• « Contra Merelum », réponse à l’anti-sédévacantisme de Joseph Merel

  • Que Joseph Merel ait des mérites en matière de philosophie politique organique n’est pas nié, car tel n’est pas le sujet qui concerne davantage sa « philosophie de l’Église » et sa “théologie du magistère” (à ce sujet nous recommandons ces cours sur la Magistère de l’Eglise). Plusieurs de ses ouvrages sont parsemés de critiques antisédévacantistes, et les sédévacantistes sont comme sommés de répondre, car personne ne l’avait fait publiquement jusqu’ici, ce qui pouvait faire accroire selon certains que sa dialectique de la « troisième voie » traditionaliste demeurait victorieuse et inattaquable, car non attaquée et non réfutée.

    Il ne s’agit nullement, dans le texte que vous lirez ci-dessous, de se prendre pour l’Église enseignante (ni Joseph Mérel ni ceux qui lui répondent en font partie), mais de ne pas se tromper sur la foi catholique ; pour ne rien inventer en tant que fidèle faisant partie de l’Église enseignée, nous qui ne nous basons pas sur le vide ou nos propres forces, mais sur les enseignements magistériels, sources de Vérité. Nul ne sert d’attendre un Nouveau Messie à ce sujet puis qu’Il s’est déjà Incarné parmi nous.

    Par ailleurs, pour contrer à une critique d’entrée de jeu, s’il en était besoin, ce site est la preuve qu’un sédévacantiste n’est pas un « surnaturaliste complotiste antifasciste » (sic) par essence ; ce qui n’a rien à voir puisque qu’il s’agit d’un simple constat catholique par rapport la situation actuelle de l’autorité dans l’Église.

    Ce texte n’est pas fait pour être méchant avec l’auteur, mais parce que celui-ci se torture l’esprit depuis des années à vouloir trouver une solution qui n’existe pas et ne peut pas exister. Enfin aussi par ce que certains de ses lecteurs doivent être au courant qu’il fait fausse route.

    Sans plus attendre, voici le texte qui demande une lecture attentive et sérieuse (PDF). Christe Eléison.

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    « Contra Merelum »

    « Il n’est pas pire obstacle au salut éternel, que l’ignorance religieuse et la perversion des esprits. »
    Benoît XV

    La seule explication adéquate de la crise actuelle dans l’Église est la vacance du Saint-Siège et l’éclipse de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Pour beaucoup, c’est en soi une position extrême, radicale : ce n’est pas pertinent. C’est l’unique position vraie et catholique, parce qu’elle est la seule qui rend compte de tout ce qui s’est passé dans les soixante dernières années, sans compromettre la doctrine catholique ou s’égarer dans la nouveauté.

    Nous comprenons que cet article paraîtra long et fastidieux. Cependant, certains lecteurs de Joseph Mérel ont souhaité publier une mise au point doctrinale. Nous vous encourageons dès maintenant à télécharger le fichier PDF de notre article, lequel est enrichi de plusieurs notes de bas de page (une quarantaine) que ne contient pas cette version sur notre blog (impossibilité d’insérer des notes de bas de page), ce qui peut être utile pour ceux qui souhaiteraient connaître plus de références magistérielles, entre autres, mais aussi pour avoir la possibilité de l’imprimer afin de le lire sur papier à tête reposée (et, plus simplement, pour ceux qui veulent avoir accès à l’article tout entier).

    Vous trouverez ci-dessous deux extraits d’un ouvrage de Joseph Mérel (JM dans la suite du texte), Pour une contre-révolution révolutionnaire, éditions Reconquista Press, novembre 2017. L’intégralité de notre propos sera en vert dans ce format (mais pas tout à fait pareil dans le format PDF : vert pour le texte, noir pour les notes de bas de page), tandis que tous les propos de JM seront en noir. Aussi, nous avons jugé bon de retranscrire exactement son texte afin que les lecteurs se rendent précisément compte de ce à quoi nous répondons. Nous interviendrons parfois directement entre crochets […] dans le texte de JM. Plus généralement, néanmoins, nous écrirons en dessous du (des) paragraphe(s) de chaque point abordé par l’auteur. Enfin, à la fin de l’étude sur les deux extraits tirés de Pour une contre-révolution révolutionnaire, vous trouverez un message de l’auteur, à nous adressé par son éditeur, auquel nous répondons. Bonne lecture.

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    Pour une contre-révolution révolutionnaire, page 88, Quelques points du programme de la contre-révolution, point 3 :

    « Proposer une troisième voie entre la position de la FSSPX et les positions sédévacantistes, susceptible de les réunir et de les fédérer (voir ici : Annexe [c’est-à-dire le texte que vous trouverez ci-dessous et intitulé : « 2° Pour une contre-révolution révolutionnaire, pages 143-160, Annexe : Quelques réflexions de bon sens concernant la question de l’autorité de l’actuel occupant du Saint-Siège. »]). Notons ici que le sédévacantisme actuel, devant que de rendre raison de manière apodictique de sa conclusion (vacance), se met en demeure de procéder à une extension abusive du champ d’infaillibilité de l’enseignement pontifical, ce qui le contraint à accepter sans réserve tant les tendances modernes de type démocrate-chrétien (Léon XIII, Pie XI, Pie XII) que les tendances théocratiques inspirées par Boniface VIII. Dans les deux cas, le sédévacantisme est contraint de se solidariser avec des pratiques et des positions surnaturalistes. »

    A) 1§ D’emblée, selon JM, voilà que les sédévacantistes sont « contraints » à « accepter sans réserve tant les tendances modernes de type démocrate-chrétien (Léon XIII, Pie XI, Pie XII) que les tendances théocratiques inspirées par Boniface VIII » (sic) et donc des positions « surnaturalistes ». On aura entendu toutes sortes de bêtises (les sédévacantistes seraient « comme des témoins de Jéhovah » – est-ce que par cette expression le zèle est raillée et méprisée ? Est-ce que cette expression signifie que « le prosélytisme, c’est un mal » ? En ce sens, on dirait que nos contempteurs sont sur la « même longueur d’ondes » que l’antipape surnaturaliste et démagogo-démocrato-même-pas-chrétien Bergoglio [c’est-à-dire leur « Pape François » qu’ils haïssent tant, auquel ils désobéissent tant] qui enseigne que « le prosélytisme, c’est mal ») et de calomnies (un jour les sédévacantistes seraient de « gros tarés ataviques » ; un autre jour de « dangereux extrémistes » ; un autre jour des « excessifs » ; un autre jour des « malades mentaux » ; des « cas psychiatriques », etc. On remarquera une constante, celle que notre contradicteur agit en petit gauchiste et, si vous nous permettez la comparaison, comme un soviétique du NKVD : il psychiatrise son adversaire d’avance, pour ainsi mépriser ses arguments) sur les sédévacantistes. Mais celle-ci est peut-être la meilleure : « le sédévacantisme est contraint de se solidariser avec des pratiques et des positions surnaturalistes ». Nous y reviendrons tout à l’heure. Bref, « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ». Aussi, toujours selon JM, les enseignements de Boniface VIII, Léon XIII, Pie XI et Pie XII sont au moins en partie (pour certains textes qu’il stigmatisera après) mauvais (et il ira même postuler, au point 4, ceci – que nous commenterons plus bas – avant de tenter une pirouette en se dédouanant) : « Dès lors (cf. 2 et 3), un magistère pourrait ponctuellement enseigner l’erreur en matière de foi et de mœurs sans nécessairement faire perdre la foi. Pourtant la foi est une, simple, le rejet d’une seule vérité entraîne celui de la foi tout entière. Donc un magistère ne saurait, en matière de foi et de mœurs, contenir quelque erreur que ce fût ; tout au plus peut-il éventuellement présenter la vérité de manière partielle, maladroite, équivoque, unilatérale, selon des formules amendables, mais il ne peut enseigner l’erreur. Ce qui revient à dire qu’il est au fond par soi infaillible : ce qui ne peut enseigner l’erreur ne peut enseigner que la vérité, et ce qui ne peut enseigner que la vérité est par définition infaillible. ») : « tendances modernes », « tendances théocratiques », « pratiques et positions surnaturalistes ». A priori, on est en droit de se poser (et de lui poser) ces deux questions : serait-il tenté d’affirmer que l’Eglise, par ses chefs visibles les Papes, a enseigné l’erreur ? Serait-il tenté d’affirmer que l’Eglise, par ses chefs visibles les Papes, pourrait enseigner l’erreur ?

    A) 2§ Aussi, qu’il est drôle de vouloir proposer une troisième voie entre lefebvrisme et sédévacantisme étant donné que le lefebvrisme est, des points de vue ontologique et théologique (l’abbé V.-M. Zins l’a très bien démontré dans ce livre, dont vous trouverez le sommaire ici), boursouflé d’incohérences et d’erreurs et, du point de vue socio-psychologique (puisque notre auteur s’improvise sociologue et psychologue es sédévacantisme) farci de toutes sortes de fidéistes (et JM pourrait être de ceux-là, nous y reviendrons tout à l’heure aussi), de surnaturalistes, de crypto ou philo modernistes.

    A) 3§ Commentaire sémasiologique. Que JM parle de pseudo surnaturalisme, de quiétisme, nous comprendrions tous parfaitement la signification en français. Mais s’il parle de surnaturalisme (comme un mot généraliste), alors il y a d’ores et déjà un problème d’ordre sémantique, à cause de la polysémie de ce mot. Nous avions relayé un article sur un « surnaturalisme » ici. Ce genre d’écrits que JM produit, sur les questions relatives à l’actuel occupant des lieux du Vatican, peut faire penser au vidéaste Rémi Gaillard : « c’est en faisant (ou prêchant) n’importe quoi qu’on devient (ou « adore ») n’importe qui. » C’est en agitant le hochet du nouveau Golem répondant au nom de « surnaturalisme » que l’on terrorise certains pusillanimes… Il y a un potentiel problème sémantique qu’il convient donc de repousser. Car ce mot de surnaturalisme, très usité au XIXème siècle, servait seulement à distinguer le plan naturel du plan surnaturel. Sous la plume de JM, on a très bien compris que le surnaturalisme est un problème grave qui a des conséquences néfastes en matière politique ; problème qui semble perdurer et proliférer chez les « catholiques traditionalistes » – et donc, selon JM, en particulier et nécessairement (à cause de réquisits prétendument erronés qu’invoqueraient les sédévacantistes) chez les sédévacantistes. Le surnaturalisme, au sens de JM et, ce semble, de Marcel de Corte, si nous ne nous abusons, c’est le fait de dire que dans l’état de nature pure, la Grâce divine reste nécessaire. De fait, la Grâce devient une exigence de la nature, ce qui amène à la confusion des ordres (nature/surnature – ou ordre de la Grâce). Quant à l’intervention de l’Église dans la Cité, elle est due en raison de l’état actuel de l’humanité, qui reste lié aux séquelles du péché originel : l’Église peut et doit intervenir dans la Cité ratione peccati.

    A) 3§bis Digression historique. Le surnaturalisme est « né », ou plutôt a trouvé son point d’orgue, dans la « deuxième renaissance catholique » des années 1920. Enfoncés depuis plusieurs générations dans des sociétés démocratiques, certains catholiques ont mêlé dans leurs objectifs de rechristianisation de la société des éléments révolutionnaires, démocratiques. Et la liaison entre les deux n’était pas le fruit du « simple » naturalisme comme lors de la crise moderniste des années 1880-1910, mais au contraire un grand souci de spiritualité liée à la lutte contre le nationalitarisme qui avait pris son envol suite au Traité de Versailles, et contre le naturalisme maurrassien. Ce « néomodernisme » naissant a employé le masque non plus de la science et de la nature humaine, comme auparavant, mais de la grâce et du spirituel. Voilà pourquoi beaucoup de catholiques de cette époque (Marcel de Corte, Mgr Conrad Gröber, et même Pie XII dans son discours du 13 septembre 1952) ont dû aborder ce thème relativement inédit, bien que contenu en germe dans les thèses jansénistes, quiétistes, gnostiques, etc.

    A) 4§ JM cherche donc à attaquer le sédévacantisme en proposant une autre voie, par ailleurs sans attaquer frontalement et aussi violemment le lefebvrisme comme il le fait pour le sédévacantisme où il est marqué par la maladie corrosive du scepticisme, et en essayant de le faire passer pour une « doctrine » « solidaire » du surnaturalisme, alors que ledit sédévacantisme n’est que tirer une conclusion à partir de la foi catholique, des textes du Magistère (position soutenue par la raison que la foi confirme) sur la situation présente de l’Église, et particulièrement la question de l’Autorité dans l’Église. Ainsi, le sédévacantisme ne se pose nullement en théorie politique et ne prétend absolument pas que, « de Saint Pierre à Pie XII », tous les Papes sont saints, tous sont impeccables, tous leurs actes politiques ont été prudents, avisés, etc. Le sédévacantisme, répétons-le, n’est qu’un constat que posent les catholiques vraiment fidèles à Jésus-Christ et à Son Église. JM, et ses affidés, ne voulant pas le voir, se font les alliés objectifs de tout argumentaire « sédépleiniste »… et se font donc, malgré eux, les propugnateurs de la secte conciliaire (qui en plus d’être tantôt surnaturaliste, est tantôt naturaliste, etc. Oui, le modernisme est bien l’égout collecteur de toutes les hérésies). Tout argumentaire « sédépleiniste », à savoir le fait de reconnaître le Siège de Pierre comme actuellement « plein » ; ce qui, soit dit en passant, ne correspond d’ailleurs pas vraiment à cette prophétie du Pape Léon XIII, laquelle est explicite et devrait apporter au catholique un énième éclaircissement, et avertissement, sur la situation actuelle : « Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l’impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé. » (extrait de l’exorcisme de Léon XIII contre Satan et les Anges Apostats) ; et incarné par un vrai Pape en la personne de Jorge Mario Bergoglio, « François ». Et, si nous devions affirmer, faisant fi de ce qu’enseigne Léon XIII ; car une prophétie est un enseignement ; que le Saint-Siège est actuellement « plein », physiquement parlant, cependant nous devrions préciser qu’il est occupé par un occupant illégitime, moderniste multirécidiviste, par ses nombreuses hérésies publiques. Or, un pape ne peut être à la fois « Vicaire du Christ », c’est-à-dire le chef visible de l’Église, et « Vicaire de l’Anti-Christ » ou « Anti-Christ » – comme si l’Eglise pouvait avoir un chef visible de l’Anti-Christ !… ce qui sous-entendrait que l’Eglise de Jésus-Christ, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, aurait deux chefs invisibles et deux chefs visibles, à savoir Jésus-Christ et le Pape, le « bien » et l’Anti-Christ et le Pape-mais-peut-être-pas-Pape-quoique-Pape-quand-même-mais-on-ne-peut-pas-savoir, le « mal » : c’est impossible par essence. La foi catholique nous interdit de penser à une telle Eglise. Il est d’ailleurs étonnant qu’un « philosophe » comme JM ne le comprenne pas… Et si l’on n’est pas d’accord avec cet axiome, alors c’en est fini avec le principe de non-contradiction : c’est la dégénérescence de la raison, c’est la mort programmée de l’intelligence, et de cette belle intellectus fidei que Dieu nous infuse par le don de Foi, tout simplement – virus qui touche les lefebvristes. Et, comme nous venons d’écrire plus haut (« Or, un pape ne peut être à la fois « Vicaire du Christ », c’est-à-dire le chef visible de l’Église, et « Vicaire de l’Anti-Christ » ou « Anti-Christ » – comme si l’Eglise pouvait avoir un chef visible de l’Anti-Christ !… ce qui sous-entendrait que l’Eglise de Jésus-Christ, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, aurait deux chefs invisibles et deux chefs visibles, à savoir Jésus-Christ et le Pape, le « bien » et l’Anti-Christ et le Pape-mais-peut-être-pas-Pape-quoique-Pape-quand-même-mais-on-ne-peut-pas-savoir, le « mal » : c’est impossible par essence. La foi catholique nous interdit de penser à une telle Eglise. »), si certains audacieux et téméraires affirmaient la possibilité de la contradiction ? Alors ils affirmeraient la possibilité de nier ce qu’ils affirment. Ils mettraient leur Foi en danger. C’est une rétroaction négative. Une boucle sans fin, comme chercher la quadrature du cercle. « En marche » vers le pilpoul absurde, dont semble friand JM, et, ce semble, certains de ses affidés. Discuter avec lui et/ou ses affidés présentera un danger de contagion, puisque refuser le principe de non contradiction mène à un véritable virus mental et intellectuel. Les groupes humains sont constamment soumis à de telles épidémies : le virus s’attaque d’abord aux plus faibles mentalement puis se propage par la parole combinée à l’effet de groupe.

    A) 5§ Ce qui motive cette vaine tentative de « troisième voie », c’est le refus de la vérité (que connut vraisemblablement JM, du temps où il était catholique, c’est-à-dire de constat sédévacantiste… et si l’Esprit de Vérité est refusé ou rejeté, en Lui résistant, le fruit ne peut être que l’aveuglement de l’intellect) sous prétexte que certaines choses « clocheraient » dans le « camp sédévacantiste » (tel sédévacantiste serait un surnaturaliste, donc – par raisonnement inductif – tous le sont ou, du moins, tous seraient suspects de « surnaturalisme »), mais tout cela ne cache-t-il pas en réalité des histoires de ressentiments plutôt d’ordre personnel (?) envers certains sédévacantistes – qui seraient ou auraient quelques tendances – surnaturalistes (?) Qu’il y ait certaines choses qui n’aillent pas, cela est probable. Nonobstant cela, il est inconcevable pour une intelligence de la foi droite de se torturer pour quelque chose de simple à comprendre. Le Pape est le gardien de la Foi, à partir de là point besoin de théories farfelues. JM semble hélas amer et agressif (et pas que dans les textes que vous lirez de lui ici concernant les questions qui touchent l’Eglise), et il est clair, dans ces textes, qu’il se situe au-dessus de tous les Papes et au-dessus du Magistère ecclésial. JM se prend pour Dieu, c’est lui qui décerne les (mauvais) points à tout le monde, y compris aux Papes, et y compris aux textes du Magistère irréprochables et infaillibles (vierges d’erreur) les mieux fondés, le tout avec emploi de termes détournés et ce verbiage abscons et verbeux pour faire savant (et qui semble avoir de l’effet auprès de certains…).

    A) 6§ « (…) Le sédévacantisme est contraint de se solidariser avec des pratiques et des positions surnaturalistes. » Derechef, Joseph Mérel généralise abusivement (sophisme par abus d’inductions) : en Argentine, les lefebvristes sont sur la position de l’abbé Méramo, qui suit la ligne de l’abbé Meinvielle et/ou qui sont démocrates chrétiens alors que les sédévacantistes suivent là-bas Nimio de Anquin, beaucoup plus proches de sa ligne, sauf sur la question de la vacance. C’est en gros l’argument d’un Philippe Prévost ou d’un de ses disciples contre les sédévacantistes, ou d’un dégoûté par la condamnation de l’Action Française. Ce raisonnement est vicieux. Et JM se tient sur une chimère : on se doute qu’il a des histoires d’inimitiés personnelles avec certaines figures françaises du sédévacantisme, sans parler que l’un de ses meilleurs amis, anciennement sédévacantiste, a abandonné la foi catholique : tout cela doit jouer. Donc lui qui cherche à psychiatriser le sédévacantisme (certains de ses propos dans ses autres livres le montrent aisément), aidons-nous un peu de la psychologie, mais surtout de la théologie, pour tenter d’expliquer (et de réfuter) ses propos. Enfin, concernant le père Charmot, dont parle Joseph Mérel quelque part dans Pour une contre-révolution révolutionnaire et qu’il critique justement, vient de Mongré, qui était une fabrique de modernistes, il était le condisciple de Teilhard de Chardin et fut formé par Blondel. Et ce n’est pas de la faute aux sédévacantistes si la FSSPX réédite ses ouvrages…

    A) 7§ A propos d’une citation soi-disant polémique. La citation de Pie XI dans Divini Redemptoris « la cité est pour l’homme et non l’homme pour la cité » fait référence à la fin ultime de l’homme, qui est la gloire de Dieu et notre union avec Lui. En ce sens, la Cité doit favoriser l’homme, mais ce n’est pas incompatible, il l’a d’ailleurs rappelé, avec l’exigence de soumettre les personnes au Bien commun. Il suffit de distinguer les deux composantes de notre fin ultime, naturelle et surnaturelle.

    A) 8§ « (…) Notons ici que le sédévacantisme actuel, devant que de rendre raison de manière apodictique de sa conclusion (vacance), se met en demeure de procéder à une extension abusive du champ d’infaillibilité de l’enseignement pontifical (…) » Est apodictique toute proposition universellement et nécessairement vraie. La principale proposition « apodictique » utilisée par les sédévacantistes ne concerne pas d’abord le champ de l’infaillibilité du Magistère, mais elle consiste en réalité à affirmer que l’hérésie publique (et formelle) fait sortir de l’Église. Tout le reste est contingent (les hérésies prononcées par les conciliaires, le fait que ceux-ci sont supposément évêques, donc devant connaître la théologie et éviter de verser inconsciemment dedans, etc.). Or, renier cette déclaration apodictique revient à rejeter Satis cognitum de Léon XIII, donc à rejeter une partie de l’enseignement magistériel.

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    B) 1§ Qu’il nous soit à présent permis de faire l’autopsie de ce qu’il est convenu de nommer « opinionisme », ou scepticisme sur la question de l’autorité de l’actuel occupant du Saint-Siège, mais aussi de la question des structures : il semble bien que Vatican II ait donné naissance à une contre-église (ou secte), organisée et hiérarchique, opposée à l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

    B) 2§ Le texte en noir de Joseph Mérel que vous lirez ci-dessous est opinioniste, de cet opinionisme tant des lefebvristes de tendance williamsonienne comme celui de certains sédévacantistes peu convaincus, généralement encore trop attachés à certains sophismes (mais aussi à l’argument de l’homme de paille, qui consiste à présenter la position de son adversaire de façon erronée ; ainsi un argument épouvantail consiste à formuler un argument facilement réfutable puis à l’attribuer à son opposant) et au scepticisme, pour refuser de franchir le Rubicon et être « pleinement sédévacantiste » (ou, pour reprendre la terminologie de JM en son point 11, « être sédévacantiste en acte »). Ainsi, ils n’assument pas, et derrière cela se trouve souvent cette espèce de fausse modération sectaire : on distribue les mauvais points à tout le monde, ainsi l’on prétend se mettre au-dessus de la mêlée.

    B) 3§ Nous proposons donc de faire une autopsie mais nous prévenons par avance que nous ne sommes pas médecins légistes professionnels (nous parlons par métaphore) : nous ne ferons donc que commenter le désastre de l’intellectus fidei, c’est-à-dire de mettre en évidence les erreurs et autres bizarreries méreliennes et de tenter d’y apporter de saints remèdes doctrinaux.

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    Pour une contre-révolution révolutionnaire, pages 143-160, Annexe intitulée Quelques réflexions de bon sens concernant la question de l’autorité de l’actuel occupant du Saint-Siège.

    « Le magistère de l’Église (entendons : les hommes d’Église) est-il par soi infaillible en ce qui concerne la foi et les mœurs ?

    1) Si tel est le cas, d’où vient que l’Église ait pris soin de définir les conditions de son infaillibilité (conditions du magistère solennel, ou bien assurance de ce que ce qui est proposé à croire est fondé sur la Révélation (cf. Vatican I : Pastor Aeternus, Dei Filius ; cf. Léon XIII, Satis cognitum) ? Si le magistère était par soi infaillible, il le serait sans conditions supplémentaires.

    C) 1§ Le Pape ne prend la peine de discuter d’un problème que lorsqu’il y est contraint par les circonstances, du moins pour la plupart des cas. Or, il était à ce moment-là confronté à la secte anti-infaillibiliste de tendance libérale et plus anciennement à la secte gallicane qui entendaient nier toute espèce d’infaillibilité pontificale. Il se devait donc de préciser dans les termes adéquats une notion exacte de l’infaillibilité. Qu’il lise les pères de ce Concile, il verra que la plupart entendait l’infaillibilité de façon « large ». Rappelons que le Concile du Vatican est un Concile interrompu, « anormal » en un certain sens. Le point sur l’infaillibilité pontificale devait faire partie d’un schéma plus large qui aurait mentionné le rôle et la nature des évêques, notamment. Et c’est juste étonnant qu’un disciple de Carl Schmitt comme Joseph Mérel (à moins qu’il ne le soit pas ?) cherche à limiter l’infaillibilité, là où Schmitt entendait l’impliquer systématiquement dans le processus décisionnel pour les choses importantes : « dans la pure existence d’une autorité souveraine est impliquée une décision, et que la décision à son tour a valeur comme telle, car, pour les choses éminemment importantes, décider est plus important que comment décider. » in Théologie politique, p. 64.

    C) 2§ Nous ne commenterons donc pas en détails cet exercice d’escobarderie intellectuelle, et nous pesons nos mots !, puisque le point 1 commence déjà très mal étant donné que le magistère n’a jamais parlé à son propre sujet des « conditions » auxquelles il serait infaillible. Cette histoire de « conditions » relève tout au plus du langage des théologiens… et pas toujours des meilleurs d’entre eux… Et d’ailleurs il ne s’agit même très souvent pas de langage de théologiens, mais d’escrocs anti-infaillibilistes, puisque jamais Pastor Æternus n’a posé la moindre « conditions » : ce sont les anti-infaillibilistes et leurs modernes émules lefebvristes, toutes tendances confondues, qui restreignent malhonnêtement le champ de l’infaillibilité… et donc accusent les sédévacantistes de « procéder à une extension abusive du champ d’infaillibilité de l’enseignement pontifical » (sic).

    C) 3§ La vérité, c’est que le Concile du Vatican (1870) a solennellement rappelé que le Donné Révélé était infailliblement proposé à la foi des fidèles par mode de jugement solennel, ou bien au moyen du magistère ordinaire et universel. Mais jamais il n’a été signifié que le Magistère Ordinaire Universel (MOU) était infaillible seulement lorsque se trouvait attestée quelle vérité à croire comme révélée de Dieu. La meilleure preuve de cela, c’est que Mgr d’Avanzo, au nom de la Députation de la Foi, étendait l’infaillibilité du MOU à la transmission quotidienne des vérités préalablement transmises ou définies. De plus, les auteurs les plus autorisés (Cartechini notamment) étendent l’infaillibilité du MOU à la législation et au culte en vigueur, et, toujours selon les mêmes, l’infaillibilité du MOU garantit l’orthodoxie de ce qui est couramment enseigné et reçu au niveau de l’Église enseignée. (Un texte annexe à lire ici).

    C) 4§ Donc l’infaillibilité du MOU s’étend beaucoup plus loin que les prétendues « conditions » posées par l’escobar intellectuel en chef. Et cela invalide complètement ses exercices cauteleux… qui reposent en tout et pour tout sur eux-mêmes… Car le plus frappant, dans la prose mérellienne, c’est que l’auteur en question semble toujours incapable de s’appuyer sur aucune autorité digne de ce nom.

    C) 5§ Pour ce qui est maintenant des prétendues « conditions » de l’infaillibilité pontificale, c’est à peu près le même problème. JM fait mine de croire que le Concile du Vatican a défini les « conditions » auxquelles le pape serait infaillible [ah !, l’argument épouvantail… !], de telle sorte que le pape serait censé ne pas être infaillible en dehors desdites « conditions ». En cela, Mérel est d’accord avec les théologiens néo-modernistes à la sauce Gustave Thils. Et en désaccord avec le Cardinal Billot et l’école romaine de théologie. Chacun ses références. La vérité, c’est que le Concile du Vatican a défini que le pape est infaillible quand il parle ex cathedra, et spécifié quelles sont les « notes » permettant de savoir ce que « parler ex cathedra » veut dire. Cela étant, la Constitution dogmatique Pastor Aeternus n’enseigne pas du tout que le pape est infaillible seulement lorsqu’il parle ex cathedra. Dans le même passage de Mgr d’Avanzo cité plus haut, ce dernier a au contraire assez clairement enseigné que l’infaillibilité du pape s’étendait aussi loin que celle du MOU.

    C) 6§ Un conseil : laissons les morts enterrer les morts. L’auteur de ce développement n’est manifestement pas du côté des vivants… Laissons-le donc à son dilettantisme.

    2) Mais s’il n’est pas toujours infaillible, c’est qu’il peut être faillible, qu’il l’est parfois, quand les conditions d’infaillibilité ne sont pas vérifiées. S’il peut être faillible en matière de foi et de mœurs, c’est qu’il peut enseigner l’erreur sans cesser d’être un magistère.

    D) 1§ Sur les deux premiers points. Premièrement. Déjà, toute déclaration de l’Église de fide n’est que la continuité de ce qui a été révélé, donc cette tournure douteuse implique une erreur de rupture, et admet de facto, sans oser le dire franchement et honnêtement, que l’Église se trompe (ou peut se tromper). Les « conditions » dans lesquelles le magistère est infaillible sont claires et simples, et sont là pour justement éviter les débordements des « temporalistes » qui sont tantôt déséquilibrés comme les gallicans, tantôt déséquilibrés comme d’autres hérétiques ou faiseurs de bruit. Deuxièmement. Ici (cf. point 2), on trouve une façon de tourner, une tendance vers, une « ondulation visqueuse » qui sent l’hérésie. C’est le genre typique de tournures employées par des hérétiques pour lâcher leur venin. Le Magistère est une institution destinée à instruire des personnes : à l’école, à l’Université, dans des cours de formation, dans des séminaires, partout où il y a quelqu’un qui enseigne et des auditeurs qui sont là pour être instruits, il y a un magistère. Le Maître par excellence est Notre-Seigneur, le chef invisible de l’Église, qui possède la vérité et l’enseigne avec autorité par Son Vicaire visible (sur Terre), le Pape. Le Magistère authentique (du grec « αυτεντια », autorité) est le devoir qu’a l’autorité légitime de transmettre la doctrine, auquel correspond pour le disciple, l’obligation et le droit de recevoir l’instruction. Il se subdivise en :

    • sens large : un professeur qui enseigne une théorie personnelle.

    • sens strict : il a la force d’imposer la doctrine de telle manière que les disciples sont tenus de donner l’assentiment de leur intelligence à cause de l’autorité du maître qui est le représentant de Dieu. L’autorité du Magistère de l’Église est fondée sur la mission qu’elle a reçue de Dieu. Le Magistère infaillible : il a le degré suprême de l’autorité. On distingue :

    l’infaillibilité de fait : c’est la pure inerrance, simplement l’absence d’erreur (en disant n’importe quelle vérité, on ne se trompe pas même s’il ne s’agit ni de foi ni de morale : 2+2=4) ;

    l’infaillibilité de droit : c’est l’impossibilité de se tromper par principe : l’infaillibilité de l’Église vient de l’assistance du Saint-Esprit et donc ne peut pas se tromper.

    D) 2§ Cf. point 2. Ne serait-ce pas le sophisme élaboré par Mgr Williamson : « La preuve qu’il peut y avoir des Papes hérétiques, c’est qu’il y en a depuis Jean XXIII » ? (Le même Mgr Williamson dont l’enseignement va contre le Concile du Vatican…) Alors que c’est en vertu de l’infaillibilité et de l’indéfectibilité de l’Église qu’il ne peut y avoir de Pape qui enseigne ou puisse enseigner l’erreur (c’est dans le Concile du Vatican !, et d’autres textes magistériels que nous citerons plus bas), et/ou qui soit hérétique et/ou d’Église catholique devenant hérétique et permettant et/ou enseignant l’erreur ; et que si un Pape (ou « l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique ») pouvait (ce qui est impossible vous l’aviez compris) tomber dans l’hérésie, attendu que l’hérésie relève du droit divin et non du droit ecclésiastique, et que « celui qui ne croit pas est déjà jugé », le Pape serait ipso facto, sans jugement de la part de l’Église, défait de sa charge, de ses pouvoirs : il ne serait plus Pape (et que « l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique qui tomberait dans l’hérésie » ne serait certainement pas l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique fondée par Jésus-Christ, laquelle est, répétons-le derechef, Une, Sainte, Catholique et Apostolique). Comment défendre ces notes caractérisant nécessairement l’Église si on affirme que les conciliaires en font partie, et en sont même l’autorité légitime ?

    D) 3§ On peut aisément rétorquer ceci, toujours concernant les deux premiers points : 1. Si tel est le cas, si le Magistère peut enseigner l’erreur sur les choses de la Foi et les choses morales, et même l’hérésie, d’où vient que l’Église n’ait jamais pris soin de définir les conditions de faillibilité de Son Magistère ? 2. D’où vient qu’avant Vatican II, on ne vit jamais des gens réputés pour leur orthodoxie affirmer : cet enseignement magistériel du Pape est hérétique, donc à rejeter, sans rejeter celui qui l’enseigne car ce n’était pas infaillible ? 3. D’où vient que dans les cas complexes de supposée imprudence pontificale que les anti-infailliblistes aiment mettre en avant (saint Libère, Honorius, etc.), les défenseurs de l’Église de l’époque cherchèrent plutôt à montrer l’orthodoxie des propos incriminés qu’à nier leur infaillibilité ? D’autant que Joseph Mérel est très critique à l’égard des véritables Papes préconciliaires qui, selon lui, versaient dans le personnalisme et/ou « l’esprit démocrate ». 4. Pourquoi personne ne dénonçait cette « catastrophe » à cette époque ?

    3) Cela dit, il est infailliblement enseigné (par exemple dans Auctorem Fidei de Pie VI) que l’Église ne peut pas promouvoir un magistère (avec ou sans notes d’infaillibilité), des mesures disciplinaires ou des rites, qui feraient perdre la foi, ou qui seulement pourraient l’affaiblir.

    4) Dès lors (cf. 2 et 3), un magistère pourrait ponctuellement enseigner l’erreur [!!!] en matière de foi et de mœurs sans nécessairement faire perdre la foi [Le « cadavre », l’hérésie, est ici. En effet, après avoir détourné et perverti l’enseignement de la doctrine catholique (cf. 1 et 2 que nous venons de réfuter) en ayant usé d’arguments épouvantails sous couvert de bon sens, contenu dans le Concile Vatican Ier, JM lance son venin hérétique. Léon XIII (c’est nous qui soulignons) : « (…) Le Magistère [de l’Église] ne pourrait en aucun cas s’engager dans un enseignement erroné. » Lettre encyclique Caritatis Studium, 25 juillet 1898.]. Pourtant la foi est une, simple [pourtant J. Mérel vient de la pervertir ci-dessus, cf. 1 et 2, en régurgitant une théorie lefebvriste pestilente…], le rejet d’une seule vérité entraîne celui de la foi tout entière [Oui, c’est vrai : « Au contraire, celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées, très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu’il est la souveraine vérité et le motif propre de foi. « En beaucoup de points ils sont avec Moi, en quelques-uns seulement, ils ne sont pas avec Moi ; mais à cause de ces quelques points dans lesquels ils se séparent de Moi, il ne leur sert de rien d’être avec Moi en tout le reste » (S. Augustinus, in Psal. LIV, n. 19). » Léon XIII, encyclique Satis cognitum, 29 juin 1896.]. Donc un magistère ne saurait, en matière de foi et de mœurs, contenir quelque erreur que ce fût [On se demande donc à quoi peuvent bien servir les premiers points, sinon à perdre les honnêtes gens en les abusant, et surtout en leur mentant sur l’enseignement du magistère de l’Eglise…] ; tout au plus peut-il éventuellement présenter la vérité de manière partielle, maladroite, équivoque, unilatérale, selon des formules amendables [C’est faux. Saint Pie X : « [C’est une erreur de croire que] Le Christ n’a pas enseigné un corps déterminé de doctrine, applicable à tous les temps et à tous les hommes, mais il a plutôt inauguré un certain mouvement religieux adapté ou qui doit être adapté à la diversité des temps et des lieux. » Saint Pie X, Lamentabili sane, LIX.], mais il ne peut enseigner l’erreur. Ce qui revient à dire qu’il est au fond par soi infaillible : ce qui ne peut enseigner l’erreur ne peut enseigner que la vérité, et ce qui ne peut enseigner que la vérité est par définition infaillible.

    E) 1§ Commentaire d’une citation polémique par rapport à un prétendu surnaturalisme chez Léon XIII. La citation de Léon XIII « avant tout, prenons comme point de départ une vérité notoire, souscrite par tout homme de bon sens et hautement proclamée par l’histoire de tous les peuples, à savoir que la religion, et la religion seule, peut créer le lien social ; que seule elle suffit à maintenir sur de solides fondements la paix d’une nation » peut, de premier abord, laisser circonspect ; mais elle peut s’entendre sans difficulté et avec bonne volonté dans un sens orthodoxe : la religion, ce n’est pas d’abord la Révélation, c’est d’abord quelque chose d’inscrit dans la nature humaine (la religiosité naturelle, la raison peut démontrer l’existence de Dieu et peut en arriver à lui proclamer un culte insuffisant, mais réel) ; ce passage se ressent de l’influence probable de La Cité Antique de Fustel de Coulanges, publié à la même époque, qui enseignait l’importance du fait religieux dans la construction sociale des cités antiques. Ce n’est pas contradictoire avec la fameuse distinction nature/grâce, puisque la religion dans ce sens n’est pas surnaturelle, mais seulement naturelle. Et cette religion naturelle permet de fonder une morale naturelle, élément fondamental des sociétés. Notre interprétation nous semble bien être la seule possible, car le Saint-Père parlait bien ici « de tous les peuples », de « tout homme de bon sens », donc de l’humanité entière, y compris celle qui n’a pas la Foi théologale.

    5) Mais il a été remarqué (cf. 1 et 2), qu’il ne peut être par soi infaillible, du fait qu’il a pris soin de définir les conditions de son infaillibilité.

    6) Donc il faut distinguer, pour concilier les exigences notées 4 et 5, entre vrai magistère (vérité ontologique) et magistère vrai (vérité logique). De même qu’une loi injuste n’est pas une loi, de même un magistère faux n’est pas un vrai magistère, quand bien même il est formulé dans les formes canoniques du magistère ; ce peut être un vrai magistère même sans les notes d’infaillibilité, mais ce qui garantit que c’est un vrai magistère, consiste dans ces notes mêmes, ou dans le fait qu’il se contente de reprendre ce qui a déjà été défini dogmatiquement par le passé (pour cette raison, bien que le Commonitorium de saint Vincent de Lérins ne soit pas la définition adéquate d’un vrai magistère, il peut « quoad nos » servir de critère, en tant que condition suffisante, de la vérité ontologique d’un magistère). Et qu’il soit un faux magistère est aisément repérable par le fait qu’il exerce non « in persona Christi » mais « in persona populi ». Vatican II s’exerce « in persona populi » parce qu’il se refuse à enseigner dogmatiquement, à imposer la vérité, faisant le choix d’édulcorer la vérité ou même de la dénaturer pour des raisons apostoliques, ainsi en s’efforçant à plaire au peuple et aux médiats. Vatican II n’est pas un vrai magistère, n’est pas un vrai enseignement, il n’enseigne rien.

    F) 1§ Nous nous étions aussi posés la même question (les sédévacantistes se posent eux aussi des questions, surprenant n’est-ce pas ?) : une notion-clef, ce sont les deux mots « ex cathedra ». Ils ne signifient pas une circonstance très spéciale et très exceptionnelle des déclarations papales ; ils ne signifient pas non plus qu’une telle déclaration doive déclarer par des mots additionnels qu’elle est « ex cathedra ». « Ex cathedra » veut dire en latin « à partir de la chaire ». Mais, chaque fois que le pape dit au monde (« même para radio ») quelque état de choses qui contient un rapport à la foi catholique ou aux mœurs catholiques, il parle « à partir de la chaire ». S’il en était autrement, à partir de QUOI parlerait-il ? Comme simple « citoyen du Vatican » dont le nom est donné à son document d’identité vaticane, en abstraction de la chaire du pape, comme si l’homme qui parle redémarrait à son âge de laïc ou de simple prêtre ? L’infaillibilité est constante et habituelle, comme le rappelle le théologien Matthias Scheeben. Donc, les conditions pour qu’une déclaration papale soit infaillible ne sont pas « très étroites », mais au contraire, bien amples. Et, répétons-le avec Léon XIII (c’est nous qui soulignons) : « (…) Le Magistère [de l’Église] ne pourrait en aucun cas s’engager dans un enseignement erroné. » (Lettre encyclique Caritatis Studium, 25 juillet 1898). Et avec Grégoire XVI (c’est nous qui soulingons) : « (…) l’Église possède, par son institution divine, le pouvoir du Magistère d’enseigner et de définir en matière de foi et de morale, et d’interpréter les Saintes Écritures sans le danger de l’erreur. » (Lettre encyclique Commissum divinitus, 17 mai 1835.)

    7) Une autre raison pour discerner en lui un faux magistère est qu’il suggère des nouveautés relevant de l’hérésie, tout en maintenant explicitement qu’il se contente de prolonger tout l’enseignement bimillénaire de l’Église qu’il ratifie expressément, signifiant par là qu’il n’y aurait pas de contradiction entre ce qu’il enseigne et ce qui fut enseigné, et que la compatibilité entre les deux, si elle n’est pas évidente aujourd’hui, le sera un jour, et que le fait de la possibilité de cette compatibilité doit être tenu pour acquis. Or il y a contradiction objective entre ce qu’il ajoute en propre et ce dont il fait mémoire, de sorte que ce qu’il prescrit est inintelligible ; et ce qui est inintelligible n’est pas un enseignement faux mais un faux enseignement.

    G) 1§ Ce point est tout à fait ridicule. C’est du scepticisme. Il nie la capacité de l’intellect humain de juger de la vérité ou de la fausseté d’une déclaration. C’est aussi une affirmation que les choses les plus absurdes (telles que, par exemple, les crapauds volent ; 2 + 2 = 3 ; le monde n’existe pas) POURRAIENT être vraies.

    8) Il demeure que, si l’on se refuse à adopter la distinction entre faux magistère et magistère faux, alors, aussi longtemps qu’il n’a pas été établi que l’occupant du Saint-Siège a été élu dans des formes irrégulières, on doit adhérer à Vatican II, on doit considérer que la contradiction entre magistère passé et magistère actuel est « quoad nos » et non « in se », puisque le magistère est par essence norme prochaine de la foi. Le fidèle ne saurait faire de sa propre intelligence éclairée par la foi la mesure de la rectitude du magistère ; avoir la foi consiste à croire tout ce que l’Église enseigne infailliblement, en se fondant sur l’autorité de celui qui enseigne.

    9) Par suite, si l’on admet la distinction entre faux magistère et magistère faux, alors, quand un magistère contient des erreurs, c’est soit parce qu’il a été promulgué par un antipape (défaut d’autorité), soit parce qu’il a été promulgué par un vrai pape procédant à une rétention de son autorité. Cela dit, on ne peut s’autoriser, compte tenu de ce qui précède (8), à discerner une contradiction dans un enseignement magistériel, qu’en remettant en cause, de manière hypothétique mais publique, au titre de préalable méthodologique à la critique, authenticité de l’autorité qui le promulgue. C’est là ce que veulent méconnaître la FSSPX et Mgr Williamson. Il est clair que la raison humaine est naturellement faite pour la vérité, qu’elle est infaillible quant à son objet propre, et qu’elle est capable de constater une contradiction qu’elle sait insurmontable entre magistère de toujours et Vatican II ; il demeure que l’autorité du magistère, si c’est un vrai magistère, est plus grande que l’autorité de la simple raison. C’est pourquoi, pour s’autoriser à juger ce qui se présente à elle comme un magistère, la simple raison doit publiquement poser la question de l’autorité de l’auteur d’un tel magistère. Et un tel réquisit exclurait toute manœuvre « ralliériste ».

    10) On peut aussi se dispenser de distinguer entre faux magistère et magistère faux si, face à un magistère supposé contenir des erreurs, on s’aperçoit qu’il est possible de l’interpréter dans le sens de la Tradition, quelques raisons légitimes que l’on ait de considérer que les équivocités et maladresses qu’il contient ont été introduites pour rendre possible la diffusion de l’erreur. C’est, au vrai, un exercice auquel les défenseurs ultramontains de l’extension maximale de l’infaillibilité pontificale convient autoritairement les fidèles thomistes désemparés tant par l’esprit théocratique d’Unam Sanctam de Boniface VIII que par l’esprit démocratique et inchoativement personnaliste de Divini illius Magistri de Pie XI ou de Inter Sollicitudines de Léon XIII. Il sera revenu sur ces points plus bas.

    11) Il semble que, avec beaucoup de « bonne volonté » (ou d’irénisme, ou de mauvaise foi), il soit possible de lire Vatican II à la lumière de la Tradition, pour autant que l’on s’impose la même torture intellectuelle dans cette épreuve que celle qu’on s’impose pour lire Unam Sanctam et Divini illius Magistri en se voulant thomiste. Les principaux sujets de litige sont la liberté religieuse (Dignitatis Humanae), la question du « subsistit in » de Lumen Gentium, et les fausses religions comme moyen de salut (Unitatis Redintegratio). Il va de soi, cependant, que le vrai catholique sait parfaitement que Vatican II est pervers dans son esprit, que ses ambiguïtés sont intentionnelles, et qu’il doit être rejeté en bloc. Toute la question est de savoir si, pour ce faire, il faut être sédévacantiste en acte, ou si la logique et/ou la prudence conduisent à adopter le sédévacantisme opinioniste.

    H) 1§ Certes pour « Toute la question est de savoir si, pour ce faire, il faut être sédévacantiste en acte, ou si la logique et/ou la prudence conduisent à adopter le sédévacantisme opinioniste. » Cependant, ce qu’il dit au-dessus est plus choquant que si quelqu’un décidait d’habiter dans une ville où tout le monde se promène nu, avec la supposition qu’il n’y a pas de certitude quant aux qualifications morales du nudisme.

    12) Dans Dignitatis Humanae, il est dit que la liberté religieuse est un droit, et que ce droit serait fondé sur la Révélation, ce qui semble bien constituer là une preuve de ce que quelque chose d’hérétique est formulé dans les formes de l’infaillibilité. Pourtant, quelques lignes plus bas, il est déclaré que le droit à l’immunité en matière religieuse n’est pas à proprement parler fondé sur la Révélation. Il est clair que le droit à l’immunité est une même chose avec le droit à la liberté religieuse, et que deux expressions distinctes sont employées là pour tenter de celer l’acte de se déjuger qui y est manifesté. Les auteurs de Vatican II (ou certains d’entre eux) voulaient induire en erreur, mais ils ne voulaient pas – par efficacité dans la perversité, ainsi pour ne pas avoir à affronter un franc rejet – montrer qu’ils le faisaient, et c’est pourquoi ils furent contraints de tenir des propos qui, à la limite, peuvent être tenus pour orthodoxes.

    I) 1§ La déclaration Dignitatis humanae formule « quelque chose d’hérétique » ; mais puisqu’elle se contredit plus loin en étant moins sûre que ce droit à l’immunité est dans la Révélation, alors ce ne serait plus hérétique. Eh bien…! Comme si aucun hérétique ne se contredisait jamais et comme si ce n’était pas là une astuce supplémentaire ! Lire l’Introduction de la Bulle Auctorem Fidei (Pie VI) pour saisir les astuces des hérétiques et autres perfides.

    I) 2§ Le quiétisme est la marque du sédépleiniste puisqu’il remet soi-disant entre les mains de Dieu les problèmes religieux actuels, qui peuvent pourtant être résolus, car il n’ose pas trancher avec netteté. C’est du quiétisme spirituel.

    13) Dans Lumen Gentium, il est à l’extrême rigueur possible de se souvenir, pour l’interpréter de manière catholique, de la remarque suivante : « Comme Louis Gognet l’a très bien montré, à propos de l’ecclésiologie de Port-Royal, les augustiniens partaient, non de l’Église comme société visiblement constituée, mais du plan éternel de Dieu, du choix que celui-ci a fait librement, gratuitement, de ses élus, de son Église. Ce point de départ est proche de celui de Vatican II, dans la constitution Lumen Gentium. Pour les augustiniens, la présence ou non de la grâce aujourd’hui et de la gloire demain, crée un abîme entre deux catégories d’hommes : pas seulement une différence de degré, mais une différence de nature. Pour Montfort comme pour eux, seuls font partie de l’Église ceux qui sont déjà sauvés, ceux qui demain seront glorifiés. » (in Ce que croyait Grignon de Montfort, Louis Perouas, Mame, 1972, p. 180). Dans cet ordre d’idée, tout catholique admet qu’il y a maints catholiques hors du cercle visible de l’Église, tout comme il y a probablement des damnés qui font actuellement partie de l’Église visible. Si la formule incriminée par les traditionalistes signifie que l’Église entendue comme Corps mystique du Christ subsiste dans l’Institution hiérarchique de l’Église, mais ne coïncide pas visiblement avec elle, ce texte ne s’oppose pas à Mystici Corporis Christi (Pie XII). Le même traditionaliste a de bonnes raisons de penser que les auteurs de la formule « subsistit in » ont voulu insinuer une hérésie, à savoir que l’Église serait là où l’Esprit soufflerait, et qu’Il soufflerait dans toutes les religions. De même l’idée d’« Église-sacrement », promue pour signifier que l’Église hiérarchique ne serait que le signe visible d’une réalité invisible enveloppant au fond toutes les religions ; mais cette idée même peut être comprise dans un sens orthodoxe, tout comme le « subsistit in ». Dans la prière qui suit la deuxième lecture (sur douze) de la liturgie de la veillée pascale qui avait cours sous le règne de St Pie X, il est bien question d’Église-sacrement.

    J) 1§ C’est complètement faux de dire que le droit à l’immunité soit la même chose que le droit à la liberté religieuse. Le premier, c’est le droit à ne PAS ÊTRE FORCÉ à se faire catholique si on ne le veut pas. La Foi est une vertu qui de fait ne peut être pratiquée que par une décision libre, bien que mue par la grâce. Le deuxième, c’est le prétendu droit d’ERRER ET DE PROPAGER PUBLIQUEMENT une religion fausse !

    14) Dans Unitatis redintegratio, il est déclaré que l’Esprit-Saint ne refuse pas de se servir des autres religions comme moyens de salut, ce qui est encore une hérésie si l’expression signifie, comme le voulaient insinuer discrètement les auteurs de Vatican II, que l’Esprit-Saint pourrait souffler dans toutes les religions en tant que religions, ainsi inspirer ce dont, pourtant, le constitutif formel n’est autre que le refus de l’Esprit-Saint. Mais l’expression peut encore être comprise dans un sens catholique : l’Esprit-Saint fait providentiellement feu de tout bois en se servant, au titre de cause instrumentale extrinsèque à l’exercice de l’acte de foi, de ce qu’il peut y avoir encore de conforme à l’ordre naturel dans les fausses religions. On pourrait ainsi multiplier les exemples et prendre l’un après l’autre tous les points de litige entre Vatican II et les critiques du catholique traditionaliste, c’est-à-dire du catholicisme intègre.

    15) Ce qu’il convient de noter, c’est que cet appel à la « bonne volonté » pour lire Vatican II à la lumière de la Tradition ne requiert pas plus de contorsions intellectuelles pénibles que par exemple l’opération consistant à lire Unam Sanctam à la lumière du thomisme : si l’homme est par nature animal politique autant qu’il est par nature père de famille, alors, de ce que l’autorité paternelle est directement communiquée au père par sa nature humaine sans qu’il soit besoin de la solliciter de l’Église, de même l’autorité du chef d’État lui est directement communiquée par sa nature politique aussitôt qu’il ordonne efficacement son pouvoir au bien commun ; de ce que l’Église, dépositaire privilégié des grâces divines, est cause finale de l’appartenance politique, il ne résulte pas qu’elle en serait cause efficiente, ce qui est pourtant enseigné de manière au moins implicite dans Unam Sanctam. Cette Bulle est infaillible dans sa dernière phrase (être soumis au pape pour obtenir le salut), mais cela ne signifie pas qu’elle serait infaillible dans son enseignement théocratique.

    K) 1§ Commentaire du 15). Une nouvelle (vraie) fausse difficulté. Lire ceci pour ne pas y tomber.

    16) De même :

    Extrait de Divini illius Magistri de Pie XI (1929), avec commentaire :

    « De cette mission éducatrice, qui appartient avant tout à l’Église et à la famille, comme il ne peut provenir (Nous l’avons vu) que de grands avantages pour la société tout entière, ainsi il n’en peut résulter aucune atteinte aux droits authentiques et personnels de l’État, sous le rapport de l’éducation des citoyens, selon l’ordre établi par Dieu.

    Ces droits sont communiqués à la société civile par l’auteur même de la nature, non pas à un titre de paternité, comme à l’Église et à la famille, mais en vertu de l’autorité sans laquelle elle ne peut promouvoir ce bien commun temporel, qui est justement sa fin propre. En conséquence, l’éducation ne peut appartenir à la société civile de la même manière qu’à l’Église et à la famille, mais elle lui appartient dans un mode différent en rapport avec sa fin propre.

    Or, cette fin, ce bien commun d’ordre temporel, consiste dans la paix et la sécurité dont les familles et les citoyens jouissent dans l’exercice de leurs droits et en même temps dans le plus grand bien-être spirituel et matériel possible en cette vie, grâce à l’union et à la coordination des efforts de tous.

    La fonction de l’autorité civile qui réside dans l’État est donc double: protéger et faire progresser la famille et l’individu, mais sans les absorber ou s’y substituer.

    En matière donc d’éducation, c’est le droit, ou, pour mieux dire, le devoir de l’État de protéger par ses lois le droit antérieur défini plus haut qu’a la famille sur l’éducation chrétienne de l’enfant et, par conséquent aussi, de respecter le droit surnaturel de l’Église sur cette même éducation. »

    Commentaire :

    Selon ce texte, la fonction de l’État, c’est sa fin, et sa fin est de protéger et de faire progresser la famille et l’individu ; or protéger et faire progresser, c’est être instrument de ce qu’on protège, et être instrument c’est être moyen. La fin de l’État est donc d’être le moyen de la famille et de l’individu. On est loin de saint Thomas d’Aquin : « totus homo ordinatur ut ad finem ad totam communitatem cujus est pars » (Somme Théologique, IIa IIae, q.65 a. 1). C’est là du personnalisme et la sécrétion d’un orgueil ecclésiastique destiné à transformer le politique en instrument de la volonté de puissance des clercs tout affairés, pour l’affaiblir, à réduire l’État au statut d’instrument de ses parties (familles et individus) ; c’est réduite le bien commun à l’intérêt général. Ces papes ont bien travaillé pour la subversion, ils ont objectivement œuvré en faveur de Vatican II et de la déchristianisation de la société, ils ont perdu sur tous les tableaux. Et ils voudraient encore nous donner des leçons de morale et de philosophie, nous tancer, nous faire plier, et exiger une confiance aveugle, en excluant qu’ils puissent jamais tomber dans le travers des abus d’autorité…

    C’est cet enseignement surnaturaliste que le pauvre abbé Beauvais, pourtant « degrellien », a cru bon de développer dans sa conférence lors d’un défilé (2015) en hommage à sainte Jeanne d’Arc, dans le cadre des activités de Civitas. Quand on lit attentivement le passage plus haut cité, il est clair qu’aux yeux de Pie XI la fin (donc l’essence) de l’État, cause formelle de la société (forme et fin s’identifient dans les réalités vivantes), est constituée par son devoir : l’État n’a que des devoirs et la famille et l’individu n’ont que des droits, et ces devoirs sont au service des droits de la famille et de l’individu. Le bien commun est réduit à l’ensemble des conditions de coexistence des bien particuliers, pour tant que ces derniers soient vertueux ; c’est bien là l’intérêt général et non le bien commun (auquel un Marcel Clément, fondateur de l’IPC, n’a jamais rien compris, c’est bien là une subordination de la politique à la morale, et c’est bien là cautionner (dans le sillage strict de Pie XI) la bénédiction des « droits de l’homme » qui sera opérée par les modernistes.

    Et c’est déjà ce que faisait Mgr Lefebvre (dans Ils l’ont découronné) lorsqu’il en appelait contre l’ingérence de l’État athée à l’existence de « droits subjectifs », droits naturels qui devraient être garantis par les « droits objectifs » (les lois) , dans le sillage de Grotius (XVIIème, fondateur de la conception moderne du droit naturel) et de Pufendorf (XVIIème siècle, théoricien du droit naturel moderne, inspirateur de J.-J. Rousseau), et de leur conception subjectiviste du droit. Dans cette perspective, Vatican II est bien un « deuxième Ralliement ». Et il est impossible de développer un discours antimoderniste cohérent sans revenir sur ce qui précède Vatican II. Et c’est ce que ni Mgr Williamson ni la FSSPX ni les sédévacantistes ne sont prêts à faire. C’est parce qu’ils ne veulent pas le faire que la FSSPX est ralliériste, que la « Résistance » le sera un jour, et que les sédévacantistes sont sédévacantistes ; ces derniers sont tels pour se préserver (en se fondant sur des raisons abusives à de la pente ralliériste à laquelle (ils le sentent) les dispose l’acceptation inconditionnelle du magistère antérieur à Vatican II ; et ils sont bien obligés de l’accepter puisqu’ils tiennent pour certain que tout ce qui est dit dans les formes du magistère ordinaire doit être reconnu comme vrai magistère, par là comme un magistère vrai. Et Mgr Williamson ne veut pas entendre parler ne serait-ce que de l’hypothèse sédévacantiste parce qu’il croit tirer sa légitimité de sa fidélité à la lettre du lefebvrisme, alors que ce sont les ambiguïtés du lefebvrisme, solidaires du refus de réviser l’avant de Vatican II, qui sont la cause des turbulences qui secouent la FSSPX aujourd’hui.

    La vraie raison du Politique est ceci : l’individu humain n’est qu’une individuation de sa nature, or la nature a raison de cause efficiente et de cause finale immanente, donc l’individu est naturellement ordonné à l’actuation des virtualités de sa nature, or cette actuation est plus parfaite dans la cité que dans l’individu, donc la cité a raison de fin pour l’individu, non de fin dernière mais de fin quand même. La sociabilité a raison de fin, d’une certaine manière, jusque dans la vision béatifique, parce que Dieu est une Société. Et la politique a raison de fin pour la morale, en se faisant certes – contre tout machiavélisme – un devoir de ne pas dépasser la morale qu’en l’assumant.

    Conclusion : il y a bien des abus d’autorité opérés par ces papes dans les formes du magistère pontifical, relatifs aux mœurs (sinon à la foi), c’est-à-dire relatifs à ce sur quoi normalement l’Église est infaillible ; donc le magistère ordinaire (auquel appartient le magistère pontifical, lequel, à tout le moins, a une valeur égale à celle du magistère ordinaire universelle, puisqu’il est le magistère ordinaire du premier des évêques) peut être dans un faux magistère (défaut de vérité ontologique du magistère) ; de ce fait, l’argument principal des sédévacantistes se fragilise : les abus d’autorité peuvent aller très loin, sans que l’autorité ne soit nécessairement disparue. On est en droit de penser que les sédévacantistes sont surnaturalistes (ils ne font pas tout son droit à la nature politique de l’homme, ils ne conçoivent l’intromission de la surnature qu’au détriment de la nature, en inversant le rapport naturel de subordination entre morale et politique). Effrayés par la croix d’une réalité ecclésiale éminemment complexe en laquelle il est bien difficile de saisir la rose de la rationalité, ils ont tendance, sous des dehors d’intransigeance dominant les mouvements passionnels, à substituer à la réalité historique de l’Église les schémas idéaux d’une représentation unilatéralement juridique de cette dernière, qui leur permettent de trancher les différends sans avoir à supporter l’épreuve – laquelle suppose de jouir d’un solide système nerveux – du doute et de l’expectative. Et c’est pourquoi, en esprits conditionnés par des habitus volontaristes inavoués, ils basculent si facilement, quand ils sont sédévacantistes en acte, dans le ralliement, en allant d’un extrême à l’autre, passant brutalement du sédévacantisme à la soumission inconditionnelle au concile. Par ailleurs, quand il est ici question d’abus d’autorité, il faudrait, en rigueur, parler de défaut d’autorité, car il s’agit d’un abus de l’usage des formes (en l’occurrence celles du magistère ordinaire universel, magistère des évêques en droit dispersés) en lesquelles se coule le magistère ordinaire, ainsi d’un abus de l’usage des apparences d’un vrai magistère, et non d’un abus de l’usage de ce magistère lui-même.

    Cela dit, avec beaucoup de bonne volonté là aussi, il est possible de suggérer que Pie XI rappelle une vérité certes tronquée mais réelle en insistant sur le fait que la société est pour l’homme en dernier ressort, et qu’elle est moyen : elle a raison de fin (ce que Pie XI ne dit pas, et ce que les thuriféraires de Pie XI se garderont de rappeler), mais non de fin ultime, en ce sens que la fin du politique est elle-même le salut, qui est individuel ; de plus, bien qu’ayant raison de fin par rapport à ses parties, le tout social peut se faire le moyen de la santé de ses parties, dans son propre intérêt ; il se fait moyen de ce dont il est la fin, puisque le bien commun n’existerait pas si les biens particuliers étaient délaissés.

    L) 1§ Commentaire du 16). L’encyclique Divini Illius Magistri de Pie XI n’est pas personnaliste, il suffit de la lire :

    « L’éducation est nécessairement œuvre de l’homme en société, non de l’homme isolé. Or, il y a trois sociétés nécessaires, établies par Dieu, à la foi distinctes et harmonieusement unies entre elles, au sein desquelles l’homme vient au monde.

    Deux sont d’ordre naturel: la famille et la société civile; la troisième, l’Eglise, est d’ordre surnaturel. En premier lieu, la famille, instituée immédiatement par Dieu pour sa fin propre, qui est la procréation et l’éducation des enfants. Elle a pour cette raison une priorité de nature, et par suite une priorité de droits, par rapport à la société civile. Néanmoins, la famille est une société imparfaite parce qu’elle n’a pas en elle-même tous les moyens nécessaires pour atteindre sa perfection propre; tandis que la société civile est une société parfaite, car elle a en elle tous les moyens nécessaires à sa fin propre, qui est le bien commun temporel. Elle a donc sous cet aspect, c’est-à-dire par rapport au bien commun, la PRÉÉMINENCE sur la famille, qui trouve précisément dans la société civile la PERFECTION temporelle qui lui convient.

    La troisième société dans laquelle l’homme, par le baptême, naît à la vie divine de la grâce, est l’Église, société d’ordre surnaturel et universel, société parfaite aussi, parce qu’elle a en elle tous les moyens requis pour sa fin, qui est le salut éternel des hommes. A elle donc la suprématie dans son ordre.

    En conséquence, l’éducation qui s’adresse à l’homme tout entier, comme individu et comme être social, dans l’ordre de la nature et dans celui de la grâce, APPARTIENT à ces trois sociétés NÉCESSAIRES, dans une mesure proportionnée et correspondante, selon le plan actuel de la Providence établi par Dieu, à la coordination de leurs fins respectives. »

    L) 2§ Enfin, sur le prétendu personnalisme de Pie XI, on lira avec concentration et intérêt ce texte.

    L) 3§ Et, même, à supposer qu’il y ait des accents « personnalistes » sous la plume de Pie XI, quel est le problème ? L’infaillibilité du magistère ordinaire garantit la transmission infaillible des vérités de foi et connexes transmises et définies antérieurement, et garantit la vérité des propositions attestées comme révélées ou connexes. Pie XI n’a pas proposé le personnalisme comme révélé ou même connexe à la Révélation. Et à supposer que le langage de Pie XI ait des accents personnalistes, que trouve-t-on de contraire à la divine Révélation sous la plume de Pie XI ? Cette querelle est grotesque.

    17) On voudra donc bien noter que Vatican II pourrait à la limite rentrer dans ces espèces de formules magistérielles imparfaites et équivoques, dont l’imperfection ne suffit pas pour qu’il soit permis d’en déduire qu’elles auraient été formulées par des antipapes. Nulle personne de bonne foi ne peut croire que Vatican II serait innocent, que son esprit serait catholique, que ses promoteurs voulaient le bien de l’Église. Il y avait des imbéciles et/ou des naïfs qui subjectivement voulaient le bien de l’Église et qui croyaient œuvrer pour une nouvelle Pentecôte, ils avaient une fausse intelligence de leur foi mais ils avaient la foi ; il y avait aussi des Juifs et des marxistes, des protestants et des maçons infiltrés qui voulaient la mort de l’Église. Le résultat concret, c’est cet ensemble de textes peu cohérents, manifestement rédigés par des personnes qui ne pensaient ni ne voulaient la même chose, équivoques, dangereux, et à rejeter en bloc. Mais cela ne suffit pas pour être certain que les occupants du Saint-Siège entre 1959 et aujourd’hui n’avaient pas l’autorité.

    M) 1§ Pour répondre aux points 17) et 18), et remerciant JM de vouloir « sauver le sédévacantisme » (entendre cette expression en contexte hégélien ; lui qui, il semblerait, s’en est sauvé), et après un bref examen de ses divagations, nous préférons lui soumettre (et soumettre à ceux qui soutiennent de telles erreurs et divagations) cet excellent texte de Nicolas Magne, publié en quatre parties sur notre blog, qui sera un bon vaccin contre toute espèce de pilpoul absurde destructeur de la Foi théologale, don de Dieu, et un rappel de la doctrine catholique : 1 : Réponse aux divagations des « Bonhommes » d’Avrillé, au sujet de la présente vacance du Saint-Siège (N. Magne) (1) : I – L’illégitimité des “papes” de Vatican II à la lumière de l’infaillibilité du magistère ordinaire et universel ; 2 : (…) (2) : II – La présente vacance du Saint-Siège, à la lumière de la doctrine commune sur la question dite du “pape hérétique” ; 3 : (…) (3) : III – La permanence de l’Église catholique, qui est aujourd’hui éclipsée – une situation qui, à la lumière de l’Écriture et de la Tradition, ne doit pas nous surprendre ; 4 : (…) (4) : IV – Existe-t-il une église lefebvriste ?). Nous recommandons également cette réponse à l’évêque errant Mgr Richard Williamson : ce texte contre toute tentative williamsonienne de justifier les divagations des dominicains d’Avrillé.

    18) Plutôt que de se rallier à la solution esquissée ici (cf. 6 : distinction entre vrai magistère et magistère vrai), on peut aussi, pour sauver le sédévacantisme, suggérer que si toutes les déclarations magistérielles ne sont pas dotées explicitement des notes attestant leur infaillibilité, néanmoins ces critères d’infaillibilité sont toujours implicitement respectés : ou bien le pape aurait toujours l’intention d’obliger, parlerait toujours en tant que docteur universel, ou bien il déclarerait toujours implicitement que ce qu’il enseigne est fondé sur la Révélation.

    Là contre, force est de faire observer que si tel était bien le cas, les papes Pie IX et Léon XIII ci-dessus évoquées se seraient bien mal exprimés. Plutôt que de dire que le magistère est infaillible quand il présente comme fondé sur la Révélation (orale ou écrite) ce qu’il propose à croire, ils auraient dû formuler leu enseignement comme suit : le magistère (entendons : ce qui est exprimé dans les formes juridiquement magistérielles à est toujours infaillible en tant même que magistère, parce que, étant la Tradition même (l’acte même de transmettre le dépôt révélé aux premiers apôtres), il est nécessairement conforme à et fondé sur le contenu objectif de ce dépôt.

    Mais c’est là une pétition de principe : ce qui est enseigné dans les formes magistérielles serait toujours conforme à l’enseignement de la Tradition parce qu’il devrait être tenu, en vertu de ces formes, telle l’expression de cette Tradition. S’il y a identité entre l’objet et la formule qui l’exprime, il n’y a plus lieu, en effet, de s’interroger sur les conditions d’adéquation entre l’objet et le discours ; mais c’est précisément ce qui est en question et, en l’occurrence, si l’Église a bien laissé entendre que le magistère « est » la Tradition, elle a aussi pris soin d’enseigner qu’elle est habiletée à déclarer, pour circonscrire les conditions d’infaillibilité de son enseignement, que ce magistère est conforme à et fondé sur la Tradition, de telle sorte que ledit magistère doit être tenu pour identique à ce à quoi il se déclare adéquat, par là pour identique à ce dont il se distingue ; et cette contradiction est levée si et seulement si l’on comprend ceci : ce qui est exprimé dans ses formes magistérielles n’est pas nécessairement, ou à raison de ces formes juridiques mêmes, un vrai magistère, et sous ce rapport il convient de chercher une adéquation de ce dernier à la Tradition ; mais, s’il se révèle conforme à elle, alors il est un vrai magistère, de sorte qu’il est la Tradition même. Un vrai magistère ne saurait sans contradiction être conforme à (soit : différent de) ce à quoi il est identique ; mais tout ce qui a la forme juridique d’un magistère n’est pas par là un vrai magistère. C’est cette « troisième voie », ici exposée, entre lefebvrisme et sédévacantisme, qui permettrait, sinon de réconcilier les deux écoles, à tout le moins de rendre possible leur coexistence et même leur collaboration dans l’apostolat, et qui de plus permettrait de conjurer le tropisme ralliéristes qui ne manquera pas de s’emparer de la « Résistance » quand elle se mettra à réfléchir un peu sur la pertinence de ses postulats (qui sont ceux de la FSSPX) ; il est vrai que cette équipe « résistancialiste », tout affairée à revendiquer l’héritage d’un lefebvrisme idéalisé et durci par les besoins du moment, ne se pair guère le luxe de penser de manière sélective et critiques, de sorte qu’elle est relativement immunisée contre le tropisme ralliériste ; mais les choses changeront quand une nouvelle génération prendra la relève, qui sortira peut-être du séminaire d’Avrillé dont l’argumentaire sédépléniste n’est guère convaincant, de sorte qu’une telle génération sera tôt ou tard placée dans le dilemme auquel sont confrontés les dirigeants actuels de la FSSPX.

    Note : les dominicains d’Avrillé, de concert avec Mgr Williamson et Mgr Tissier de Mallerais, excluent a priori l’hypothèse sédévacantiste, tout en étant conscients du fait que le magistère est norme prochaine de la foi, que donc il serait méthodologiquement nécessaire – pour les raisons ici exposées – de formuler une telle hypothèse pour seulement commencer à critiquer Vatican II. Pour se dispenser de prendre au sérieux le raisonnement qui est ici proposé, ils s’accrochent à l’idée suivante : il n’y aurait pas, dans leur perspective sédépléniste en acte, l’Église catholique qui est à Rome mais qui est malade du modernisme (lequel a dans ce cas raison de privation : la maladie est privation de santé, elle est ontologiquement suspendue à la perfection qu’elle conteste), il y aurait deux Église, l’Église catholique et l’Église conciliaire, numériquement distinctes quoique materialiter intimement mêlées dans les faits, et l’occupant du Saint-Siège serait le chef des deux. Aussi n’y aurait-il pas lieu d’être troublé par le dilemme ici évoqué (dont les termes sont les suivants : a. s’il est pape, l’occupant du Saint-Siège doit être obéi à peine de faire de l’intelligence du contestataire la norme de ce qui se propose à lui comme la norme prochaine de sa foi, ainsi de son intelligence éclairée par la foi ; b. si l’on peut légitimement contester un enseignement erroné qui se veut magistériel, on doit au moins faire l’hypothèse de la vacance) ; en tant que chef de l’Église catholique, le pape doit être obéi en toute chose relevant du magistère ; en tant que chef de l’Église conciliaire il peut être contesté.

    La difficulté de cette position de repli est la suivante : si le même homme est chef de l’Église et de la Contre-Église, il est en tant que chef de la seconde, ispo facto exclu de la première (il faut appartenir à l’Église pour être catholique, et l’on ne saurait être catholique en se voulant anticatholique), et , n’étant pas catholique par le fait même de cette exclusion, il n’est pas pape. On dira qu’il est chef d’une Contre-Église sans savoir qu’il l’est, parce qu’il ignore la différence réelle existant entre les deux du fait de leur intime imbrication lui faisant accroire qu’il n’en est qu’une seule (la catholique, de sorte qu’il ne serait pas hérétique « pertinax » ; dans ce cas, force est de reconnaître qu’il n’existe pas deux Église (la catholique et la conciliaire) numériquement distinctes, mais une seule, et que l’Église conciliaire a raison de privation dans l’Église catholique ; et s’il est chef d’une Église conciliaire – ainsi d’une Contre-Église – réellement distincte de l’Église catholique mais intimement fondue en elle, on ne peut maintenir le caractère réel et objectif de leur différence que s’il sait qu’il est le chef des deux, mais alors il est ipso facto hérétique pertinax, et il n’est pas pape. »

    * * *

    Voici un message de J. Mérel à nous adressé par son éditeur. Nos questions et réflexions n’ont pas pu lui être transmises. Nous lui répondons donc ici.

    « Je ne suis ni canoniste ni historien ni théologien, mais on est obligé de s’intéresser à ces choses en temps de crise [1], où tout se passe comme s’il n’y avait pas d’autorité (et peut-être en effet n’y en a-t-il pas) [2] ; je ne suis armé que d’informations partielles, et, je l’espère, je suis doté de bon sens [3]. Je pense que si l’Église a pris soin de définir les conditions de l’infaillibilité de ses enseignements, c’est que tout ce que dit le pape, et même tout ce qu’il enseigne, n’est pas de soi infaillible [4]. Je pense donc que le magistère extraordinaire est par soi infaillible, et que tout magistère est infaillible (magistère ordinaire universel et magistère pontifical) quand il traite de foi et de mœurs et pour autant que ce qu’il propose à croire est expressément déclaré comme fondé sur la Révélation orale ou écrite [5]. Or cela n’est vérifié dans Vatican II que dans Dignitatis humanae, à propos de la liberté religieuse qui serait dite fondée sur la Révélation, cependant que cette même formule est invalidée quelques lignes plus bas quand ils déclarent que le droit à l’immunité en matière religieuse n’est pas à proprement parler fondé sur la Révélation mais découle de la dignité de la personne humaine ; il est évident que ces textes ont été écrits à plusieurs, pour satisfaire diverses tendances, des plus modernistes aux plus conservatrices, mais l’ajout corrige la formule hérétique, à tout le moins lui ôte sa prétention à être infaillible [6]. Donc Vatican II et ses suites, n’étant pas formellement garantis par l’infaillibilité, peuvent procéder d’une vraie autorité, tout en étant contestables [7] ; il est vrai que le magistère est norme prochaine de la foi, de telle sorte que notre intelligence critique ne saurait se faire norme des contenus des magistères contemporains, fût-ce au nom du magistère ancien (puisque les magistères contemporains prétendent qu’il y a continuité entre eux et le magistère passé), et c’est pourquoi je pense qu’il est impossible de critiquer le magistère moderniste sans faire l’hypothèse publique de la vacance [8], comme préalable à toute déclaration critique, ce que ne veulent pas admettre la FSSPX et Williamson. Mais je pense que l’on n’est pas logiquement contraint par le sédévacantisme [9]. Je crois aussi qu’il est périlleux de se déclarer sédévacantiste aujourd’hui, parce que cela suppose qu’on le démontre [10], or il faut pour le démontrer élargir considérablement le champ d’infaillibilité des déclarations papales, ce qui en retour nous oblige à « avaler » des déclarations antérieures à Vatican II qui me semblent fort contestables, entachées de surnaturalisme [11]. De plus, quand le contenu d’un magistère vous déclare qu’il est en continuité avec ce qui le précède alors qu’il est de toute évidence en rupture avec lui [12], c’est que ce magistère est inintelligible. Or un magistère inintelligible est-il encore seulement un vrai magistère (est-il ontologiquement un magistère) ? [13] Si de plus ceux qui promulguent un magistère décident d’éviter de se prononcer dogmatiquement sur des choses qu’ils tiennent pourtant pour certaines et infaillibles, c’est qu’ils procèdent à une rétention de leur autorité, et qu’ils se prononcent non pas « in persona Christi » mais « in persona populi », pour satisfaire les ennemis de l’Église, ou se ménager leurs bonnes grâces, sous couvert d’efficacité apostolique ; s’agit-il encore, dans ce cas, d’un vrai magistère [14] ? Tout vrai magistère est un magistère vrai, mais il n’est pas sûr du tout que le magistère moderniste soit un vrai magistère [15], même s’il se donne la forme apparente d’un magistère et prend des mesures disciplinaires contre ceux qui le rejettent. En dernier lieu, l’infaillibilité est garantie au pape et aux évêques unis à lui et en tant qu’ils lui sont unis [16], en ce sens que la déclaration infaillible ne peut pas contenir quelque chose qui ferait perdre la foi. Et je pense qu’il est possible de lire Vatican II dans un sens orthodoxe, en faisant certes beaucoup d’efforts et en étant certes de très mauvaise foi [17], car il est bien évident que l’ambiguïté de Vatican II a été voulue, et voulue par certains rédacteurs au moins, pour faire perdre la foi, et c’est pourquoi il faut rejeter Vatican II en bloc. Il demeure que la lettre des textes de Vatican II peut, avec des efforts d’herméneutique torturants, recevoir une interprétation orthodoxe [NON], et c’est au fond tout ce que garantit le charisme de l’infaillibilité en général [NON, un hérétique n’a pas d’infaillibilité], même si certaines formulations nouvelles peuvent dire moins bien ce que des formulations anciennes ont dit clairement [18]. J’ajouterai encore que, si la distinction « formaliter-materialiter » souffre de difficultés (et à mon avis elle n’en est pas exempte), il ne reste à adopter pour les sédévacantistes que le sédévacantisme complet [a priori nous répondrons non ; car la thèse de Cassiciacum, des points de vue strictement logique et ontologique, est vraie ; car ontologiquement, un Pape, c’est-à-dire le successeur de Saint Pierre, c’est-à-dire le Chef visible (le chef invisible étant le Christ) de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, est unum cum Christo, donc nécessairement infaillible ; quant à l’argumentaire dit sédévacantiste complet, ou total, c’est-à-dire des points de vue juridique et canonique, il est vrai aussi. Digression : d’ailleurs, et pour aller au fond des choses, l’argumentaire dit « juridico-canonique » n’a d’intérêt qu’en rapport direct avec l’ontologie, qui le « fonde ». Le Magistère n’est pas infaillible parce que le Droit Canon le dit, mais bien parce que le Christ lui a conféré ce charisme ontologique ; et c’est pourquoi un non catholique NE PEUT recevoir – ontologiquement – un tel Charisme, parce que, ontologiquement, il n’en n’est pas capax. De la même façon qu’un bébé mort sans baptême ne peut jouir de la vision béatifique parce qu’il n’est pas capax dei.], lequel, compte tenu du dogme de l’existence de l’Église et de sa visibilité jusqu’à la fin des temps, exige que l’on croie à l’imminence de la fin des temps. Et je ne me reconnais pas le charisme de prophétie. [19] »

    Commentaires du message de Joseph Mérel à nous adressé.

    [1] En effet, J. Mérel est un amateur qui fait beaucoup de faux raisonnements. Son Père pourrait être Protagoras. Quant au droit canon, dans ses réflexions, il semble qu’il s’en poncepilate. Aussi, nous remarquons que l’auteur ne cite jamais ou très peu le magistère ecclésial, ni même une autorité chez les théologiens. Tout cela n’est pas sans rappeler un extrait du Bref Dum Acerbissimas du Pape Grégoire XVI (T. 184) : « Parmi ces maîtres d’erreurs, on compte G. Hermes, qui abandonnant audacieusement la voie royale de la Tradition et des Pères [J. Mérel et les lefebvristes en général s’attaquent à l’Église, persuadés qu’ils sont dans la bonne voie en agissant avec une telle méthode, un tel moyen mauvais et pervers…] dans l’exposition et la défense des vérités de la foi [cf. les propos de J. Mérel ci-dessus par exemple, pour saisir toute la portée de cette incise], bien plus LA MÉPRISANT avec ORGUEIL et LA CONDAMNANT, veut tracer une route ténébreuse qui mène à toutes les erreurs, et donne pour base à toute recherche théologique le doute positif. »

    Commentaire concernant un point commun entre Georg Hermes (dont les thèses ont été condamnées après sa mort par les Papes Grégoire XVI, en 1835, et Pie IX, en 1847) et Joseph Mérel. Georg Hermes a un gros point commun avec Joseph Mérel : il essayait de concilier Hegel et les idéalistes et la religion catholique, mais il le faisait d’une façon bien plus « avancée » que JM. En effet, pour Hermes, la Foi était cartésienne, rien de plus qu’une déduction logique ; la raison pouvait par ses seules forces atteindre la Foi, pas seulement les préambules. JM ne va certes pas jusque là. Est-ce à induire que JM est teinté de semi-rationalisme ? Au moins sur sa solution (ou son esquisse imprécise et fausse d’une solution) par rapport à la situation actuelle de l’Église, où l’on peut craindre une trace d’idéalisme : sa distinction non établie canoniquement entre magistère vrai et vrai magistère montre un certain désintérêt pour les questions canoniques, désintérêt coupable en une si grave matière. Fidéisme (hérésie condamnée au Concile du Vatican) et scepticisme sont les conséquences de l’idéalisme (définition de l’idéalisme : la pensée comme seule réalité existante ; rien n’existe véritablement hors de la pensée ; la chose en soi n’a plus d’existence) en matière religieuse. En somme, ce que l’on dit aussi depuis le début, c’est qu’il est assez hégélianisant dans sa façon de voir les choses dans la crise de l’Église, ce qui ne doit pas être facile dans sa tête, ni dans celles de ses affidés. Si l’on tient à conserver la Foi dans un tel système, c’est déjà impossible, mais si l’on tient encore aux apparences, on peut alors en venir au fidéisme (ce à quoi recourt généralement le lefebvriste) : toute démarche rationnelle ne pouvant être garante du vrai, seule la « foi » peut jouer ce rôle. Une « foi » détournée de son objet, qui remplace le procédé normal de la connaissance par la raison objective. Sinon, on en vient logiquement au scepticisme, car le fidéisme ne dure qu’un temps, le temps où l’on tient encore aux apparences. Dans le cas de JM, on pourrait alors parler d’une influence idéaliste, de tendances idéalisantes, dans sa conception de l’Église, par son refus d’user de l’argumentation canonique et traditionnelle pour expliquer la situation actuelle. Bref, comme nous l’avons déjà montré plus haut, JM est un sceptique.

    [2] Cette phrase montre le scepticisme de l’auteur.

    [3] Certaines informations sont suffisamment claires et sûres pour ne pas douter ; quant au « bon sens » qu’invoque JM… qu’il nous pardonne, mais il en a autant qu’un chien nu du Mexique a de poils.

    [4] Rire… Sur une seule spéculation (même pas prouvée) ; et cela s’appelle du « bon sens » ? Et rien sur le fait que l’hérésie publique mette en dehors de l’Église ? Il rejette donc d’avance le sédévacantisme ; donc la théologie, il semble aussi… qu’il s’en poncepilate. Tout en prétendant « le sauver » : quel esprit alambiqué, malheureux et triste. JM postule bien une faillibilité par accident ; il pense que, ontologiquement, c’est une des possibilités du Magistère de l’Église qu’il soit faillible par accident. Mais alors ce ne serait pas un vrai « magistère ». Néanmoins cela reste une faillibilité dans la Foi… Ce qui est impossible.

    [5] Vous voyez la queue du serpent ou pas ? « Pour autant que » ne va pas. C’est un mode de fonctionnement du magistère, que de préciser que ce qu’il décrète est fondé sur la Révélation orale ou écrite, mais il faut aussi se soumettre à l’ensemble de l’enseignement du Magistère, sinon c’en est fait de l’obéissance envers le Pape. Et l’autre problème est qu’il n’est pas besoin que ce soit proposé à croire expressément ; et oui, ça rejoint l’autre : lorsque l’appartenance d’une doctrine à la Révélation est implicite, il faut quand même la tenir.

    [6] Que Dignitatis Humanae soit hérétique, Mgr Lefebvre lui-même (pas l’évêque le plus acharné contre le conciliabule Vatican II pourtant) a démontré dans son livre Ils L’ont découronné qu’il y a des contradictions dans ce texte avec la royauté du Christ qui est de foi, c’est-à-dire dans l’Écriture Sainte et dans la Tradition (le magistère ecclésial).

    [7] Que Vatican II soit hérétique a été prouvé maintes fois. Un pape perdrait sa papauté dans le cas où il tomberait dans l’hérésie publique (ce qui ne s’est cependant jamais vu de Saint Pierre à Pie XII…) Que JM le veuille ou non.

    [8] Non, au contraire : c’est parce qu’on a constaté des erreurs doctrinales et des hérésies qu’on conclut à la vacance. Tout semble comme inversé dans son intelligence.

    [9] Si vous ne voulez pas réfléchir sur la règle prochaine de votre Foi, on ne peut vous forcer à le faire à votre place, mais sachez que c’est au mieux extrêmement imprudent, au pire peccamineux. Réflexe « bourgeois », ou plutôt « libéral » (?) : « oui, c’est possible, mais je ne veux pas décider ». Eh bien si, on y est contraint, car le fait est que les « papes conciliaires » sont hérétiques ou, du moins, enseignent l’erreur et l’hérésie, ce qui semble même admis par Mgr Fellay (cf. Correctio filialis de haeresibus propagatis du 16 juillet 2017) concernant J.-M. Bergoglio, et il y a unanimité du Magistère pour déclarer qu’un pape perdrait la papauté par une hérésie publique – bien que de Saint Pierre à Pie XII cela ne soit jamais arrivé.

    [10] « Je crois aussi qu’il est périlleux de se déclarer catholique aujourd’hui, parce que cela suppose qu’on le démontre. » C’est, hélas, du même tonneau… Encore une illusion pour ne pas conclure, pour ne pas être… catholique. Cela a déjà été démontré. Cette vidéo par exemple (il ne fait nul doute que Joseph Mérel connaisse le texte).

    [11] Donc l’autorité de l’Église, c’est Joseph Mérel. C’est moi je, je décrète (ça « me semble » : on n’est pas dans un doute méthodique permis, on est dans le cas d’un doute qui semble être celui des sceptiques…) que tel ou tel texte est entaché de « surnaturalisme ». En fait, il vise Unam Sanctam (Boniface VIII) et Divini illis magistri (Pie XI). Il vise aussi, comme papes, Boniface VIII et Pie XI donc, mais aussi Pie XII et Léon XIII – et peut-être d’autres. Donc, un autre préalable au moins formulé implicitement dans ce passage, c’est que pour faire l’hypothèse publique de la vacance, il faut… faire table rase et se faire l’interprète, non, l’exégète, du moindre texte de l’Église catholique. Eh bien… « Si quelqu’un dit que les catholiques peuvent avoir de bonnes raisons de mettre en doute la foi qu’ils ont déjà reçue sous la conduite du Magistère de l’Église, jusqu’à ce qu’ils aient achevé la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi, qu’il soit anathème ! » (Concile du Vatican, canon de fide, c. 6).

    [12] Voilà, il reconnaît lui-même que le magistère des « papes de Vatican II » est clairement en rupture avec la Tradition… c’est-à-dire avec le magistère ecclésial ! Ah, mais l’on nous dit dans l’oreillette que JM semble faire un caprice, une « lefebvrite », et qu’il ne puisse donc pas être capable de « conclure ».

    [13] Non, un faux-pape n’a pas de magistère du tout.

    [14] Un magistère inintelligible… Disons plutôt un magistère qui pourrait se contredire (puisqu’il dit que Dignitatis Humanae se contredit lui-même). Est-ce possible ? Évidemment que non, cela va contre l’infaillibilité pontificale. Résumons simplement : un « Pape » produirait un texte contenant des attaques contre la Foi et où il prétend qu’elles font en réalité partie de la Révélation, puis au sein du même document, il en serait moins sûr, sans toutefois rejeter ces erreurs. Donc il se contredit, donc ce n’est pas infaillible, donc il reste vraiment Pape ? Quelle crétinerie. Si Montini avait été cohérent dans son erreur, alors il n’aurait plus été Pape, mais vu qu’il se contredit, il le reste… Comment peut-on soutenir une telle aberration ? Cela suppose qu’un Pape puisse procurer l’égarement au sein de la Foi des fidèles dans des actes où il prétend enseigner, alors qu’en fait non, il n’enseignerait pas réellement car il se contredit… C’est vraiment fou.

    L’un des problèmes de Joseph Mérel est aussi de réduire les erreurs et hérésies de Vatican II à « l’erreur » (au singulier) de Dignitatis Humanae (ce qui n’est pas sans rappeler l’histoire de deux anciens sédévacantistes opinionistes, devenus ralliés, à savoir le Père de Blignières et l’abbé Lucien ; il est probable qu’avec ce scepticisme teinté de fidéisme, et d’une grosse mauvaise foi envers le sédévacantisme fasse de J. Mérel au moins un « rallié d’esprit »…) Or, à lire ne serait-ce que d’autres textes de Vatican II, tout respire, tout suinte, tout dégouline, tout a une odeur pestilentielle. Le diable a bien dû rire des auteurs et propugnateurs de « ces » (« ses ») seize textes pervers. En effet, les hérésies conciliaires ne se limitent pas à la fausse liberté religieuse : Gaudium et Spes, Nostra Aetate, Dei Verbum, Lumen Gentium et même les textes « mineurs » fourmillent d’erreurs, de formules viciées et d’hérésies qui ne pourraient aucunement s’y trouver si ces textes avaient été réellement promulgués dans l’Esprit-Saint comme ils le prétendaient. Le Pape, assisté par le Saint-Esprit, sceptique et hésitant… Donc… un Saint-Esprit sceptique et hésitant… De fait, il y a un blasphème sous-jacent envers l’action de Dieu sur ce supposé Concile, si on le tient pour catholique bien sûr.

    [15] Admettons. Admettons ici que ce soit vrai : il faut que tous les fidèles deviennent des théologiens et des philologues chevronnés pour analyser les expressions employées par le Saint-Père pour dire s’il faut tenir cette formule pour infaillible ou si c’est une hérésie à rejeter. Eh bien la meilleure solution serait encore de se taire et de prier et de ne plus rien lire de ce qui vient de n’importe quel Pape. C’est une solution de discutailleurs bourgeois que propose JM. Et même, c’est immonde. D’un côté la piétaille qui « n’a pas le niveau » et qui ne peut alors lire aucun écrit provenant du pape, car elle n’a pas le décodeur intellectuel pour discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais et, de l’autre côté, l’élite intellectuelle « de la Tradition » qui elle seule peut arriver à comprendre les textes et à s’y soumettre quand elle le veut bien, c’est-à-dire quand elle estime au nom de la Philologie et/ou de la Raison (ou autres choses) que cette formule oblige et qu’elle ne contredit pas « la Tradition ». La règle prochaine et directive de la foi n’est plus vraiment l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique… mais soi-même. C’est sectaire. Ce n’est pas une attitude catholique.

    Joseph Mérel propose donc au tradiland une nouveauté sur le marché à gogos lefebvristes, une sorte de Décodex-pour-traditionalistes… Lunettes roses, ou lunettes grises ? Essayez, vous verrez ! Achetez-le, et vous ne vous ferez plus avoir entre le VRAI FAUX MAGISTÈRE DE L’ÉGLISE et le MAGISTÈRE VRAIMENT FAUX ou FAUSSEMENT VRAI de l’Église… et d’ailleurs, de quelle Église parle-t-on ?… De l’Église une-et-multiple, sainte-et-apostate, catholico-conciliaire, apostolique-et-libre-exaministe fondée par Jean XXIII, dans laquelle communient, dans cette nouvelle « arche de salut » abreuvée des fruits de la « nouvelle pentecôte », affidés de Mgr Lefebvre et autres crasseux « cathos de gauche » sauce Mère Teresa, et autres sbires marranes et/ou ratzingériens ou… de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Bref… Le modernisme est une hérésie et parler de magistère hérétique est une contradiction dans les termes. Un hérétique n’a pas de magistère tout court. Un non-membre de l’Église catholique n’a pas de magistère tout court.

    [16] … et puisant dans le passé en conformité avec le passé (note : la conformité avec le passé n’est pas critère mais effet de l’infaillibilité).

    [17] C’est prouvé que Vatican II est en contradiction avec la Tradition (c’est-à-dire l’enseignement bi-millénaire de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ). Mgr Lefebvre, le R. P. Guérard des Lauriers, le Père Barbara, pour ne citer que ces trois ecclésiastiques français, l’ont très bien montré.

    [18] Et c’est en vertu de cette perversion de l’intelligence que Joseph Mérel accepte bon an mal an, plus ou moins, peut-être, un peu, beaucoup, Vatican II et critique, non sans rogue, l’enseignement d’avant le conciliabule Vatican II. Alors que certaines expressions et phrases de Vatican II sont irrecevables : 1° le faux droit à la liberté religieuse est irrecevable ; 2° l’idée selon laquelle la dissidence des non-catholiques par rapport à l’Église compromet la crédibilité de l’Évangile et de l’Église catholique (Unitatis Redintegratio, 1), est irrecevable ; 3° l’idée que les communautés acatholiques sont, en elles-mêmes, des moyens de salut (UR, 3), etc., etc. Il y a un sens obvie des textes et si certains peuvent être tournés de façon orthodoxe, d’autres ne le peuvent guère, notamment ceux-là. Et à côté de cela, il ne veut voir dans Unam Sanctam que du surnaturalisme (ou, du moins, quelque chose d’« inchoativement » surnaturaliste)… Borné, on vous dit, borné par le lefebvrisme, destructeur de la Foi théologale, don de Dieu. « [C’est une erreur de croire que] Le Christ n’a pas enseigné un corps déterminé de doctrine, applicable à tous les temps et à tous les hommes, mais il a plutôt inauguré un certain mouvement religieux adapté ou qui doit être adapté à la diversité des temps et des lieux. » Saint Pie X, Lamentabili sane, LIX.

    [19] Il fuit… en se réfugiant dans toutes sortes de réductions, dont celle-là : « le sédévacantisme complet, lequel, compte tenu du dogme de l’existence de l’Église et de sa visibilité jusqu’à la fin des temps, exige que l’on croie à l’imminence de la fin des temps. Et je ne me reconnais pas le charisme de prophétie. » Bref, pour JM, être sédévacantiste, c’est être (ou au moins se prendre pour un) prophète. Il ne distingue pas entre le charisme de prophétie et l’analyse des prophéties, ou même entre le charisme de prophétie et la déduction théologique. Si une conclusion théologique nous amène à tenir une certitude quant au futur, on ne devient pas prophète. On reste théologien. On peut alors vérifier dans les prophéties pour corroborer notre certitude théologique. Mais on n’est aucunement prophète. Lorsqu’on lit dans les études sur l’Apocalypse que l’Antéchrist finira par être vaincu, on ne devient pas prophète pour tenir cette doctrine qui concerne le futur. C’est une conclusion théologique.

    * * *

    En guise de conclusion

    Aussi longtemps que l’Église fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ, à savoir l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, sera éclipsée par la secte conciliaire et tous ses satellites, conscients (ralliés, FSSPX, etc.) comme inconscients, et prétendument contre icelle (SAJM, Mgr Williamson, Joseph Mérel, etc.), aussi longtemps que tous ceux-là poursuivront et participeront activement comme passivement au Mysterium iniquitatis (notamment par leur satanique una cum « François » au Canon de la Sainte Messe) et à l’idolâtrie de la Bête (la secte conciliaire), par la grâce de Dieu, nous déclarons : non possumus.

    * * *

    Note. Pourquoi ce titre de « Contra Merelum » ? Des docteurs de l’Eglise ont écrit des réfutations auxquelles ils donnèrent le nom de l’auteur dont ils réfutaient les erreurs, par exemple Contre Crescone de saint Augustin ou Contre Lucifer de saint Jérôme. Crescone et Lucifer sont tombés dans l’oubli (ou presque), néanmoins les écrits des docteurs ont survécu parce qu’ils ont déployé la sainte doctrine catholique dans leur réfutation de l’erreur. Sur le même modèle, notre groupe de lecteurs a publié cette réfutation des divagations et erreurs de Joseph Mérel (qui donnerait Merelus en latin, soit Merelum à l’accusatif) : « Contra Merelum ».

    Un groupe de lecteurs.

    Kyrie Eléison

    Milites Virginis Mariae


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