Les principaux compositeurs de cette époque sont

    Palestrina (1526, 1594),

    Giovanni Gabrieli (1555,1612),

    Roland de Lassus (1532,1594),

    Clément Janequin (1485, 1558)

    John Taverner (1490, 1545)

    Thomas Tallis (1505, 1585)

    William Byrd (1540, 1623)

    Tomas luis de Victoria (1548,1611)

    L’Italie

    Palestrina (1525, 1594)


    (Voir aussi la Fiche compositeur)

    « Le père de l’harmonie », c’est ainsi que Victor Hugo définissait Palestrina.

    Giovanni Pierluigi Palestrina (du nom de sa ville natale) est  le plus grand compositeur italien de la Renaissance. Il a amené la musique polyphonique religieuse à un haut degré de perfection.

    Son style musical :

    Influencé par l’école franco-flamande, son écriture contrapuntique évite néanmoins l’utilisation de chansons profanes et limite les ornementations exagérées de ses prédécesseurs, répondant en particulier aux directives du pape Marcel II.

    Ce dernier ne régna  que 21 jours, qui lui furent néanmoins suffisants  pour réformer la musique d’église. Ses recommandations furent immédiatement mises en pratique dans la plus célèbre messe de Palestrina : la « messe du Pape Marcel ».

    Son Œuvre :

    Palestrina a composé principalement des oeuvres liturgiques comprenant :

    –  Plus de 100 messes dont les plus remarquables sont « Assumpta est Maria », « Te deum Laudamus », « Laudate Dominum » (à 8 voix) ainsi que la « Missa O Sacrum Convivium », et la célèbre « Messe du Pape Marcel » (à 6 voix). Beaucoup de ces messes sont dites « parodie » car elles utilisent des thèmes repris d’autres œuvres, en particulier de motets.

    –  Près de 400 motets et pièces diverses en latin dont 35 Magnificat, 2 magnifiques antiennes mariales (Ave Maria, Salve Regina), 2 Stabat Mater, les Lamentations de Jérémie composées de 41 motets.

    –  42 madrigaux spirituels

    Il a également  composé 91 madrigaux profanes dont certains sur des textes de Pétrarque.

    Le style musical de Palestrina a été une référence pour de nombreux théoriciens qui développèrent les règles du contrepoint. On aura un aperçu de ce style dans l’extrait musical suivant :

    Agnus Dei de la missa Viri Galilaei (début).

    par l’Ensemble vocal Européen, dir Philippe Herreweghe

    Giovanni Gabrieli (1555, 1612)

    Giovanni Gabrieli, compositeur vénitien, est une importante figure de transition entre la Renaissance et la musique baroque. Il étudia avec son oncle Andrea Gabrieli et avec Roland de Lassus.

    Il a beaucoup innové, en particulier :

    –  Il fut l’un des premiers à introduire des parties instrumentales dans des œuvres chorales.

    –  Il a composé de nombreuses œuvres instrumentales qu’il nommait canzones ou sonates. Dans l’une d’elles, la « sonata pian e forte », il a été le premier à donner des indications de nuances.

    –  Les « Sacrae Symphoniae I et II », composées en 1597 et 1615 et qui comportent62 pièces pour chœur et ensembles d’instruments, sont les premières œuvres pour lesquelles l’instrumentation est précisée pour chaque partie.

    –  Dans ses dernières œuvres, il a donné à l’orgue le rôle de basse continue dont c’est la première utilisation connue.

    Il fut aussi le professeur de compositeurs tels que Michael Praetorius et Heinrich Schütz.

    Voici de courts extraits d’une canzon et d’une œuvre pour chœur et ensemble d’instruments :

    Suscipe Clementissime (extrait) (Instruments).

    Canzon « la spiritata » (extrait) (chœur et instruments).

    par Les Sacqueboutiers de Toulouse

    Autres compositeurs italiens

    Philippe Verdelot (vers 1480-vers 1540) est un compositeur français ayant passé l’essentiel de sa vie en Italie, considéré comme un des pères du madrigal italien.

    Costanzo Festa (vers 1485-1545) est un des premiers madrigalistes italiens. Il influença le jeune Palestrina.

    Luca Marenzio (1553-1599), est considéré comme l’un des compositeurs de madrigaux les plus renommés du 16ème siècle, surnommé par ses contemporains « il più dolce cigno » (le cygne le plus doux).

    Luzzasco Luzzaschi (1545-1607), à la différence de plusieurs madrigalistes de son époque, utilise une ligne de soprano riche en ornements, qui anticipe le style du premier baroque.

    Carlo Gesualdo (1566-1613), représente, aux côtés de Luzzasco Luzzaschi, Luca Marenzio et Claudio Monteverdi, le madrigal italien à son apogée.

    Ecole franco-flamande

    Rolland de Lassus (1532, 1594)


    (Voir aussi la Fiche compositeur)

       Roland de Lassus (ou Orlando Lasso) est considéré comme l’un des plus grands musiciens de tous les temps, devant son contemporain Palestrina.

       Sa réputation était européenne. Il a été surnommé par ses compatriotes belges  « l’Orphée belge »,  par les français (Ronsard) « le plus que divin Orlande » et par les italiens « Mirabile Orlando ».

       Roland de Lassus était un personnage très extravagant. Certains pensent, à la lecture de sa nombreuse correspondance,  que son génie était à la limite de la folie.

    Son style musical :

    Le style en « imitation continue »,  lancé par Josquin des Prés au siècle précédent,  devient plus aéré et plus léger. Influencé par le madrigal italien, sa musique va de plus en plus tenir compte du contenu expressif des textes. Elle est plus complexe, plus variée  et d’une expression  plus profonde que celle de Palestrina dont la beauté est plus formelle et moins expressive.

    Son œuvre :

    Son œuvre religieuse se compose de :

    –  Plus de 520 motets et des cycles de motets tels que les « plaintes de Job »,les « lamentations de Jérémie » (9), les « Psalmi poenitentiales » et les « Prophéties des Sybilles » : Les motets sont la partie la plus importante et la plus originale de son œuvre.

    –  Plus de 50 messes et 101 magnificat. Tout comme Palestrina, Roland de Lassus a écrit des messes dites « messe-parodie », c’est à dire basées sur des thèmes empruntés soit à d’autres œuvres de sa composition soit à d’autres compositeurs.

    –  Diverses autres œuvres dont 12 « nunc dimitis », 32 hymnes, 14 litanies, 4 passions etc.

    Le reste de son œuvre, profane et religieuse, comprend :

    –  Plus de 180 madrigaux italiens dont certains spirituels tels que la série de 20 madrigaux à 7 voix intitulée « Les larmes de St Pierre ».

    –  plus de 30 villanelles (madrigaux comiques ou parodiques)

    –  plus de 140 chansons françaises (de 3 à 8 voix). Ces chansons étaient composées sur des textes de grands poètes des 15ème et 16ème siècles tels que Villon, Ronsard, Du Bellay etc. …

    –  90 lieder allemands dont 50 lieder spirituels.

    Voici une chanson de Roland de Lassus composée sur un poème de Ronsard  :

    Bonjour mon coeur

    par Egidius

    Clément Janequin

    D’après Ronsard, Clément Janequin fut élève de Josquin des Prés

    C’est essentiellement un compositeur de chansons. Il en a écrit près de 300.

    Il a eu une grande influence sur ses contemporains ainsi que sur le madrigal italien.

    Il est considéré comme le créateur de la musique descriptive. Ses chansons illustrent effectivement des situations de manière très imagée, en particulier :

    –  La chanson de guerre, avec la chanson « La guerre » à 4 voix (appelée aussi « la bataille de Marignan ») qu’il a écrite pour commémorer la victoire de François 1er à la bataille de Marignan en 1515. De même les chansons « Le siège de Metz », « la prise de Boulogne », « chantons sonnons trompettes … »

    –  La chanson humoristique : « cris de Paris », « Caquet des femmes … »

    –  La chanson galante ou libertine : « Ce moy de mai », « petite nymphe folastre », « ce petit dieu qui vole » …

    –  La chanson nature : « la chasse », « chant des oiseaux » …

    Voici de courts extraits de 2 œuvres majeures de Clément Janequin  :

    Le caquet des femmes (extrait)

     

    La guerre (2 extraits)

    par l’ensemble Clément Janequin, Dominique Visse

    Musique et poésie, avec Ronsard…

    Comme pour les arts plastiques, la musique, à la renaissance, se tourne vers l’antiquité.

    En 1571, le poète Antoine de Baif crée une Académie de Musique et de Poésie rassemblant des poètes tels que Ronsard et des musiciens tels que Claude le jeune, Eustache du Caurroy, Jacques Mauduit, Guillaume Costeley, ainsi que des intellectuels de différentes disciplines. L’esprit de cette académie était celui de l’antiquité grecque et latine qui unissait musique et poésie.

    Extrait musical :

    Mignonne allons voir si la rose… (1570)

    de Guillaume Costeley (1531 env.-1606) sur un poème de Ronsard

    par l’ensemble Ensemble Musica Fresca

    Mignonne, allons voir si la rose,
    Qui ce matin avait desclose
    Sa robe de pourpre au Soleil,
    A point perdu cette vesprée
    Les plis de sa robe pourprée,
    Et son teint au vostre pareil.

    Autres compositeurs franco-flamands

    Adrien Willaert (1490-1562) accorde une place importante au motet mais est également l’un des inventeurs du madrigal, auquel il a donné ses plus belles œuvres.

    Cyprien de Rore (1515-1565) , malgré sa production de musique sacrée, est surtout lié à l’histoire du madrigal, dont il considéré comme l’un des plus importants représentants de son époque.

    Jacques Arcadelt (1507-1568) , a produit 250 œuvres dont des messes et des motets, des madrigaux et des chansons.

    Jacques de Wert (1535-1596) a fait carrière en Italie où il est reconnu comme l’un des plus grands madrigalistes de la fin de la Renaissance.

    Philippe de Monte (1521-1603) est l’auteur de 38 messes et 250 motets ainsi que de plus de 1200 madrigaux.

    L’Angleterre

    John Taverner (1490, 1545)

    John Taverner a eu une activité politique autant que musicale. Sa production musicale précède sa conversion au protestantisme après laquelle il n’écrivit plus de musique.

    Il a créé un genre appelé « In Nomine » du nom du célèbre cantus firmus de sa messe « Gloria Tibi Trinitas »

    Il a écrit 8 messes dont la messe « Gloria Tibi Trinitas », 3 magnificat dont le « Magnificat à 4 voix »

    Thomas Tallis (1505, 1585)


    (Voir aussi la Fiche compositeur)

    Thomas Tallis a travaillé sous le règne de souverains catholiques, puis protestants. Il a donc été amené à écrire des œuvres religieuses latines et anglicanes, les premières étant les plus connues et les plus élaborées, les secondes plus simples.

    Il a également écrit quelques œuvres profanes.

    Ses principales œuvres sont :

    –  3 Messes (de 4 à 7 voix), 2 magnificat,

    –  des motets de 4 à 40 voix (dont le plus célèbre est « Spem in alium », pour 8 chœurs à 5 voix)

    –   les « Lamentations de Jérémie », œuvre majeure du répertoire de la renaissance anglaise.

    –   de la musique liturgique anglicane : services, anthems (courtes compositions musicales utilisées dans le service anglican )

    –   des pièces pour instruments à clavier

    William Byrd (1540, 1623)


    (Voir aussi la Fiche compositeur)

    William Byrd fut élève de Tallis. Il publia d’ailleurs en commun avec Tallis, en 1575, un recueil de motets intitulé « Cantiones quae ab argumento sacrae vocantur ».

    Excellent mélodiste, il a écrit de nombreuses œuvres, profanes ou religieuses, pour voix accompagnée de violes dont l’une des plus connues est une chanson intitulée « Susanna fair », pour voix et 4 violes.

    Il a été l’un des principaux compositeurs virginalistes de l’époque avec une œuvre de près de 150 pièces. L’une de ces pièces les plus connues est une oeuvre de musique descriptive intitulée « Les cloches »

    Sa musique de chambre comprend également des pièces pour 3 à 6 violes.

    Ses œuvres religieuses anglicanes et catholiques (ces dernières ne pouvant être interprétées qu’en privé), utilisent une technique contrapuntique utilisant parfaitement l’imitation. Ses plus connues sont sa « Messe pour 4 voix », et son « Ave verum corpus » (pour 4 voix également)

    Voici de courts extraits d’une œuvre pour virginal, interprétée ici au clavecin :

    Pavane & Gaillarde, pour clavier en la mineur n° 3

    Par Gustav Leonhardt

    Autres compositeurs anglais

    Thomas Morley (1558, 1603) élève de Byrd, est connu pour ses nombreux madrigaux polyphoniques et ses compositions pour luth et ensemble instrumental, tels les « concerts brisés », musique de chambre pour dessus de viole, basse de viole, flûte à bec, luth, pandore et cistre.

    Orlando Gibbons (1583, 1625) a écrit des œuvres pour ensembles de violes, pour orgue et pour virginal, ainsi que de nombreux motets et madrigaux.

    John Dowland (1563, 1626) fut le plus grand compositeur anglais de luth et de chants.

    John Bull (1563, 1628) a écrit de nombreuses œuvres pour orgue et pour virginal.

    John Wilbye (1574, 1638) est connu pour ses madrigaux.

    L’ Espagne

    La musique espagnole de la renaissance ne présente pas encore ses caractères typiques qu’on lui connaîtra plus tard, et reste très proche des musiques flamandes et italiennes de l’époque.

    Les principaux compositeurs espagnols du 16ème siècle sont Cristobal Morales (1500, 1553), Francisco Guerrero(1527, 1599) et le plus important, Tomas Luis de Victoria. (1540, 1611).

    Le premier recueil de pièces de musique pour guitare espagnole (autre nom de la guitare classique) est composé par Luis de Milán en 1536.

    Tomas Luis de Victoria (1548, 1611)

    C’est le plus grand compositeur espagnol de la renaissance.

    Il vécut 25 ans à Rome où il fut élève de Palestrina, avant de rentrer en Espagne en 1589.

    Son style musical :

    Sa musique religieuse est contemplative, mystique, d’un degré élevé de spiritualité.

    Son œuvre comprend :

    –  20 messes

    –  18 Magnificat

    –  52 motets

    –  et autres œuvres liturgiques dont hymnes et psaumes.

    Autres compositeurs espagnols

    Cristobal Morales (1500, 1553) premier grand compositeur de musique sacrée à avoir atteint une renommée européenne.

    Francisco Guerrero (1528, 1599) élève du précédent.

    Luis Milan (1490, 1562) a écrit des œuvres pour vihuela (instrument intermédiaire entre le luth et la guitare), pour laquelle il établit la tablature.

    Antonio de Cabezon (1510, 1566) a écrit de la musique d’orgue.

    L’Allemagne

    L’Allemagne est restée très absente de l’histoire de la musique jusqu’au 16ème siècle.

    Cette époque voit l’apparition des Chorals dans la nouvelle église luthérienne, ainsi que le développement de l’orgue, sur lequel on commence à jouer, tel Michael Praetorius (1571-1621), des transcriptions de cantiques et de chorals, annonçant la grande période classique allemande des 2 siècles à venir.

    ~ ~ ~

    Autres compositeurs du 16ème siècle :
    Giulio Caccini, Thomas Campion, Andrea Gabrieli, Hans Leo Hassler, Jacopo Peri, J.P. Sweelinck.

    Compositeurs de chansons :

    Eustache du Caurroy, Jacques Clément, Guillaume Costeley, Thomas Créquillon, Nicolas Gombert, Claude le jeune, Jacques Mauduit, Claude de Sermizy, Adrien Willaert.

    Introduction à la musique classique – Renaissance


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